Jakob Nielsen l’un des papes de l’utilisabilité et pour plusieurs de ses accomplissements. Cependant, dans son article Write Articles, Not Blog Postings, je trouve qu’il déconne et voici pourquoi.
Il fait un long détour pour dire que les blogues ont leur utilité dans un contexte d’affaires, surtout à des fins de communication interne (comme intranet), ou pour communiquer à l’externe si vous vendez des commodités (un vendeur de pistaches). Cependant, il explique avec moult détails pourquoi un expert dans un champ donné, ne devrait écrire que de longs articles soignés et parcimonieux. Son argumentaire se développe autour de sa propre expérience.
You probably already know my own Internet strategy, so it might not surprise you that I recommended that he should instead invest his time in writing thorough articles that he published on a regular schedule. Given limited time, this means not spending the effort to post numerous short comments on ongoing blogosphere discussions.
Le problème avec son argumentaire est qu’il est déjà une sommité mondiale et que ce n’est pas les blogues ou strictement son site Web qui l’ont mis sur ce piédestal. Ses relations de presses traditionnelles, ses nombreux livres, son profil, ses connaissances et son cheminement d’académiciens de même que les parodies qui sont faites à son propos, ont tous contribué à son succès.
Alors lorsqu’il dit qu’il ne faut écrire que de longs articles, parcimonieux, à une cadence régulière, il donne la recette idéale pour rester dans l’ombre. C’est un fait que certains blogueurs privilégient la qualité plutôt que la quantité et c’est très bien ainsi. Il est aussi vrai que ce n’est pas la quantité de lecteurs qui importent, mais plutôt la pertinence de ceux-ci, par rapport aux discours que l’on offre et par rapport à l’expertise que l’on détient. Cependant, l’expertise et la crédibilité sont des intangibles qui nous viennent d’ailleurs et qui prennent de nombreuses années à démontrer et à acquérir.
Elles s’acquièrent auprès des médias, des autres sites d’importances d’un domaine donné et des blogueurs. Pour qu’ils vous accorde de la crédibilité, il faut d’abord qu’ils vous trouvent. Pour qu’ils vous trouvent, il faut que votre site (ou blogue) ai suffisamment de contenus et d’hyperliens externes pour que les de recherches vous positionnent dans les résultats de requêtes. Je n’ai certes pas la crédibilité de monsieur Nielsen mais je jouis tout de même d’une couverture médiatique intéressante, d’hyperliens externes suffisants (+- 30 000 en deux ans) et de nombreuses mentions « selon l’expert » dans des sites d’autorités. Ces accomplissements ont été rendus possibles grâce à de nombreux longs articles que j’ai écrits pour Les Affaires et autres revus, grâce à de nombreuses publications scientifiques et professionnelles (notamment avec la Chaire de commerce électronique RBC Groupe Financier) mais aussi grâce à de petits articles ou d’analyses.
If you’re an expert who wants to live from adding to the world’s knowledge, you must go beyond the mainstream Web model of single page visits driven by search traffic. It’s easy enough to build a website that freeloaders will use, but that shouldn’t be your approach. You must change the game and create content that’s so valuable that business users are willing to pay for it.
En théorie c’est une approche extraordinaire. En pratique, c’est la voie certaine pour faire parti du Web invisible.
Blog postings will always be commodity content: there’s a limit to the value you can provide with a short comment on somebody else’s work. Such postings are good for generating controversy and short-term traffic, and they’re definitely easy to write. But they don’t build sustainable value.
J’ai écris une série sur la présence Web des partis politiques lors des dernières élections provinciales. Le lendemain de l’élection, j’étais dans tous les journaux et médias électroniques de la province. J’ai écris de longs, et de courts articles sur Second Life. Pourtant, je n’ai pas moi-même d’investissements majeurs dans cette plate-forme. Je suis cependant désormais étiqueté (par de nombreuses institutions financières notamment) comme l’un des experts mondiaux de la question. Dans mon domaine, la valeur durable intangible est obtenue par ce que disent de mon blogue, les médias, les autres blogueurs et les sites d’autorités et la valeur durable tangible est obtenue par les nombreux clients majeurs qui me confient des mandats et qui me viennent directement du Web. En outre, le blogue et les commentaires qu’y s’y font chez moi, mais surtout ceux que je fais ailleurs, sont autant d’éléments et de points de contacts positifs qui ajoutent à ces valeurs tangibles et intangibles.
Mon expérience personnelle de création de valeur à partir de contenus sur le Web est donc contraire à celle que propose Nielsen et Nielsen lui-même oublie de dire que ce n’est pas que ses articles épisodiques qui ont fait de lui ce qu’il est présentement. C’est plutôt l’ensemble de ses publications (scientifique et de vulgarisation), de ses relations de presses, des hyperliens externes et de la longévité de sa présence Web qui en ont fait un succès.
En terminant, un autre exemple a contrario de l’approche Nielsen. Steve Rubel et son blogue Micro Persuasion, est l’un des experts les plus reconnus mondialement dans la sphère des relations publiques. Plusieurs de ses billets sont de longs articles fouillés et documentés. Cependant, plusieurs de ses billets ne sont que l’automatisation de ses favoris de Delicius. Ils ont tout de même une importance capitale et participent positivement à la renommée de Rubel puisque nous savons tous que si Rubel a choisi d’inscrire cet hyperlien rapide dans son blogue, c’est qu’il fournit une information valable que nous nous devons de connaître aussi.
En conclusion, je vous mentionnerais aussi que cet automne, un livre sur les blogues d’affaires sera mis en vente. Je suis coauteur de ce livre et vous savez quoi? Mon chapitre a été écrit en grande partie à partir de petits et de longs billets que j’avais déjà écris dans mon blogue. Seth Godin, Loïc Le Meur et bien d’autres encore font exactement la même chose.
« You must change the game and create content that’s so valuable that business users are willing to pay for it. »
Quel blogueur (ou même un site web) a un contenu si extraordinaire qu’il arrive à faire payer pour qu’on le lise? Si c’est difficile de vivre de la pub sur un blogue, je n’imagine pas ce que c’est quand on veut faire payer pour le contenu! Ceux qui y arrivent sont plus des exceptions que la règle.
À l’inverse, c’est beaucoup plus profitable de se faire connaître via un blogue où l’on démontre ce que l’on vaut. Puis se faire connaître commence souvent par participer à des communautés déjà existantes comme commenter des billets de blogueurs influents (genre Michel Leblanc!). 😉
Malgré que de commenter dans ton blogue aussi vaut maintenant son pesant d’influence! Bravo pour ta belle montée en flèche…
Je m’inscris en faux par rapport aux propos de Jakob Nielsen car il y a en plus de ton blogue, plusieurs autres que je trouve extrêmement intéressants notamment ceux de Yannick Manuri, de Fred Cavazza ou encore de Loïc Lemeur même si les posts qu’ils publient ne sont pas toujours l’équivalent de 3 pages en format Word.
En effet, le fait de partager en quelques lignes, comme l’a fait Yannick récemment avec la campagne sur Léo et Choc, avec ses lecteurs sur une récente expérience de travail, de porter à leur attention une nouvelle déroutante ou en un paragraphe lever une dicussion sur un sujet de l’heure (FaceBook,…), sont des actions qui procurent une valeur ajoutée à la consommation d’infromations pour le lecteur.
Finalement, j’aimerais aussi soulever le fait que, ce sont les lecteurs qui confèrent à votre blogue sa vraie qualité, notamment en vous lisant, en forwardant votre article ou encore en le commentant.
En tout cas, je prends plaisir à lire des articles très travaillés et ceux qui le seraient un peu moins.
Serge TCHAHA.
Merci Michel.
Avec des répliques comme la tienne j’apprends à vitesse Grand V.
Au moins je me dis que je m’intéresse aux bonnes affaires.
Ma réflexion de néophyte sur cet article m’amènerait toutefois à la pensée suivante (pourvu que Pareto ne se retourne pas dans sa tombe):
Écrire des billets assez courts pour « monsieur et madame tout le monde »: 80% notoriété, 20% crédibilité
Des écrits un peu plus poussés pour les spécialistes: 80% crédibilité, 20 notoriété
Enfin, j’irais sur du 70-30, mais ça c’est moi 😉
Personnellement, je crois à sa position. Les blogues ont des atouts majeurs en tant que «tuyau»; en tant que contenu en revanche, autre que simplement informationnel, vrai contenu substantiel, les blogues n’apportent que peu de choses. On trouve donc beaucoup de fastfood, parfois de la bonne bouffe de cantine que personnellement j’aime beaucoup, très roborative. En revanche, il y a rarement de la fine et haute cuisine.
Ceci s’explique par la rapidité inhérente au médium, à la lisibilité reduite de l’écran, au besoin d’alimentation quotidien, notamment.
Cela n’empêche rien à l’intérêt des blogues; cela ne remet pas en cause l’intérêt d’en avoir personnellement un; ni d’identifier les apports qu’ils autorisent: visibilité, réseautage, etc. Seulement, il est important se savoir ses limites plutôt que de sauter sur son siège comme un cabri en disant «blogue – blogue – blogue», pour plagier le général De Gaulle.
Pour finir, c’est vrai qu’il se base sur sa position personnelle mais je crains que tu fasse la même chose…
Bon point Vincent,