Une nouvelle soi-disant étude, prédit les profiles narcissique grâce à Facebook

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C’est via un twitt d’Isatruc que je prends connaissance de l’article Facebook Profiles Can Be Used To Detect Narcissism. Je me souviens de l’un de mes mentors et anciens professeurs Jacques Nantel, qui nous disait qu’il faut faire très attention avec les sondages puisque les gens ont l’habitude de vouloir se montrer sur leur meilleur jour. Ainsi, si on demande à un interviewé combien de fois il va au théâtre par année, une fois ces données colligées, on s’aperçoit qu’il n’y aurait pas assez de théâtres et de représentations à Montréal pour satisfaire à la demande apparente! Ce qui est très loin d’être le cas…

C’est ce genre de connerie que nous retrouvons dans cette pseudo étude qui prétend :

“We found that people who are narcissistic use Facebook in a self-promoting way that can be identified by others,” said lead author Laura Buffardi, a doctoral student in psychology who co-authored the study with associate professor W. Keith Campbell.

The researchers, whose results appear in the October issue of the journal Personality and Social Psychology Bulletin, gave personality questionnaires to nearly 130 Facebook users, analyzed the content of the pages and had untrained strangers view the pages and rate their impression of the owner’s narcissism.

The researchers found that the number of Facebook friends and wallposts that individuals have on their profile pages correlates with narcissism. Buffardi said this is consistent with how narcissists behave in the real-world, with numerous yet shallow relationships. Narcissists are also more likely to choose glamorous, self-promoting pictures for their main profile photos, she said, while others are more likely to use snapshots.

Quelle absurdité! Je me demande s’ils avaient fait le même test avec des albums de photos de mariage, s’ils auraient conclu que les mariés sont généralement narcissiques parce qu’ils se présentent avec de beaux habits, que tout le monde arbore un sourire qui peut être faux, et cetera.

De plus, dans l’article il n’est fait mention nulle part d’un test psychologique préalable qui aurait réellement évalué l’état psychologique des 130 utilisateurs Facebook pour valider lesquels d’entre eux sont réellement narcissique puis de corroborer cela avec les impressions des sondés. Des fois, lorsqu’on a des préconceptions et qu’on tente de prouver qu’elles existent, il devient facile par la suite de les prouver.

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Commentaires

  1. Eve

    Mais oui, c’est exactement ce que j’allais dire: il est facile de faire dire aux chiffres ce qu’on veut bien qu’ils disent..
    À prendre avec des pincettes hein?

  2. Branding sur Facebook, devriez-vous faire un groupe ou une page de fans? • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure

    […] vous voulez faire de la commercialisation à ces narcissiques qui sont sur Facebook (blague facile se rapportant à mon dernier billet) devriez-vous opter pour une page d’admirateurs ou faire un groupe? À mon avis vous devriez faire […]

  3. Renée

    Tu prends un verre et tu le remplis à moitié – suivant la perception, certains le verront à moitié rempli, d’autre à moitié vide.
    Tu te commandes un sondage pour connaître l’opinion du bon peuple sur un sujet, tiens on va dire les élections.
    Suivant ton interprétation, tu vas lire que 35% vont voter pour Monsieur SH et penser quec’est bien.
    Tu peux aussi attirer l’attention sur le fait que 65% des répondants ne veulent rien savoir de lui.
    Comme quoi… je ne peux qu’être d’accord avec toi – car tout est sujet à interprétation!

  4. Paul

    C’est dur de juger de la pertinence ou non d’un tel article sans l’avoir lu. Cela dit, de l’extrait que tu as retenu, je comprend que l’équipe a bel et bien fait passer une évaluation psychométrique (…the researchers … gave personality questionnaires to nearly 130 Facebook users) aux Facebookers retenus. C’est par la suite qu’ils ont procédé à l’analyse des contenus des pages de FB de ces mêmes utilisateurs et qu’ils ont conmplété la démarche en faisant faire une “revue” par des évaluateurs neutres (untrained strangers) pour mesurer leurs perceptions des pages FB des 130 individus étudiés.

    Je suis pas un spécialiste, mais ça me semble assez rigoureux comme cadre méthodologique. Mais, cela dit, ça ne veut rien dire en termes de résultats au bout du compte ….

  5. Michelle Blanc

    @Paul, un test psychométrique sans rencontre individuelle c’est un peu minime comme constat de la “narcissisité” d’un individu. La psychologie est une science qui apporte énormément à ceux qui consultent, mais c’est tout de même encore une science inexacte. Les tests psychométriques le sont encore plus… Sans entrevue d’évaluation (et encore) ça ne vaut pas grand-chose et de tirer des conclusions généralisées là-dessus, c’est encore plus inexacte. De plus, qu’en est-il de l‘essence de Facebook? Beaucoup de gens « réagissent » à la mise en scène que font les utilisateurs de facebook sans réellement comprendre le phénomène et tirent des conclusions « capilotractées » (c.a.d. tiré par les cheveux) sur des bases qui sont douteuses. Il y a un clivage important entre la notion privée/publique par rapport à l’âge des utilisateurs. Il est normal pour un jeune dans la vingtaine de déjà avoir plusieurs centaines, voire milliers de clichés de lui sur le web. Pour les plus âgés, cela est une hérésie. D’analyser Facebook sans une compréhension minutieuse de son environnement et de ses utilisateurs est un peu comme d’aller voir des joueurs de grosses quilles et de s’étonner qu’ils aient tous des souliers aussi laids

  6. Dean

    Le texte sort tout plein de niaiseries du début jusqu’au trois quart environ.

    Mais à la fin, ils se ravisent et j’aime la conclusion:

    “It’s a completely new social world that we’re just beginning to understand.”

    Il n’y comprenne rien encore. Et c’est pyschologues, ils ont quel âge eux? Ils utilisent facebook? Pas sûr..

  7. Julie

    Je suis d’accord avec Paul : on ne peut pas juger de la recherche sur ce simple extrait. Ce que l’extrait dit, c’est qu’il y a une corrélation entre, d’une part, un score obtenu dans un test psycho et, d’autre part, la quantité d’amis et d’interventions Facebook. That’s it.

    Quand on parle de corrélation, ça veut simplement dire qu’il y a un lien entre deux ou plusieurs variables (on ne parle pas d’un lien de cause à effet!). Dans l’exemple ci-haut, tout ce qu’on sait, c’est que les personnes qui ont obtenu un score plus élevé pour la variable appelée “narcissisme” d’un test sont aussi celles qui comptent le plus “d’amis” facebook et d’interventions facebook. Idem pour la relation entre score narcissique et évaluation par un tiers.

    Personnellement, je ne trouve pas ça absurde. Il serait intéressant d’en savoir plus, notamment sur les outils de mesure utilisés. C’est plutôt avec les différentes interprétations qu’on peut en faire qu’il faut rester prudent… Ceci dit, il s’agit d’une thèse de doctorat résumée dans un article de quelques paragraphes, c’est plutôt succinct pour se faire une idée d’une recherche qui doit certainement être assez vaste dans les faits!

    Quant à ton commentaire sur la désirabilité sociale et les sondages (la volonté de se montrer sous son meilleur jour face à un tiers), il est tout à fait pertinent! Mais il existe des moyens pour contourner le problème ou, à tout le moins, l’amenuiser… (ex. : formulation des questions, méthode d’interview, type de sondage).

  8. Paul

    @michelle :

    c’est la meilleure réponse à une de mes commentaires ! je m’incline ! cela dit, je voulais juste dire que sur papier, il est dur d’affirmer que le papier est pas bon !

    Je retiens de plus “capilotracté” comme expression fétiche et j’utiliserai (avec ta bénédiction) l’exemple des souliers de bowling !

  9. Michelle Blanc

    Très chère Julie. Merci de m’informer de ce qu’est une corrélation. D’autres parts, il est vrai que je n’ai pas lu la thèse au complet et que peut-être, elle est très bonne. Elle est peut-être aussi capilotractée (pour faire plaisir à Paul qui aime bien ce mot). D’ailleurs, chaque année, un organisme dont je ne me souviens plus du nom, s’amuse à faire une compilation de thèses toutes plus loufoques et inutiles les unes que les autres. M’enfin. Parlant de corrélation, je suis certaine qu’on pourrait facilement trouver une entre la laideur des souliers de joueurs de grosses quilles et leur style vestimentaire général. Mais ce serait sans doute une autre histoire…

  10. Julie

    😉 Je suis contente de ne pas avoir de souliers de quille…

    La thèse est peut-être bonne, mais elle est peut-être nulle aussi. Ça arrive malheureusement. Tout ce que je dis, c’est qu’il est difficile de juger sur un extrait aussi court. Il faut dire aussi que la recherche en question est rapportée par un média… qui a décidé d’en prendre certains “bouts” pour faire sa nouvelle. On vit parfois des problèmes de distorsion quand il est question des résultats de recherche (ou de sondage) diffusés par les médias. Comme je l’écrivais récemment à l’un de mes lecteurs : “Généralement, les sondages auxquels les citoyens ont accès transitent par les médias. Ceux-ci en offrent bien souvent leur propre interprétation, faisant parfois le choix de mettre en lumière les résultats les plus propices à la nouvelle au détriment des résultats les plus significatifs.”

  11. Michelle Blanc

    Suis d’accord avec la thèse de “la distorsion” je l’ai vécue personnellement à plusieurs reprise. Pour ce qui est des quilles, mon film préféré est The Big Lebowski et il y est question intensément de quille et accessoirement de style. Notamment pour le personnage de « Jésus ». Absolument hilarant…

  12. Nadia

    J’aurais tendance à retenir de cette “analyse” le passage suivant : “It just turns out that narcissists are using Facebook the same way they use their other relationships – for self promotion with an emphasis on quantity of over quality.” Il y a donc des personnes narcissiques sur Facebook, comme partout ailleurs dans la société. Et quand on parle de “self promotion”, j’y vois beaucoup plus une tentative de magnification de l’image personnelle reliée à l’illusion d’être populaire ou extravertie, alors par exemple, que dans la vie de tous les jours la personne ne serait pas très populaire, qu’un usage promo pour la carrière ou les relations professionnelles. J’ai une amie à ce propos qui est actrice et fait des shows burlesques, de toute évidence sa page et ses photos reflètent sa carrière et elle l’utilise pour promouvoir ses shows? Est-elle narcissique ou bonne entrepreneure?

  13. Julie

    Le commentaire précédent est très pertinent. Mais encore là, il faudrait en savoir plus sur la méthodologie de l’étude. Comment ont été sélectionnés les profils facebook qui ont constitué l’échantillon? Les chercheurs se sont-ils intéressés aux “gens ordinaires” qui utilisent fb de façon disons “personnelle”? Ou plutôt aux personnes qui l’utilisent comme outil professionnel? Ou les deux? Il nous manque décidément de l’info pour porter un jugement sur la valeur scientifique de l’étude en question!

  14. David

    Quelqu’un de réellement narcissique se méfie de Facebook car tous les profils resterons des profils parmis d’autres. Pour moi les plus narcissiques peuvent être à la fois fans de facebook (pour y étaler leur personne), utilisateurs lambdas (pour contraster par rapport aux geeks de facebook trop facilement considérés comme narcissiques) ou anti-facebook (pour contraster)…l’étude psychologique complémentaire me parait alors plus que nécessaire…