Fausse mort de Jean Charest = c’est la faute du web, et puis après?

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Hier, durant la nuit, on annonçait la mort de Jean Charest en première page numérique du journal Le Devoir. J’ai accordé une entrevue à LCN et au FM93. Après mon entrevue avec l’animateur du FM93 Sylvain Bouchard, celui-ci dit qu’il préfère le format papier au format numérique parce que ce genre de chose ne s’y retrouve pas.

Aparté

On a aussi « pété une coche » sur twitter parce que j’osais discuter « de sécurité informatique » alors qu’il semble que mon créneau ne devrait se résumer qu’aux médias sociaux. Je précise que ma Maîtrise ès Sciences en commerce électronique incluait des cours de droits, de technologie informatique et de gestion et que j’ai eu plusieurs cours qui touchaient de manière précise « les questions de sécurité informatique » au niveau technologique, de gestion et de droit. J’ai d’ailleurs eu un cours spécifique Gestion du risque, contrôle et sécurité du commerce électronique dans lequel 2 sessions données par un spécialiste de Price Waterhouse Coopers portaient spécifiquement sur les outils et techniques de hacking moderne (si on veut se protéger il faut aussi savoir et comprendre l’antithèse de cette réalité qui est le hacking). Je rappelle aussi que lors de mes consultations avec mes clients, je couvre très souvent les questions relatives à la gestion du risque informatique. Ce n’est donc pas parce que je n’en ai pas fait une spécialité que je ne sais pas de quoi je parle lorsque je me prononce sur les questions de sécurité du Web. (Pour les lecteurs qui ont des problèmes de sécurité majeurs, je recommande souvent le pote  Dominic Jaar, responsable national de la e-discovery chez KPMG).

Pour revenir à nos moutons (en l’occurrence l’assertion selon laquelle le papier est plus crédible que le numérique) je rappelle que les fausses nouvelles, les canulars et les impostures sont vieux comme le monde (pour s’en convaincre regardez canular ou « list of hoaxes » dans wikipedia) et qu’ils existaient bien avant le Web. Je vous suggère d’ailleurs de visiter le site Accuracy in media ou de relire chez Slate Pourquoi les médias sont les pros des canulars et à réfléchir à la conclusion de NT2 Le canular, une pratique renouvelée par le web:

(…) le canular est une pratique qui questionne la véridicité des objets auxquels il s’en prend. Nous avons dégagé certains thèmes sujets au canular de manière récurrente : l’information et ses débordements dans la vie privée, les objets de consommation et leur envahissement de l’espace du Web, les peurs socialement partagées, par exemple la peur de virus informatiques ou encore de complots politiques, ainsi que l’abondance de pornographie que l’on constate sur le Web.  Au terme de notre réflexion, il nous semble que le choix de ces thèmes ne soit pas anodin : en effet, ce sont tous des espaces discursifs où la joute entre le vrai et le faux peut se déployer de manière particulièrement complexe. Quelle valeur de vérité peut-on accorder aux discours médiatiques, aux images de citoyens qui sont véhiculées par les médias ? À quel point les peurs socialement partagées sont-elles justifiées ?

Le canular, en nous trompant à propos des sujet qu’il traite, révèle en même temps la précarité de la conception que l’on peut avoir de ces sujets. Il s’agit ainsi d’un mensonge particulier en ce qu’il met en place un processus réflexif engageant la personne dupée à adopter une attitude critique à l’égard des vérités admises. Nous avons également vu que le canular s’adapte au média qui l’accueille. Dans le cas du Web, les sites de vente, les chaînes de courriels et la pornographie sont quelques exemples de terrains propices aux activités canularesques dans la mesure où le nombre d’internautes susceptibles de se faire leurrer y est particulièrement élevé. De fait, le canular profite toujours du climat de confiance qui règne autour d’un sujet.

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Commentaires

  1. christophe

    Excellent billet 🙂

    J’espère que les entreprises vont commencement à se rendre compte des risques et vont prendre en main la sécurité de leur entreprise.

    J’ai une formation en sécurité informatique et je travaille dans une école qui dispense des cours de sécurité.

    Une fois que vous suivez ces cours, Vous vous rendez compte de la facilité à faire ces choses là.

    Un beau canular et une belle leçon je trouve

  2. Marc Levasseur

    Le plus connu des canular est sans doute l’annonce de l’envahissement fictif de la terre par les extra-terrestres diffusée par Orson Wells en 1938. Panique générale aux USA mais l’affaire s’est avérée une démonstration sans équivoque de la puissance de ce nouveau média qu’était la radio à l’époque.

    On ignore encore la cause du canular au Devoir on devrait donc attendre un peu avant de tirer des conclusions hâtives. Quelqu’un à l’interne, à l’externe? On ne sait pour l’instant.

    Chose certaine, il est clair que la prise de contrôle frauduleuse des sites web est beaucoup plus facile a effectuer que le serait celle des ondes radio-télé ou d’une presse à journaux.

    Les fournisseurs informatiques ont à mon avis dans ce cas le devoir de sécuriser leur travail. On a déjà déclenché assez de guerres sur des rumeurs.

  3. Mathieu Lavallée

    z’Allez rire… je ne sais pas trop pourquoi depuis l’éclatement de cette histoire, on tourne autour du sujet des canulars. Pas exclusivement, mais peut-être un peu trop quand même.
    C’est d’abord et avant tout une histoire de piratage quant à moi. Et je ne dis pas ça par favoritisme pour le Devoir ou la communauté journalistique en général. On ne parle pas d’un cas ou un média rend publique une histoire qui, finalement, a été montée de toute pièce parce que le média en question a baissé sa garde en matière de traitement de l’information. On parle d’un cas ou quelqu’un s’est introduit illégalement dans un serveur pour publier une histoire, tout autant montée de toute pièce, ok, mais on a “forcé” la publication de cette histoire. C’est pas un journaliste qui s’est fait avoir ou qui a inventé l’histoire ici.
    Remarquez, je ne fais pas cette nuance là pour banaliser l’incident. Mais ça m’apparaît pertinent de faire la nuance quand même. C’est plus une question de sécurité informatique que de crédibilité des médias quant à moi. On peut discuter n’importe quand de cette crédibilité des médias, pas de trouble. Mais peut-être avec un autre exemple qu’un cas de piratage…

  4. Fausse mort de Jean Charest = c’est la faute du web, et puis après? | Bienvenue! | %blog_URL%

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  5. tntv

    Ce qui est dommage, c’est que ce sont les canulars qui sont le plus souvent rediffusés en masse, tout ça pour gagner un peu en visibilité au détriment de la crédibilité