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Éloge de la banalité sur les médias sociaux (comme dans la vie)

Comme suite à mon billet À propos de la pertinence des statuts Twitter, Facebook Google + et autres dans lequel je m’insurgeais contre ces gens qui n’en ont que « pour le pertinent » sur les médias sociaux, je reçus en commentaire le point de vue d’Alex Lauzon. Il n’est vraiment pas d’accord et je lui répondis dans ces mêmes commentaires. Comme cela m’arrive quelquefois, je reprends ici les deux commentaires pour vous permettre vous aussi de prendre part à la discussion. Mais juste avant, je vous mets en citation, ce qu’on dit du livre Traité de banalité, du philosophe Nicolas Grimaldi (que je n’ai pas encore eu la chance de lire) sur Boojum l’animal littéraire. Ça pourrait vous illuminer aussi.

CHERE BANALITE

Notre monde, personne ne saura dire le contraire, est un monde en pleine effervescence. L’ébullition, lot quotidien de chacun, est un plat sacré, une hygiène de vie. Le temps nous est compté, il s’agit donc de vivre intensément, l’excitation, l’agitation, l’exaltation sont permanentes. Nombre de philosophes, dont Peter Sloterdijk, ont dénoncé ce phénomène de masse, digne du pire totalitarisme.

Dans un autre registre, le philosophe Nicolas Grimaldi nous offre une réflexion autour de la vie, du temps, de la mort, de l’ennui, de l’attente, et bien sûr de la banalité. Définition brève de la notion : caractère de ce qui relève de la platitude. On ne peut donc pas dire que cet ancien Professeur à la Sorbonne ait rassemblé ici une réflexion très inspirée de l’air du temps. Pourtant, guère si intempestif, Nicolas Grimaldi ne se laisse corrompre par les sirènes de la postmodernité, sans pour autant se placer en butte avec l’époque.

(…)Philosophe de l’immanence et de l’instant, ce fin cartésien, auteur d’un traité du désenchantement , explore la nature de la banalité, son intrication avec l’imaginaire, sa relation avec l’expérience du désir, son jeu de miroir avec chacun, susceptible de pouvoir à tout moment se retrouver et retrouver son existence dans cette terrible banalité. Dans la familiarité inhérente à toute vie humaine.

[…] Réfléchissant à propos de la douleur de la séparation, à propos de la solitude, du désir et du temps, Nicolas Grimaldi tire un portrait saisissant de la banalité de chaque vie, prise entre l’attente, jeux avec l’imaginaire, et vie avec la mort. « Avoir conscience, c’est attendre ». Or, cette conscience réfléchie qui se saisit comme être en attente, et tout autant une conscience qui se saisit comme être pour la mort. « L’idée de notre mort ne cesse […] d’accompagner notre vie. Nous vivons avec elle ». Mais là est bien peut-être tout le souci. Sommes-nous seulement armés aujourd’hui pour affronter notre propre mort ? Sommes-nous seulement capables de tenir la douleur de l’attente de notre propre mort ? « Plutôt que vive avec la mort, la plupart prennent à l’inverse le parti d’en écarter l’idée, comme on s’efforce lorsqu’on part en vacances de ne pas penser au moment du retour ».

Traité de la banalité ou éloge de la banalité ? L’ouvrage de Nicolas Grimaldi est une belle réflexion, une claire et simple leçon de vie, afin de la « vivifier ».

« Parce que la vie est comme une énergie, un flux, ou un rayonnement, on sent d’autant plus ce qu’on a reçu qu’on se sent le communiquer davantage ».

Voici donc la discussion

Alex

Coudonc, je me dis que je dois être snob finalement. Je trouve tout aussi banal le small talk à propos de la température sur Twitter et cie que lorsque je vais faire mon marché et que le commis à la caisse me dit «Y fait frette hin?». Je lui réponds «Bin oui, c’est l’hiver et on est au mois de février, le mois le plus froid de l’année.»

Je suis de ceux qui se taisent plutôt que de parler constamment. Je suis de ceux qui s’emmerdent avec les statuts à propos de la grippe, du dernier gadget Apple, du «bonjour à tous» systématique, du RT de la mort de Whitney (pas que je me fous de sa mort mais que je le sache là maintenant à 21h le soir ou le lendemain matin en lisant le journal n’a aucune importance selon moi, elle est morte et l’apprendre 12 heures après n’y changera rien, vous voyez?).

Pour moi, le pouvoir de publication ne vient pas nécessairement avec le devoir. En autres mots, ce n’est pas parce qu’on peut publier qu’on doit le faire. Je préfère me demander si ma publication apportera une contribution ou fera avancer un quelconque débat avant de la publier (dans la plupart des cas, car évidemment, il y a des fois où je publie ce que je qualifie de Grô niaisage, et là, c’est juste pour faire rigoler que je publie). Comme ici, je contribue en apportant ma vision de la chose.

L’avantage sur internet est que je peux filtrer sans offusquer personne. J’utilise un logiciel qui me permet de filter les mot-clés sur Twitter et je ne pourrais m’en passer. Ça me permet de mieux «boire à la rivière» ou du moins, d’en retirer plus de satisfaction. Je préfère mille fois lire un lien vers un article songé que de savoir que Gomez a compté un but. Ce n’est pas vilain ce que je dis ici: Nous ne sommes pas «amis» sur aucun réseau car je te trouve trop volubile.

Ce n’est pas une critique, mais bien un simple constat de ma part. Et d’expérience, tes bons coups se rendent régulièrement jusqu’à moi car tôt ou tard, je vois passer un RT ou quelqu’un pointe vers ton blogue et là, ça attire mon attention sans que j’ai besoin de me claquer tout ce qui rendre dans la «petite conversation». Comprenons-nous bien, ce n’est pas une critique de ton utilisation, tu fais comme tu veux et je m’en fous. J’en fais de même et ça me permet de skipper le début et la fin de la rencontre-client pour ne conserver que le vif de celle-ci. En somme, ce n’est parce qu’on endure le small talk dans «la vraie vie» qu’on doit automatiquement l’endurer sur le web. On a l’avantage de la distance entre les interlocuteurs, aussi bien s’en servir.

Michelle Blanc

À Alex on ne peut certainement pas plaire à tous. Un truc pour t’aider à retrouver mes contenus que tu trouves pertinents en ligne (si jamais ça te tente), ils sont souvent diffusés entre 08h00 et 09h30 du matin, comme ça je frappe aussi le fuseau horaire de Paris Sinon, je fais aussi comme toi et use d’outils de monitorage pour pomper le contenu que JE trouve personnellement pertinent. Mais contrairement à toi, moi le “small talk” je trouve que ça solidifie la relation. Autant à l’épicerie, qu’en ligne. En outre, c’est souvent parce que je fais du “small talk” en faisant mon marché que par exemple, le boucher me donnera un plat de creton “gratis” lorsque j’achète ma viande, ou que le dépanneur me garde des copies du journal du samedi lorsqu’ils sont tous vendus ou que la serveuse me donnera un digestif de temps à autre. Le small talk c’est aussi de dire à l’autre je sais que tu existes, je prends le temps de te parler, de te regarder dans les yeux, de te saluer et de blaguer même si je n’ai ou tu n’as rien d’intelligent à dire…

11 réflexions sur “Éloge de la banalité sur les médias sociaux (comme dans la vie)”

  1. Pierre Longpre

    Oh que c’est bien dit Michelle.

    C’est vrai qu’un p’tit mot fait toute la différence. « Je t’aime » par exemple, combien d’hommes oublient de le dire et de le redire à leur conjointe.

    Alex doit être du genre « je te montre j’chu pas obligé. de le dire en plus « .

    S’il savait, ce cher Alex, ce qu’un p’tit mot peut signifier. Tiens, le mot « liberté » par exemple !

    CIAO

  2. Vicky Lespérance

    Je ne jugerais sûrement pas Alex, c’est son droit mais pour moi, les réseaux sociaux nous permettre de s’informer et ça inclut les états d’âmes des gens. Je ne lis pas tout ce que je vois mais la plupart oui et l’avantage de Twitter, 140 caractère nous permette de passer à autre chose facilement, facebook de choisir qui on veut bien choisir. Présentement, je suis aux études à temps plein et maman, je ne vois pas grand monde et c’est la merveille des médias sociaux, je n’ai pas l’impression d’être seule, ce qui me sauve de bien des maux. P.S. J’adore vos petites anecdoctes avec Charlotte.

  3. @Pierre Pour un homme scandant «liberté» bien fort, vous avez le jugement facile… Jusqu’à preuve du contraire, la «liberté d’utilisation des réseaux sociaux», ça marche dans les 2 sens. Vous le faites comme vous voulez et j’en fait de même. C’est simplement ce que j’écrivais à Michelle. Mais bon, je ne pense pas comme vous, je dois être un imbécile, non? J’avoue que ça me réconforte, après tout, on est tous le con d’un autre… n’est-ce-pas?

    Je ne dirai même pas à ma blonde que vous pensez que je ne lui exprime jamais mon amour. Si vous saviez plutôt que d’écrire pour rien dire!

    Allez, Bonne St-Valentin vous aussi!

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  5. Pierre Longpre

    @Alex

    Je crois qu’il est fâché le m’sieur.

    Je ne voulais pas vous juger et je n’étais pas au courant que vous cachiez des choses à votre blonde.

    Je suis bien content d’être votre con. Ça doit vous faire du bien.

    Et tant qu’à rien dire, vive la Gaspésie !

  6. Autre point important : le «small talk» débouche parfois sur des échanges plus nourris que, autrement, nous n’aurions pas eus. Mais je comprends aussi e point de vue d’Alex, car, en règle générale, je n’aime pas parler pour parler. À chacun d’agir à sa guise.

  7. Bonjour Michelle et merci pour ce billet qui m’a en quelque sorte rassurée ! Car comme vous, j’aime poster pour distraire mes lecteurs, ne pas seulement aborder des sujets sérieux mais aussi apporter un peu de bonne humeur. Bonne journée et au plaisir de vous lire.

  8. Voici un bel exemple des différences entre les humains. Je suis de l’école DiSC (connaissances sur les profils de comportement) et je comprends les propos de Alex, Michelle, ainsi que vos commentaires.

    Savoir ce qui nous allume et ce qui nous éteint nous permet de faire de meilleurs choix en matière d’outils de développement d’affaires. C’est ce qui fait que certaines personnes ont des préférences claires concernant: Facebook, Twitter et LinkedIn, pour nommer que ceux là. (surtout au sens des affaires)

    Dans ma perspective, les différences cachent généralement des forces qui nous manquent…

    Dites-vous que si une personne présente un point de vue différent, c’est une opportunité d’apprendre et évoluer!

  9. Au risque de me faire crier «Vive la Gaspésie» ou de faire psychanaliser ma vie de couple, je dois avouer que je suis plutôt d’accord avec vous, Alex. Et je trouve bien que vous ayez eu l’audace de faire valoir votre point de vue auprès d’une si grande utilisatrice des réseaux sociaux que Michelle. De plus, votre argumentation était apporté avec grand respect. Je ne suis pas adepte du «small talk». Suis-je antisocial? Suis donc l’antéchrist à cause de qui tout va si mal en ce bas monde? C’est peut-être juste une question de personnalité. Bref, tout cela pour dire que j’aime bien l’apport professionnel de Michelle, mais un peu moins son côté «Charlotte» 🙂 Mais je me dis que c’est quand même un moindre mal que d’entendre constamment des remises en question à n’en plus finir sur tout et rien. Chiâler pour chiâler, c’est pas toujours très édifiant non plus.

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