Pour favoriser la reprise économique des commerces, le juste milieu entre mesures de sécurité adéquates et la paranoïa

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panier d'ACHAT
(SOURCE: Pixabay https://pixabay.com/fr/illustrations/panier-d-achat-shopping-1019926/)

Les exemples de mesures et de comportements exagérés chez certains commerces et leurs employés n’aideront en rien leurs reprises économiques. Il est évident qu’il faille protéger les employés et les clients du coronavirus qui peut tous nous affecter. Il est tout aussi évident que la majorité des clients comprennent l’importance de nouvelles règles de comportements dans nos commerces. Cependant, nous pouvons déjà noter une grande disparité de mesures sanitaires et de politiques, d’un commerce à l’autre. Or, la rigidité (ou non) de certains employeurs et/ou de leurs employés, pourraient faire disparaître des consommateurs qui voulaient venir y dépenser leurs argents.

Voici donc quelques exemples :

Argent comptant
Certains commerces refusent maintenant l’argent comptant. Est-il bon de rappeler que l’argent comptant a toujours valeur légale au pays, que certaines personnes n’ont pas de cartes de débit et que chaque transaction avec un terminal au point de vente est facturée par les banques aux clients engraissant ainsi indument ces institutions? Aussi, pour ceux qui ne le réalisent pas, notre argent est fait de polymères (et non de papier) et ils sont très faciles à laver avec de l’eau et du savon. En outre, les terminaux de point de vente sont un méchant ramassis de germes autrement plus dangereux pour le consommateur que l’argent « liquide » qu’ils peuvent donner aux caissières qui travaillent avec des gants.

Politique d’échange
Hier je suis allé dans une quincaillerie pour acheter un flotteur de remplacement pour mettre sous l’une des sections de mon quai. Avant de payer, j’ai demandé si c’était échangeable puisque je devrai d’abord retourner mon quai pour vérifier la forme exacte du modèle du flotteur qui est encore en place afin que celui qui sera à l’autre bout de la section lui soit identique. Or, on me dit que tout ce qui est acheté sera non échangeable. J’ai donc décidé de ne pas acheter cette pièce (qui coûte $125) et j’irai probablement l’acheter ailleurs une fois que je saurai exactement le numéro et le modèle du flotteur. D’ailleurs. Le plus ironique est que cette pièce est faite de gros plastique, qu’elle passe les journées à l’extérieur dans leur cour à bois et qu’il serait très facile de désinfecter celle-ci une fois retournée.

Politique de ne pas toucher aux produits
Je suis nouvellement cardiaque et il est maintenant essentiel pour moi de vérifier le taux de sodium de chacun des produits alimentaires sur l’étiquette du fabricant. Or, les épiceries ont l’habitude de cacher les étiquettes de renseignements nutritifs afin de mettre en valeur le devant des produits. Si je me fais apostropher par un employé qui m’oblige à acheter un produit que j’ai retourné, il est certain que ce sera la dernière fois que je mettrai les pieds dans ce commerce. Surtout, qu’on nous oblige à nous laver les mains ou qu’on nous asperge de désinfectant avant même d’entrer dans le commerce. À un moment donné, il faut être conséquent avec les mesures qu’on met en place. Ou on ne nous désinfecte pas et on nous oblige à acheter le produit touché, ou on nous désinfecte et on nous laisse toucher le produit.

J’ai aussi acheté en ligne chez LaBaie. Mes achats ont été livrés par Purolator. Comme les vêtements étaient trop petits pour moi, j’ai imprimé le bond de retour et suis allé au point de dépôt de mon quartier qui se trouve dans une pharmacie. Sur le site de Purolator, il est clairement indiqué que cette succursale prend les colis prépayés. Or, lors de ma visite, on refuse de prendre le colis « à cause du coronavirus ». Je demande à parler au gérant qui m’explique que c’est trop dangereux de prendre le colis parce qu’il est peut-être contaminé et qu’ils ne sont « qu’un point de service pour aider Purolator ». Je n’en reviens pas. Je vais donc au deuxième point de service comme indiqué sur le site Web de Purolator, qui se situe à Rawdon. J’entre je montre ma boîte avec l’étiquette Purolator, la caissière la prend et me dit merci et passez une belle journée. Pourtant nous parlons de la même boîte et en principe, du même service d’un tiers de Purolator. Cependant, on remarque une attitude et un service aux antipodes.

Politique d’âge du consommateur.
Un de mes voisins qui a 70 ans s’est fait dire dans une pharmacie qu’ils ne voulaient plus le voir dans l’établissement à cause de son âge et que dorénavant il devait commander par téléphone et attendre une livraison à la maison. Il n’ira plus jamais dans cette pharmacie.

Le nombre de clients à l’intérieur
Avant tout le monde, Costco désinfectait les paniers d’épiceries. La première fois que j’ai vu ça, j’étais agréablement surprise de cette mesure de sécurité. Maintenant c’est une chose commune. Par contre, bien des épiceries limitent grandement le nombre de clients à l’intérieur tandis que Costco ne semble pas le limiter. La question est « quel devrait être ce nombre? La CNESST suggère de limiter le nombre de clients à l’intérieur sans le mentionner. Mais il semble que la norme soit la moitié du nombre de personnes qui est permise dans un bâtiment selon le code protection des incendies. Or, l’été il est aisé d’attendre à l’extérieur lorsqu’il fait beau. Lorsqu’il pleut et qu’il fait froid, ça devient plus difficile. L’automne et l’hiver prochain, si nous avons une deuxième vague, ça pourrait devenir passablement plus incommodant. La question du nombre de personnes permise, selon l’entrepreneur, prendra alors tout son sens. D’ailleurs, dans la localité dans laquelle je fais mes emplettes alimentaires, 4 compétiteurs dans un très court rayon géographique, se partagent le marché. Alors, comme sans doute certains autres consommateurs le font, je fais le tour pour observer l’achalandage de la file d’attente avant de choisir quel sera le supermarché de mon choix pour cette semaine particulière. Cet enjeu risque donc de devenir un facteur important du chiffre d’affaires des entrepreneurs.

L’exagération de la sécurité
Les entrepreneurs sont tout à fait légitimés de prendre les mesures qu’ils exigent nécessaires pour satisfaire les obligations légales auxquels ils font face, à la perception qu’ils ont de ces obligations, à la perception qu’ils ont du danger pour leurs employés et eux-mêmes. Ils doivent aussi cependant réaliser que ces mesures seront aussi évaluées par leurs clients. Certains trouveront qu’ils ne vont pas assez loin, tandis que d’autres y verront de l’exagération. En outre, les clients visiteront aussi d’autres commerces et compareront l’accueil qu’ils y auront. Ces divers éléments feront indéniablement partie de l’expérience client et la fidélité de la clientèle risque d’être plus volatile que jamais. Songez-y donc sérieusement avant d’implanter vos politiques…

Pour aller plus loin

Comment laver vos billets de banque en temps de pandémie

CNESST Guide de normes sanitaires en milieu de travail pour le secteur du commerce de détail – COVID-19

Centre Canadien d’Hygiène et de sécurité au travail, Conseils commerces de détail

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Commentaires

  1. Sylvie Savoie

    La seule phrase qui me vient en tête c’est “TROP C’EST COMME PAS ASSEZ”. Il y a aussi une différence entre les points chauds et froids. Réfléchir au risque aujourd’hui me semble fait de drôle de façon. Je me demande si l’expression “faire du lèche-vitrine” sera reprise un jour. 😉 Salutation belle Michelle !

  2. Estelle

    J’ai un goût amer après quelques expériences désagréables à Québec.
    D’abord, je ne suis pas tout à fait fan de certains achats en ligne, comme pour les vêtements et les chaussures. J’ai besoin de toucher les tissus pour savoir si c’est une qualité ou un type convenable pour moi. Aussi, comme je suis de taille petite, il faut que j’essaie les vêtements pour s’assurer qu’ils me “fittent” bien. Pareil pour les chaussures. J’ai d’ailleurs dû retourner plusieurs achats en ligne, car finalement, ils ne me convenaient pas. Et je hais cela: perte de temps et ça prend du temps pour ravoir l’argent.

    Lorsque les magasins ont commencé à ouvrir leurs portes, j’ai sauté sur l’occasion pour y essayer des vêtements que je voulais acheter. Aussi, les retards se livraison de Poste Canada me rebutaient. Eh hop, direction dans des magasins de sports. Pour commencer, de longues files d’attente. Ok, il faut limiter le nombre de clients à l’intérieur et je comprends. On se badigeonne les mains de Purell à l’entrée. Ok, je comprends et pas de problème. J’ai apporté mon masque aussi, par respect aux autres. J’avais d’ailleurs l’air d’un extraterrestre qui débarquait sur terre, car je faisais partie des rares personnes qui en portaient. Une fois à l’intérieur :
    Cas-1: ” vous ne touchez pas aux vêtements. Vous n’essayez pas. Vous achetez les items, les essayez chez vous et retournez ce qui ne vous convient pas.”. Et si je n’ai pas l’argent nécessaire pour acheter tous les items que je veux en double? Finalement, j’ai acheté un vêtement avec la taille que je pensais me convenir, je l’ai essayé dans le stationnement pour voir sur le reflet des vitres de mon auto si c’est ok. Je l’ai échangé 5 minutes après, car la taille n’était pas bonne. C’était trop inconfortable. De plus, je n’avais pas envie de revenir et perdre encore du temps.

    Cas-2: ” vous allez être accompagnée par un.e de nos conseillers.es. Vous ne touchez pas aux vêtements, c’est lui/elle qui vous le donnera et vous essayez dans la cabine”. Au bout de quelque… une minute :” et puis, et puis, est-ce que ça allait pour vous?”. J’avais l’impression d’être pressée pour qu’on puisse passer au suivant. He Boy, je suis venue acheter des vêtements de sport qui ne sont pas donnés. Il faut que je sois certaine qu’ils me vont bien. J’ai besoin d’un peu plus de temps!
    Et si je veux aussi acheter d’autres articles?
    Je vous avoue qu’après des expériences semblables dans plusieurs magasins de sports, je n’ai plus envie d’y retourner, même après la pandémie. Ça m’a laissé un goût vraiment amer.