L’identité numérique peut servir le bien, tout comme le mal. Quelle direction prendra le Québec?

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Alors que j’avais développé un plan numérique pour le Parti Québécois lors des élections provinciales, j’avançais l’idée d’un passeport numérique. J’y crois toujours. Cependant, je suis aussi consciente que ça ne peut pas se faire n’importe comment et qu’à la base, le citoyen doit pouvoir contrôler ses informations personnelles. Ce n’est pas au gouvernement de contrôler ces informations, c’est au citoyen. Ces informations peuvent servir autant le bien que le mal et l’approche que le gouvernement doit prendre pour développer une telle identité peut faire toute la différence entre un outil facilitant la vie de tous et diminuant sensiblement les dédoublements d’information, la paperasserie, la fluidité des transactions avec les différents ministères voire l’efficacité des prestations gouvernementales et la réduction des coûts et la diminution de l’effectif des fonctionnaires pour faire la même chose que nous faisons déjà. Par contre, ça peut aussi servir à développer une société de surveillance, une tyrannie gouvernementale, une marchandisation de notre intimité et des informations les plus sensibles à propos de chacun de nous et l’établissement de « crédit social » à la chinoise faisant passer les devoirs avant les droits.

Je valorisais la technologie X-Road « pour assurer la confidentialité, l’intégrité et l’interopérabilité entre les parties à l’échange de données ». X-Road est d’ailleurs membre de la Digital Public Good Alliances dont l’un des buts est de favoriser le consensus à propos de l’échange des données en mettant de l’avant certains standards à cet effet.

6. Mechanism for Extracting Data
If the project has non personally identifiable information (PII) there must be a mechanism for extracting or importing non-PII data from the system in a non-proprietary format.
7. Adherence to Privacy and Applicable Laws
The project must state to the best of its knowledge that it complies with relevant privacy laws, and all applicable international and domestic laws.
9. Do No Harm by Design
All projects must demonstrate that they have taken steps to ensure the project anticipates, prevents, and does no harm by design.
9.a) Data Privacy & Security
Projects collecting data must identify the types of data collected and stored. Projects must also demonstrate how they ensure the privacy and security of this data in addition to the steps taken to prevent adverse impacts resulting from its collection, storage, and distribution.

Il ne semble malheureusement pas que ce sera la voie choisie par notre gouvernement. Récemment, notre ministre de l’économie valorisait l’idée d’étendre l’utilisation du passeport vaccinal à tous les commerces. Ce serait donc une sorte de cheval de Troie à l’identité numérique. Ça faisait ironiser le copain Michael Albo, scientifique des données, sur son profil LinkedIn :

Mais oui, étendez le passeport vaccinal à tous les commerces, cela permettra de traquer TOUS les déplacements des citoyens québécois et d’avoir encore plus de données à analyser pour étudier leurs comportements d’achat afin de les croiser avec d’autres sources de données.

Et comme les québécois aiment leur passeport vaccinal, vous avez bien raison de dire que “c’est un outil qui va probablement demeurer pour longtemps” même après la fin de la pandémie.

La gouvernance algorithmique et la surveillance totale sont à portée de main. Nous pourrons bientôt élaborer des algorithmes qui récompensent ou pénalisent directement les citoyens sur la base de données collectées et de leurs comportements d’achat.

Les personnes en surpoids qui se rendent trop souvent dans un fast-food ou les diabétiques qui achètent des crèmes glacées sont de dangereux irresponsables qui mettent en danger notre système de santé.

Nous allons “rééduquer” ces criminels avec leur consentement. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.
#sarcasme #dystopie #quebec

D’ailleurs, en 2020 il affirmait en commission parlementaire que nous devrions encourager les pharmas à venir fouiller dans nos données médicales puisque « c’est une mine d’or ». Il semble qu’on soit très loin de « la recherche d’un consensus à propos de l’échange des données ». On valoriserait même la création d’une identité numérique par reconnaissance biométrique. Pourquoi utiliser une technologie d’identité numérique qui existe déjà, qui est utilisée ou analysée par les pays les plus en avance sur le numérique et respectueuse de la confidentialité des données alors qu’on peut tout réinventer, payer des sommes astronomiques pour le faire et « donner » l’accès à nos données les plus sensibles au plus offrant???

Et tant qu’à y être, pourquoi ne pas vendre aussi nos données fiscales en même temps que nos données de santé? C’est l’idée du siècle que valorise le gouvernement de la CAQ…

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Commentaires

  1. Marie Claude Dodier

    Comme si le projet d’identité numérique unique est prioritaire au chantier de restructuration du RSSS.