cyberintimidation et triangle dramatique, dit aussi Triangle de Karpman

Étant donné ma notoriété et mon statut de nouvelle femme, de plus en plus souvent je reçois des messages haineux sur Twitter, dans mon courriel, sur Facebook ou autre présence Web. Comme il est suggéré dans l’approche valorisée par la US Air Force et dont je parle dans les billets US Air Force, Vos enjeux de relations publiques 2.0 peuvent difficilement être pires que les leurs et La US Air Force fournit des outils pour les blogueurs d’affaires, il est suggéré de ne pas réagir aux trolls et aux intimidants (dans le sens anglophone de haters ). Dans un contexte d’affaires, cela est très certainement justifié. Par contre, dans un contexte personnel (et quelquefois dans un contexte d’affaires) cela peut être plus difficile s’il s’agit de menaces, de diffamation, d’intimidation ou simplement parce que l’harceleur touche un point sensible avec une méchanceté évidente. Ici et ailleurs, j’ai quelquefois réagi à ce genre de connards. J’ai intenté une poursuite au civil en diffamation et fait deux plaintes officielles à la police, seulement que dans les derniers douze mois. J’ai aussi mis en évidence certains de ces contenus haineux sur ce blogue et ailleurs. Le problème avec ça est que ça peut donner l’impression que je suis une tigresse aux aguets qui réagit à tout bout de champ. Les gens voient mes réactions, mais n’ont pourtant aucune idée du flot d’insultes et de contenus méprisant dont je ne parle pas et sur lequel je ne réagis jamais.
On dira aussi « elle voulait être veudette, ça vient avec donc pourquoi elle joue à la victime? ». C’est un bon point sauf que je ne joue pas à la victime. Je suis effectivement une victime de messages haineux (et même de menaces de mort) et ce n’est pas parce que je suis devenue populaire que ces intimidations soient justifiées ou justifiables. Dans tous les cas, je me dois de me protéger et de développer des mécanismes de gestion du mépris. J’en parle avec mon psychologue et évidemment, de relativiser le mépris, de le comprendre, d’imaginer sa (ou ses sources), de focaliser sur la montagne de messages positifs et d’amours que je reçois tous les jours ça aide énormément. Je vais aussi débuter des cours de Yoga afin de me protéger de ses énergies négatives. Mais je viens de découvrir le triangle dramatique, dit aussi Triangle de Karpman qui pourra certainement m’aider (et sans doute vous aidez aussi) à agir avec plus d’efficacité sur ces messages haineux.
Le triangle de Karpman qu’est-ce que c’est
Wikipedia dit :

L e Triangle dramatique, dit aussi Triangle de Karpman, est une figure d’analyse transactionnelle proposée par Stephen Karpman en 1968 qui met en évidence un scénario relationnel typique entre Victime, Persécuteur et Sauveur (ces rôles étant symboliques, une même personne peut changer de rôle).
C’est une schématisation qui tend à exprimer que si une personne utilise un de ces rôles (par exemple la victime), elle entraîne l’autre à jouer un rôle complémentaire (le Sauveur ou le Persécuteur). L’expression de ce scénario permet de déceler la mécommunication : on peut souvent l’utiliser pour exprimer les mécanismes ayant généré un conflit.
(…)
Un exemple : S1 affirme à S2 : ” Tu n’as pas honte de refuser de manger ces bons haricots verts ? Quand je pense aux efforts que Pépé a faits pour les semer, les desherber, et les ramasser alors qu’il a mal au dos, tu me fais de la peine ! ” Dans cet exemple, où le grand-père (décrit en Victime) est bien sûr absent, le parent S1 qui gronde l’enfant S2 aurait tout aussi bien pu évoquer la personne qui a fait l’effort de cuisiner, ou n’importe qui d’autre, comme victime du bourreau… Nous ressentons dans de telles circonstances l’envie de dire : ” mais ça n’a rien à voir ! ” au manipulateur S1, qui se fait passer ici pour un Sauveur, alors qu’il fait pression de manière indue (il serait possible de parler de l’utilité qu’il y a à goûter de chaque plat, ou d’avertir l’enfant que s’il refuse totalement les haricots il n’aura pas à réclamer une seconde part de dessert, etc. ce qui serait une manière moins détournée de gérer le refus d’un enfant de manger ce qui est proposé…).

Une fois qu’on a compris ce type de mécanisme dans la cyberintimidation, comment s’en sortir?
C’est ce qu’explique admirablement bien executivecoaching.be dans l’article Pour détecter et sortir des jeux de pouvoir en entreprise

Comment s’en sortir ?
Lorsque vous estimez être pris dans une situation de triangle dramatique, et ce quelque soit le rôle que vous y jouiez, vous avez la capacité de vous en sortir. Le moyen le plus radical est la fuite. Quoique nécessaire dans certaines situations, cette attitude risque de ne pas résoudre le problème qui se répétera à l’envi.
Voici une technique en cinq étapes pour non seulement vous dégager personnellement d’une telle situation inconfortable mais aussi pour la désamorcer efficacement, pour le bien de tous. Cette technique part du postulat que les trois protagonistes sont si étroitement reliés entre eux que le changement de comportement d’un d’entre eux aura un impact sur les autres.
– Etape 1 : Tout d’abord, il convient de ressentir le déplaisir croissant suscité par le jeu de pouvoir en action. La prise de conscience de ce malaise va nous pousser à réagir et à provoquer un changement, quitte à devoir traverser un moment d’inconfort.
– Etape 2 : Avant de réagir, il est utile de prendre du recul par rapport à la situation et d’identifier le rôle présent de chacun, y compris de nous-même.
– Etape 3 : Nous établissons mentalement une stratégie d’intervention selon nos aptitudes, notre humeur du moment, les autres protagonistes et la situation en jeu : humour, expression de notre ressenti à propos de la situation, recherche d’intentions positives derrière les comportements, symbolisation des interactions en cours, usage de métaphores, etc.
– Etape 4 : Nous exprimons clairement notre analyse de la situation, non plus en nous acharnant sur le contenu mais en communiquant sur l’interaction elle-même. Un moyen efficace pour recevoir l’assentiment des autres protagonistes vis-à-vis de cette démarche, est d’énoncer des faits incontestables relatifs à l’interaction, non pas pour juger mais pour dépassionner le débat et rétablir une communication « neutre ». Nous insistons ensuite sur les points d’accord et remercions chaque protagoniste pour sa contribution à restaurer un climat de relation équilibrée.
– Etape 5 : Finalement, nous vérifions que chacun se sente confortable avec les points d’accord tout en essayant de les élargir le plus possible et de mettre en place un nouveau « modusoperandi » entre les protagonistes.
Avec un peu de pratique, ce processus devient de plus en plus naturel. Appliqué dans le cadre de l’entreprise, il s’avère également bien utile dans notre vie familiale et notre environnement social.

Bon maintenant que j’ai vue la théorie est qu’elle semble impeccable, il ne reste plus qu’à la mettre en pratique dans un contexte d’utilisation des médias sociaux. Les menaces seront toujours dirigées vers la police et la diffamation vers mon avocat, mais pour le reste, je vais continuer d’ignorer ou encore je vais interagir comme je le faisais déjà souvent (de manière inconsciente) avec :

humour, expression de notre ressenti à propos de la situation, recherche d’intentions positives derrière les comportements, symbolisation des interactions en cours, usage de métaphores, etc

Facebook Places, pourquoi je n’aime pas

Facebook Places est la nouvelle fonction de géolocalisation qui est maintenant dans Facebook. Comme l’indique readwriteweb :

Cette nouvelle fonctionnalité de Facebook est en optin, ce qui signifie dans ce cas précis que Facebook part du principe que vous voulez faire parti de l’aventure de Places et partager vos données de géolocalisation avec vos amis mais pas nécessairement avec la totalité de l’internet (nous travaillons à un futur billet sur la façon de désactiver Places pour ceux qui ne souhaitent pas se lancer dans les joies de la géolocalisation).
Les utilisateurs choisissent (ou non) de signaler leur présence à un emplacement (check in), mais peuvent égale ment ‘tagguer’ un ami qui s’y trouve (théoriquement). La première fois que vous êtes ainsi taggué, Facebook vous demandera si vous autorisez ainsi qu’un ami vous géolocalise. Si vous acceptez, le statut de votre ami apparaitra sur votre mur, si vous refusez, il ne sera présent que sur le mur de votre ami. Vous pouvez également changer vos paramètres afin de désactiver totalement cette capacité à être taggué.

Pour le monde des affaires, il y a de grands avantages à cette fonctionnalité. On pourra ainsi augmenter la pertinence et le ciblage publicitaire de Facebook et développer une suite d’applications qui aura une correspondance immédiate avec l’usager mobile. Cependant, déjà une foule d’autres applications font la même chose sans nécessairement avoir besoin d’inclure l’ensemble de nos amis Facebook dans la démarche. Par exemple, l’application mobile Tripadvisor vous fournira la liste des restos ou hôtels les plus proches de votre géolocalisation (incluant les commentaires des usagers comme j’en discutais à l’émission Le Lab) sans avoir à rameuter qui que ce soit. Vous avez la même chose avec Foursquare et dans ce média social géolocalisé, je suis très sélective de mes amis (j’ai d’ailleurs plus de 500 demandes de mise en contact en attente), ce que je ne fais absolument pas sur Twitter ou sur ma page fan de Facebook. En outre, je conviens facilement que depuis que j’ai eu des menaces de mort sur le Web, je suis un peu plus parano. Mon adresse physique n’est nulle part et j’ai 5000 connexions sur ma page perso Facebook dont 80% me sont pratiquement inconnus. C’est très bien la géolocalisation, ça a beaucoup d’avantages, mais la sérénité a un prix et il y a certains paramètres et certains outils dont je vais me méfier, dont cette application Facebook Places…

Grandeurs et misères d’une Web star

Dans une récente entrevue avec MC Gilles, il me demandait si je voulais « devenir une vedette » et je lui répondis que non. Ce n’a jamais été mon objectif. Il continua en me disant que j’avais été connue à cause des médias traditionnels. Je lui répondis que si les médias traditionnels se sont intéressés à moi, c’était à cause de mon blogue. D’autres m’ont dit que j’avais du succès parce que j’étais une trans, je leur réponds toujours du tac au tac, si tu crois que c’est la solution, vas-y, change de sexe. La réalité est que j’ai toujours été médiatisée, mais dans des médias spécialisés, comme Les Affaires, La Presse Affaire, InfoPresse, Canal Argent, Direction Informatique, Strategis et autres. Ce sont ces médias qui ont de l’importance pour mes affaires. Mais après mon coming-out, ça a fait la première page de La Presse, puis est venu Arcand, puis Tout le monde en parle, puis je suis devenue une vedette. Mais ce n’est pas monsieur et madame tout le monde qui emploient mes services. Ce sont les gens d’affaires. La médiatisation à outrance qui est venue par la suite n’a certes pas été négative pour mes affaires (excepté un épisode dont j’ai déjà parlé), mais je continuerais certainement de très bien vivre sans ça. Cependant, cette médiatisation a peut-être réveillé le Ministère de la Santé afin qu’ils paient finalement pour les opérations de changement de sexe et a énormément aidé à démystifier la condition avec laquelle je vis.
Le côté noir de la médiatisation est que j’ai maintenant des « stalkers », que je suis une cible, que mes paroles sont maintenant scrutées à la loupe, que je fais des jaloux et que des gens en manque de gloires voudraient bien me déboulonner pour accaparer un peu de cette gloire. Aussi, je me fais souvent arrêter dans la rue, au resto et dans mes occupations courantes pour me faire dire à quel point je suis « inspirante ». Cette forme gentille de « vampirisme » et les formes beaucoup moins avenantes de « menaces directes et indirectes » et de transphobies épuisent énormément. Pour ma conjointe il est même plus difficile de « s’adapter à ma célébrité » qu’à ma transition. J‘ai d’ailleurs vraiment hâte d’avoir les moyens de m’acheter un chalet pour aller me cacher dans le bois et refaire mes forces de temps à autre. Ça vient avec « le territoire » comme ils disent.

Hier et avant-hier j’étais en Abitibi. J’y ai rencontré des gens vraiment gentils. En début de conférence je dis souvent que je suis contente que l’organisation qui m’a engagée aie la sagesse de reconnaître qu’au-delà de ma condition de transsexuelle, j’ai des compétences et qu’ils me paient pour venir les partager et que j’espère que les gens dans la salle aient eux aussi l’ouverture de donner une chance à d’autres personnes qui peuvent avoir des conditions particulières et qu’ils leurs permettent eux aussi de partager leurs compétences pour le plus grand bien de la communauté ». Ils m’ont donné une ovation et ça m’a grandement surprise et émue. J’étais sans mot. Mais j’ai aussi eu la chance de rencontrer Jean-Paul L’ Allier et de jaser avec lui. Je lui ai demandé comment il faisait pour vivre avec le mépris que des imbéciles lui envoyaient régulièrement alors qu’il était maire de Québec. Il me parla de la « radio poubelle » de Québec, de André Arthur, des nombreuses fausses rumeurs vraiment méchante dont il a été victime et il me dit » ça blesse profondément et il n’y a rien à faire. C’est très difficile pour la famille et ça l’a été pour la mienne. La seule chose qui te reste c’est ta dignité. Ça personne ne peur te la prendre et essaie le plus possible de ne pas leur répondre. Ça ne fait qu’alimenter leur mépris. Ces gens ne sont pas à la recherche d’une discussion, d’arguments, de la vérité. Ils sont à la recherche de cote d’écoute, de gloire. Essaie le plus possible de t’isoler de ça. Ça, m’a fait un très grand bien. Je ne sais pas si je vais être capable de vivre avec ça. C’est très pénible de vivre de la méchanceté, de la transphobie, de la mesquinerie et des « cheap shots » mais tant que ma vie ne sera pas directement menacée je vais tenter comme me le suggère Monsieur Lallier, d’essayé d’ignorer. Entretemps j’ai vraiment hâte d’avoir mon chalet pour pouvoir de temps en temps regarder l’eau d’un lac, le feu de camp, humer la forêt et oublier la connerie qui des fois s’impose à moi…

Le code de conduite des blogueurs

Comme suite aux menaces de mort que reçoit une blogueuse, le blogueur/journaliste Tristan Péloquin pousse l’affaire un peu plus loin et découvre qu’un code de conduite du blogueur est en train de se mettre en forme. Il s’agit en fait d’un wiki, le blogging.wikia.com. Cette initiative fait suite à une sortie de Tim O’Reilly qui bien qu’il a lui-même proposé son code de conduite, l’a offert à la communauté pour qu’elle en discute et l’améliore. Il est le père de Web 2.0 après tout!

In a discussion the other night at O’Reilly’s ETech conference, we came up with a few ideas about what such a code of conduct might entail. These thoughts are just a work in progress, and hopefully a spur for further discussion.

Voici donc une traduction libre et abrégée, de l’état du code de conduite sur le blogging.wikia.com, au moment d’écrire ces lignes :

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Ste-Adèle se fait censeur

Les blogueurs et les internautes en général ont le haut-le-cœur de la manière dont les organisations censurent la liberté d’expression en général et l’expression bloguesque de leurs citoyens en particulier. Nous canadiens, croyons vivre dans un état libre et permettant une certaine liberté d’expression. Cette liberté d’expression est toutefois sujette au libelle diffamatoire et, comme le craignait Patrick Lagacé (chez Dumais)dans son inquiétude à bloguer sous son propre nom, le blogueur moyen, ne dispose pas de l’assurance de son employeur, pour couvrir les frais juridiques associés à des poursuites légitimes, loufoques, préventives ou carrément inappropriées.

Sur mon blogue, j’égratigne parfois des gens, des personnages publics : si je fais ça sur Blogger, je n’ai aucune protection juridique de mon employeur. Si je le fais sur Canoë, ou sur Cyberpresse, je suis protégé en cas de poursuites. Ce n’est pas rien. C’est, en fait énorme, comme différence dans le résultat final. Ça donne un blogue plus mordant, plus candide, moins « sur les breaks ».

Comme je le disais aussi à Lagacé dans les commentaires chez Dumais, le versant opposé à ses mises en demeure ou poursuites contre l’expression peut-être diffamatoire d’un blogue, est le mouvement de support international d’appuis, qui peut s’ensuivre.

(…)Concernant les possibles poursuites en tant que blogueur individuel, les risques sont bien là surtout si on fait dans le blogue d’opinion. Cependant, je crois qu’il y a tout de même la possibilité d’être mordant. De surcroît, en fonction du blogueur, du sujet de la poursuite éventuelle et de la poursuite elle-même, une entreprise ou un individu entreprendrait de poursuivre un blogueur, sans fondements autres que de lui fermer la gueule, risquerait de subir le contrecoup de la blogosphère qui pourrait embarquer pour protéger l’un des leurs. Le contrecoup pourrait de beaucoup dépasser l’ampleur de l’éventuelle poursuite. Les entreprises y songeront donc deux fois avant de s’en prendre à un blogueur. Ce n’est qu’une opinion…

Pourquoi cette longue introduction? Puisque la ville de St-Adèle, son maire M. Jean-Paul Cardinal et leur procureur Albert Prévost de l’étude Prévost Fortin Daoust, ont sorti les gros cannons d’une mise en demeure assortie de menaces de poursuite en dommage et intérêts.

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