Lors de l’allocution de clôture de la conférence nationale du commerce électronique à la cyberéconomie : Stratégies pour le 21e siècle, Monsieur Charles Sirois (Telesystems) disait à peu près ceci :
« Lors de cette conférence, nous avons parlé de pinceaux, de toiles, de cadres et d’accessoires. Il est peut-être temps que nous aidions le peintre qui deviendra peut-être le Van Gogh numérique du 21 e siècle ? J’ai été nommé lors du G8 à la tête de l’initiative Dot Force G8 afin de venir en aide aux entrepreneurs numériques des pays en voie de développement. Il est peut-être temps que nous fassions pour nous-mêmes ce que nous faisons pour les pays sous-développés ? »
À l’écoute de ce vibrant plaidoyer, je bondis de ma chaise pour ovationner Monsieur Sirois, pour me rendre compte que ces propos avaient plus l’air d’amuser l’important auditoire que de les réveiller à cette réalité que l’infrastructure technologique est extrêmement bien développée au Canada, mais que l’adoption des affaires électroniques par les consommateurs et les entreprises est sérieusement en retard. Voici donc quelques résolutions qui, si elles sont mises de l’avant par les gouvernements, pourraient sérieusement contribuer à l’essor du commerce électronique canadien :
1- Favoriser l’adoption du commerce électronique par les entreprises :
en stimulant le partage des connaissances propres au commerce électronique (renverser le désengagement de ce champ d’activités d’Industrie Canada et du MDERR);
en valorisant l’adoption de stratégies, de modèles d’affaires et de marketing électronique efficaces par la mise sur pied de ressources informationnelles et financières pertinentes;
en finançant et parrainant les entrepreneurs de la nouvelle économie, comme le fait si bien Monsieur Sirois en Afrique avec Enablis.
2- Inciter les banques canadiennes (assujetties à la Loi sur les banques) à mettre sur pied le plus rapidement possible des mécanismes de débit en ligne et de micropaiements aux marchands.
Je ne parle pas ici de débit par courriel, tel que laborieusement disponible via Certapay, mais bien d’un mécanisme qui permette aux marchands d’encaisser directement des consommateurs des paiements par débit, comme cela se fait en magasin. Dans les faits, les Canadiens utilisent la carte débit de manière très importante, 85 % des titulaires de ces cartes l’utilisent pour faire des achats dans le monde réel avec une fréquence qui est l’une des plus élevées de la planète . Il serait temps que ce modèle canadien trouve son écho dans notre monde virtuel.
3- Faciliter l’harmonisation des statistiques économiques fédérales et provinciales en matière d’affaires électroniques et instaurer de nouvelles statistiques nationales spécifiques au Web.
À Statistiques Canada, il y a 19 secteurs économiques alors que l’Institut de la Statistique du Québec en compte cinq. Sans instruments de mesures cohérents, il devient ardu de comprendre où sont les manques et où sont les réussites au niveau local et de corriger le tir des politiques gouvernementales. D’ailleurs, les statistiques offertes par nos institutions ne font état que de mesures économiques. Le Web est lui-même porteur de nombreuses statistiques qui lui sont propres. Peut-être est-il temps que nos organismes gouvernementaux se penchent sur le Web et mesurent quantitativement et qualitativement l’efficacité de notre présence avec les outils statistiques qui lui sont propres.
4- Aider les industries très actives en ligne, où les entreprises canadiennes tirent de la patte : Industrie touristique
En préparant une présentation pour une association de l’industrie touristique, nous avons été étonnés de constater que 25 % des ménages canadiens et 35 % des ménages américains utilisent le Web pour magasiner et acheter un voyage. Paradoxalement, le secteur économique hébergement et restauration canadien est le 15 ème secteur économique sur 19, en termes de disposition d’un site Web. Cette situation a créé une industrie d’intermédiaires, principalement américains, qui drainent nos revenus touristiques et suffoquent les PME touristiques, pour envoyer l’argent au sud de la frontière. Nous devrions certainement permettre à ce secteur de se reprendre en main et d’adopter les affaires électroniques.
5- Aider les industries très actives en ligne, où les entreprises canadiennes tirent de la patte : Industrie de services
Finalement, l’économie canadienne est composée principalement d’entreprises de services. Qui plus est, le Web facilite les échanges commerciaux internationaux des services. Malheureusement, ces entreprises vivent un calvaire lorsqu’elles recherchent du financement, l’acceptation dans un programme gouvernemental ou de l’assistance pour croître à leur pleine capacité, car elles ne sont pas des entreprises manufacturières. Nous recommandons aux gouvernements de permettre à ce type d’entreprise d’atteindre son plein potentiel.
1- Source Interac : http://www.interac.org/fr_n2_32_researchfacts.html
2- Source: Le rôle d’Internet dans les voyages d’agrément des nord-américains, Secor, 2002.
3- Source: Charles, S., Ivis, M., Leduc, A., L’adoption des affaires électroniques : La taille importe-t-elle ? – Série sur la connectivité, Statistique Canada, Juin 2002.