90% des entreprises canadiennes utilisent les médias sociaux = bullshit

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Un sondage de Léger Marketing, commandité par SAS titrait dernièrement Quatre-vingt-dix pour cent des entreprises canadiennes utilisent les médias sociaux avec le sous-titre Plus de cadres du secteur public que du privé affirment qu’il s’agit du principal outil de communication avec le public.
Une journaliste de Radio-Canada, Marjorie April me téléphone donc pour discuter de ce sondage. Comme je lui démontre que c’est de la « bullshit » (de la grosse merde pour les potes d’outre-Atlantique), et que c’est une fille intelligente, elle fait tout de même son topo, mais nous parlons plutôt de comment certaines entreprises canadiennes s’en servent intelligemment. Mais si nous revenons au communiqué de presse « trop sexy pour être vrai », nous comprenons que le titre est l’addition de ce constat :

Un cadre sur six considère que les médias sociaux constituent le principal moyen dont leur organisation dispose pour attirer l’attention du public sur leur marque; tandis que 31 % affirment que ceux-ci jouent un rôle de premier plan et 43 %, un rôle limité

Ce qui est censé faire 90% des entreprises canadiennes. Allô la terre? Tout d’abord, ces chiffres parlent de « cadres » et non d’entreprises. Ensuite, si je dis que les médias sociaux « jouent un rôle limité », par quelle extrapolation fallacieuse suis-je en train de dire que je les utilise? C’est un peu comme de dire que je suis chrétienne et qu’on titre que je vais à la messe.

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Commentaires

  1. Eric Bisson

    Je suis bien d’accord avec toi!

    C’est pas parce que tu navigue sur facebook quand tu est a la job que ta compagnie utilisent les médias sociaux pour la promouvoir 😉

  2. Alexandre Poitras

    Salut Michelle !

    Je crois que directement au début de ton billet, tu as mis le doigt sur le vrai problème. Disons que “si” la statistique du 90% est bel et bien vrai, combien dans ce 90% l’utilise correctement ?

    À mon avis, LÀ est la vraie question !

    Être sur les médias-sociaux pour simplement y être car c’est “in” de nos jours, fausse totalement les résultats.

    Qu’en penses-tu ?

  3. Danielle Desjardins

    Bonjour Madame Blanc,
    Heureuse de constater que vous êtes de retour dans la blogosphère, je commençais à m’ennuyer de vos billets. Heureuse également de constater que vous êtes toujours là pour dénoncer la bullshit.
    C’est une bullshit qui dégageait pourtant, étant donné que le sondage est commandité par “SAS Social Media Analytics, la première solution logicielle d’entreprise conçue dans le but d’aider les entreprises à gérer leur présence au sein des médias sociaux”…

  4. Anonyme

    Twitter Trackbacks…

  5. Saber Triki

    Au fait, pour mieux comprendre les raisons comment des firmes ou organismes arrivent (volontairement ou accidentellement) à publier de tels résultats et analyses trompeurs, il faut s’attarder sur la méthodologie de recherche appliquée.

    Parfois, les gens accordent plus d’importance à l’étape du sondage (Questionnaire, collecte, traitement de données et présentation) et ignorent complètement les autres étapes que toute recherche digne du nom doit y cheminer. Le sondage est juste l’instrument quantitatif utilisé pour atteindre des objectives de recherche par le biais d’une méthodologie appropriée.

    Le choix de la méthodologie de recherche est une étape fondamentale dans ce processus. On ne peut répondre systématiquement à toute problématique de recherche par un sondage quantitatif.
    Et si un sondage s’avère une bonne approche, il faut encore être minutieux et extrêmement vigilants lors du processus.
    Tout écart se traduit par un biais direct qui vient altérer les résultats et engendre même des dérives similaires à ce que l’étude objet de notre discussion a généré.

    Quelle est la source de notre échantillonnage (aléatoire probabiliste, panel de recherche non probabiliste, …), Qui interroger dans notre échantillonnage? Comment leur administrer notre questionnaire (en ligne, téléphone, poste, etc..)? etc… etc…
    Changer un seul paramètre dans le processus et les résultats auxquelles on arriverait seraient différents.

    Je ne porte pas le blâme sur l’honorable firme de recherche Léger Marketing (une de nos fleurons au Québec comme tant d’autres d’ailleurs) qui souvent ne fait qu’’exécuter un projet uniquement de collecte de données ‘tel quel’ qui lui a été confié par un client sans aucun mandat de conseil.
    En effet, souvent j’entends des responsables d’entreprises qui lancent au coin d’une table de meeting « Il faudra qu’’on fasse un sondage auprès de nos ti-amis sur telle ou telle affaire pour mieux comprendre… ». Donc tous les ingrédients d’une méthodologie de recherche infructueuse sont réunis et décidés en une phrase sans la moindre réflexion. Parfois, ces clients s’assoient et cherche du conseil auprès de firmes spécialisées avant d’y aller de l’avant mais parfois (et de plus en plus le cas) pour des raisons budgétaires, de délai ou tout simplement par ignorance, se lancent dans leur aventure désastreuse sans la moindre précaution. Et comme résultats, des chiffres aberrants, des analyses surprenantes et du coup des recommandations farfelues. Pourtant la présentation était super belle et les canapés au caviar étaient délicieux. Devinez quoi? La vraie conclusion : c’est des pertes attendues.

    Donc à mon avis voici quelques raisons (et non les seules) qui pourraient expliquer peut-être de telles écarts. Reste à savoir si cela est volontairement involontaire.

  6. Sylvain Joannette

    WOW! Quand j’ai vu que ça venait de Léger Marketing, je m’attendais à quelque chose d’un peu plus professionnel, mais là, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas! Étant dans le domaine, je peux dire par expérience que les entreprises québécoises commencent à peine à s’afficher sur les réseaux sociaux. Par contre, en voyant également que c’était commandé par SAS Social Media Analytics, je ne peux que constater que la bullshit de ce genre existe de plus en plus, seulement dans le but de s’attirer des clients, étant donné que la grande majorité des personnes connaissent rien au domaine.

  7. Olivier

    Le titre vient de là je pense :
    “- 20 % disent qu’ils surveillent rarement les médias sociaux, et 12 % ne le font jamais.”
    Ca revient à dire que 88% utilisent les médias sociaux, je sais pas pourquoi ils ont ajouté 2% dans le titre par contre.

  8. Diane Bourque

    J’en crois pas mes orteils! Totalement ridicule. D’après toi, le nombre d’entreprises canadiennes qui utilisent adéquatement les réseaux sociaux se placent à quoi ? 20-30%?

    Je suis d’accord avec Alexandre Poitras que la question importante est “combien dans ce 90% l’utilise correctement ?” Je vois plein d’entreprises qui ont des pages Facebook et des comptes Twitter et qui ne font absolument rien avec ces comptes. Ça, c’est pire que de ne pas en avoir du tout.

    Ces entreprises ont probablement demandé à un ami ou un employé geek de monter un compte Twitter ou une page Facebook pour avoir l’air cool sur le Web mais n’ont pris aucune mesure pour intégrer une vraie stratégie de réseautage sociale pour l’entreprise.

    Une stratégie comprend de la formation, de la supervision, du monitoring, du temps, de l’argent et de la passion de vouloir créer une communauté web avec ses adeptes et ses visiteurs.

    Merci encore une fois de nous éclairer un peu et de remettre les pendules à l’heure.

  9. Olivier

    Utiliser veut pas dire avoir un compte ! Ecouter est souvent plus important que parler, vous savez.

  10. Sophie

    Wow!!! voilà qui aurait été surprenant que cette statistique soit vrai….C’est plutôt un chiffre qui a été interprété comme vous l’expliquez si bien. De mon côté, voici ce que j’avais trouvé comme statistique http://barometre.multiple-media.com/ sur les entreprises québécoises…

    Merci Michelle pour ce billet….

  11. Michelle Blanc

    @Sophie, ce sont d’ailleurs les chiffres que j’ai utilisé (avec la logique) pour démontrer à la journaliste de Radio-Canada que ce titre n’avait aucun sens.
    @Olivier, on dit aussi que plus de gens du secteur public s’en servent, que du privé. Or, les fonctionnaires ne peuvent même pas monitorer (et encore moins y être) les médias sociaux puisque la majorité des ministères fédéraux, provinciaux ou para-gouvernemental (et même municipal) bloquent complètement les médias sociaux sur les serveurs de leur ministère. Ces chiffres sont donc un gros n’importe quoi.

  12. Olivier

    En effet, danc ce cas gros cas de bulshitt, pas seulement dans les chiffres mais surtout dans leurs déclarations : « Notre recherche démontre que les gouvernements au Canada favorisent de plus en plus les médias sociaux » « Les réseaux sociaux sont les nouveaux lieux de rencontres entre citoyens, où le gouvernement peut rapidement sonder les besoins de la population. Les réseaux sociaux s’avèrent également extrêmement efficaces dans le cadre des initiatives de sensibilisation et d’information du gouvernement, car ils transmettent les messages désirés à une échelle beaucoup plus grande que ne le font les réseaux médiatiques conventionnels. »
    C’est vrai qu’ils ne donnent pas d’exemple concret du gouvernement sensibilisant de façon extrêmement efficace la population. Et pire encore, je pense que les réseaux médiatiques conventionnels sont bien plus efficaces pour sensibiliser la population (“Tout le monde en parle”), donc même si ils disaient la vérité ils se fourraient quand même.

  13. Sylvain Joannette

    Merci pour l’info Sophie, ce site est vraiment excellent

  14. Marc Snyder

    En effet Michelle. D’ailleurs, j’ai aussi écrit sur le même sujet la semaine dernière: http://octanestrategies.com/2010/08/16/90-pour-cent-des-entreprises-utilisent-les-medias-sociaux/

    Tout comme Nadia aussi: http://www.cheznadia.com/archives/2010/08/90-des-entreprises-canadiennes-utiliseraient-les-media-sociaux.html.

    MS

  15. Sylvain Joannette

    On entrevoit ici vraiment un coup marketing pour pousser les entreprises à se positionner sur les médias sociaux selon ce que je peux lire sur le blogue de Nadia. 🙂

  16. Eric Blot

    Selon un récent sondage auprès des potes outre atlantique, 90% d’entre eux pensent que tu parles mal de la bouche 😉
    De la grosse merde : non mais, c’est pas des façons.

    Tiens c’est comme le loews que tu m’avais conseillé : une organisation bullshit (www.aimequandsadouce.com)
    Bises de Paris