La semaine dernière je me suis amusé à détruire certains mythes entourant facebook et à affirmer que Twitter est supérieur, dans une optique de relation publique et de marketing, à Facebook. Cette dernière affirmation a beaucoup fait jaser (quoique la première a fait péter mes stats de fréquentation (et ironiquement, le trafic venait surtout de twitter)) et elle a entre autres piqué au vif le pote Étienne Chabot qui explique bien son désaccord dans les commentaires à la suite du billet :
L’éternelle guéguerre Twitter/Facebook est littéralement un sujet inépuisable. Ce sont 2 outils complémentaires dans un coffre à outil marketing moderne, that’s it. Ce genre de généralisation ne rend pas service à ceux qui sont déjà tout mêlés là dedans.
J’aimerais voir des données, des stats qui démontrent que pour une entreprise les efforts mis dans Twitter seront plus payants que dans Facebook. J’ai l’impression que cette conclusion provient de ta pratique personnelle au sujet du produit “Michelle Blanc” et oui, peut-être que dans ton cas précis, Twitter est un meilleur investissement que Facebook mais tu es dans le B2B et ca s’adonne que tes cibles d’affaires sont justement ces super-influenceurs, early adopters, journalistes etc. Si on prend, un PME manufacturière, une petite entreprise de service, un Gym, une OSBL, une cause, etc ou n’importe quelle organisation qui doit faire du B2C, Facebook est un outil beaucoup plus naturel et convivial pour rejoindre notre cible.
Dans l’ordre de priorisation de l’utilisation des médias sociaux, si j’avais à généraliser, je recommanderais sans gêne de mettre son temps dans Facebook et lieu de Twitter.
Voici donc ma réponse, très cher Étienne.
Tout d’abord, tu as raison, idéalement pourquoi choisir l’une ou l’autre plate-forme? Idéalement, il faut être sur les deux (trois, quatre ou cinq puisqu’il y a une panoplie de médias sociaux qui peuvent répondre aux besoins d’un objectif d’affaires et d’une organisation). Mais si on doit maximiser ses efforts, il faut discriminer quelle plate-forme on priorise, la question de la différence des plates-formes se posera donc très rapidement.
Deuxio, tu as tout à fait raison, mes impressions viennent aussi de mon expérience personnelle. Ce que je dis à mes clients, je ne l’ai pas seulement lu dans un livre (ou écrit moi-même dans un livre, hehehe), mais je l’ai d’abord expérimenté et je suis un laboratoire vivant de médias sociaux. Cependant, quoi que tu ailles raison en disant que ma cible principale soit le B2B, je te rappelle que je suis maintenant aussi B2C puisque mon livre, Les médias sociaux 101, s’adresse à monsieur madame tout le monde et que mes conférences attirent une vaste gamme de gens. Ma pratique se transforme donc un peu. De plus, mes clients eux sont autant dans le B2B, que le B2C ou que le B2G, le G2C ou tout autre acronyme désignant l’organisation émettrice et ses interlocuteurs primaires.
Finalement, les fameuses données prouvant hors de tous doutes que Twitter est supérieur à Facebook ne sont pas disponibles pour un tas de raisons. L’une qui est très pratique pour mon argumentaire, mais qui est tout de même la réalité est que mes clients n’aiment pas réveiller leur compétition en fournissant des stats et études de cas qui prouvent à quel point « la croyance populaire » est à côté de la track. Par contre, je vais tout de même répondre à ton questionnement en poussant un peu plus ma démonstration.
Twitter and Facebook are both good at what they do. Twitter is like Times Square on New Year’s Eve – noisy and open to all. Facebook is more like a party invitation with an RSVP. Where would you rather go?
Facebook :
500 millions d’usagers (mais un potentiel de 1.5 milliard sur le Web qui n’a pas accès à Facebook )
106 millions d’usagers (mais un potentiel de 1.9 milliard sur le Web qui a accès à Twitter)
Via Twitip (traduction et adaptation libre)
Twitter les pour
-facile à naviguer et mettre à jour et hyperliens pour promouvoir n’importe quoi
-une portée au-delà du cercle restreint des amis ou des admirateurs
-Tout le monde peu suivre la discussion (sauf si profil barré ou si un utilisateur est barré)
-un outil de communication direct et une réponse instantanée
-Vous n’avez pas besoin d’être inscrit nulle part pour lire les infos Twitter qui peuvent même être liés à un lecteur RSS
-La plate-forme est très interactive et disponible via des API ouverts
-Énormément d’applications externes sont développées
-Des revenus potentiels de messages SMS venant de réseaux sans fil (même si Twitter dit ne pas encore recevoir de dividendes)
-des revenus publicitaires et ou par inscription possible
-Les couts d’opération de Twitter sont minimes comparativement à Facebook (ce qui lui donne un avantage de coût comparatif)
Twitter les contre
-Fonctionalités limitées, trouver des gens, envoyer de brefs messages, messagerie privée
-Limite de 140 caractères par message
-Une courbe d’apprentissage plus longue et ardue que Facebook
-Trop d’emphase est mis sur le nombre de Followers
-Une plus petite base d’usages que Facebook
-Un modèle d’affaires encore nébuleux
Facebook les pour
-Applications plugiciel, trouver des gens, faire des connexions, courriels, chat, partage de photos, vidéos, textes
-La plupart des gens comprennent rapidement la valeur de se mettre en relation avec ses amis, famille et certaines personnes se servent de Facebook plutôt que le courriel ou le chat traditionnel
-Différents niveaux de transparence possible de l’information partagée
-Plus d’emphase mis sur la qualité de la relation vs la quantité de relations
-Une base d’usagers énorme et encore en croissance
-Une plate-forme publicitaire particulièrement efficace
Facebook les contre
-Plus difficile à mettre à jour
-Demande un grand investissement de temps et d’argent avant d’atteindre des bénéfices durables
-Un modèle « opt in » qui demande aux usagers de d’abord se connecter
-moins de réponses immédiates à moins d’être branché continuellement
-La pluralité des plugiciels et d’applications lourdes peut limiter la portabilité et faire exploser la structure de coûts
J’ajouterai aussi que dans un contexte d’affaires, sur une page par exemple, on a aucune idée des statistiques réelles de Facebook. On parle par exemple du nombre d’impressions du message d’une page. Qu’est-ce que ça veut dire? Pas grand-chose en fait. Par exemple, est-ce le nombre de fois que le message d’une page est apparu sur la timeline d’un usager? Est-ce qu’il a lu votre message, a-t-il besoin de défiler sa page pour le voir? Nous n’en savons strictement rien. On ne parle pas ici de message vu, mais bien d’impressions. De plus, Facebook me rappelle un peu la folie des entreprises au tour de l’an 2000 avec le Web. Ça nous prend un site Web alors on dépense et on croit que par magie des retombés d’affaires arriveront. Alors on cré une page Facebook et on espère que parce qu’on y est, les retombés d’affaires viendront toute seule. De plus, comme je le mentionne, les conditions d’utilisation de Facebook et les API qu’ils mettent à la disposition des développeurs externes changent constamment, ce qui met sérieusement en péril la pérennité des contenus qu’on y expose et des applications tierces qu’on y développe.
Ping : Tweets that mention Facebook vs Twitter • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure -- Topsy.com
Le dernier point « anti-Facebook » n’a pas vraiment de valeur dans le combat entre les deux plateformes. À ce que je sache, il n’y a aucun moyen de savoir si les followers lisent nos tweets…
Faudrait peut-être arrêter de se gargariser avec l’efficacité de Twitter ou de Facebook face à la réalité des marchés. Si on ne développe pas une réelle approche de communications, un vrai dialogue, on ne convaincra jamais que les convaincus, on ne se fera suivre que par ceux et celles qui veulent déjà nous suivre. Dans un contexte de VRAIES relations publiques/marketing/pub, c’est oublier que le client, ce n’est pas la personne qui nous engage, c’est le public en général au delà et je m’amuse de constater combien le taux de conversion qu’on tolère face aux médias sociaux (et aux bannières Web) est lamentablement plus bas que celui qu’on acceptait en marketing direct dans le temps.
Je m’amuse quand je travaille avec de grosses agences et de gros clients de voir combien ils sont devenus des virtuoses d’outils de médias sociaux mais qu’ils ont oublié qu’il faut d’abord raconter la bonne histoire au bon auditoire. L’essentiel est de savoir écouter et parler. N’oublions pas que, dans une campagne marketing, la voix de chaque consommateur, si elle mène à une transaction, est importante. On a beau suivre des milliers de gens qui nous suivent, si on ne leur parle pas, si on ne les entend pas, on est aussi inefficace qu’une campagne d’affichage.
Pour en arriver à développer de vraies campagnes 360° il faut combiner les chemins de communication. Twitter est un outil fabuleux pour parler aux influenceurs. Par contre, encore faut-il parler aux bons. Si vous parlez aux foodies mais que votre discours est pointu (et que ces foodies ne paient pas pour manger chez vous), je ne vois pas comment les gens qui ne vous connaissent pas et qui ne lisent pas les foodies, sauront qu’il faut aller chez vous. Idem pour chaque marché. Et Twitter, sans des blogues, des vlogues, des microsites ponctuels associés, ce n’est qu’une petite clochette attachée à du vent. Twitter, sans quelqu’un qui lit, soupèse, analyse et répond, ce n’est qu’un audimètre…
Facebook c’est très bien pour constituer des communautés, mais si vous ne les attachez pas avec une motivation puissante ou des outils viraux, c’est une affiche virtuelle. Et puis, on est en plein dans le long tail alors n’hésitez pas à faire dix groupes/pages/entités Facebook si vous avez dix profils de clientèles différents.
Les outils sont de plus en plus abondants mais il me semble qu’on perd de vue à qui on parle et en plus on sait de moins en moins vraiment communiquer.
Marc
Michelle, merci de prendre la peine de répondre à mes interrogations sous forme de billet.
Les « pour et contre » de Twitter et Facebook que tu énumères ne font que confirmer mon point que les outils sont tout à fait complémentaires et que leur utilisation doit être mise en contexte en fonction des besoins, des objectifs et des cibles visées.
Aussi, je suis très prudent avec la notion d’influence sur Twitter. Elle est très relative et presque triviale si on ne s’appelle pas Lady Gaga ou Justin Bieber 😉
Si Twitter était si magique que cela au point de surclasser Facebook, la « recette » dépasserait le stade du secret professionnel avec tes clients. Autrement dit, d’autres praticiens marketing le reconnaitrait or, ce n’Est pas le cas.
Par ailleurs, je suis tombé sur une étude de eMarketer ce matin qui indique que Facebook procure le meilleur retour sur investissement pour une majorité de CMOs à la grandeur de la planète. J’en ai fait un petit billet ce midi.
http://etiennechabot.com/2011/02/08/medias-sociaux-des-mesures-de-retour-sur-investissement-annoncent-la-fin-de-la-recreation-pour-bien-des-gestionnaires-de-communaute/
Je maintiens donc mon point qu’à efforts égaux, quand ceux-ci sont principalement B2C, Facebook procure un ROI de loin supérieur à Twitter. Comme le temps à investir dans les médias sociaux est limité, il faut donc s’assurer d’aller chercher le « Biggest bang for the buck ». Malgré ses limitations, Facebook représente un bon point de départ pour une majorité d’entreprises. Twitter suivra bien entendu mais quand on aura plus de moyens.
Au plaisir de rejaser de tout cela devant Johnny Walker Black Label un de ses quatre. Sans rancune. 😉
Ping : Developpez votre auditoire » Blog Archive » Facebook ou Twitter ?
wow très intéressant comme billet. C’était justement une question que je me posais. Bref, je vais me concentrer davantage sur ces deux médiaux sociaux tel que facebook et twitter.
@Marc, tu as raison, Le message, le message, le message (mais mon point est est-ce que Facebook est un bon véhicule pour le message).
@Étienne alors je te retourne la question. As-tu déjà vu des exemples de PME qui ont eu des retombés d’affaires avec une page Facebook? Moi pas. Tandis qu’avec un blogue ou twitter, il en pleut (je te nommerai point G par exemple et sa présence Twitter et oui ils sont B2C et PME)
Les pages ne sont pas faites pour qu’une PME fasse de l’argent, mais pour que Facebook fasse de l’argent grâce au contenu que leur donne la PME pour supporter des pubs.
On doit pouvoir trouver pas mal d’exemples de retombées d’affaire avec pubs Facebook par contre, c’est là qu’est le modèle d’affaire, pas la publication gratuite de pages ou pokes.
Michelle,
L’exemple de la PME Meubles South Shore est éloquent à ce sujet.
Le concours de la Foire aux Meubles tenu en 2009 et en 2010 comme un projet pilote pour justement mesurer la valeur des médias sociaux a démontré clairement que Facebook était mieux adapté aux besoins B2C. En 2009, des efforts égaux ont été mis entre Twitter et Facebook. Résultat. Twitter avait généré 0,8% de notre trafic Vs 20% pour Facebook.
En 2010, on répète l’expérience. Twitter a représenté 1,1% de notre trafic alors que Facebook est devenu notre principale source de traffic avec 34%.
Mais tu pourrais me dire, c’est un concours, c’est pas pareil.
Prenons notre site web corporatif (qui sera par ailleurs revu sous peu). La 2e plus importante source de trafic est maintenant Facebook, juste après Google. Twitter arrive en bas de la liste en queue de peloton. Or nos comptes Twitter et nos pages Facebook ont été créées en même temps et un effort similaire a été mis sur chacun d’eux. Et oui, Facebook apporte plus de traffic que notre blogue corporatif pour l’instant. Il a été lancé il y a un an. Sur ce point, je suis d’accord avec toi que le blogue mérite d’être priorisé VS Facebook même si les bénéfices de ce dernier se présentent à plus long terme.
Je suis convaincu que ce cas n’est pas unique en son genre. Avec tous les gestionnaires de communauté qu’il y a au Québec et en France, je serai curieux de les entendre parler de leurs exemples concrets de Facebook Vs Twitter.
Vite de même, je regarde la page Facebook du Massif de Charlevoix: 8196 fans. Leur page Twitter, 450 abonnés. Probablement qu’une bonne partie de ces 450 abonnés sont aussi fans Facebook. Ils diffusent sensiblement la même info sur les 2 canaux. J’aimerais bien savoir ce qui leur permet de vendre plus de tickets de ski?
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Ping : Blogue Morin dans la vie : Facebook et Twitter, la pseudo guéguerre des titans.
Ping : Daily, Yahoo et Michelle Blanc
Bonjour,
Selon mon expérience, au Québec, les retombées d’affaires sont généralement plus grandes avec Facebook qu’avec Twitter pour tout ce qui touche à l’événementiel (exception faite des événements qui concernent exclusivement les «geeks» 2.0: WebCom, Journées Infopresse et tutti quanti). C’est vrai pour Igloofest de même que pour de nombreux autres festivals. par exemple.
Du côté des PME, la compagnie Uranium (bijoux) semble aussi «cartonner» un max sur Facebook bien qu’elle soit aussi très active sur Twitter.
En bref, je suis d’avis qu’il s’agit de deux outils complémentaires:
J’utilise Facebook pour créer une «communauté» autour de ma marque et, une fois celle-ci créée, générer rapidement des assistances à mon événement ou des ventes de mon produit.
J’utilise Twitter pour rejoindre les journalistes, blogueurs, early-adopters et autres influenceurs pour les convaincre que ma marque est digne d’être mentionnée/relayée/promue.
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