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Moi, ministre du numérique? Je préfèrerais plutôt une job de rêve

On me dit souvent Michelle tu devrais être notre ministre du numérique. Lorsque j’entends ça, j’esquisse un sourire pour ne pas carrément m’esclaffer de rire. C’est que pour être ministre, il faut d’abord être député et l’être pour le parti qui prend le pouvoir. Or, je ne me reconnais dans aucun de nos partis. Si je faisais de la politique, ce serait comme indépendante et je n’ai pas assez de fric pour ça. Et à ce que je sache, aucun député indépendant n’a été ministre.

Sous-ministre, une job de rêve

Par contre j’aimerais bien être sous-ministre. Être sous-ministre est sans doute la meilleure job du monde. Tout d’abord vous gagnez beaucoup plus qu’un ministre. Un sous-ministre gagne 198 295 $ (Source LaPresse) tandis qu’un ministre lui ne gagne que 149 429 $. Mais la beauté de la chose est qu’un ministre est celui qui se fait plomber régulièrement par les journalistes et l’opinion publique, pour des décisions qui sont souvent prises … par des sous-ministres.

Je suis sans doute dans le champ, mais je n’ai pas souvenir qu’un sous-ministre a été déjà imputable de quoi que ce soit. Je ne me rappelle pas avoir déjà lu qu’un sous-ministre avait été foutu à la porte pour avoir fait une grosse connerie (par exemple, avoir été à la tête du ministère responsable de l’effondrement d’un viaduc). Le sous-ministre n’a pas les spots dirigés sur lui. La population passerait à côté d’un sous-ministre sans savoir qu’il en est un. Pourtant, il est celui qui a réellement le pouvoir. Il peut braquer l’appareil gouvernemental pour, ou contre une idée, un projet, une politique. Pourtant, il ne semble imputable de rien. Il n’est pas responsable de ses décisions et c’est souvent le ministre ou pire le nouveau ministre qui n’est dans son dossier que depuis quelques mois ou quelques semaines, qui doit porter l’odieux d’un gaffe.

La crosse récente d’un sous-ministre

Prenons un exemple récent. Celui de Jean St-Gelais tel que rapporté dans l’article de Jean-Nicolas Blanchet Pas d’appel d’offres, Jean St-Gelais a permis au Centre de services partagés de conclure une entente sans passer par le processus normal du Journal de Montréal.

Selon M. St-Gelais, il était «d’intérêt public» de ne pas effectuer d’appel d’offres. Le Journal a obtenu copie d’une lettre signée par M. St-Gelais, secrétaire général du Conseil exécutif du gouvernement du Québec (CSPQ). Datant du 4 octobre et adressée au directeur du Centre de services partagés du Québec, la lettre précise qu’un «appel d’offres public ne servirait pas l’intérêt public pour l’acquisition de ces logiciels».

Or, tout d’un coup, c’est le Parti Québécois qui est dans le caca mou. C’est même la chef du parti, madame Pauline Marois, qui est responsable de la nomination de monsieur St-Gelais et madame Malavoy qui est aussi éclaboussée dans l’article de Valérie Lesage de LesAffaires.

Dans une lettre datée du 4 octobre 2012 et dont Les Affaires a obtenu copie, M. Saint-Gelais justifie sa décision sur une disposition de la Loi sur les contrats des organismes publics adoptée par décret par le gouvernement Charest et alors décriée par le PQ.

«Nous sommes en train de nous faire rouler avec ce décret», avait réagi la députée péquiste Marie Malavoy en novembre 2011, dans une entrevue au quotidien Le Devoir. Elle et son ancien collègue Sylvain Simard ont ouvertement milité pour la cause du logiciel libre ces deux dernières années, y voyant une source d’économies pour l’État québécois.

L’autre job de rêve, lobbyiste/relations publiques.

À la fin de l’article de monsieur Blanchet on apprend aussi ce petit détail.

La mise à jour des logiciels Microsoft pourrait représenter des dépenses pour l’État de près d’un milliard de dollars. Le lobbyiste réputé de la firme National Martin Daraîche a renouvelé, le 11 janvier, son mandat pour Microsoft Canada.

Je sais aussi que National est une firme extrêmement active en relations publiques pour divers partis politiques provinciaux et municipaux. Ils ont d’ailleurs été durant des décennies, l’agence du Maire Vaillancourt de Laval. Mais je sais que chez les relationnistes, comme pour les grands bureaux de comptabilité, il y a un mur entre les dossiers. Il est clair que jamais un lobbyiste qui travaille pour une firme informatique ne parlera à son collègue relationniste qui lui fait les relations publiques pour le parti qu’il tente de convaincre des vertus de son client. Comme ça, il n’y a pas d’imputabilité là non plus.

Non, pourquoi vouloir être ministre lorsqu’il est tellement plus payant et sécurisant d’être sous-ministre ou lobbyiste sans avoir à porter l’odieux de l’imputabilité…

5 réflexions sur “Moi, ministre du numérique? Je préfèrerais plutôt une job de rêve”

  1. C’est clair que ces deux jobs présentent :
    1. moins de risques, moins de pression, plus d’intérêts (à mes yeux)
    2. une meilleure rémunération

    D’ailleurs, je trouve cela assez étrange que le sous-ministre touche plus que le ministre. Bien qu’il y ait tous ces avantages à être lobbyiste ou encore sous-ministre, avez-vous quand même une préférence pour rester indépendante ?

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