C’est Frederic Gonzalo dans son billet Le marketing de destination, un modèle à réinventer qui m’allume sur des problématiques de marketing de destination qui ne sont toujours pas résolues. Il y cite un article de LeDevoir qui mentionne que :
Le monde du tourisme au Québec est très décentralisé. Pas moins de 1831 organismes interviennent dans le domaine et 21 associations touristiques régionales (ATR) font de la promotion à l’étranger. Peut-on vraiment faire un marketing efficace dans ce contexte ? Paul Arseneault, de la Chaire en tourisme de l’UQAM, se pose la question.
« C’est beaucoup trop décentralisé, dit-il. L’industrie ne peut pas faire l’économie d’un débat sur le rôle de chacun. La question est de savoir si on utilise au mieux les ressources que nous avons. »
Déjà, ça fait pas mal de monde qui se marche sur les pieds. Cette multiplicité d’acteurs qui se compétitionnent ad nauseam (entre autres avec l’argent du contribuable), compétitionnent aussi avec d’autres joueurs strictement web, qui eux n’y sont que pour faire de l’argent. À titre d’exemple, l’un de mes clients ATR (Association Touristique Régionale) travaillait avec un fournisseur web qui du jour au lendemain décida de se faire lui-même un portail touristique et de pomper les contenus de son client et des autres ATR et justifiants à mon client “que pour lui ce serait sans frais et qu’il lui faisait de la pub gratuite”. La belle affaire. Par ailleurs, monsieur Gonzalo identifie aussi la problématique fondamentale de plusieurs de ces 1831 organismes. Qui est réellement le client? Les touristes ou les commettants des organismes?
L’effet pervers est que la destination se retrouve qu’à ne faire la promotion des membres, même si certains intervenants répondraient mieux à certaines questions de voyageurs en ligne, sur les médias sociaux ou même en personne. En 2013, peut-on encore se limiter uniquement à représenter les membres payants dans nos communications marketing? (Lire: À quoi sert l’information touristique?) Et quand une association touristique régionale met de l’avant une campagne estivale, le fait-elle en pensant à satisfaire et attirer une clientèle cible en particulier, ou plutôt en prenant compte des priorités dictées par certains membres qui veulent notamment « se faire voir » à la télé, parce que « ça rejoint plus de monde »? En d’autres mots… le client est-il le voyageur ou le membre payant à qui on doit rendre des comptes?
J’avais d’ailleurs déjà parlé de cette problématique dans mes billets Web 2.0 et question existentielle des associations touristiques et Web 2.0 et question existentielle des associations touristiques, partie 2 (il y a déjà 5 ans). Plus récemment, j’en discutais aussi dans les billets L’industrie touristique au Québec et sa courte vue numérique et De l’importance de savoir à qui on parle.
À ne parler que des prestataires, on oublie le touriste et nos joyaux touristiques
Un peu avant mes vacances, « je sautais une coche » à propos du tourisme nautique dans mon billet Le Tourisme nautique au Québec, une opportunité manquée. Dans les commentaires de ce billet, bien des joueurs majeurs de cette industrie vinrent se justifier des efforts déjà accomplis. Ils y évoquent d’ailleurs la multiplicité des acteurs et du temps que ça prend pour que tous se parlent. On y vante la mise sur pied de « stations nautiques » par l’Association Maritime du Québec (AMQ). Malheureusement là ou le bât blesse est que lorsque l’on parle de cartographie maritime (qui ne compte que les cartes marines sans égards aux prestataires touristiques) on nous renvoie vers TrakMaps qui nous vend ces cartes à très gros prix. Je suis très heureuse pour ce fleuron des cartes maritimes et de pistes de VTT qui jouit d’un monopole payant et dont la promotion se fait par ceux-là mêmes qui devrait fournir plus d’infos à l’usager, mais disons que le modèle n’est pas des plus économique pour l’usager. Il m’en a couté plus de 250 dollars pour acheter 3 cartes marines papier.
Un exemple de fleuron touristique oublié
La plus grande plage au Québec et sans doute la plus belle est le réservoir Baskatong. Ce réservoir avec ses 2800km de berge et ses 160 îles a le défaut d’être à la fois dans l’ATR des Laurentides et de l’Outaouais. Il a aussi le défaut de ne pas avoir de grandes chaînes hôtelières qui paient pour en faire sa promotion. Je sais tout cela parce que j’ai eu le plaisir d’y être invitée « gratos » par les propriétaires du Rabaska Lodge qui ayant vu mon billet sur le tourisme nautique, se disaient que j’aimerais sans doute me perdre dans cette mer intérieure à l’eau chaude que peu de gens connaissent. J’ai été subjuguée par la beauté de cette région. Disons que le gros avantage de cette région (qui n’en est pas une ) est que comme c’est peu connu, vous pouvez vous trouver l’une des 160 îles et y être seul au monde. Pour un touriste c’est le paradis. Par contre, pour les gens qui y vivent et qui tentent d’en faire la promotion, c’est l’enfer bureaucratique avec très peu de résultats. Heureusement pour Martin Gamache, le copropriétaire, il est l’une des sommités québécoises de la motoneige et du VTT ce qui lui donne une certaine visibilité dans les médias comme à RDS où il chronique de temps à autre sur ses passions. Mais disons que pour les gens du coin, à se battre contre le voisin de Mont-Tremblant qui draine toute l’attention médiatique, ce n’est pas une mince affaire…
En prime, une vidéo de la chute du serpent à 30km en VTT du Rabaska.
Bonjour Michèle, quel article pertinent ! J’ai moi-même travaillé pendant plus de 22 ans au sein de 2 ATR, un travail fascinant et captivant. Mon dernier mandat était de représenter la région à l’international auprès des tours opérateurs et journalistes. Ces gens veulent découvrir nos exclusivités, ce qui nous distingue en tant que destination. De devoir promouvoir uniquement les membres de ces organismes ne nous permet pas de sortir du lot. Trop souvent, de petites entreprises dynamiques, uniques, ne peuvent se permettre de payer les frais d’une adhésion ou encore les coûts parfois élevés des campagnes promotionnelles. Elles demeurent ainsi dans l’ombre et pourtant ce sont elles qui mériteraient d’êtres à l’avant plan et attireraient beaucoup plus l’attention de certaines clientèles. Contrairement à ce que l’on à tendance à croire, ce ne sont pas toujours les grosses infrastructures qui captent leur attention. En plus de s’enorgueillir davantage de ces petits joyeux, il faut savoir que chacune des clientèles internationales mérite une approche bien différente l’une de l’autre selon leurs intérêts propres. On leur sert trop souvent la même recette à saveur de gros joueurs. Je me dois de faire mention des magazines produits par YQB Média, notamment ceux qui font l’éloge des régions touristiques, cet éditeur à vraiment compris comment faire ressortir chacune des distinctions des sujets qu’il traite. Il me donne envie de découvrir mon Québec et ses régions.
http://www.yqbmedia.com/fr/portfolio/
Quand on sait qu’il s’investit près de 20 millions en soutien aux événements et 2 millions en soutien au développement des produits, il y a comme une dichotomie dans les efforts de soutien de l’industrie touristique. Quant au nombre d’intervenants, ce chiffre de plus de 1,800 entités a été servi à nombreuses reprises dans bien des discours. Mais je n’ai jamais pu savoir ce que toutes ces entités font réellement en tourisme et pour combien de $$$. Un examen des efforts financiers à cet égard serait beaucoup plus révélateur.
Dans notre prochain site web, on va créer une petite révolution. Déjà que les non-membres y sont, mais on ira encore plus loin. Mes vacances de 3 semaines m’ont beaucoup « parlé » cette année.
En 2010, j’ai parlé de rationaliser. J’ai failli être fusillé. Mais je demeure convaincu que je n’avais pas tort. La baisse des argents disponibles ramènera à la raison. Mais ça va prendre du courage à plusieurs niveaux. Et de la vision. Et de la gestion éclairée.
La job du DMMO, c’est d’attirer le client, le TOURISTE et de regrouper, organiser et mettre en valeur les produits qu’il a à offrir. Quand un DMMO doit acheter des mots clés pour ressortir en premier sur les sites de recherche, le constat est triste quand à sa pertinence vis-à-vis les algorithmes.
Selon mes humbles connaissances financières, il doit se dépenser près de 1 milliard en publicité touristique, tout effort confondu (organismes et entreprises), pour des retombées annuelles de 14 milliards. C’est 7%. C’est beaucoup et peu en même temps. Et selon l’histoire, 20% des intervenants dépensent probablement 80% de ce total. Alors, le reste a probablement bien peu d’impact.
Alors, il n’y a qu’un pas pour suggérer de regrouper les efforts, sauf que chacun veut sa fenêtre de visibilité, son logo et son mot à dire tout partout. Et là, on repart pour nul part.
Ça me fait bien rire un peu, lorsque je lis qu’une entité a vu la fréquentation de son site web doubler. On parles-tu de passer de 100 à 200 visites ou de 200,000 à 400,000?
J’ai environ 3,400,000 visiteurs annuel en Mauricie et j’ai 350,000 visiteurs sur notre site internet. Donc j’atteint 10% de ceux-ci. Est-ce bon ou pas? Je ne sais pas. Quel est la durée de la visite sur mon site? De 2 à 3 minutes. C’est aussi un bon indice de pertinence et comment le consommateur y vient, ça aussi m’importe passablement.
1,831 organismes en plus des entreprises qui investissement en toutes sortes de promotion touristique. Bien du monde à la messe cela! Qui donc permet de ne pas revoir l’efficience des actions?
C’est comme le syndrome de la santé: Plus y a de joueurs, plus il y a de l’argent investi, plus on est passé de malade à patient. Mais on a de belles structures, oh yesssss.
La Grèce et l’Italie l’ont apprises à leur dépend. Les droits acquis et les chasses-gardées ont la vie courte en période de restrictions budgétaires. Va-t-on se rendre là? La nature humaine et son histoire va y répondre bientôt. Hélas…
Bien dit M. Nollet !!! Si plus de gens influents réfléchissaient comme vous…