J’ai été mise au courant d’une saga qui oppose le forum zonegrippeaviaire.com au Gouvernement du Québec. C’est que zonegrippeaviaire cherche à se faire reconnaître officiellement par la Direction de la coordination de l’information et des mesures d’urgence, Services Québec. Il semble que leur démarche se frappe à un mur.
Étant moi-même un peu Don Quichotte, j‘admire la ténacité de zonegrippeaviaire à vouloir collaborer et être partie prenante des mesures d’urgence au Québec. Dans un courriel reçu ce matin, je peux lire :
Aux États-Unis, les médias sociaux du domaine des préparatifs pandémiques sont reconnus par les autorités gouvernementales et ils sont invités à participer aux processus de planification des mesures d’urgence en cas de pandémie. Les éditeurs de FluWiki et FluTrackers, de même qu’une douzaine de blogeurs, ont été conviés par le CDC à Atlanta, de même que par Health & Human Services à Washington, pour participer à des simulations de pandémie. Ces personnes sont systématiquement invitées à participer à toutes les conférences téléphoniques et conférences de presse.
C’est clair qu’ici, notre gouvernement se questionne encore sur les stratégies à déployer face aux interlocuteurs citoyens. D’ailleurs, l’interlocuteur qui m’informe du quiproquo avec le gouvernement, me met en hyperlien, le document obtenu en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, Les médias sociaux et la communication du risque Direction de la coordination de l’information et des mesures d’urgence Gouvernement du Québec | Mai 2008.
Ce document qui cite le chapitre du copain Claude Malaison, du collectif Pourquoi Bloguer dans un contexte d’affaires fait un tour d’horizon du Web 2.0 et des blogues dans un contexte d’information des mesures d’urgence. Leurs conclusions :
Les organisations gagneraient donc à se familiariser avec ces outils et à se tenir au courant des développements et actualités qui y sont rattachées, car ils prendront certainement une place grandissante dans les façons de faire des administrations publiques dans les années à venir. Par contre, la majorité des applications du web 2.0 n’en sont qu’à leurs premières versions et comportent des lacunes importantes, notamment en matière de réglementation et d’éthique. Il est donc suggéré d’expérimenter «sans trop y investir de temps et argent avant [qu’elles] aient atteint à la fois une plus grande maturité et une plus grande crédibilité(38)».
La prudence est certes une vertu, mais elle empêche souvent l’émergence de l’innovation. Disons que dans un contexte gouvernemental, j’aime encore mieux le courage expérimental de la LAFD (Los Angeles Fire Department). Eux utilisent déjà les blogues, Twitter, Flickr, YouTube, les groupes de discussions, la baladodiffusion et j’en passe. Ici on observe prudemment et on attend, là-bas ils expérimentent et abattent les barrières pour s’approcher des citoyens. Deux visions diamétralement opposées qui font la différence entre un gouvernement de suiveux, ou de chef de file…
De mon côté, je vis la même chose avec le MAPAQ (Ministère Agriculture/Pêches) dans le cadre de la promotion des produits du Québec. Je ne peux pas y participer car il n’est pas prévu de volet internet mais uniquement des boutiques réelles.
Étonnamment, je vais justement publier cette semaine un billet sur le Web 2.0 pour faire suite à l’une de nos discussions précédentes à ce sujet, Michelle, (Pourquoi les etreprises ont-elles besoin du Web 2.0?) et j’y parle entre autres de la nécessité de vrais leaders afin que notre petit décalage habituel avec les américains ne se tranforment pas en fossé catastrophique. Exactement dans ta ligne de pensée: « La prudence est certes une vertu, mais elle empêche souvent l’émergence de l’innovation »… « Deux visions diamétralement opposées qui font la différence entre un gouvernement de suiveux, ou de chef de file… » Web 2.0 incluant blogues, fils RSS, réseaux sociaux et mobilité dans mon billet; bref, les grands esprits se rencontrent et j’ose espérer avoir le plaisir de ta vivacité d’esprit et de ton verbe coloré car ce billet résumera mes 6 derniers mois de recherche et de réflexion. Tu vois le topo !!!
Ping : Analystik - blog » Blog Archive » Pourquoi les entreprises québécoises ont-elles besoin du Web 2.0 ? (Prise 54)
PRUDENCE, INNOVATION ET MÉDIAS SOCIAUX
Merci beaucoup, Michelle Blanc, pour ces commentaires à propos de l’impasse dans laquelle se trouve la sphère du Flublogia et le média social http://www.Zonegrippeaviaire.com.
Vous avez mentionné que la prudence est une vertu, qui empêche toutefois souvent l’émergence de l’innovation. Or, il est étonnant d’observer, dans un même domaine d’activité – celui des préparatifs pandémiques – à quel point l’innovation est encouragée par le gouvernement du Québec lorsqu’il y a des enjeux financiers, alors que les projets qui impliquent l’engagement des citoyens (notamment les médias sociaux) ne le sont pas.
Dernièrement, le gouvernement du Québec a financé une étude de faisabilité pour construire une usine de vaccins pandémiques de la biotech québécoise Medicago en France (http://www.zonegrippeaviaire.com/showthread.php?t=621#7). La firme Lavalin a été engagée pour réaliser l’étude. «Nous prévoyons avoir terminé toutes les études nécessaires d’ici à la fin de 2008, et sommes très reconnaissants envers le gouvernement du Québec, qui soutient nos efforts de commercialisation mondiale de cette technologie», a déclaré Andy Sheldon, président de Medicago, qui a obtenu une subvention du ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation du Québec, afin de financer 40% de l’étude de faisabilité en collaboration avec le parc biotechnologique Genopole d’Evry pour l’établissement d’une usine de production de vaccins en France.
Pour des projets générateurs de profits dans le domaine des préparatifs pandémiques, le gouvernement n’hésite pas à accorder son soutien. Même s’il s’agit de bâtir des usines ailleurs que sur son territoire. Mais il refuse toutefois catégoriquement d’encourager les projets de nature sociale, qui ne font pas grimper les actions en bourse, mais qui ont plutôt pour effet «d’atténuer la dévastation potentielle» parmi la population (comme l’a indiqué Nature). (http://www.zonegrippeaviaire.com/showthread.php?p=19771&highlight=demfromct#post19771)
Les nouveaux médias sont eux aussi générateurs de rayonnement international, ils permettent de faire progresser les idées. Ils font avancer un pays dans ses mentalités. Ils tissent des liens de partenariat avec d’autres instances de pays étrangers et de nombreux citoyens. En ce qui a trait aux préparatifs en vue d’une pandémie, ils aident à consolider la base, la rendent plus autonome, plus résiliente. En ce sens, le travail effectué par les citoyens qui utilisent les médias sociaux comme médium de démocratie équivaut à bien des vaccins pandémiques, puisque ce travail renforce les interventions non pharmaceutiques, qui s’avèrent des stratégies incontournables de lutte contre une pandémie. Si nous devions mesurer avec une balance combien pèse, en créativité et en innovation, et en impact sur la résilience d’une société, un projet tel qu’un média social, par rapport à un nouveau vaccin pandémique, le média social aurait des chances d’obtenir une bonne cote (à condition qu’il soit jugé par une autre instance que le gouvernement du Québec, cela va sans dire).
Penser et réfléchir, c’est quelque chose d’important pour une nation. Il n’y a pas que l’avancement scientifique qui fasse progresser une société. Penser en collectivité est une forme de démocratie. Les médias sociaux sont basés sur le principe de la sagesse des foules (http://fr.wikipedia.org/wiki/Sagesse_des_foules). Ils nous permettent de nous auto-former, de nous auto-renseigner, de partager, et d’obtenir de l’empowerment. Dans le cas d’une pandémie, cela se mesure en termes de vie ou de mort. Ou bien on est prêt à faire face à une pandémie, alors on a peut-être une chance de ne pas contracter le virus mortel. Ou bien on n’est pas prêt, et là, je ne peux vous garantir que vous ne finirez pas dans une fosse commune et que vous ne ferez pas partie de la lugubre liste de millions de morts que réclamera la prochaine pandémie. Pourquoi le gouvernement ne fait-il pas tout ce qui est en son pouvoir pour que les Québécois sachent ce qui les attend pendant une pandémie? Pourquoi n’encourage-t-il pas la population à mieux comprendre ce qui va se passer, et à se préparer à traverser une crise de santé publique mondiale de l’envergure d’une pandémie grave? Une pandémie est inévitable. C’est l’avis de tous les experts mondiaux. Il ne s’agit que d’une question de temps, et elle frappera tous les coins du monde, y compris le Québec.
Pour en revenir à la notion de prudence soulignée par Michelle Blanc, l’article 5 de la Loi sur la sécurité civile du Québec, L.R.Q., chapitre S-2.3, stipule: «Toute personne doit faire preuve de prévoyance et de prudence à l’égard des risques de sinistre majeur ou mineur qui sont présents dans son environnement et qui lui sont connus.» L’article 2 de cette même loi définit «sinistre majeur» comme incluant une pandémie. Donc, il est de notre devoir de citoyen d’être prudent et prévoyant à propos d’une pandémie. C’est inscrit dans la loi. Mais comment peut-on espérer que la population québécoise arrive à appliquer l’article 5 de la Loi sur la sécurité civile, si le gouvernement ne parle quasiment jamais de l’imminence du déclenchement d’une pandémie, si les citoyens ne reçoivent pas de directives claires pour se préparer à faire face à ce «sinistre majeur», et si en plus, les médias sociaux – les seuls qui offrent actuellement une information de dernière heure et des conseils pratiques de préparatifs pandémiques – ne sont pas soutenus ni encouragés à poursuivre leur mission d’information et de sensibilisation? On en vient à se demander ce que valent réellement nos vies – face au danger d’une pandémie grave – aux yeux du gouvernement du Québec.
Je suis persuadée que les médias sociaux rejoignent toute une partie d’une société en même temps. Je vois cela un peu comme une foule dans un stade qui fait la vague. Les idées voyagent d’un utilisateur à l’autre. Les idées passent à travers les médias sociaux, elles modifient la perception du monde de milliers de gens en même temps. Il me semble que cela mériterait une bonne tape d’encouragement, et une quelconque forme de respect et de soutien. Et si la vision du gouvernement repose sur la prudence, je ne perçois pas tellement de prudence et de prévoyance dans la manière dont la planification de pandémie est présentement gérée au Québec et que les médias sociaux sont écartés. Cela relève plutôt de la roulette russe.
COMPTE RENDU DU DISCOURS DU MINISTRE DE LA SANTÉ DES ÉTATS-UNIS LORS D’UNE CONFÉRENCE PORTANT SUR LA BLOGOSPHÈRE DE LA SANTÉ, AYANT EU LIEU LE 29 JUILLET 2008 À WASHINGTON
Pour vous donner une idée de la différence de mentalité entre les décideurs québécois et les décideurs américains, voici un compte rendu d’un discours prononcé dernièrement par le ministre de la santé des États-Unis, à propos des blogues et des médias sociaux.
Plusieurs savent probablement déjà que les États-Unis sont des chefs de file en matière de reconnaissance des blogues et des médias sociaux. La blogosphère de la santé comprend notamment la sphère du Flublogia, où des forums tels que FluWiki (http://www.newfluwiki2.com/frontPage.do) et FluTrackers (http://www.flutrackers.com/forum/) oeuvrent dans le domaine des préparatifs pandémiques, en étroite collaboration avec plusieurs excellents blogueurs dont la réputation a franchi les frontières du pays et rayonne à travers le monde. Les principaux étant: Michael Coston, ou Fla_Medic, de Avian Flu Diary (http://afludiary.blogspot.com/); Scott McPherson (http://www.scottmcpherson.net); le Dr Henry Niman de Recombinomics (http://www.recombinomics.com/whats_new.html); Greg Dworking de DemFromCT (http://www.zonegrippeaviaire.com/showthread.php?t=1475), les revere de Effect Measure (http://scienceblogs.com/effectmeasure/), Monotreme de Pandemic Flu Information (http://web.mac.com/monotreme1/iWeb/Pandemic%20Influenza%20Information/Blog/Blog.html); etc.
Du côté canadien, nous pouvons apprécier le travail de Crawford Kilian, ou Crof, de H5N1 (http://crofsblogs.typepad.com/h5n1/), qui réside à l’autre bout du pays, en Colombie-Britannique. Le forum Zonegrippeaviaire (http://www.zonegrippeaviaire.com) existe depuis un peu plus d’un an, et est basé à Trois-Rivières, au Québec. Les utilisateurs de Zonegrippeaviaire traduisent en français la majorité des billets écrits par les principaux blogueurs américains.
Le 29 juillet dernier, la Fondation de la famile Kaiser a organisé une conférence portant sur la blogosphère de la santé (http://www.kaisernetwork.org/health_cast/hcast_index.cfm?display=detail&hc=2847). Plusieurs conférenciers ont été invités, notamment Jacob Goldstein, un des principaux journalistes du Wall Street Journal. L’événement a eu lieu à Washington, et il a été diffusé en direct sur Internet. Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Mike Leavitt, lui-même blogueur (http://secretarysblog.hhs.gov/my_weblog/) depuis un peu plus d’une année, a lancé les discussions avec un discours. La conférence visait à s’interroger sur pourquoi les individus et les organisations bloguent-ils? Quel est l’impact du blogue sur la mission globale d’une organisation? Quelle sorte d’influence les blogues ont-ils sur les débats politiques et ultimement sur la mise en œuvre des politiques?
La reconnaissance de la blogosphère de la santé confère aux États-Unis une bonne longueur d’avance et permet à cette nation de mieux interagir avec ses citoyens, et d’adapter ses politiques en fonction des préoccupations qui sont soulevées à travers les médias sociaux et les blogues.
D’après le discours prononcé par le ministre de la santé Mike Leavitt:
Bloguer = puissance.
Bloguer fait partie d’un processus créateur.
Le ministre a révélé lors de cette conférence qu’il écrivait lui-même tous les billets publiés dans son blogue. Il édite son blogue depuis un an déjà. Il évalue que son site accueille environ 10,000 visiteurs par mois environ. Il fait corriger ses textes, les fait lire avant de les publier, mais les mots sont de lui. Mike Leavitt a précisé qu’il lui faut environ une semaine avant que le texte soit publié. Il essaye également d’écrire ses discours lui-même.
Lorsque le ministre parle à un journaliste, il le réfère à son blogue. Il écrit ses billets dans l’avion, à l’hôtel, et même en faisant de l’exercice sur son tapis roulant! Il aime choisir ses sujets, utiliser son propre vocabulaire, sans avoir à filtrer ses pensées. Il utilise aussi son blogue à des fins politiques. Le blogue sert pour analyser les politiques également, ou pour partager une expérience avec d’autres personnes du cabinet ou du ministère (Health and Human Services). Ses billets permettent de se faire une idée de ce en quoi consiste sa fonction de ministre de la santé.
Son blogue permet donc de diffuser de l’information, il est aussi une sorte de journal et il sert d’outil pour diffuser des déclarations.
Qui lit le blogue du ministre Mike Leavitt? Le ministre confirme que son public est composé de beaucoup de gens du HHS, des journalistes, des gouvernements étrangers, et des employés d’administrations gouvernementales.
Son plus grand regret est de ne pas avoir suffisamment de temps pour répondre à toutes les questions de ses visiteurs. Il a demandé au HHS de répondre en son nom, mais cela n’est pas encore tout à fait décidé.
Son blogue lui permet d’avoir une relation plus personnelle avec les journalistes. Le ministre indique qu’il s’agit d’un «excellent outil», une fenêtre sur ce qu’il pense vraiment. Le ministre a dit qu’il lisait tous les commentaires, qui comportent d’excellentes pensées et idées. En termes d’interaction avec les gens, il est effrayé par les critiques, mais en général, tout se passe très bien.
Le blogue fera-t-il partie de la politique dans le futur? Mike Leavitt pense que oui. Le ministre a déclaré que lorsqu’il parle à travers son blogue, il se voit à la fois comme un politicien et une personne. Si d’autres décideurs n’utilisent pas encore le blogue comme outil de travail, il pense que c’est parce qu’ils ne se sentent peut-être pas encore confortables avec la nature du blogue.
Le blogue constitue une nouvelle avenue. Son utilisation dans le domaine des préparatifs d’urgence est utile et commence a être comprise. En portant davantage d’attention aux nouvelles (à travers le blogue), il devient possible d’approfondir des questions comme une pandémie.
Les adolescents et les jeunes devraient aussi être conscients des enjeux d’une pandémie. Mais comment communiquer avec eux? Le HHS se préoccupe de trouver des manières d’offrir de l’information aux jeunes. Il existe un besoin d’identifier comment rejoindre ces groupes de la population.
En conclusion, le ministre a déclaré qu’il était très flatté de constater que son blogue était lu et apprécié. Il a indiqué qu’il souhaitait poursuivre son aventure de blogueur. En observant la capacité des politiques publiques à communiquer et à faire des expériences [dans le domaine de la blogosphère de la santé], il a identifié trois façons de composer avec le changement: 1) aller avec la vague, suivre le pas des nouveautés; 2) accepter de survivre; et 3) se positionner comme un leader.
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