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Si La Presse n’existait pas? Gros rire gras

Je viens tout juste de recevoir ce courriel :

Si La Presse n’existait pas…
Chers blogueurs,

Dans le cadre de la négociation en cours à La Presse, nous vous envoyons la vidéo suivante. N’hésitez pas à la diffuser!


Le Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse (STIP)
Affilié à la FNC / CSN
Tél.: 514-840-4705
ou 514-285-7378
www.lestip.org

C’est comme plus fort que moi. Je pouffe de rire. Pourquoi je me fends en quatre? Je ne suis certes pas insensible aux angoisses des journalistes. Mais leur tactique est d’une « pochitude ». Tout d’abord, Le Lip dub Si La Presse n’existait pas… sans lip dub, n’est pas des plus original. C’est déjà « has been ». Deuxio, mais quel courriel désespérant! Pas de personnalisation, pas de mise en situation, pas de contexte. Le syndicat des journalistes prend-il les blogueurs pour des courroies de transmission? Eux-mêmes, s’ils recevaient ce genre de courriel (en en étant pas l’émetteur) le prendraient-ils en considération? Sommes-nous si obnubilés par leur sort que nous partirons à la course pour les sauver? Combien de journalistes de LaPresse sont déjà allés rencontrer les blogueurs (outre Patrick Lagacé et Tristan Péloquin), lisent leurs blogues, les commentent ou les suivent sur Twitter? Combien d’autres journalistes ont vomi sur la plèbe des blogeurs? Répondre à ces questions est déjà un début de réflexion. En outre, je ne suis pas reconnue pour être la plus ardente défenseure de positions syndicales ou journalistiques et j’ai maintes fois « pogné les nerfs » pour des relations publiques aux blogueurs, médiocres. J’ai déjà écrit des billets comme :
Communiqués de presse optimisés

Le dilemme des gestionnaires en marketing

Les 10 mythes des médias sociaux

Avanquest Software, comment polluposter et être con en même temps

Réflexion sur la nature échangiste blogue journalisme groupe médias relationnistes

Ou encore,
Pôvre boîte de relation publique

Faut croire qu’ils ne lisent pas les blogues qu’ils pollupostent indûment avec leur mièvre message? Mais si jamais ils lisent ce billet (puisque je vais l’optimiser pour Google, et encore un autre Si LaPresse n’existait pas?), je vais les inviter à lire aussi L’information ne s’est jamais mieux portée dans LeDevoir :

La crise? Quelle crise? demande de très loin le grand reporter Andreas Kluth, qui travaille pour l’excellent magazine The Economist depuis 1997. «Il n’y a pas de crise médias, dit le fauteur de trouble, joint par téléphone en Californie. Évidemment qu’une part de l’industrie de l’information se meurt. En ce sens, il y a effectivement une grande crise pour les propriétaires des médias qui voient fondre leurs profits. Il y a aussi une crise pour les journalistes qui voient disparaître leurs emplois. Mais pour le reste de la société, est-ce une crise pour autant? Non, non et non.»

(…)«Personnellement, je n’ai jamais été aussi bien informé par des sources de plus en plus diversifiées, confie-t-il. Mieux encore: je consomme maintenant une information de très grande qualité qui n’est plus seulement produite par des journalistes.»
(…)«Ce sont les journalistes eux-mêmes qui parlent de la crise des médias et en font tout un plat, poursuit le pourfendeur des clichés. Je le redis: du point de vue de tous les autres citoyens, cette crise n’existe pas. Ce n’est même pas vrai que certains sujets ne sont plus bien couverts. Au contraire. Pensez à tous ces blogues et ces sites tenus par les universitaires, les politiciens, les groupes de pression. Ils fourmillent d’informations qui ne demandent qu’à être prises.»

Ou encore dans le très récent billet Context is king du blogue AFP MediaWatch :

(…) De plus en plus de journalistes développent, de gré ou de force, (la nécessité) de développer leur propre marque, de travailler sous leurs propres couleurs, seuls ou en petits groupes. Le journalisme de qualité n’est plus l’apanage de grands groupes de médias. De nouveaux acteurs inventent, avec facilité et jubilation, la grammaire des médias, des échanges, de la circulation de l’information de demain. Ils le font gratuitement, car le média est excitant et qu’il y a des places à prendre ! La révolution de l’information est terminée : chacun est devenu un média !

Les médias traditionnels se retrouvent donc coincés entre les concurrences de millions d’acteurs individuels, et des géants aux ressources mille fois plus importantes qu’eux, qui entendent bien profiter de l’appétit du public pour l’information : après Google, Microsoft, Yahoo, Orange, AOL veulent être des mass media sociaux. Médias, informatique et telcos convergent.
Et au lieu de travailler ensemble, ils restent « la tête dans le guidon », obsédés par l’urgence de leurs revenus à court terme, voire désormais, leur survie.

En conclusion
Je dis souvent qu’il faut se monter une communauté avant d’en avoir besoin. Lorsqu’on en a besoin, elle est là. Le contraire ne marche que très, très rarement. Bonne chance tout de même dans vos négos et dans vos rêves d’un paradis journalistique peut-être perdu… Entre-temps, changez de relationnistes syndicaux…

MAJ
C’est aussi totalement subjectif, mais Joe Dassin, n’est-ce pas aussi « has been »? Veulent-ils lancer la serviette et nous faire savoir qu’ils sont déjà définitivement morts? Veulent-ils que ce soit les « matantes qui ne bloguent pas » qui les sauvent?
Finalement, mon titre devrait peut-être changer. Ce n’est plus un gros rire gras, mais un désespoir profond qui m’habite après avoir écouté ça. Un ennui insoutenable même… Je n’ai même pas été capable de l’écouter au complet, même après trois essais. C’est tout dire. S’ils voulaient remettre du pep dans leur négociation, c’est complètement raté…

MAJ 2
La question qui tue : Quels sont les journalistes (le comité syndical) de La Presse qui ont concocté cette connerie?

25 réflexions sur “Si La Presse n’existait pas? Gros rire gras”

  1. Ping : Tweets that mention Si LaPresse n’existait pas? Gros rire gras • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure -- Topsy.com

  2. Totalement d’accord! Au désespoir profond, j’ajouterais toutefois éprouver aussi une certaine frustration de voir des gens qu’on suppose intelligents foncer dans un mur avec autant d’aveuglement… et de volontariat.

    En plus, c’est pas comme s’ils avaient choisi le morceau le plus hop-la-vie de Joe Dassin. Pour inspirer la résistance ou la solidarité, on repassera… :-/

  3. Remarquez, peut-être que la notoriété de La Presse lui donne déjà une communauté et que le journal peut compter sur celle-ci pour relayer l’information, même avec ce type de courriel.

    Une communauté avec laquelle la relation n’est pas bidirectionnelle, mais une communauté quand même.

  4. Mathieu Lavallée

    Faut quand même avouer que Joe Dassin est un « has been » qui a trouvé une façon de rester dans l’air du temps 😉

  5. J’ai écouté la vidéo jusqu’au bout et mon chum, veut ou veut pas puisqu’il travaille à mes côtés, l’a écouté aussi. Je lui ai demandé sans qu’il ne connaisse le contexte : « C’est de l’humour ça ? ». Il m’a répondu, catégoriquement sûr de lui « Ben oui ! ». Comme il a l’oreille très fine, il a détecté la voix de Stefie Shock.

    Vous me trouvez peut-être hors propos, ce n’est pas le message essentiel de votre billet, mais je tiens à dire que sur le fond de celui-ci, je suis bien d’accord. Et aussitôt que j’aurai un peu de temps pour le faire, je vais lire vos billets qui s’y rapportent.

    P.S. : Malgré tout, nous aimons tant Joe Dassin que ça nous a tout de suite donné le goût de mettre la chanson originale.

  6. Avez-vous déjà vu / entendu / lu un truc imaginatif venant d’un syndicat? À part des jérémiades ou des lamentations en temps de négociations et toujours cette agressivité perverse envers le méchant employeur, on n’entend jamais rien de créatif. Ce mauvais clip en est un autre exemple navrant. L’idée de so so so solidarité, uniquement en temps de crise et unidirectionnel fait sourire le consultant en moi, sans filet, sans protection, mais redevable qu’à son rendement personnel.

  7. Moi c’est l’appel aux blogueurs que je trouve sarcastique/ironique. On entends les journalistes de La Presse (sauf Lagacé) mépriser, dénigrer les blogueurs depuis plusieurs années (Hugo Dumas, Réjean Tremblay et autres), et maintenant que ça fait leur affaire, ils veulent les utiliser comme vecteur de leur message d’un autre temps???

    Achetez vous donc des publicités dans votre journal, vous ferez d’une pierre, deux coups!

  8. Bravo, ca dit tout.
    Reponse a leur question? A part plus de gens au chomage, ca changeraient quoi exactement? La tele, la radio et d’autres journaux ont encore des salles de nouvelles competentes. Puis y’a une bonne comunaute de blogueurs et autres sites de contenus sur le web. On ne seraient pas moins bien informe.

  9. Peut-être se sont t-ils seulement dit : <> Il savait certainement, à moins d’être de très mauvais observateurs que cet envoi aux bloggeurs allait faire grincer quelques dents.

  10. Une de mes amies qui travaille dans l’édition a un raisonnement, à mon sens, très juste: la crise des médias, valable presque exclusivement pour les journaux, ne se fait sentir que dans les grandes villes où le réflexe Internet commence à prendre le pas sur celui d’aller s’acheter une liasse de papiers. Au fond, la stratégie employée par les journaux pour sauver leur raison d’être dans les grandes villes n’est sans doute pas la meilleure: il est impossible de freiner le développement des blogs et des informations sur la toile. De fait, ils devraient tenter d’en tirer parti, plutôt que de s’en faire des ennemis. Après, j’ignore si c’est possible.

    Pour ce qui est du mail envoyé, je pense qu’il s’apparente à toutes les chaînes qu’on reçoit, qui sont envoyés à tout le monde sans distinction, pourvu qu’ils s’inscrivent dans une certaine catégorie. Ils ne font sans doute pas état de qui leur est favorable ou pas: au fond, ils se disent peut être que négativement ou pas, l’important c’est qu’on parle de leurs problèmes. Sur ce plan là, ils marquent un point.

  11. Drole n’est ce pas… quelqu’un qui voudrait rire de la situation pourrait ironiquement faire un vidéo de la meme facon. Non !?

  12. Je suis d’accord avec M-A Cyr, ils se moquent d’eux-même. Utiliser l’humour est une belle approche novatrice venant d’un syndicat.

  13. Quel paradoxe de cibler des top blogueurs/influenceurs comme toi afin de leur quémander leur support pour qu’ils agissent comme une vulgaire courroie de transmission de leur message de SOS.

    Après des mois et des années à chier sur les nouveaux médias en les accusant de leur propre perte, c’est littéralement pathétique. Il n’est maintenent plus simplement question de s’adapter pour survivre, c’est une question de rapidité d’adaptation. Change fast or die…

  14. Wow, Michelle. Très bien vu. Je suis un peu décu que je n’ai pas été contacté 🙂 Mais sérieusement je crois que si Gesca avait la volonté de faire un changement qu’on (la communauté d’artisan 2.0) pourrait vraiment les aider. :). Hmmm. Je serai curieux de voir qui a figuré dans leur liste de blogueurs influant… et comment il on construit cette liste.

  15. Excellent texte! Il y a quelque chose d’extrêmement pathétique et triste dans ce petit film YouTube. Peut-être que dans 20 ans les professeurs de journalisme voulant expliquer la chute des journaux traditionnels pourront faire écouter ce film à leurs étudiants, ainsi personne ne regrettera cette perte pour notre société. Tu parles d’un vidéo pas convaincant du tout. En gros, si on perd La Presse on perd des pages couvertures avec des photos de fraudeurs et des mots-cachés. Et prétendre que si La Presse n’existait pas c’est la mafia qui ferait la loi. Je ne crois pas que qui que ce soit de sérieux embarque dans celle-là. La vérité c’est que si La Presse n’existait pas on se débarrasserait d’un instrument vieilli de la famille Desmarais pour diffuser leur propagande fédéraliste. S’ils avaient été moindrement honnêtes ils en auraient parlé dans leur vidéo. S’ils veulent être la voix du fédéralisme, parfait, mais assumez-vous. Ceux qui ne s’assument pas disparaîtront. Cette hypocrisie et cette complaisance dans une supposée objectivité et une supériorité à tout le reste, incluant les blogueurs, c’est ce qui mènera ces dinosaures à l’extinction.

  16. Ping : Si La Presse n’exi… on s’en fout. « Le blog du TViste

  17. <>

    J’ose espéré que ce vidéo est une parodie… ils se parodieraient eux-même???

    Super billet Michelle!

  18. Non mais il faut le faire… et Hugo Dumas et Réjean Tremblay, tout d’un coup, i’ t’aiment là Michelle, les pov ‘tit-pits… ils aiment les blogueurs maintenant. Ça, c’est la meilleure de l’année !!!

    Alors voilà, ce que je propose, je vais créer un Bye Bye – citoyen que l’on diffusera sur YouTube/Vimeo/Daily Motion à partir des meilleurs billets, podcasts et vidéos soumis par la communauté internet du Québec; je suis convaincu que ce vidéo figurera parmi les meilleurs moments de ce Bye-Bye citoyen !!!

  19. Philippe Doucet

    Assurément, ils ont manqué leur coup, il faut l’avouer. Tant qu’à se servir du vecteur web, ils auraient eu intérêt à s’inspirer de « La culture en péril » http://bit.ly/6cjRbU
    Les artistes se sont bien servis d’un média qu’ils décriaient pourtant en raison du piratage… mais eux ils ont réussi leur message.
    Celà dit, il y a un autre côté…la presse écrite est un pilier majeur des fondements de la société actuelle, sans cette presse, pas de journalisme d’enquête, pas de nouvelles quotidiennes, pas d’éditorial, pas de sensualité du journal, pas de publics réunis autour d’une même média, etc.
    Évidemment la télé est là pour l’instantanné…mais avouons que les nouvelles à la télé n’ont pas la même saveur que dans la presse écrite. (sensationalisme oblige)

    Ensuite, la guerre blogueurs-journalistes est inévitable, ils ont peur et ils font bien d’avoir peur. Les journalistes qui font des blogues… eh bien les journalistes qui font des blogues ne sont pas aussi bons que les vrais blogueurs quoi qu’ils en pensent, et ça paraît à la lecture. On peut tout de même pas leur reprocher de tenter quelque chose…si ça peut éventuellement entraîner une conciliation et amener la presse à comprendre le potentiel du web 2.0 et bien tant mieux… pour cela, il faut leur donner le bénéfice du doute!
    Et en terminant, il faut pas oublier que c’est contre l’empire PowerCorp et XXXXX (caviardé pour cause possible de diffamation) de Desmarais, qui n’en a que pour sa politique et son portefeuille, que ces journalistes se battent…on peut bien leur dire de vivre avec les conséquences de leur emploi (vision politique fédéraliste et minouchage de Libéraux, etc) mais n’en demeure pas moins que ces journalistes ont une famille à nourrir et dans le milieu médiatique de convergence dans lequel on vit au Québec, les postes de journalistes bien rémunérés ne sont pas en abondance…
    Donc, oui, ils ont manqué leur coup, mais tout de même, de là a dire qu’on se fout du départ de la presse écrite… pas certain du tout.
    P.S. C’est un billet d’une importance majeure Michelle et je t’en félicite, je vais d’ailleurs tenté d’en faire le sujet d’un débat à l’université, le sujet étant trop important et l’angle étant génial, cela vaut de l’or dans un cours de communication… 😉 Merci!

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