Les médias sociaux ne sont pas pour toutes les entreprises

J’ai une nouvelle cliente qui m’a été référée par un client actuel de longue date. Elle est la propriétaire d’un commerce de détail du secteur mode, dans la ville principale d’une « région éloignée ». Son site web actuel est une page qui redirige vers les sites des grandes marques qu’elle vend en magasin. Sur sa page Facebook, ses 6 derniers statuts sont pour dire qu’elle est en vente. Les seuls qui réagissent à ses statuts sont ses employés ou ses voisins. Elle a fait de la publicité dans sa localité, sans apparent grand succès. Elle est inquiète des changements majeurs que vivent présentement les détaillants du secteur mode au Québec et ailleurs dans le monde. Elle me demande de l’aider à être efficace sur les médias sociaux.

J’écoute sa problématique et je lui enseigne le B.a.-ba d’une saine présence Web. En discutant avec elle, j’apprends qu’elle est passionnée de course et qu’elle s’entraine une heure par jour. J’apprends aussi que dans son coin, on lui dit à la blague qu’elle est la Véronique Cloutier de l’endroit parce qu’elle connait tout le monde, qu’elle peut facilement identifier les bons restos et les activités trépidantes de la région, bref qu’elle est LA personne qui sait ce qui est « hot » dans sa ville. Je lui propose donc de faire du marketing de contenu, de discuter des tendances mode, de parler de sa vie d’entrepreneure en région, de faire parler ses employés, de partager ses passions (c’est là que j’apprends qu’elle s’entraine) et de faire sa Véronique Cloutier locale.

C’est là que notre entretien se corse. Combien de contenus devrais-je faire, combien de temps cela me prendra-t-il, comment vais-je trouver le temps de faire ça?

Je lui demande à quelle vitesse veut-elle avoir des retombées? Plus elle travaillera, plus les retombées seront rapides. Mais elle me dit être terrorisée par l’idée d’écrire. Je lui fais remarquer qu’elle s’exprime très bien alors je lui propose de plutôt dire ce qu’elle a à dire, de se filmer et de demander à une secrétaire de transcrire son vidéo. Mais elle a peur de ne pas savoir quoi dire. Je lui souligne qu’elle n’a pas à avoir « la science infuse », que je suis là pour l’aider et qui si elle se fait un mécanisme de veille, elle pourra partager les contenus qu’elle trouve intéressant ailleurs. D’ailleurs, elle a un droit de citation. Ce droit de citation est le droit de copier un extrait, d’en attribuer la paternité à son auteur et de le mettre en contexte. Mais l’extrait doit justement être mis en contexte et cette mise en contexte est la valeur ajoutée qu’elle contribuera et qui lui permettra d’humaniser sa marque auprès de la clientèle. Mais elle n’en démord pas. Ça va réellement prendre trop de temps. Mais je comprends plutôt que la réelle inquiétude est celle d’écrire et de partager.

Je lui fait observer qu’avant de courir son premier marathon, avant de s’entrainer la première fois, il y a eu un premier pas, un premier « commitment ». Elle me répond que c’est bien différent parce que c’est pour SA santé. Je lui fais valoir que c’est exactement la même chose pour LA santé financière et la pérennité de son entreprise. Je lui mentionne aussi qu’elle me dit être LA Véronique Cloutier de son patelin alors elle n’a qu’à mettre en ligne ce qu’elle dit à ses amies. Mais rien n’y fait. Ce n’est pas pareil.

Je lui dis que malheureusement, il n’y a pas de magie. Ou bien elle sort du gros cash et fait de la pub (ce cash représente des heures de travail et la pub n’a pratiquement plus d’effet), ou bien elle se retrousse les manches et fait du marketing de contenu et idéalement elle fait les deux, mais en s’assurant de mesurer les retombées de ses efforts marketing. Mais elle choke, la montagne est trop grosse. Elle me parle d’un éléphant qui se dresse devant elle, qu’elle ne pourra jamais manger.

Morale de l’histoire

Le marketing de contenu et le marketing médias sociaux ce n’est pas facile. Il n’y a pas de magie. Il y a beaucoup de travail et de dédicacions. Mais ce n’est pas le seul marketing possible. Ce n’est pas LA recette miracle. Le cout d’être efficace en ligne n’est pas celui de monter ses présences web, mais plutôt celui de les faire vivre et de les garnir de contenus « pertinents ». Ce n’est clairement pas pour tous et plusieurs préfèreront la tranquillité d’esprit de payer à fort prix des créatifs et du placement publicitaire pour se donner la certitude « qu’on fait quelque chose ». Mais d’être sur les médias sociaux et de réussir sans effort c’est un mythe, une chimère que même moi qui suis une experte de ces médiums, ne pourrai réaliser pour vous. Je ne le peux même pas pour moi-même.

En épilogue, voici deux extraits de l’article ‘You Need Editors, Not Brand Managers’: Marketing Legend Seth Godin on the Future of Branded Content de http://contently.com.

If you were trying to build a brand media property—if you were Gillette—how would you build it? Would you just give some really smart people the resources and creative freedom to go out and make great content?

I think the most important thing is to have an office that’s not in your building. I think what kills brands who try to be interesting is to have meetings where they’re not saying to senior management, “How can we be more interesting?” Instead, they’re saying, “How can we play this more safely?” That’s not what happens when you want to make a hit TV show or a website that people care about. You need editors, not brand managers, who will push the envelope to make the thing go forward.

So one easy way to do that is to set people up in an office down the street, only visit them once a month, and give them really significant metrics—not about pageviews, but about mattering. And give them the resources—not too much, just enough—to go do work that matters.

(…)
Let’s go back a little bit to the ideal brand newsroom—or whatever you want to call it—where you set up people up in an office and give them creative freedom. That kind of feels impossible at a lot of brands right now, simply because there isn’t that attitude towards content within the organization. How can marketers who agree with your vision convince people to make that kind of commitment?

I think that if you want to keep whining about the decline of advertising and the stress that retailers are being exposed to, by all means, feel free. If you want to find a way out of where you are stuck, you may have to do something that’s uncomfortable, that’s organizationally difficult, and worst of all, that is frightening. And I don’t know how to tell you how to do it, other than to point out that it might be frightening.

Conte urbain: “Moé c’est ça Noël” qui sera joué à La Licorne en décembre

C’est la copine, cliente et metteure en scène des 20e Contes urbains Brigitte Poupart, qui m’a demandé il y a quelque mois, d’écrire et de jouer l’un des contes, qui sera présenté du 2 au 20 décembre au Théâtre La Licorne. C’est une production du Théâtre Urbi et Orbi. Comme j’aime le risque (quoique je ne savais vraiment pas dans quoi je m’embarquais et que maintenant j’ai la trouille), j’ai accepté d’emblée.

« Croyez-moi ! Le secret pour récolter la plus grande fécondité, la plus grande jouissance de l’existence, consiste à vivre dangereusement ! »
de Friedrich Nietzsche

contes urbains
Moé c’est ça Noël

DEBOUT

(Voix Hors-champ) AVERTISSEMENT : Les personnages de ce conte ne représentent personne en particulier et toute ressemblance avec des gens vivant réellement n’est que le fruit d’un très gros méchant hasard que personne ne pouvait imaginer. Mettons… Il était une fois

Ça commence bien un conte ça il était une fois.

PAUSE


Donc, il était une fois quelqu’un qui était en tabarnak. Mais vraiment en tabarnak. Noël c’est tellement une esti de période du tabarnak. Ce criss de Noël qui s’en vient encore. Cette maudite fête à marde. Cette période de l’année soi-disant pour les réjouissances. Allez donc chier avec le temps des fêtes. Que la dinde aille se faire fourrer de farce ailleurs.

ASSISE


Bon, quand même , quand même, il y a déjà eu des Noëls mémorables. Je me souviens de ma cousine Suzanne qui m’avait acheté une bonbonnière de chocolat au Noël de mes 6 ans. WOW, une bonbonnière de chocolat! Juste pour moi! Un cadeau de grand! Je me souviens aussi, lorsque j’étais ti-cul, de notre catalogue Distribution aux consommateurs. WOW. Je découpais les cadeaux dont je rêvais et je les collais dans un scrapbook spécialement pour le père Noël. Mais, ça arrivait des fois qu’il y avait un bon cadeau des deux côtés de la page. Mais j’avais de l’imagination et je découpais avec soin le plus gros des deux, je coloriais le bout qui dépasse de l’autre côté et je collais seulement un des côtés de l’image dans le scrapbook avec un warning « n’oubliez pas de tourner l’image il y a une autre idée cadeau de l’autre côté ».

Les photocopieuses n’existaient pas encore dans ce temps-là. D’ailleurs , on ne savait pas encore à quel point les photocopieuses seraient utiles dans le futur pour les partys de Noël.

Je me rappelle aussi ce Noël où j’ai reçu mon jeu de chimie à quatre panneaux, j’avais 11 ans. Je l’aimais TELLEMENT ce jeu de chimie! Ça m’a servi en secondaire 4 quand je distillais de l’alcool pendant les activités parascolaires.

J’ai déjà quand même aimé Noël, pis ça c’est à cause de ma mère. Ma mère aimait faire la cuisine bien avant que ce soit « trendy ». Une de ses chums mariées avec un chinois qui avait plusieurs restaurants lui avait montré tous les secrets de la vraie cuisine cantonaise. Je me souviens aussi de ce Noël chinois. Ma mère qui était fière de ses nouvelles connaissances s’était déguisée en geisha chinoise. Les geishas c’est Japonais, mais pour ma mère, fuck that, elle serait une geisha chinoise. Elle acheta de la musique chinoise, de l’encens chinois, des décorations chinoises, des lanternes chinoises et nous fit un festin chinois à tomber su’l cul pour le réveillon de Noël.

En plus ça se réchauffe bien les restants de chinois. Après une semaine de restants de chinois, on s’ennuie du pâté chinois, mais bon, une fois par année ça fait plaisir et ça fait du stock à raconter dans un conte urbain. Maudit que je l’aimais ma mère et que j’aimais sa passion à cuisiner, à inventer et à vivre pour nous ses enfants. Je l’ai aimé toute ma vie. Sauf une fois, OK je me sens cheap de dire ça. Surtout qu’elle avait le cancer généralisé, pis qu’il ne lui en restait pas beaucoup à vivre. N’empêche que de recevoir une buche de Noël pour ma fête qui est le premier janvier, je l’ai avalé de travers, pis il commençait à être pas mal sec à part ça. Disons que je comprends qu’elle n’avait plus la force de me faire un nouveau gâteau juste pour moi.

DEBOUT

D’ailleurs çà aussi ça me fait royalement chier. Avoir sa fête le jour de l’an. Yééééééééééé

Je suis née premier bébé de l’année en 1961. Ma face « sa » première page de tous les journaux. Mais aujourd’hui plus personne ne me reconnaît. Ma mère au eu 5 ans de couches en cadeau, pis d’autres cochonneries promotionnelles. Comme c’était des couches lavables, mes quatre autres frères et sœurs qui ont suivi ont tous porté mon cadeau de naissance. Le 1er janvier l’école est fermée. Personne de mes chums pour me dire bonne fête. Plus vieux, personne pour venir à mon party de fête. Ils étaient tous chez leur grand-mère. J’haïs ça les grand-mères. Encore plus vieux, ils ne pouvaient pas venir à ma fête parce qu’ils se remettaient de la brosse de la veille Et moi-même lorsque j’ai eu l’âge de prendre ma propre brosse, à minuit tout le monde était su’l party. Mais pas pour moi. Ils étaient su,l party pour le Nouvel An. Hey… bonne année! Ha oui. C’est vrai, c’est ta fête aussi? Bonne fête d’abord. Lorsqu’enfin quelqu’un pense à ma fête et m’offre un cadeau, il dit bon bin ça c’est pour ta fête ET pour Noël. S’il est prévoyant à Noël il me dit, ça c’est ton cadeau pour Noël ET pour ta fête. Tabarnak

Quand quelqu’un m’invite à son party de fête BBQ du 15 juillet, je lui réponds « va donc chier avec ta fête esti de fatiguant qui va recevoir plein de cadeaux et de chanson de bonne fête dehors, en gougoune, au gros soleil. Pis mange un gâteau de marde.

Bon j’étais où là déjà?

ASSISE


Ha oui, Noël pis le temps des fêtes ça me fait chier. Mais c’est tout de même récent.

J’ai grandi. À défaut d’être fêtée le jour de l’an, j’ai travaillé longtemps dans les bars. C’était une sorte de Noël du waiter. Maudit que c’était payant. Le monde sou à la Saint-Sylvestre, ça tip en sacréfice. J‘avais encore bin des « bonnes fêtes d’abord », mais avec un p’tit deux, ça passait pas mal mieux. Dire que les deux en papier ça n’existe plus non plus. J’aimais bin ça les deux en papier.

Pis un jour, à 33 ans, je suis tombée en amour. J’ai rencontré ma Bibitte Électrique. Ça c’est son nom d’amour que je lui donne pour la protéger des cons qui me veulent du mal. Des fois lorsqu’elle est vraiment, mais vraiment touchante, ou sexy, ou bin bin fine, je l’appelle Bibitos Sanctos. Sainte Bibitte.

Bibitte avait déjà un fils. Lorsque je l’ai rencontré la première fois, j’ai pogné mon buzz. J’imaginais un petit maigrichon intellectuel à lunette. Ho que boy que je m’étais trompé. La première fois que je suis allée chez elle, il m’ouvre la porte et me dit bonjour avec sa grosse voix. Ce n’était pas un petit ado, c’était un homme. J’ai demandé si j’étais bien à la bonne place. Bin oui. C’était là. Je suis entrée et on est devenu des chums. Drette ce soir-là.

Deux ans plus tard, on emménage ensemble, Bibitte, son fils et moi. Toute la petite famille recomposée. Puis, la mère de Bibitte et la mienne décèdent.

CIGARETTE


La mort de ma mère, je n’oublierai jamais ça. Je voulais lui faire un dernier cadeau avant son départ. Mais qu’est-ce qu’on donne à quelqu’un qui va crever? J’ai passé sa dernière soirée avec elle et toute la journée je me torturais à trouver quel dernier plaisir je pourrais lui faire. Je ne trouvais pas. Puis il y avait un plat de fruit avec des fleurs sur la commode de l’hôpital. Mais elle ne pouvait même plus manger. J’ai pensé à couper une orange en deux et lui foutre sous le nez. Comme elle était sur la morphine, elle se met à halluciner de bonheur. Je suis aux îles Canari, ça sent les fruits exotiques, les fleurs, j’entends la mer, il fait chaud, je suis bien. Mettons que j’étais un petit peu émue. Le lendemain matin, je lui tenais la main lors de son dernier souffle. Je n’oublierai jamais le frisson qui m’a traversé le corps lorsqu’elle est partie. C’est comme si elle me faisait une dernière caresse en s’en allant.

Ouf…

Pourquoi je vous parle de ça? Bin, c’est parce qu’elle est morte juste après le temps des fêtes. Le plus ironique est que son dernier cadeau était l’odeur d’une orange et que j’ai passé mon enfance à entendre ses histoires que lorsqu’elle était petite, ils étaient si pauvre qu’à Noël, ils ne recevaient qu’une orange dans un bas de laine avec des bonbons durs.
Pis on parle beaucoup du Père Noël, le Père Noël par ça, la parade du Père Noël, mais c’est les mamans qui font tout. Ce sont les fées des glaces qui se tapent la job. Sans fée des glaces, les réveillons sont plutôt drabes. Ce sont des Noëls en canne ou en produit congelé ou pire encore, au restaurant.

C’est ce qu’on vit avec le beau-père qui passe l’hiver en Floride. Donc en novembre, on se fait un Noël de la belle famille. C’est-à-dire qu’on se fait un souper dans un resto et le beau-père donne ses enveloppes de cash. C’est un Noël qui ressemble à un souper de chambre de commerce. On est habillé propre, on prend un verre et on discute de la météo et de sujets bin artificiels et insignifiants.

Après la mort de ma mère, j’ai décidé de faire le Noël de ma famille avec ma Bibitte. Un an sur deux, on recevra tout le monde de mon bord et notre fils. L’autre année ce sera pas mal plus mollo parce que mes sœurs iront chez leurs belles familles. Pour continuer les traditions de ma mère, on fait un méchant festin. Il y a tellement de bouffe et de boisson que nous pourrions être 60. On est plutôt une vingtaine. Puis plus tard, mes sœurs ont des enfants. Puis je tombe en amour avec mes neveux et nièces. Je les ai tellement aimés ces enfants-là. Quand je pense à eux, j’ai des images de grenouilles, de cerf-volant, de baignade, de fou rire, de bonbons et de Haagen-Dasz.

Comme je me souviens de mon immense bonheur d’avoir reçu une bonbonnière lorsque j’étais enfant, je propose à Bibitte l’idée qu’on fasse à chaque enfant une assiette de bonbons. Ça commence par une face de père Noël. L’année suivante la face grossit jusqu’à ce qu’elle devienne une maison. Finalement, c’est plutôt une ferme avec la clôture, l’étang et le chemin, puis un village pour chaque enfant que nous confectionnons chaque année et chaque année, le village grossit. Ça nous prend 3 jours à faire ces maisons et je trouve énormément de joie à les faire et à voir les yeux des enfants lorsqu’ils les reçoivent. C’est le moment fort de mes Noëls bisannuels. Pour les bouffes, nous nous efforçons de trouver ce qu’il y a de mieux. Il faut continuer la tradition de ma mère et la marche est haute.

Puis un peu avant Noël, y a une fée Carabosse qui débarque. Vous savez celle qui se promène dans votre petite tête à partir de l’hypophyse? Vous la voyez jamais, mais c’est elle qui décide en maudit « car à boss ». La fée Carabosse elle avait un méchant meeting avec moi. Elle me dit, tu te souviens, lorsque tu avais 3 ans et que tu pensais que t’étais une fille? Tu m’avais suppliée de t’aider à être ce que tu es vraiment? Bin cou donc, je ne suis pas vite, vite et 44 ans plus tard, ton souhait est exaucé. Tu seras une fille, heu bon une femme,. Ça va se faire dans les prochaines années et c’est ça ou tu seras en dépression le reste de ta vie. Là il y a comme un grand silence puis elle part à rire comme une malade et elle fou le camp.

Ayoye, que je me suis dit. Je vais changer de sexe! Ça ou la dépression. Et ça ne va déjà pas trop bien durant le temps des fêtes … s’il faut en plus que je sois sur la dep le reste de mes jours, aussi bien plonger. Je l’annonce à ma chérie et avec son amour incroyable, et sans doute un P’tipeu aussi parce que je suis hot, elle décide de m’accompagner. Je commence donc à changer de sexe et je l’annonce à ma famille. La réception est vraiment frette, tellement frette qu’une de mes sœurs m’a dit qu’elle aurait préféré que je lui apprenne que j’étais mort. Je suis donc morte pour elle et le reste de ma famille. Ils m’ont flushé de leur vie et de celle de mes neveux et nièces que j’adorais. Pus de Noël familial. Barré, flushé, fuck you, No way rosé, Adios amigos, Nieeeet.

Tant pis pour eux, Bibitte et moi on est allé fêter aux Îles-Turquoises. Que c’était une belle période des fêtes. Avec plein de gens qu’on ne connaissait pas et qui étaient très sympathiques. C’est drôle à dire, mais fêter, manger et boire comme des rois avec des gens qu’on ne connait pas, c’est cool et il n’y a jamais de drame! Le champagne coulait à flot puis sorti de nulle part, Bibitte se met à genoux et me demande de l’épouser. Je lui ai dit, bon tu en profites parce que je suis chaude? Par faiblesse (et par amour aussi sans doute) je lui dis oui avec mon plus beau sourire et les yeux humides (c’était à cause de la boucane de la machine à fumée du DJ). Ça fait déjà sept ans que ma famille m’a flushée et que je devrais avoir crissé ma blonde là et que je suis partie faire le tour de la planète de whatever.

Puis les années ont passé . Puis notre fils nous annonce qu’il serait papa.

DEBOUT


Ho que boy! Je serai grand-mère! Mon cœur ne fait qu’un tour!

Je pourrais enfin refaire un village de bonbon. Que dis-je, plutôt une ville, une capitale, une métropole de bonbon. Au lieu de passer trois jours à faire ma métropole, j’y passerai trois semaines. Pis fuck le père Noël. Ce sera un Spiderman de Noël. Faut comprendre ici Minerman parce que mon petit chéri appelle Spiderman Minerman. Même que son père tente de lui faire dire SSSSSSSSpiderman et il répète SSSSSSSMinerman. Je ferai même du homard au gingembre cantonais et des yet ca mein aux fruits de mer en mémoire de ma défunte maman. Il y aura de la bouffe pour 300 personnes. Je ferai des décorations sur ma maison, sur mon terrain, sur mes arbres, sur mon lac avec une piste d’atterrissage pour le traineau du Minerman. Je tenterai même de pogner une couple de chevreuils pour en faire des reines. Pis pour ma fête? Pas grave, je me soulerai avec un vieux deux en papier à côté de mon verre, en chérissant mes souvenirs de la nuit de Sminerman. Je suis maintenant si heureuse. Vive le temps des super héros…

Pis pour ceux qui n’aimeraient pas mon concept du temps des super héros y préférant le temps des fêtes avec le petit Jésus et le père Noël, moi je suis pour la diversité. Je vous rappellerai d’ailleurs que Jésus lui-même avait deux papas, trois parrains et que Marie était la mère porteuse du St-Esprit. Pis le Père Noël, j’ai des doutes sur le fait qu’il aime peut-être trop les petits enfants. Donc moi je vote pour la diversité, pour le temps des super héros avec Sminerman qui sera le boss des Captain America, Hulk, Bernard l’ours, Bob l’éponge et autres gentils personnages. Et je n’oublie pas la fée des glaces. Bibitte et moi serons les deux fées des bonbons, des biscuits, des gâteaux et des Haagen Dasz.

EN QUITTANT LA SCÈNE


Ha oui, la fin!

Elles vécurent heureuses et n’urent qu’un petit-fils. Mais maudit qu’il fut aimé, gâté, pourri et souriant à la vie et à la différence.

MAJ
Dans le Journal de Montréal

Dans LaPresse
Contes urbains 2014: les porteuses de mots

Chez Catherine Perrin à Medium Large, Radio-Canada Première
20 ans des Contes urbains | Médium large http://ici.radio-canada.ca/emissions/medium_large/2014-2015/chronique.asp?idChronique=356713

MAJ
Les critiques

Contes Urbains Michelle Blanc

REVUE JEU

Le Noël écrit et interprété par Michelle Blanc est à la fois percutant et bouleversant. Elle évoque le petit garçon qu’elle fut, «la Fée Carabosse qui lui a donné son sexe », la femme qu’elle est devenue et la mort de sa mère, avec une ironie et un ton toujours très justes, à la fois drôles et poignants.

(…)L’univers féminin de ces Contes urbains n’est pas sans évoquer d’autres spectacles dont l’argument se voulait féministe. Et là est un joli paradoxe. Car, c’est de ces petites histoires (dont cinq écrites par des hommes) que se dégagent des propos pertinents sur la condition féminine, telle que vécue par ces « belles-sœurs » contemporaines qui, loin de tout militantisme, disent leurs angoisses, leurs misères, leurs bonheurs sans jamais s’apitoyer, avec un humour noir et grinçant qui vient désamorcer le moindre accent mélodramatique. Et cette parole, mieux qu’un long discours, nous touche en plein cœur.

lesmeconnus.net

Si j’avais eu à clore ce spectacle, j’aurais laissé le mot de la fin à Michelle Blanc qui a bouclé son témoignage avec un message d’ouverture à la diversité. Si elle a râlé sur ses Noël d’enfance, sur ceux éloignés de sa famille en raison de conflits, en bout de ligne, c’est elle qui a livré l’essence même de Noël : l’accueil, le partage et l’amour. Merci Michelle Blanc. Merci Contes urbains d’allumer notre imaginaire.

Sorstu.ca

Les textes de Contes urbains sont naturels et touchants et l’interprétation très sincère. Michelle Blanc et Sandrine Bisson sont particulièrement troublantes, et France Arbour tout à fait délicieuse.

Voir

Michelle Blanc vient casser le sérieux des contes précédents avec sa propre histoire, racontée de façon lumineuse avec humour et tendresse, livrée en tout franchise, comme à une connaissance de longue date. Sa vision de la fête de Noël et sur les petites joies qui l’animent la mène à se livrer sur sa longue histoire avec son amoureuse, son vécu en tant que femme, sur ses frustrations antérieures et ses réflexions sur le bonheur.

bouclemagazine

Toutefois, parmi toutes ces minipièces, deux se sont démarquées du lot à mes yeux, car elles portent sur des sujets rarement sous les feux de la rampe. Tout d’abord, dans Moé c’est ça Noël, Michelle Blanc exprime avec sincérité ce que représente Noël lorsqu’ on est une femme ayant changé de sexe. Ce n’est pas le genre de situation qui fut bien acceptée par tous dans sa famille. Malgré le fait que Michelle ne soit pas une actrice, l’authenticité ressortant de son histoire la rend particulièrement intéressante.

Je suis VRAIMENT ravie de ces premières critiques

2e MAJ

Journal de Montréal

Par ailleurs, Michelle Blanc, devenue conteuse pour l’occasion, nous a agréablement surpris par son conte aux allures autobiographiques qu’elle signait.

La Presse

Autre moment fort (et étrange): la performance de l’auteure et blogueuse Michelle Blanc. La transsexuelle montréalaise y va d’une ode à la diversité, revenant sur les circonstances qui l’ont amenée à changer de sexe. Malgré certaines maladresses – elle n’est évidemment pas comédienne – son récit est poignant. Justement parce qu’il dépasse la fiction.

Montheatre.qc.ca

Il est suivi du conte Moé c’est ça Noël, écrit et joué par Michelle Blanc, un récit à l’état brut d’une femme qui s’est vue privée des célébrations de Noël auprès de sa famille suite à l’annonce de sa transsexualité. L’histoire est débordante d’amour et sincère malgré quelques imperfections.

La revue Séquences

Et puis, dans Moé c’est ça Noël, Michelle Blanc, l’auteur et blogeuse montréalaise transsexuelle assume avec ses propres mots son intériorité libératrice avec un étonnant réalisme. Consciente qu’elle n’est pas comédienne, la scène devient pour elle une sorte de laboratoire expérimental où une âme en peine, blessée par un vécu aussi tragique que fascinant, finalement s’épanouit. Un des clous de la soirée.

3e MAJ, ma première critique négative, comme quoi l’unanimité est rare 🙂

HuffingtonPost

J’ai été quelque peu désarçonnée par Moé c’est ça Noël de et dit par Michelle Blanc. On comprend qu’il s’agit d’un transgenre (Michelle Blanc d’ailleurs a endossé cette cause et parlé abondamment de sa propre expérience lorsqu’elle a changé de sexe), mais le texte m’a paru éparpillé, sans structure, allant dans toutes les directions. Ça relève davantage de l’anecdote banale alors que la charge aurait pu être autrement puissante. Mais la fin est adorable.

Le grand vide et le trop-plein

Pour la première fois de ma vie, l’hiver dernier j’ai senti une très forte pression sur ma poitrine, j’avais le vertige et je sentais le sol se dérober sous mes pieds. Je me suis étendue et j’ai appelé mon amour. Elle savait exactement ce que j’avais. Elle s’est collée sur moi et m’a réconfortée. Je vivais ma première crise d’angoisse. Quelques semaines plus tard, j’ai pleuré comme ça faisait une éternité que je ne l’avais fait. Je sentais ce grand vide tributaire d’un trop-plein.

Les mois passèrent, le travail et les diverses obligations me créant une distraction suffisante pour ne pas sentir ce grand vide. Mais ce vide il est visible ici dans ce blogue. De moins en moins de billets. Moi la grande missionnaire du blogue, je ne blogue plus assez. Ça me manque. Je m’étourdis avec les « j’aime », les retwitts et les chiffres fulgurants de mes abonnés. Je cueille cet amour virtuel d’inconnus alors que je ne vois plus ma famille immédiate depuis des années. Mais cet amour virtuel, il compense et panse cette plaie ouverte par ma différence. Il est lourd à porter aussi. Comme cette femme qui ne se pouvait plus de me rencontrer au supermarché. Elle tenait à se faire photographier avec moi alors que des larmes lui coulaient sur les joues. Moi qui sortais du bois, habillée comme la chienne à Jacques, pas maquillée, je me sentais comme la plante verte qui lui faisait du bien. Je ne voyais que trop ce miroir d’une allégorie qui lui appartenait et qu’elle projetait sur moi. J’avais un sentiment partagé de tristesse et de compréhension.

Ensuite j’ai des nouvelles d’un autre procès criminel pour lequel je devrai témoigner et dont je suis la victime de même que d’un autre dossier majeur qui est encore sous enquête. Je ressens une certaine joie. Celle de la personne qui se tient debout devant les vents et marée et qui contre toute attente, continue d’avancer, fière et digne.

Puis j’ai des troubles oculaires. Je vois double et par la suite je vois embrouillé. J’ai aussi une douleur lancinante partant de ma colonne vertébrale à l’un des nerfs me sortant du bas du dos. Je fais même mon premier voyage en ambulance. J’ai des symptômes que l’ont croit être un ICT. Après la rencontre d’une flopée de spécialistes m’ayant fait subir une batterie de tests, le diagnostic est formel. Je suis une stressée. Moi, la grande baba cool que pratiquement rien ne perturbe. Celle qui a un front de bœuf et qui se tient debout, je suis fragile. Mon cerveau ne le sait pas, mais mon corps ne cesse de me le dire. Je suis stressée et fatiguée.

J’en discute avec une psychologue spécialiste du stress post-traumatique, mais elle me dit ne pas pouvoir m’aider. C’est que les stress que je vis ne sont pas encore terminés. Peut-être ne le seront-ils jamais. Il n’est pas « post » mon traumatisme. Il est traumatique certes, mais je suis toujours en situation de stress et elle ne sait pas quoi faire avec ça. Ce stress de recevoir des menaces, de récolter régulièrement des insultes, de me faire poser ces mêmes sempiternelles questions intrusives et indiscrètes d’inconnus « qui veulent comprendre » et qui finissent par m’appeler monsieur dans des erreurs inconscientes et pas méchantes. Comme cette femme l’autre jour qui fait un détour spécialement pour venir me dire combien elle m’aime, qu’elle m’admire, qu’elle me trouve fantastique et qui me dit en s’en allant « ça m’a vraiment fait un grand plaisir de vous voir monsieur Blanc ».

Puis, sentant ce grand vide croulant sous le poids du trop-plein, je retourne pour une Nième fois en psychothérapie. Je dois apprendre à gérer un stress traumatique permanent, que je ne vois pas consciemment. Je sais objectivement qu’il est là. Mais j’ai toujours été une personne qui se lève de bonne humeur, je suis relax, je m’émerveille de choses simples et de beautés anecdotiques que m’offre la nature ou la vie. Je ne suis pas une femme compliquée. Ou plutôt si je le suis. Je ne le suis que trop.

Donc cette autre psy, qui se sent plus à l’aise à explorer avec moi la gestion de ce stress « hors des sentiers battus » m’aide à reprendre contact avec ces émotions que par mécanisme de défense, je refoule constamment en déviant la conversation par des blagues, des jeux de mots et autre étourderies qui me protègent de ressentir et de pleurer cette souffrance et même, ironiquement, cette joie qui régulièrement s’offrent à moi.

J’ai mes amours et mes passions. Je m’étourdis dans le travail. J’ai changé mon hamac d’endroit, pour qu’il soit plus « feng shui » (une blague ici pour ceux qui prendrait ça au sérieux). Je prends conscience que mon blogue me manque terriblement. Je navigue en ces eaux incertaines. Je m’entraine à ne plus écouter pour pouvoir enfin entendre. Entendre cette voix que j’ai trop longtemps étouffée. Celle qui pleure, qui rit, qui s’offusque et qui se réjouit. Celle qui envoie chier les trop nombreux esti de connards et qui embrasse la multitude d’âmes constructives qui se trouvent constamment sur mon chemin.

Je vous écris cela pour me forcer à prendre conscience qu’ici je suis chez moi. Que je le serai toujours et que de vous partager mes états d’âme, ça m’aide moi-même à les toucher et à les vivre enfin…

Le discours numérique historique de Philippe Couillard et mon pétage de coche

En fin de semaine se tenait Le Forum des idées pour le Québec. Il s’agissait d’une rencontre organisée par les collaborateurs du premier ministre du Québec pour discuter d’innovation et de numérique. C’était un forum réunissant des élus français, des chercheurs, des investisseurs de risque, des chefs d’entreprises, des geeks, des citoyens ordinaires, des libéraux, la majorité des ministres et le premier ministre lui-même qui a passé deux jours à prendre des notes et à écouter scrupuleusement tout (je dis bien tout) les conférenciers et panellistes présents. Déjà, j’étais surprise et ravie d’observer notre premier ministre ouvrir la discussion aux gens qui ne pensent pas comme lui et qui sont même d’allégeance politique différente. C’est clair qu’il s’inscrit dans cette mouvance politique qui fait de ses ennemis politique des collaborateurs. Nous n’avons qu’à songer à Obama qui nomme Kerry comme secrétaire d’État ou à Coderre qui utilise à bon escient Bergeron.

Comme monsieur Couillard le dit lui-même, nous ne serons de toute évidence pas d’accord sur certaines opinions politiques, mais nous pouvons travailler ensemble sur une foule d’autres enjeux (je paraphrase ici).

Depuis des années, je milite personnellement pour qu’enfin, nous puissions établir une stratégie numérique pour un Québec. Ça a débuté par une collaboration (bénévole) avec l’ex-ministre Henri-François Gautrin en 2004 pour son Rapport Gautrin tabletté plus rapidement qu’il n’eut été rédigé. Puis, suite à un commentaire de Patricia Tessier sur mon blogue, qui déboucha sur une lettre ouverte au premier ministre du Québec en 2008. Cette lettre fut signée par de très nombreux membres de Yulbiz. À l’époque on nous accusa de nous chercher un emploi et JAMAIS nous ne recevrons de réponse du premier ministre. Puis, lors de l’élection générale de 2012, j’eus la chance d’interviewer personnellement chacun des chefs de parti à propos du numérique. Ils me regardèrent tous comme une extraterrestre qui leur parle d’une réalité pas assez importante pour qu’ils se commettent hors des lieux communs. Finalement, douze autres passionnés du web et moi-même signions un rapport d’étonnement en 2012. Durant toutes ces années, de nombreux autres acteurs et joueurs du numérique claironnèrent aussi l’urgence d’agir sur le numérique. Je ne compte plus le nombre de cris d’alarme qui sont restés lettre morte. Strictement dans mon blogue, j’ai bien une centaine de billets là-dessus.

Il y a à peu près deux mois, je reçus un courriel puis un téléphone du pote Jean-François Gauthier, PDG de l’institut de gouvernance numérique, me demandant de reprendre encore une fois mon bâton de pèlerin pour venir sonner les cloches numériques (bénévolement) à ce fameux Forum. Je me disais donc, bon un dernier coup de barre avant de jeter définitivement la serviette. Après tout, le PM devrait être là en personne. Puis je devais être panelliste et agir comme faire-valoir des conférenciers français. Mais nous étions les derniers de la journée à passer, il manquait de temps et nous ne pourrions pas faire de réel débat. On me donnerait quelques minutes pour faire un « statement ». Voici donc ce statement improvisé, devant le premier ministre du Québec. J’étais nerveuse (ce qui m’arrive rarement) et comme je le mentionne, je n’ai pas dormi de la nuit à songer à l’importance de cette prise de parole et de ces deux jours de réflexion pour l’avenir numérique du Québec. Vous excuserez donc la forme (ou vous l’apprécierez), mais vous aimerez sans doute le fond de mon propos et ma passion qui semble évidente. Je vous suggère d’utiliser vos écouteurs pour le visionnement puisque le son n’est pas extraordinaire.

Le discours historique de monsieur Philippe Couillard

Juste avant le discours de clôture de monsieur Philippe Couillard, le pote Sylvain Carle présentait son point de vue avec une acuité et un humour qui toucha le premier ministre. Il y reviendra plusieurs fois lors de son allocution. Sylvain parla entre autres de son fameux plan nerd avec une tournure de phrase extrêmement marketing. Il y dit en gros que c’est bien beau le plan nord, mais ça utilise des ressources naturelles non renouvelables qui prennent de la valeur avec le temps, tandis que le plan nerd lui utilise de la matière grise renouvelable 🙂

Finalement, après avoir porté avec de très nombreux autres passionnés du web (que je remercie très chaleureusement ici pour leur dévouement) l’idée d’un plan numérique pour le Québec, je suis plus qu’enthousiaste QU’ENFIN QUELQU’UN NOUS AI ÉCOUTER et qu’il fasse sienne l’idée d’une stratégie numérique globale pour le Québec. Je suis optimiste quant à l’avenir du dit plan et j’en serai sa plus vive critique, dans un esprit constructif. Je comprends le scepticisme de plusieurs, mais je crois que c’est le moment d’être positif et de vous aussi mettre l’épaule à la roue pour ce but commun. Il sera toujours temps de bitcher une fois que le plan sera connu.

Voici donc ce speech que je considère mémorable et qui est peut-être le moment marquant de notre prochaine révolution tranquille qui se voudra numérique…

À propos de la nationalisation des services numérique

La corrélation entre l’électricité et le numérique pour le développement économique du Québec de demain

Le premier courriel de mes vacances – un message gratifiant

Aujourd’hui et pour les 21 prochains jours, je serai en vacance. Voici d’ailleurs le soleil de mon premier levé.

ciel de Chertsey

Mais comme le beat “de ne rien foutre” ne s’est pas encore installé, je me suis levé aux aurores et j’ai ouvert mes courriels. Voici le premier que j’ai ouvert ce matin, avec permission de son auteur, de le publier 🙂 Disons que ça fait drôlement plaisir…

Bonjour Michelle,

Ça fait plusieurs mois que je veux écrire ce courriel. Je le fais ce soir :).

On s’est rencontré il y a 2 ans et demi, octobre 2011. Ma compagnie s’appelait INBOX International à l’époque. On avait retenu tes services, moi et mon collège Jonathan, pour une consultation de 2h chez toi. On t’a expliqué ce qu’on faisait, et surtout notre nouveau projet: un forfait à 250$ / mois pour un site web pour entrepreneur ou petites compagnies. Ce qu’on faisait à part ça, c’est un intranet pour la performance et la reconnaissance de plusieurs milliers d’agents pour Bell Canada. Tu nous avais dit quelque chose comme:

“Donc si je comprends bien, vous avez une grande expertise dans les intranets pour grandes entreprises et vous voulez vendre de la cochonnerie à 250$ par mois ?”.

On était sortie de chez toi avec un “reality check”, solide :). Ça a pris du temps avant qu’on comprenne.

1 an plus tard, ton message avait fait beaucoup de chemin dans mon esprit. Et c’est en lisant Good to Great de Jim Collins que ton message a complété le puzzle. J’ai eu une révélation en lisant sur son Hedgehog Concept. Ce qui nous passionne, ce qu’on peut être les meilleurs au monde et ce qui génère le cash, c’est clairement notre expertise dans les portails de reconnaissance.

J’ai alors pris la décision de changer l’orientation de la compagnie et de focuser uniquement sur l’engagement des employés: créer des stratégies et des outils pour augmenter l’engagement la performance et la reconnaissance des employés dans les grandes entreprises. On a accompagné tous nos clients vers d’autres fournisseurs, on n’a gardé que Bell Canada. On est ensuite allé chercher d’autres clients comme Hydro-Québec, Imperial Tobacco et d’autres centres d’appels.

Dans les 12 mois qui ont suivi cette réorientation, nous sommes passés de 7 à 15 employés et nous avons triplé notre chiffre d’affaires en gardant la même marge de profit.

En février dernier, nous avons rebrandé la compagnie et changé son nom pour Karelab. On commence à parler de nous dans les médias, on est en voie de devenir la référence au Québec en engagement et reconnaissance des employés. On est 23 employés. On a des opportunités incroyables qui se présentent nous tous les jours.

Et je n’ai jamais été aussi heureux.

Je tenais à écrire ce courriel et te raconter cette petite histoire, car tu en as été l’élément déclencheur. Et je t’en remercie.

Michelle, merci, merci, merci 🙂

Au plaisir de jaser avec toi un de ces 4 !

Bon week-end !

Karelab
Marc-André Lanciault
Fondateur, PDG

Victime de cyberharcèlement, les impacts psychologiques (une autocatharsis)

Depuis ma transition d’homme à femmes et sa médiatisation inévitable, je suis victime de menaces de mort, de diffamation criminelle, de cyberharcèlement en ligne et de mépris hors ligne. Mon identité sexuelle différente et ma renommée sont la source de tous mes maux. J’ai plusieurs fois consultés pour apprendre à gérer les impacts de cette haine et je retournerai encore prochainement fouiller davantage les méandres de mon subconscient. D’ailleurs, le billet que je vous écris aujourd’hui participe aussi à mon propre rétablissement.

Plusieurs plaintes au criminel ont été déposées et déjà plusieurs suspects ont aussi été condamnés ou sont en voie de l’être. D’autres plaintes criminelles sont aussi toujours en processus d’enquête ou de judiciarisation.

Il y a un an, je rencontrais une psychologue anglophone qui ne me connaissait ni d’Ève ni d’Adam. C’était très “neutre” comme environnement thérapeutique. Après avoir fait le tour des techniques habituelles de gestion de la haine, je prenais congé d’elle. Nous avons évidemment approfondis les techniques de dénie, de relativisation, d’aveuglement volontaire et autres création de l’esprit pour nier l’évidence de la haine et du mépris quotidien en ligne et hors ligne. Lors d’une session particulière, j’ai pu enfin pleurer un bon coup. Elle m’apprit que la tristesse profonde étant trop pénible à vivre, j’avais développé le mécanisme de protection qu’est la colère. Ainsi, cette colère sortait n’importe comment et contre n’importe quoi à tout moment. C’est bien de comprendre, mais ça n’aide pas nécessairement à toucher à et évacuer cette profonde tristesse.

Plus récemment, je discutais avec une autre psychologue spécialisée dans la gestion de crise et le choc post-traumatique. Elle me dit qu’elle ne pouvait malheureusement pas m’aider puisque je suis continuellement en « état de choc », que je vis ces assauts sur une base régulière et qu’elle est spécialisée en choc post-traumatique, donc dans le « après l’événement ». Moi je suis toujours dedans et je risque fortement de l’être le reste de mes jours.

Je me souviens aussi d’une discussion avec mon premier psy, lors de ma transition. Je lui demandais s’il avait déjà eu une personnalité publique comme patient(e) qui devait faire une transition qui risquait d’être très médiatisée. Il me répondit qu’en 25 ans, ça ne lui était jamais arrivé et qu’il apprendrait avec moi. Or, un exemple très médiatisé d’une transsexuelle d’homme à femmes est celui de Mike Penner/ChristineDaniels qui se solda par un suicide. D’ailleurs, les transsexuelles se suicident dans une proportion alarmante et principalement à cause de harcèlement et de rejet. (dans une récente étude à USLA de janvier 2014 (PDF))

The prevalence of suicide attempts among respondents to the National Transgender Discrimination Survey (NTDS), conducted by the National Gay and Lesbian Task Force and National Center for Transgender Equality, is 41 percent, which vastly exceeds the 4.6 percent of the overall U.S. population who report a lifetime suicide attempt, and is also higher than the 10-20 percent of lesbian, gay and bisexual adults who report ever attempting suicide. Much remains to be learned about underlying factors and which groups within the diverse population of transgender and gender non-conforming people are most at risk.
(…)

Based on prior research and the findings of this report, we find that mental health factors and experiences of harassment, discrimination, violence and rejection may interact to produce a marked vulnerability to suicidal behavior in transgender and gender non-conforming individuals

Pas très rassurant disons et pourquoi je continue ma quête d’un mieux-être psychologique.

Les impacts directs et indirects du harcèlement

Je ne vous parlerai pas d’évènements en particulier puisque certains dossiers sont toujours en cour. Mais outre la colère latente dont je suis consciente et que je tente de contrôler, il y a aussi plusieurs autres impacts. J’ai ainsi perdu plusieurs journées de travail par angoisse ou découragement. J’en ai aussi perdu plusieurs justes à gérer ce mépris et ses incidences en ligne ou hors-ligne comme de devoir monter des dossiers criminels, rencontrer divers intervenants, faire du monitorage et des copies d’écrans, écrire des dépositions et être bouleversée par tout ça. J’ai aussi dû sécuriser par différents mécanismes de sécurités mes demeures physiques et mes propriétés Web. J’ai aussi dû gérer la peur d’être agressée par les lecteurs instables psychologiquement de harceleurs notoires qui ont de très grands lectorats. Je reçois même des menaces les « citant textuellement ». D’ailleurs récemment, pour la première fois de ma vie j’ai fait une crise de panique et j’ai sérieusement songé à m’armer pour me protéger. Lors de la marche des Janette, j’étais pour la première fois de ma vie, suivie par un garde du corps qui protégeait mes arrières. Je sais me défendre, mais je ne peux pas grand-chose contre quelqu’un qui m’attaquerait par derrière ou qui déciderait de me tirer. Ma grande angoisse. Me faire tirer par un jeune lecteur de l’un de mes harceleurs qui filmerait son acte et le diffuserait sur YouTube pour devenir célèbre. On a même menacé de me faire exploser à la cocotte minute (comme pour l’explosion lors du marathon de Boston).

Lors d’une récente conférence sur la cyberviolence en ligne, lorsque je parlais de mon cas personnel sur scène, je me suis observée blasphémer et traiter mes agresseurs de tous les noms. Je me suis excusée à l’auditoire, mais je sais avoir blessé certaines personnes. D’ailleurs, l’automne dernier, au plus fort de certains assauts en ligne, j’ai remarqué devenir plus masculine, ne plus me maquiller, cesser de prendre mes hormones et sacrer comme un chartrier. Je me suis aussi observée souhaiter mourir d’une crise de cœur.

Bref, j’ai vécu des moments extrêmement difficiles, sans parler de l’immense culpabilité de faire vivre ça par ricochet à la personne que j’aime le plus au monde, ma conjointe. Je ne parle pas non plus de ma très grande tristesse d’être toujours coupée de plusieurs membres de ma famille.

Mon salut

J’ai cependant la chance de vivre un amour extraordinaire de ma douce chérie et de ma fidèle chienne Charlotte. J’ai de très bons moments avec notre fils, sa conjointe et notre petit-fils. Je peux m’épanouir avec ma passion, le web, grâce à de nombreux clients que j’apprécie beaucoup. Mon chalet en bord de lac et ma propriété qui jouit de la présence de pins centenaires sont aussi d’un immense réconfort et me permettent de me retirer quelque peu de la civilisation et de me «grounder» pour refaire mes forces. J’ai aussi un appui public positif extrêmement touchant, des dizaines de milliers de lecteurs qui m’envoient régulièrement de l’amour et une reconnaissance professionnelle et personnelle qui me comble. D’ailleurs ce week-end je recevais le prix Christine Jorgensen pour mon support à la communauté trans de l’Association des Transsexuelles du Québec. J’ai donc un flot constant d’amour à ma portée. Mais l’esprit étant ainsi fait, malgré toute la sagesse populaire facile, le négatif que je reçois et qui statistiquement est somme toute minime, fait son mal et ses cicatrices.

J’investigue et débute les techniques de la pleine conscience et j’ai fait une demande pour un autre psy qui pourrait peut-être m’aider à gérer cette haine constante qui me fait si mal…

J’ai une tête de cochon, je suis une battante et une survivante. Je fais et ferai tout en mon possible pour terrasser tous ces revers et ces attaques vicieuses et je continuerai de m’observer lorsque je navigue en ces eaux troubles…

MAJ
Avant de changer de sexe je n’avais jamais eu peur de ma vie ou vécue d’angoisse (à ce que je sache consciemment). Depuis, j’apprends aussi à gérer ça…

D’ailleurs l’automne dernier, lors de l’épisode des Janette, les insultes étaient si intenses que j’ai partagé sur Twitter songer à m’acheter un 12 pour me protéger. Des inclusifs se sont servis de ça pour alerter la Sureté du Québec en sous-entendant que je voulais peut-être « tirer des minorités visibles ». Après enquête de la Sureté du Québec, ils ont vite compris que ça n’avait pas de sens et que comme tous les citoyens du Québec et vivants dans le bois, j’ai aussi droit d’aimer la chasse. J’ai d’ailleurs eu bien des cours de maniement d’armes et j’avais autrefois mon permis de chasse. Tout ça pour vous dire que oui des fois, j’ai encore peur et que j’angoisse pour un tas de trucs reliés directement à la perception négative de certaines petites personnes. J’apprends aussi à vivre avec ça…

2e MAJ

Une autre conséquence indirecte de la haine en ligne est l’hypervigilance en ligne et hors-ligne que je développe. Mon métier c’est déjà de monitorer le web (j’ai pas mal écrit là-dessus et fais des reportages et conférences sur le sujet). Ça a déjà aussi été d’observer attentivement mon environnement physique. J’ai été « bouncer » dix ans. Et l’une des conséquences de monitorer en ligne et d’observer ce qui si passe, est que ça nourrit aussi le sentiment de danger dans les mondes réel, en ligne et psychologique. Ça arrive n’importe quand et on ne sait pas toujours d’où. Du moins, à court terme. Le temps d’investiguer et de trouver. Ça absorbe et fatigue beaucoup en plus de gruger du temps sur une foule d’autres activités. Certaines fois même, ça arrive bousiller complètement un moment justement de repos avec mon amour. Criss, je me suis même déjà fait harceler le jour de Noël. Ça empêche de dormir aussi des fois. Et pas juste parce qu’un énergumène téléphone aux petites heures du matin aux cinq minutes. Parce que l’angoisse s’installe aussi des fois. Comme ce soir. Mais ma Charlotte vient vaillamment grogner après quelque chose d’invisible à l’extérieur de la porte d’entrée. Elle repousse sans doute les mauvais esprits et ça me fait sourire.

Mais bon, j’ai fait l’armée (et les tranchées d’exercice). Je vais les avoirs ces salauds et je garderai ce sourire qui est sur certains de mes avatars, avec mes belles dents toutes neuves

Bonne nuit, je vais me coucher. Charlotte est remontée au 2e. Il n’y a plus de danger. Pour ce soir, du moins.

Trop réussir au Québec et ses tristes revers, le dilemme de choix déchirants

J’ai toujours valorisé la transparence en ligne et la sagesse collective. Aujourd’hui encore, je vous expose un dilemme auquel je suis confrontée.

Je termine à l’instant une discussion avec l’un des potes qui a participé avec moi au rapport d’étonnement. Il me dit « j’ai suggéré ton nom à un organisme de transfert technologique et leur ai dit que nous travaillerions avec toi pour le dossier X ». La première réaction de l’organisme en question « t’es tu fou, ça va couter bin trop cher??? ».

La semaine dernière, un nouveau client, le dirigeant d’une PME qui travaille à l’international me dit « je suis si content que vous ayez accepté de travailler avec nous, j’étais tellement impressionné et j’hésitais à vous le demander, j’étais convaincu que vous nous trouveriez trop petit pour être intéressé ». Puis, de plus en plus, il vient à mes oreilles « je t’aurais téléphoné, mais je te croyais trop occupée, trop chère, ou autre perceptions que je suis inaccessible ». J’ai d’ailleurs encore en mémoire ce téléphone que je reçu de madame Francine Grimaldi et qui me dit –C’est vous qui répondez au téléphone??? Ce à quoi je lui répondis –c’est vous qui me téléphonez madame Grimaldi???

Il y a quelques mois, je mangeais avec l’un de mes mentors, Jacques Nantel et je lui exposai le problème. Il me répondit », tu sais Michelle, au Québec on a peur de la réussite et on déboulonne nos étoiles. Si le Cirque du Soleil ou Céline Dion n’était pas sorti du Québec, on n’en parlerait plus aujourd’hui. Tu n’as pas le choix, tu dois sortir du Québec. Tu es rendu là. C’est triste à dire, mais c’est mon constat.

Le hic avec cette problématique est que dès le début de mon blogue, comme c’est le gouvernement du Québec et le payeur de taxe qui ont payé pour faire de moi l’une des premières titulaires d’une Maîtrise Scientifiques en commerce électronique au Canada, j’ai choisi de partager mon savoir et ma passion avec ceux qui ont payé pour que je sois rendue là aujourd’hui. J’ai donc d’emblée créé mon blogue en Français et publié de nombreux ouvrages dans ma langue maternelle. Mes clients sont aussi majoritairement francophones, ici et en Europe. Maintenant, j’ai payé pour faire traduire et adapter mes deux derniers ouvrages dans la langue de Shakespeare, pour le marché américain. J’ai déjà un blogue anglophone payé et mis en ligne qui attend que je me décide à m’exporter et à me faire valoir en anglais. Mais ça m’attriste. Je sais que le Québec et ses entreprises, très petites ou très grandes, ont énormément besoin de mon expertise. Je sais aussi qu’il est beaucoup moins dispendieux de travailler avec quelqu’un comme moi qui a l’expérience et qui ne dois pas faire travailler « une armée de faiseurs de rapports » pour fournir les réponses adéquates. Je sais aussi que mes clients actuels sont extrêmement contents des résultats et du rapport qualité/prix qu’ils obtiennent de mes services. Vous n’avez qu’à lire mon récent billet 300 % de croissance du trafic web c’est possible, le cas Tourisme Mauricie ou À propos des médias sociaux et des petits. Vous pouvez aussi lire mes sections Ce qu’ils disent ou ce qu’ils disent sur linkedIn pour vous en convaincre. D’ailleurs ma business va très bien. Je l’expliquais aussi dans cet autre billet LA différence entre très et trop occupé.

D’ailleurs si je ne fais que 10 heures facturables dans ma semaine, je n’ai vraiment pas à me plaindre. Mais je peux aisément en faire 20, 25 ou même 30. Mon dilemme est donc celui-ci. Comment puis-je inverser cette fausse perception d’inaccessibilité ou devrais-je réellement me foutre des entreprises du Québec et m’investir massivement dans l’exportation de mes services? Mon mentor Jacques me dit de faire les deux, mais n’étant qu’une seule personne (d’ailleurs souvent les gens croient à tord que j‘ai une armée secrète qui travaille pour moi) avec des ressources qui sont tout de même limitées et adorant mon coin de pays pour lequel je préfèrerais de loin être bénéfique, je dois faire des choix. Que me suggérez-vous de faire?

De l’urgence d’un plan pour bénéficier positivement de l’économie numérique

Les gagnants et les perdants de l’économie numérique

L’auteur Rick Whiting fit récemment une lumineuse présentation d’une allocution donnée par Erik Brynjolfsson, professeur du MIT et directeur du MIT Center for Digital Business, dans sa présentation Winners And Losers In The Digital Economy. Certains seront très certainement rapides à le traiter de « pelleteur de nuage »! C’est qu’il parle d’économie numérique au Comdex Virtual. Ce n’est sans doute pas sérieux…

Mais moi je le trouve particulièrement éclairant et en plein dans la ligne d’une « sonnette d’alarme » que douze autres passionnés et moi-même avons actionnés dans notre Rapport d’étonnement à l’automne 2012 .

Les gagnants, et les perdants de l’économie numérique (en parlant des États-Unis)

Tel que cité par monsieur Whiting

« GDP is at an all-time high, profits are at an all-time high, investment is at an all-time high. That’s all good news.
(…)
« The labor participation rate, the share of workers that are in the workforce out of the total population, has fallen off a cliff. »

Puis le professeur Brynjolfsson poursuit en disant que des millions de personnes ont perdu leurs emplois parce que les entreprises et les compétences n’ont pas suivi l’évolution trop rapide des technologies numériques (je rappelle ici que l’Estonie vient d’instaurer les cours de codage informatique dès le primaire). Puis après avoir parlé des iniquités de la répartition de la richesse, engendrées par les profits des technologies, il poursuit en différenciant ceux qui ont des « skills » et ceux qui n’en ont pas.

There’s been a divergence, which economists call a ‘skill-biased technical change,’ » he said. The result: People with limited skills have difficulty finding employment while businesses have trouble filling jobs — such as in high-tech manufacturing — that require higher skill levels.

Il poursuit en identifiant les superstars de la nouvelle économie comme Lady Gaga qui utilise les médias sociaux pour rejoindre ses millions d’admirateurs (et monnayer cette exposition) ou Scott Cook qui après avoir inventé Turbotax, fit perdre des milliers d’emplois chez H&R Block.

Mais c’est justement sa conclusion que je trouve si lumineuse (sans doute parce que je partage tellement ce point de vue que j’ai donné bénévolement de mon temps pour travailler sur le rapport d’étonnement des 13 étonnés ), la voici donc.

« The truth is, technology has always been destroying jobs, technology has always been creating jobs, » Brynjolfsson said. But with advances in technology coming faster than ever, that equation is out of balance.
« We’re going to see this trend accelerate in the next 10 years, » he said of machines taking over tasks that have been exclusively the province of humans. « The consequences of this are very profound.
« Addressing this paradox is the grand challenge for our generation. »

Le grand défi de notre génération est de confronter ce paradoxe! Cette citation vient d’un prof. de MIT et citoyen américain, l’une des nations les plus en avance avec le numérique. Et nous ici, on ne se penche même pas encore sur ça. Le numérique ce ne sont que des outils… Au mieux, une connection à 4,5MBPS si vous êtes du bon côté de l’un de nos réseaux…
C’est justement cette réflexion sur la confrontation de ce paradoxe que proposait notre rapport d’étonnement.

Je deviens impatiente et à l’étape prochaine, je serai sans doute en tabarnak, plutôt qu’étonnée…

Mais je comprends que des fois l’aveuglement, le déni et l’obscurantisme c’est profond. Je sais de quoi je parle, j’ai nié mon sexe durant 45 ans…

Mais vous n’êtes peut-être pas encore convaincu de l’urgence des enjeux? Lisez donc ce paragraphe

Technology Change Accelerates In The Next 10 Years
Brynjolfsson cited two cases to illustrate how quickly technology is advancing. One is Google’s self-driving car technology, which the MIT professor recently experienced in a drive down Highway 101 in the San Francisco Bay Area. The other is IBM’s Watson computer (pictured) that defeated longtime Jeopardy champion Ken Jennings in a famous man vs. machine competition.

The Google technology could make obsolete thousands of jobs, from cab drivers to long-haul truckers. And Brynjolfsson said the Watson technology is being applied to call centers, financial processing tasks and even medical diagnostics — jobs that once only people could do.

Pourquoi est-il important de se questionner sur l’économie numérique?

Marie-Claude Ducas dans son billet La campagne 2012 et le mirage de « l’élection 2.0 » Disait:

Questionner les politiciens sur « ce qu’ils comptent faire avec l’économie numérique », comme l’a fait la consultante et blogueuse bien connue Michelle Blanc (d’abord avec le chef libéral Jean Charest, ensuite celui de la CAQ François Legault, puis avec Jean-Martin Aussant d’Option Nationale ) je veux bien. Et c’est sûr que, comme plusieurs le soulignent, comme l’a fait, dans ce billet, le spécialiste René Barsalo , il faut s’intéresser à autre chose qu’aux routes et aux ressources naturelles quand on parle de développement économique. Mais… pourquoi serait-ce tellement plus pertinent que si les patrons d’agence de pub allaient demander aux candidats « ce qu’ils comptent faire à propos de l’économie de la publicité »? Ou les comptables, s’enquérir de leur opinion « à propos de l’industrie des firmes de comptabilité et de consultation »? Pourtant, ce sont des enjeux économiques au moins aussi valables : il y a eu bien des fusions et des rachats, récemment, dans ces deux domaines; idem parmi les bureaux d’avocats, d’ailleurs.

Je lui répondis dans mon propre blogue

Se questionner sur l’économie numérique est plus pertinent que se questionner sur l’économie de la publicité ou de celle de la consultation strictement parce que le numérique touche toutes les sphères de l’activité humaine, que strictement pour la portion TI, ça représente 25 milliards de revenus pour le Québec (à l’heure actuelle et avec 40 000 emplois), que ça participe de l’économie du savoir et que comme pour l’électricité qui a permis un gain de productivité énorme pour toutes les industries, le numérique engendre les emplois et la « valeur économique » du XXIe siècle. Déjà en 1994 Nuela Beck parlait de la nouvelle économie et de comment la « valeur » avait transité des biens matériels aux biens immatériels. On a qu’à penser à la valeur de Facebook, d’Apple, d’Amazon et autres pour s’en convaincre. Malheureusement ce ne sont pas les banques qui capitalisent sur ces « valeurs intangibles » mais plutôt les fonds collectifs de placement. Ils sont ceux qui désormais (et depuis le tournant des années 2000) ont l’avoir collectif du capital…

La nouvelle économie de Nuela Beck (1994), Résumé

L’économie nord-américaine subit depuis nombre d’années une transformation radicale. Nuala Beck indique le sens de ces bouleversements et montre les chemins de l’avenir. Affirmant que les statistiques sous-estiment les forces motrices qui animent les industries nouvelles, l’auteure distingue trois cycles: celui des matières premières a dominé la révolution industrielle, celui de la production de masse a alimenté l’ère de la consommation et de l’automobile et la technologie domine le cycle actuel.

Dans La nouvelle économie, Nuala Beck présente le prochain cycle qui nous entraînera dans l’ère de l’intelligence artificielle, du génie génétique, de l’espace et des matières premières nouvelle génération.

M. Barsalo qui est aussi cité par madame Ducas dit avec raison dans un billet du Journal de Montréal, Notre avenir… numérique? :

La triste réalité est, qu’au tournant historique de notre civilisation vers le numérique, aucun des partis présents ne prends cette opportunité au sérieux. Les routes, les ressources naturelles et l’administration des services publics sont pour eux les seuls « vrai » enjeux. Pourtant, les deux sont inter-reliés. En termes d’infrastructures, l’accès au code via un réseau qui relie adéquatement l’ensemble du territoire, ses institutions, ses entreprises et ses citoyens est aussi important que l’eau courante et l’électricité dans la société qu’y émerge. En termes de réduction des coûts, l’utilisation du numérique en matière de planification, de suivi ou de réalisation permet d’assurer une meilleure gestion des ressources et des budgets tout en augmentant la qualité des biens et services.

En abordant de front la question de l’informatisation et de l’ingénierie en réseau des services publics, en partenariat avec le citoyen et l’entreprise privée, nous pourrions initier un chantier numérique dont le Québec entier sera le premier bénéficiaire. Mais avant de dépenser, il faut réviser le processus d’appels d’offres de projets informatiques. Tout comme celui de la construction, on y remarque depuis quelques années des dépassements de coûts vertigineux.

Le meilleur moyen d’assurer ce changement est de mettre de l’avant l’ouverture et la transparence, si chère à la génération des natifs du numérique qui n’attends que ce signal pour s’impliquer. Patenteux comme nous le sommes, avec la mise en place d’un tel chantier, nous pourrons non seulement améliorer notre société et réduire les coûts de l’État, augmenter le niveau de transparence et l’implication citoyenne, mais aussi créer au passage une avalanche de nouvelles entreprises technologiques, équipées pour affronter l’avenir plutôt que de creuser des trous. Dans toutes les régions, unis par le réseau, celles-ci profiteront du succès collectif et exporteront leur savoir faire au reste de la planète, tout en participant à notre croissance économique.

L’un des lecteurs de mon blogue me demanda en commentaire

Vos statistiques reliées à l’économie numérique parlent d’elles même… mais pouvez-vous mentionner vos sources, car des chiffres sans références peuvent perdre de leur crédibilité… malgré le fait qu’ils proviennent d’une plume aussi respectée que la vôtre?

Merci et continuez de vous faire entendre!

Il a raison, mais ça fait TELLEMENT de fois que je montre ces statistiques que je tiens pour acquises qu’elles sont connues et il semble que ce ne soit pas le cas. Donc ces statistiques sont colligées dans mon billet Le Tourisme vs Les TIC au Québec, met-on nos œufs dans le bon panier? . J’y citais Paul Journet dans son article Le tourisme québécois sévèrement critiqué qui disait aussi ceci :

L’industrie touristique représente 2,5% du PIB du Québec. L’année dernière, elle a rapporté des revenus de 10,4 milliards et fourni 134 600 emplois directs.

Or, je me suis amusé à comparer l’industrie du tourisme à celle des Technologies de l’information (qui n’est que l’une des nombreuses composantes de ce que l’on nomme le numérique) avec les chiffres que donnent Affaires étrangères et Commerce international Canada

Le secteur des TIC est un moteur de l’économie du Québec, puisqu’il génère des ventes de plus de 25 milliards de dollars. Ce secteur, qui compte quelque 5 000 entreprises dans la province, emploie approximativement 140 000 personnes. La production des TIC est en grande partie exportée (surtout vers les États-Unis) et représente 35 % de la production totale du Canada dans ce secteur.

Si je récapitule ces chiffres, l’industrie du tourisme génère 10,4 milliards et fournit 134 600 emplois et celle des TIC 25 milliards et 140 000 emplois

L’internet en région ou comment handicaper l’essor économique

En théorie, la beauté d’être un travailleur d’internet, de l’économie du savoir, d’être programmeur, développeur ou entrepreneur techno est qu’on peut travailler de n’importe où sur la planète. En réalité il faut plutôt travailler à des endroits qui offrent les infrastructures permettant à cette économie de se développer. Ces infrastructures incluent au moins deux éléments primordiaux. Un approvisionnement en électricité et un en bande passante. L’électricité est abondante et à un prix raisonnable au Québec. Par contre, la bande passante, c’est une autre histoire. Même dans les grands centres que sont Montréal ou Québec, notre bande passante ne correspond même pas à ce que fournis déjà les autres villes canadiennes qui font partie de iCanada , c’est à dire une vitesse de 100 MBPS. Ici à Montréal, lorsque nous avons un gros 4.5MBPS on considère déjà être chanceux. Et que dire du Vermont qui se targue de fournir maintenant 1000 MBPS à la moitié du prix du fameux Google Fiber du Kansas soit 35 $ par mois? Aurait-on des croûtes à manger?

Et en région, c’est la dèche encore plus extrême.

Dans mon cas particulier, je devrais faire abattre des pins centenaires si je veux avoir l’internet par satellite de Xplornet à un prix compétitif, pour une bande passante médiocre. Sinon, la solution modem cellulaire de Bell coûte 105 $ par mois pour un gros 15 Go de téléchargement. Et je ne vous parle même pas de la bande passante qui est ri-di-cu-le. Il faut donc obligatoirement oublier AppleTV, Netflix et autres services requérant un tant soit peu de téléchargement.

Vous me direz, mais tu n’as qu’à resté dans un grand centre! Je répondrai, vous avez raison, j’aurai vraiment dû m’installer dans un champ « nowhere » au milieu du Vermont…

Quelques autres chiffres:

Dans LeDevoir

Un doute? C’est l’OCDE qui le dit. En 2007, l’Organisation de coopération et de développement économique a mesuré en effet le prix pour accéder et utiliser à la bande passante dans une trentaine de pays, dont le Canada. Résultat: alors qu’un Megabit/seconde de bande passante, soit l’unité de base de mesure de la capacité de transfert d’un réseau, coûte 0,13 $ en moyenne à un Japonais, il faut près de 4 $ à un Canadien pour obtenir la même chose.

À titre comparatif, les Français (0,33 $), les Suédois (0,35$) ou les Américains (2,83 $) doivent débourser beaucoup moins pour avoir la chance d’échanger courriels, photos ou vidéos par Internet. Un clivage palpable cette semaine d’ailleurs alors que la compagnie Numéricâble en France proposait à ses clients une connexion par fibre optique contre 34 $ par mois. Au même moment, à Montréal, Vidéotron exposait sur son site une offre de branchement deux fois moins rapide pour les téléchargements et 100 fois moins rapide pour le téléversement en échange d’une facture de… 90 $, soit trois fois plus cher.

Sur Triplex Radio-Canada

Par exemple, le plus gros forfait de Vidéotron offre 170 Go en aval (vitesse de 120 Mbit/s) et 30 Go en amont (vitesse jusqu’à 20 Mbit/s) pour 149,95 $ mensuellement. « L’utilisation de la bande passante au-delà des limites définies pour cet accès sera facturée à 1,50 $ par gigaoctet supplémentaire, et ce, sans limite mensuelle de facturation », peut-on lire sur le site. De côté de Bell, le plus gros forfait offre 100 Go de bande passante pour 54,95 $, vitesse de téléchargement jusqu’à 25 Mbit/s et vitesse de partage de contenu de 7 Mbit/s. « Pour seulement 5 $/mois, le forfait Utilisation assurée vous offre une utilisation Internet additionnelle de 40 Go. »
(…)

Un film haute définition de 1 h 30 utilise environ 3 Go de bande passante, en définition standard, c’est environ 1 Go l’heure, et il faut compter une moyenne de 5-6 Go pour le téléchargement d’un jeu sur Steam. Selon l’étude de Credit Suisse sur la situation canadienne, utiliser un service comme Netflix pour écouter 30 minutes de télévision par jour équivaut à environ 32 Go d’utilisation Internet mensuellement (pour ce seul service). Bref, si on se tourne vers des services en lecture continue, on peut se retrouver avec une facture salée.

« Les opérateurs font énormément d’argent sur le dépassement de la bande passante, explique Laurent Maisonnave, président du conseil d’administration du service Île sans fil. Ça leur coûte 0,01 $ le Go, alors imaginez les profits lorsqu’ils font payer des surplus de 1 $ à 5 $ le Go supplémentaire. Mais ce n’est pas la seule raison, continue-t-il. Les fournisseurs Internet sont devenus des fournisseurs de contenu. Ils ont maintenant leur propre service de vidéo sur demande et ne veulent pas de concurrence. »

La corrélation entre l’électricité et le numérique pour le développement économique du Québec de demain

L’électricité n’est qu’un outil, ou plutôt une suite de technologies. L’électricité en soi ne fait pas grand-chose. Par contre, elle permet une activité économique incroyable. Elle fait littéralement tourner l’économie. Nous pourrions certainement faire un parallèle entre le numérique et l’électricité. Le développement du numérique fait d’ailleurs songer aux belles années du Duplessisme. Votez pur moi et vous aurez votre « haute vitesse ». Mais de quelle haute vitesse parle-t-on au juste?

D’ailleurs il est très instructif de lire ou relire la page de Wikipedia intitulé Histoire de l’électricité au Québec .

Les premiers tâtonnements de l’industrie sont marqués par une course au développement à Montréal, suivie d’une phase de consolidation nécessaire à des fins d’efficacité et de la création de monopolesrégionaux qui vont graduellement étendre leurs réseaux électriques dans les principaux centres du Québec. Le développement de ces entreprises s’effectue par l’expansion des réseaux ou, tout simplement, par l’acquisition d’une firme voisine et potentiellement concurrente. Les grandes perdantes de ce mode de développement se retrouvent toutefois dans les régions rurales ; certaines municipalités s’organisent de manière autonome, pendant que dans certaines régions, des résidents forment des coopératives de consommateurs. Les deux principales compagnies présentes sur le marché, la Montreal Light, Heat and Power (MLH&P) et la Shawinigan Water and Power Company (SWP) s’imposeront comme les entreprises dominantes du secteur jusqu’aux années 1930, pendant qu’au Saguenay—Lac-Saint-Jean, l’Alcans’implante solidement et développe son potentiel hydraulique en fonction de la croissance de sa production d’aluminium.

La domination des grands monopoles régionaux, « le trust de l’électricité », sera cependant contestée dans l’opinion publique. Cette contestation donnera lieu à une enquête publique, l’implantation d’organismes de surveillance et mènera en 1944 à la nationalisation de la MLH&P et à la création d’une société publique, Hydro-Québec, avec l’adoption de la loi 17, créant la Commission hydroélectrique de Québec.

(…)Influencé par le New Deal du président américain Franklin D. Roosevelt17, le gouvernement Godbout dépose un projet de loi à l’automne 1943, afin de prendre le contrôle la MLH&P, qui exerce un monopole dans la grande région de Montréal.

La loi créant une entreprise commerciale de propriété publique, La Commission hydroélectrique de Québec, est adoptée par l’Assemblée législative le 14 avril 1944. Elle confie à la nouvelle société le mandat initial de « fournir de l’énergie aux municipalités, aux entreprises industrielles et commerciales et aux citoyens de cette province aux taux les plus bas compatibles avec une saine administration financière ». Hydro-Québec avait aussi pour mission de réhabiliter un réseau vétuste et de développer l’électrification des régions rurales non desservies par les entreprises existantes.

Je vois d’étranges similitudes entre « La domination des grands monopoles régionaux » de l’électricité d’hier, et celle des fournisseurs internet et cellulaires d’aujourd’hui. Je vois une corrélation entre le « New deal » américain qui a poussé dans le cul des élus d’hier et le plan numérique de New York , de la France , le opengov d’Obama qui pourrait pousser dans le cul de nos politiciens d’aujourd’hui. Sauf que malheureusement, nos élus ne semblent pas encore comprendre l’urgence d’agir que leurs prédécesseurs eux, avaient compris avec l’électricité. L’électricité est l’un des « outils économiques » particulièrement importants lorsque vient le temps de discuter création d’emploi et emménagement de nouvelles entreprises manufacturières et de transformation. C’est un élément clé de la compétitivité industrielle. MERCI à Taschereau, Godbout, Lévesque et Bourassa d’avoir eu la vision de comprendre que l’électricité était plus qu’un « outil ». Ils ont compris que l’électricité pouvait être un projet de société, lui permettant qu’il devienne un outil de création de richesse et d’emploi majeur du Québec d’aujourd’hui.

Les études relatant l’impact sur l’économie industrielle de l’électricité sont abondantes. L’électricité et « l’énergie » en général sont des vecteurs évidents de l’économie industrielle et du confort de chacun. Tout le monde comprend ça aisément. Pourtant, le numérique est désormais cette électricité d’hier, mais pour l’économie du savoir. Cette nouvelle économie dans laquelle nous baignons depuis bientôt 20 ans. Malheureusement les études qui prouvent son impact sur l’économie, les mesures de cet impact, les ratios et autres indicateurs sont encore en développement. J’en parle d’ailleurs depuis plusieurs années déjà.

Nous étions très en avance au début des années 2000. Nous sommes très en retard aujourd’hui. Le mot clé « numérique » n’est plus à la mode. Le mot-clé qui est à la mode depuis dix ans est « innovation ». Question de mode sans doute. Malheureusement cette mode nuit au développement économique du Québec et nuira encore plus dans les années à venir si nous ne faisons rien. D’ailleurs le CEFRIO vient de mettre en ligne une étude intitulée Indice de l’innovation par les TIC . Étude très intéressante qui tente de rendre sexy, le numérique en l’affublant du mot-clé à la mode « innovation ». C’est à la fois triste et loufoque. Pas que les TIC ne soient pas responsable de la croissance de l’innovation, depuis des années déjà les TIC le sont. Mais il est triste que nous devions enrober le numérique du drap de l’innovation pour réveiller notre classe politique qui se gargarise justement de mots-clés sans pour autant réellement comprendre les enjeux.

Les conclusions de cette étude nous révèlent

Cette enquête trace un lien intéressant entre tiC et innovation. Plus une entreprise ou une organisation utilise de manière intensive les tiC, plus elle affiche une intensité d’innovation élevée. Ce constat s’applique aux innovations de produit, de procédé, de commercialisation ou organisationnelle. En fait, les résultats montrent qu’il est difficile de séparer ces innovations dans la pratique. Les organisations innovantes introduisent souvent plusieurs types d’innovations en même temps.

Le fait que l’on parle d’intensité d’utilisation des tiC et non de simple possession implique que l’investissement ne doit pas seulement être technologique, mais aussi organisationnel. il faut être organisé pour utiliser les tiC mises en place dans les organisations. les autres facteurs qui influencent de manière positive l’intensité d’innovation sont les modifications significatives à l’organisation, l’acquisition de nouvelles expertises, la présence d’équipes multidisciplinaires et la culture d’expérimentation. toutes ces dispositions vont permettre à l’organisation de maximiser l’intensité de l’innovation.
(…)

on reconnaît l’importance pour les entreprises et organisations publiques canadiennes d’accroître leur performance en matière d’innovation, afin qu’elles améliorent leur compétitivité et, de ce fait, la productivité de l’économie canadienne. les politiques mises en place doivent reconnaître le rôle des tiC, mais également tenir compte du contexte dans lequel elles s’insèrent. les politiques doivent en même temps favoriser les éléments complémentaires aux tiC.

Pour les gestionnaires, les résultats soulignent l’importance de voir les investissements en tiC de manière large. Ce ne sont pas simplement des outils à mettre en place. les tiC sont des leviers pour faire les choses différemment, et doivent être accompagnées de décisions parfois difficiles ou risquées sur les modes de fonctionnement de l’organisation.

Mais même les études et les analyses les plus savantes ne serviront à rien s’il n’y a pas de Taschereau, Godbout, Lévesque ou Bourassa pour porter le flambeau de la vision sociétale de l’économie de demain. Je me demande encore qui sera le porteur du flambeau de la richesse économique collective de nos enfants?

L’argumentaire économique du numérique

Après Nuela Beck sonnait les cloches des économistes et gestionnaires de portefeuilles avec son livre La nouvelle économie en 1994. En 2007, C’est le Dr. Robert D. Atkinson qui de The information technology and innovation foundation démontra dans son Digital prosperity, Understanding the Economic Benefits of the Information Technology Revolution , comment les TI sont devenu le fer de lance de la croissance économique et conclu

« In short, while the emerging digital economy has produced enormous benefits, the best is yet to come. » D’ailleurs l’une de ses recommandations est de placer le numérique au centre même, des politiques économiques gouvernementales.«Give the Digital Economy Its Due: Economic policymakers need to view IT issues not just as narrow IT policy, but as the centerpiece of economic policy. This means putting issues of digital transformation at the front and center of economic policy. »

À cet effet, Ed Felten, le premier CTO de la Federal Trade Commission américaine mentionnait dans un article recent

It would obviously be foolish for senior government officials to make economic policy without seeking input from trained economists. Perhaps someday, it will be seen as equally foolish to make technology policy without a computer scientist in the room.

La Banque mondiale quant à elle, rappelle qu’afin de déployer un gouvernement numérique, il est fortement conseillé de commencer par les infrastructures numériques .

Governments should promote strategies that focus on ICT infrastructure development as a prerequisite to e-government ± an « I before E’’ strategy.

Depuis des années déjà, l’OCDE analyse et finance la recherche de mesures économiques qui permettraient d’isoler l’apport du numérique à l’économie en général. ¨Pourtant, cette organisation conservatrice et neutre a déjà avancé dans son rapport THE IMPACT OF THE INTERNET IN OECD COUNTRIES que

“Existing empirical studies, including ongoing OECD work, suggest a positive link between increasing Internet adoption and use and economic growth. Even though the aggregated effects are still preliminary, the relationship between Internet development and economic growth, as well as microeconomic evidence, suggest that governments should continue to pursue policies that help promote Internet connectivity and encourage the take-up of services”.

PWC en 2011 observait aussi la relation intrinsèque entre la croissance économique et la technologie numérique.

Economic growth and technology are inextricably linked. Current economic conditions are fostering investment in technology as emerging markets ramp up their demand for technology to fuel growth, and advanced markets seek new ways to cut costs and drive innovation. This becomes a virtuous circle as digital technologies drive consumer income and demand, education and training, and efficient use of capital and resources—leading to increased economic growth, particularly in emerging markets.

Cette croissance qui lie le numérique à l’économie a même été chiffrée cette année par Boston Consulting Group. BCG avance que d’ici 2016, strictement pour les pays du G20, l’économie numérique représenterait une croissance potentielle de $4,2 billions (je rappelle ici qu’un billion c’est mille milliards).

Je suis certes très enthousiaste à l’idée de croissance économique que pourrait apporter le projet du Plan Nord qui a déjà été présenté par le gouvernement libéral du Québec. Mais il me semble qu’il est grand temps et que nous sommes même très en retard, de planifier, préparer et profiter d’une parcelle de pointe de la tarte de $4,2 Billions de croissance de l’économie numérique dans laquelle, que nous en prenions collectivement conscience ou non, nous sommes déjà partie prenante. Sauf que si nous n’en prenons pas collectivement conscience et que nous ne faisons pas les efforts individuels et collectifs nécessaires pour y prendre part, cette croissance bénéficiera inévitablement à d’autres citoyens.

En conclusion, je suis donc définitivement pour un Plan Nerd, ou plus prosaïquement, pour un plan numérique pour le Québec…

NOTE

Ce texte a d’abord été rédigé pour le collectif « Le Québec à l’heure des choix : regard sur les grands enjeux ». Malheureusement, l’éditeur n’aime pas ma manière de citer mes sources. Il semble que pour cet éditeur, un hyperlien n’est pas dans sa norme et qu’un auteur, titre, éditeur, page, date, soit plus ce qu’il recherche. Ayant déjà été édité 4 fois, je comprends le besoin de l’éditeur, mais étant aussi blogueuse, je comprends ma démarche, qui faisait tout à fait l’affaire de mon éditeur actuel Libre Expression. N’ayant pas le temps de gratuitement faire le tour de chacun des articles cités ici pour répondre aux besoins spécifiques de cet éditeur, je me retire simplement de ce projet. Par contre, vous aurez la chance de prendre connaissance ici de mon texte, et ce gratuitement, ce qui allait aussi à l’encontre de la « philosophie de cette maison d’édition ». Alors c’est triste, mais bon, c’est ça qui est ça…

L’importance de l’alliance émotive avec l’abonné sur le Web

Ma conjointe est psychologue et durant le week-end, nous discutions de son travail. Elle se mit à me parler de l’importance fondamentale de l’alliance thérapeutique avec le patient, dans le cadre d’une psychothérapie. Elle me dit que c’était sans doute l’un des piliers fondamentaux de son travail avec les patients et ce qui faisait souvent la différence entre un succès et un échec d’une thérapie.

Ça me fit tout de suis songé à l’importance de l’alliance émotive avec le lecteur d’un blogue, d’une page Facebook ou d’un compte Twitter, Google + et autre.

Pour illustrer l’importance de cette alliance, je vous raconte aussi l’histoire d’un vendeur de voitures. Ce vendeur de voitures ne parlait pratiquement jamais d’automobile. Il prenait le temps de connaitre son client, de dialoguer avec lui de tout et de n’importe quoi et d’entrer en relation avec lui. Comme le client venait d’entrer chez un concessionnaire automobile, il était déjà évident qu’il se cherchait une voiture, mais en solidifiant une relation vraie et intéressée, lorsque le client serait prêt, c’est lui-même qui ouvrirait le sujet des voitures et qui posera les questions qui l’intéresse. Pas besoin de vous dire que ce vendeur de voitures était très doué et que ses ventes étaient très au-dessus de la moyenne. Ainsi, pour le psychologue, il est primordial de discuter avec le client et d’établir cette relation vraie, avant même de songer à régler ses problèmes.

Cette réalité est semblable dans le contexte de marketing de contenu et sur le web. Je dis souvent que les médias sociaux sont des médias conversationnels, mais de toute évidence, cette conversation devient beaucoup plus laborieuse lorsque la loi des grands nombres arrive. Il devient dès lors pratiquement impossible de répondre systématiquement à tous et de croire avoir un réel dialogue. Mon expérience d’interaction avec un nombre relativement élevé de lecteurs m’enseigne que je ne peux répondre systématiquement à tous. Par contre, je réponds à l’idée d’ensemble, qu’ils me transmettent individuellement.

Puis même si ma pratique média social en est plus une de « broadcast » qu’une de conversation, la notion « d’alliance émotive » telle que je la conçois me semble toujours d’à-propos. D’ailleurs, bien des outils médias sociaux calculent même cette alliance avec le lecteur par exemple avec le edgerank de Facebook. Cet algorithme mesure justement le degré d’interaction d’un lecteur avec une page ou un profil, afin de déterminer si les contenus de cette même page ou profil, seront disponibles sur le fil d’accueil des usagers. Cette « alliance émotive » hypothétique est donc d’une importance capitale puisque s’il n’y a pas d’interactions (voire d’alliance entre l’auteur et les lecteurs), les contenus feront partie du Facebook invisible. Il en va de même pour les moteurs de recherches. Ce sont l’ensemble des visites sur un site qui déterminent la pertinence de celui-ci. Vous aurez donc beau avoir les meilleurs contenus du monde, si personne n’interagit jamais avec eux, ça ne va pas très bien pour votre visibilité générale. Ainsi, de faire réagir de temps à autre vos abonnés, même sur des contenus qui ne sont pas directement liés à votre niche précise, est fondamental. D’où l’importance de quelquefois discuter de votre chien, d’une recette, d’une bonne blague, d’une de vos passions ou de tout autre sujet badin, qui n’est pas strictement de discuter de vos produits et services. Je suis d’ailleurs toujours éberluée de constater qu’un contenu « badin » a un taux de clic effarant, comparativement à un contenu intellectuel que j’ai mis des heures à peaufiner. Mais c’est ça qui est ça. Si je veux que la visibilité de mon contenu dit « sérieux » augmente, il faut aussi entretenir judicieusement l’alliance émotive avec les lecteurs/abonnés. Comme dans la discussion hors ligne et la vie de tous les jours.

Le poids de la différence

Dans mon plus récent billet, je vous parlais de Ces confidences de mes clients. C’est donc maintenant à mon tour de vous faire les miennes. Depuis quelques mois je ne prenais plus mes hormones, je me suis remise à sacrer et ma mèche était de plus en plus courte. Ce sont là des réactions inconscientes (que j’ai maintenant conscientisées) aux divers assauts que j’ai vécu cet automne. Malheureusement, ça affecte mon couple, ma concentration, mes contenus et mes affaires. Pourtant, j’ai des montagnes de bons mots, d’encouragements et de remerciements d’avoir vulgarisé le sujet encore peu connu de la transsexualité. J’ai sauvé des vies et des familles et on me reconnait une force de caractère et une passion qu’on dit inspirante. Mais en même temps, je reçois un flot incessant de haine, de menaces, d’insultes et de remarques désobligeantes, pour exactement les mêmes raisons.

 

On me signale ouvertement, subtilement ou même par gentillesse, que je ne suis pas et que je ne serai JAMAIS une vraie femme et que je suis et serai pour le reste de mes jours « une transsexuelle ». Je dois faire le deuil de cet idéal féminin, qu’on me rappelle incessamment que je n’atteindrai jamais. C’est difficile à vivre. Très difficile. Cette réalité, cette étiquette de « transsexuelle », aux yeux de plusieurs, est maintenant ce qui me définit. Si je suis dans un média à titre d’experte, ou simplement de « femme », sans qu’on mentionne qu’il s’adonne que je suis aussi une « transsexuelle », c’est là que les nombreux messages pour me rappeler « ma différence » arrivent. On n’aime pas que les médias « normalisent » ma condition. D’ailleurs, je suis de moins en moins sollicitée par les médias à Montréal pour mon expertise de pointe. En région, c’est tout le contraire. Mais à Montréal, on ne me demande maintenant presque exclusivement mon opinion que lorsqu’il est question d’enjeux touchant le changement de sexe.

 

Je suis devenue une habituée du processus judiciaire de plainte pour harcèlement criminel ou menace de mort. Je connais la routine, la collecte de preuves, la rencontre avec les enquêteurs, les procureurs de la couronne et je suis à même de constater les nombreuses déficiences de ces organismes pour faire face à la montée de la haine internet. Je suis aussi une victime et témoin privilégiée de cet « humour » gentil ou très méchant, qui me rappelle que je suis « un phénomène différent » ou si on est vraiment méchant « de foire ».

 

J’ai plusieurs fois songé au suicide, à changer de métier ou de pays. Mais j’ADORE ma blonde, mon travail et mes clients. Je suis bonne et heureuse dans ce que je fais. Lorsque je ne suis pas assaillie par des trous de culs, toute mon énergie va à la recherche incessante de meilleures pratiques web et de la compréhension des mécanismes, technologies et processus internet.

 

Pour 2014, j’ai de très beaux projets sur la table, dont celui de tenter une percée américaine. J’ai aussi la chance de vivre l’AMOUR de ma tendre chérie, de ma chienne, de ma micro famille avec notre fils, sa blonde et notre petit-fils. De surcroit, j’ai réalisé l’un des rêves de ma vie, celui d’acquérir ma maison dans l’bois. Ce havre de paix m’est tellement bénéfique, vous ne pouvez pas imaginer à quel point.

 

Je termine aussi à l’instant, une conversation avec l’un de mes très bons clients de 2013. Il me dit au téléphone à quel point je l’ai aidé personnellement et corporativement à cheminer en 2013, à propos du web, mais aussi de plusieurs autres défis organisationnels. Ça fait chaud au cœur et j’avais la larme à l’œil de l’entendre. J’ai aussi le privilège de recevoir des tonnes de messages plus positifs les uns que les autres. Il faut donc que je fasse en sorte de focaliser davantage sur le très positif qui m’arrive quotidiennement, plutôt que sur le négatif qui quantitativement, est somme toute minime. Il faut aussi que je me fasse à l’idée, une fois pour toutes, que je suis et que je resterai pour le reste de mes jours, une transsexuelle. Il faut que dans ma tête, ça devienne enfin une fierté, plutôt qu’un poids. C’est la grâce que je me souhaite pour 2014…

MAJ

Après avoir rédigé ce billet, j’ai pleuré un grand coup. Ça m’a fait beaucoup de bien. Ça faisait si longtemps que je me coupais de ça…