Les gérants d’estrade

Chez Éric Parazelli de MédiaTV

Qui n’a jamais joué au gérant d’estrade en regardant la télé, en feuilletant le journal du matin, en écoutant la radio prit dans le trafic ou en tweetant frénétiquement en prenant bien soin que nos écrits dépassent notre pensée, et en ajoutant des 😉 à répétition pour que personne ne se sentent insulter par nos jugements impulsifs? Ça fait du bien, avouez… 😉

Depuis une semaine je suis dans le feu de l’action. En fait, je ne le suis pas vraiment, c’est plutôt le président de Lassonde, ses départements de relations publiques, de marketing, juridique, le conseil de direction, le conseil d’administration, les employés de Lassonde et sa firme de relations publique qui le sont. Moi je ne suis là que comme appuie externe « stratégie internet », avec certains autres fournisseurs web, de monitorage média, monitorage médias sociaux et autres. Je suis là aussi « pour le long run » comme on dit puisque Lassonde a déjà entamé une restructuration profonde de ses manières de communiquer et les médias sociaux en font et en feront de plus en plus partie. La prise de décision, la complexité des enjeux, la structure organisationnelle et la personnalité des individus sont autant d’éléments (qui comme dans toute grande organisation d’ailleurs), façonnent les actions qui seront prises … ou pas.

Tout ça pour vous dire que j’en ai entendu et lu des vertes et des pas mûres la semaine dernière. Lassonde devrait faire du monitorage, Lassonde devait savoir que La Presse sortirait cet article et ils auraient dû faire de la préparation de crise juste au moment de la sortie du jugement (qui remonte au 30 mars, soit 9 jours avant la parution), Lassonde aurait dû agir plus vite, Lassonde a agi trop rapidement. Lassonde est allé en appel pour ne pas payer les frais d’avocats de la partie adverse (alors que c’était plutôt pour que son dossier de poursuite n’aie pas l’étiquette de « poursuite abusive » qui était accolée a tort à la première poursuite), Lassonde, sa firme de communication ou moi-même sommes la fameuse « Cathy Laplante » qui plante tout le monde sur les plates-formes médias sociaux (dans un jargon bien connu on appelle ça aussi un « troll » un peu, beaucoup trop convaincu). Le président de Lassonde est un nono parvenu qui ne sait pas s’exprimer (il a tout de même monté une entreprise de $75M de vente à une entreprise de près d’un milliard de vente et était récipiendaire du Grand Prix de l’Entrepreneur 2008 par la firme de services professionnels Ernst & Young). La crise se serait éteinte toute seule si Lassonde n’avait rien fait. La crise a continué parce que Lassonde en a fait trop, pas assez, parce que le mea culpa n’est pas assez, est trop, est trop peu.

Tout ça pour vous dire qu’ayant vécu ce drame (parce que oui c’est dramatique pour les gens de Lassonde) du « sideline du banc des joueurs », je sais que plusieurs commentaires de gérants d’estrade en plus d’être souvent blessants pour les intéressés, vont aussi dans tous les sens et qu’ils ne reflètent en rien, ce qui s’est passé et se passe vraiment. Mais ils sont poussés par l’émotion, la jalousie ou la tentative de se positionner comme étant « ceux qui l’ont l’affaire » et qui pourront vous aider si ca vous arrive (ironie). C’est sans doute pourquoi dans l’un de mes derniers billet, je suis plus intéressée à l’analyse de l’impact de ce cas sur les entreprises en général et sur les notions juridiques qui y sont associées, que sur le pourquoi du comment ce cas a été bien ou mal géré.

Avec des si on mettrait Paris en bouteille
si les chiens avaient des scies, il n’y aurait plus de poteaux
si la mer bouillait, il y aurait bien des poissons de cuits

MAJ

Intéressant “gérant d’estrade” 🙂 à lire si vous voulez un autre son de cloche que celui des “médias officiels”. Chez Vigile.net: FABRICANT DE JUS DE FRUITS VS MULTINATIONALE DE L’EXTRACTION MINIÈRE.. Le pouvoir commodément prêté aux médias sociaux

Industries Lassonde, Oasis, tempête dans un verre de jus de la FPJQ

On a beaucoup critiqué les blogueurs qui manqueraient d’éthique et c’est la FPJQ elle-même, dans une résolution du conseil d’administration de décembre 2008, qui stipulait :

que le respect des règles de déontologie est la seule chose qui distingue les journalistes professionnels des citoyens et autres communicateurs

Dans un esprit tout à fait bloguesque, je vous dévoile (parce que j’ai un code d’éthique qui m’est commun avec la majorité des blogueurs) que Lassonde est un nouveau client ( je le mentionne d’ailleurs avec la permission de la haute direction, mais je ne peux malheureusement vous dire plus que je suis consultante externe médias sociaux pour l’entreprise. J’ajoute que ce billet n’est pas une commande et qu’ils ne savent même pas encore qu’il sera en ligne. Ils le liront comme vous tous).

Je ne vous parlerai donc pas de la tempête dans un verre de jus qui a eu lieu ce week-end, alors que je me prélassais avec mes amours dans le Vermont. D’ailleurs l’excellent billet LA GESTION DE CRISE DE LASSONDE SUR LES MÉDIAS SOCIAUX d’Antoine Dupin, récapitule de manière admirable (sauf pour la portion blogue avec laquelle je ne suis pas d’accord, mais je pourrais peut-être un jour vous expliquer pourquoi) le fil des événements de cette crise qu’on dit, médias sociaux. Je vous parlerai plutôt d’un point CAPITAL soulevé par monsieur Dupin dans son billet et qui rejoint tout à fait mon introduction qui parle d’éthique :

Le 7 avril, un article de La Presse fait état d’une bataille juridique entre une entrepreneuse, Deborah Kudzman et Lassonde quant à l’utilisation du mot « Oasis » pour désigner ses produits à l’huile d’Olive. Pour rappel, Lassonde produit les boissons « Oasis » et poursuit très souvent des marques utilisant le même terme. Si elle a gagné son procés, Madame Kudzam se retrouve avec des frais juridiques importants pouvant signigier sa faillite, ce qui pousse les internautes à prendre position.
L’article prend clairement position et joue sur les émotions, en utilisant des termes comme « David contre Goliath » pour illustrer le combat juridique, cite certaines phrases contenant des termes synthétisant la situation de manière forte comme « Mon premier avocat, spécialisé en marques de commerce, trouvait ça ridicule. », évoque le statut de cette femme de 43 ans qui a également utilisé le nom de sa fille (Olivia) et enfin livre le chiffre d’affaires de Lassonde soit 760,3 millions de dollars.
Face à ce plaidoyer, les internautes ont massivement investi les médias sociaux.

Les questions d’éthique journalistique

Le point de départ de cette saga est l’article de cyberpresse Pas touche au mot «oasis». Cet article est dans la catégorie Justice et faits divers. Il n’est pas dans les chroniques ou les éditoriaux. Non, il appert que c’est un article de nature journalistique et selon la FPJQ «la fonction de journaliste repose sur la vérification des faits, la rigueur du traitement et le respect de l’éthique et de la déontologie».

Or étrangement, je ne lis à aucun endroit dans cet article la version de Lassonde. Je ne lis qu’un entrefilet à la fin de l’article:

Stefano Bertolli, vice-président aux communications d’Industries Lassonde, explique qu’il est «essentiel pour l’entreprise de protéger ses actifs les plus importants comme les jus Oasis». Le jugement de la Cour d’appel confirme que cela a été fait dans le respect et les règles, a-t-il fait valoir.

Je n’y apprends pas que madame Kudzman (comme me l’indique son LinkedIn) est une spécialiste des communications qui a entre autres été présidente et fondatrice de Publicité Piranha. J’y apprends par contre les éléments relevés et cités plus haut par le collègue blogueur Dupin. Je note aussi le titre tout à fait tendancieux Pas touche au mot «oasis». Je me demande pourquoi cet « article » n’est pas plutôt une « chronique d’humeur », voire un éditorial puisque la balance de la légendaire « neutralité journalistique » semble étrangement ne pencher que d’un bord.

Mais bon, je ne suis qu’une humble blogueuse qui ne jouit pas des avantages d’être membre d’une Fédération qui se targue d’avoir un code déontologique qui « est la seule chose qui distingue les journalistes professionnels des citoyens et autres communicateurs »

Et vous vous en pensez quoi?

MAJ

Des fois je me demande qui est le bully de cette histoire. Lassonde ou LaPresse ? À lire, le deuxième billet de mon client Qui est un bully ?

Suis fière des débuts de mon client, M. Gattuso sur son blogue et sur Twitter (malgré le fait qu’il soit complètement dans le jus (petit jeu de mots ici) hehehe

2e MAJ

Je vous mets en exergue le commentaire de François F, qui apparaît à la suite de ce billet. Ça me réjouit de voir que bien des gens ne sont pas dupes de « l’info tronquée ».

François S.
Mercredi, 11 avril 2012 à 12:36 • Modifier
Bonjour Mme Blanc, première fois que je commente ici.

J’en pense que Lassonde, malgré une poursuite qui peut paraître abusive, est tout simplement victime de son époque et n’a pas su parer aux coups. Ça aurait pu tomber sur Olymel, Cascades, et tant d’autres qui ont très certainement été impliqués eux aussi dans des cas du genre, mais qui ont eu la chance de ne pas voir leurs gestes médiatisés de la sorte. Un article dévastateur rempli d’adjectifs qualificatifs + un slow news week-end (Pâques) + un tweet de Guy A. Lepage et ses followers + une époque où le Québec en a ras-le-bol de la mauvaise foi des corporations et des élus = scandale Lassonde, c’était parti. C’est tombé sur eux, et lorsque je lis les commentaires sur leur page Facebook, je me demande si ce n’est pas carrément disproportionné comme réaction. On se croirait revenu au temps de l’Inquisition et du lynchage public.

Ce qui m’attriste, c’est que ça tombe sur une compagnie d’ici, qui avait jusqu’à maintenant une feuille de route quasi impeccable via son profil bas (peu de gens connaissaient vraiment Lassonde tout en consommant allègrement de leurs produits).

Nous sommes à une époque où les gens ont envie d’en découdre, se cherchent des combats. C’est bien correct. Mais il faut aussi savoir s’arrêter et ne pas trop s’acharner. Boycotter Oasis, comme l’a recommandé Guy A. Lepage, suivi par des milliers d’autres? Les concurrents sont Pepsico et Coca-Cola. Si on sortait la feuille de route judiciaire de ces grosses corporations, juste pour voir? Pourtant, ce sont eux qui vont bénéficier de ce boycott, surtout pas les 700 familles que Lassonde emploie au Québec.

Ça me laisse un goût amer. Si Lassonde goûte à ce traitement, des milliers d’autres compagnies devraient aussi passer par ce tribunal public et voir leurs actions discutables mises à jour dans La Presse, par souci d’équité (Message à tous ceux qui boycottent Oasis mais qui magasinent chez Wal-Mart les Nike aux pieds).

Oui à l’activisme et à l’implication dans des causes qui nous tiennent à coeur, mais ma première impression dans ce dossier, c’est d’avoir assisté à un solide dérapage, autant du côté des actions que des réactions.

Merci de m’avoir lu.

François, Montréal