François Legault et Jean Charest à propos de l’économie numérique, des médias sociaux et de l’open source

C’est comme suite à une invitation générale de François Legault (chef du parti Coalition Avenir Québec) de rencontrer des citoyens ordinaires pour prendre un café, que je l’ai mis au défi sur Twitter et qu’il a gracieusement accepté de me voir dans son autobus de campagne il y a déjà deux semaines. Par la suite, j’ai invité sur les médias sociaux, les autres chefs à me rencontrer aussi. Les libéraux m’ont contacté une semaine plus tard, mais j’étais déjà en vacance. J’ai donc discuté avec Jean Charest (chef du Parti Libéral du Québec) hier soir.

Comme vous pourrez le remarquer, ces discussions se sont faite « à la bonne franquette » avec des chefs d’une grande affabilité. Comme cette invitation était sur Twitter et que tous les partis me suivent, ils ont tous eu l’opportunité d’y répondre ou pas. Ce n’est qu’hier que Québec Solidaire et le Parti Québécois ont répondu à mon invitation quant à l’Option Nationale, ils avaient laissé un message vocal sur mon répondeur. Il est très possible que je rencontre les autres chefs avant le scrutin de la semaine prochaine. Si tel est le cas, ils auront eu l’avantage d’entendre les réponses de messieurs Legault et Charest et de s’ajuster en conséquence. Leur « à-propos » risque donc d’être un peu moins naturel.

Mes buts dans ces échanges étaient d’abord de sensibiliser les chefs à l’importance de l’économie numérique et à la nécessité de développer « un plan numérique pour le Québec ». Vous remarquerez qu’ils y répondent sans vraiment avoir cerné l’importance de cet enjeu économique et sociétal majeur. Par contre, ils ont répondu à mes questions avec l’approche qui leur est propre. Je vais donc vous laissez vous faire votre propre opinion quant à ce que chacun a à offrir ou pas, en matière de numérique pour le Québec.

Je m’excuse aussi de la piètre qualité audio de ces enregistrements, qui ont été fait avec mon iPhone 3GS sans micro, éclairage ou technologie additionnelle. Par contre, vous apprécierez sans doute les réponses et la bonhommie des échanges. C’est ça aussi la techno …


François Legault chef de la Coalition Avenir… par MichelleBlanc


Jean Charest chef du Parti Libéral du Québec en… par MichelleBlanc

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MAJ

On me fait remarquer que sur les photos des vidéos des chefs, ils ont l’air de chevreuils qui attendent d’être frappés la nuit. 🙂 C’est strictement dû au hasard de la sélection des cadres de Dailymotion. Ce n’est pas un choix éditorial, quoique c’est plutôt frappant! hehehe …

Fausse mort de Jean Charest = c’est la faute du web, et puis après?

Hier, durant la nuit, on annonçait la mort de Jean Charest en première page numérique du journal Le Devoir. J’ai accordé une entrevue à LCN et au FM93. Après mon entrevue avec l’animateur du FM93 Sylvain Bouchard, celui-ci dit qu’il préfère le format papier au format numérique parce que ce genre de chose ne s’y retrouve pas.

Aparté

On a aussi « pété une coche » sur twitter parce que j’osais discuter « de sécurité informatique » alors qu’il semble que mon créneau ne devrait se résumer qu’aux médias sociaux. Je précise que ma Maîtrise ès Sciences en commerce électronique incluait des cours de droits, de technologie informatique et de gestion et que j’ai eu plusieurs cours qui touchaient de manière précise « les questions de sécurité informatique » au niveau technologique, de gestion et de droit. J’ai d’ailleurs eu un cours spécifique Gestion du risque, contrôle et sécurité du commerce électronique dans lequel 2 sessions données par un spécialiste de Price Waterhouse Coopers portaient spécifiquement sur les outils et techniques de hacking moderne (si on veut se protéger il faut aussi savoir et comprendre l’antithèse de cette réalité qui est le hacking). Je rappelle aussi que lors de mes consultations avec mes clients, je couvre très souvent les questions relatives à la gestion du risque informatique. Ce n’est donc pas parce que je n’en ai pas fait une spécialité que je ne sais pas de quoi je parle lorsque je me prononce sur les questions de sécurité du Web. (Pour les lecteurs qui ont des problèmes de sécurité majeurs, je recommande souvent le pote  Dominic Jaar, responsable national de la e-discovery chez KPMG).

Pour revenir à nos moutons (en l’occurrence l’assertion selon laquelle le papier est plus crédible que le numérique) je rappelle que les fausses nouvelles, les canulars et les impostures sont vieux comme le monde (pour s’en convaincre regardez canular ou « list of hoaxes » dans wikipedia) et qu’ils existaient bien avant le Web. Je vous suggère d’ailleurs de visiter le site Accuracy in media ou de relire chez Slate Pourquoi les médias sont les pros des canulars et à réfléchir à la conclusion de NT2 Le canular, une pratique renouvelée par le web:

(…) le canular est une pratique qui questionne la véridicité des objets auxquels il s’en prend. Nous avons dégagé certains thèmes sujets au canular de manière récurrente : l’information et ses débordements dans la vie privée, les objets de consommation et leur envahissement de l’espace du Web, les peurs socialement partagées, par exemple la peur de virus informatiques ou encore de complots politiques, ainsi que l’abondance de pornographie que l’on constate sur le Web.  Au terme de notre réflexion, il nous semble que le choix de ces thèmes ne soit pas anodin : en effet, ce sont tous des espaces discursifs où la joute entre le vrai et le faux peut se déployer de manière particulièrement complexe. Quelle valeur de vérité peut-on accorder aux discours médiatiques, aux images de citoyens qui sont véhiculées par les médias ? À quel point les peurs socialement partagées sont-elles justifiées ?

Le canular, en nous trompant à propos des sujet qu’il traite, révèle en même temps la précarité de la conception que l’on peut avoir de ces sujets. Il s’agit ainsi d’un mensonge particulier en ce qu’il met en place un processus réflexif engageant la personne dupée à adopter une attitude critique à l’égard des vérités admises. Nous avons également vu que le canular s’adapte au média qui l’accueille. Dans le cas du Web, les sites de vente, les chaînes de courriels et la pornographie sont quelques exemples de terrains propices aux activités canularesques dans la mesure où le nombre d’internautes susceptibles de se faire leurrer y est particulièrement élevé. De fait, le canular profite toujours du climat de confiance qui règne autour d’un sujet.

La pétition en ligne pour la démission de Jean Charest, observations

Cette semaine, une pétition en ligne pour la démission du premier ministre du Québec, Jean Charest fait un tabac. Vous pouvez même suivre l’évolution du nombre de signataires (jusqu’au 15 février 2011) en temps réel. Cette pétition ne fera sans doute pas tomber le gouvernement (pas plus qu’une pétition papier d’ailleurs) mais elle illustre parfaitement le raz le bol de la population et est certainement un signal fort militant pour la démocratie électronique. Nous avons eu de malheureux exemples de votations électroniques au Québec à cause de l’utilisation de technologies dont j’avais prédis l’échec, à priori, dans un billet World e-voting experiment benchmark. Mais l’engouement pour cette pétition en ligne, signale aussi la facilité avec laquelle les citoyens peuvent maintenant s’exprimer. On comprendra que dans un cadre de votation, le système sécuritaire se devra tout de même d’être plus rigoureux (lire mon billet précédent), mais ça démontre que lorsque les gens ont accès à un canal d’expression populaire accessible, ils l’utiliseront massivement. Ça prouve aussi la puissance, dans un contexte politique, des médias sociaux. On notera que cette pétition a été propulsée sur le Web par Amir Khadir, de Québec Solidaire. Que j’ai déjà fait observer ici l’efficacité de son parti sur Twitter et que cette offensive « médias sociaux » venant d’un député et d’un parti somme toute marginal, donnera peut-être le signal que les médias sociaux et les initiatives Web politiques peuvent faire des remous importants dans les médias dits, traditionnels. Ce sera un cas de politique web, fascinant à observer dans les prochaines semaines…
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