J’ai eu un client la semaine dernière, qui est malheureusement encrassé dans le statu quo. Je dis client, mais en fait il n’est pas client. Je n’ai fait qu’une heure de consultation avec lui et disons que la chimie n’y était vraiment pas.
Voici la triste histoire
Lors de la consultation avec le PDG d’un magazine dont les ventes sont en chute libre, je parle de nombreux exemples d’entreprises qui ont réalisé que l’argent était aussi dans les produits dérivés de la création intellectuelle plutôt que dans la création intellectuelle elle-même. Je lui mentionne que son volumineux catalogue n’est pas en ligne et qu’il dort sur plusieurs décennies d’archives qui si elles étaient en ligne, pourraient générer différentes possibilités de revenus en pub, mais surtout en produit dérivé. Je l’invite à se questionner sur différents produits dérivés qu’il pourrait développer. Je parle par exemple d’Infopresse qui fait de nombreuses conférences (et un produit dérivé qui semble être plutôt rentable) et dont les archives sont maintenant en ligne. Je parle de Têtes à claques qui en plus de faire de l’argent avec la pub sur son site, fait aussi de l’argent avec la pub sur YouTube, a des contrats de publicité au Québec, en France et aux États-Unis, a des ringtones, des jeux interactifs, des DVD et une foule d’autres initiatives payantes découlant de ses contenus. Je parle de Gapingvoid qui de son contenu, a tiré des livres, des éditions limitées (petits et grands formats), cartes de souhaits et commandes spéciales, fait des conférences, des cartes sur mesure et est devenu le CEO d’une compagnie de vin pour laquelle il a longtemps été le publicitaire. Je parle du cas LaFraise, qui en 2006, vendait pour 1 350 000 d’Euros de t-shirt en ligne pour l’année, à partir d’un blogue. Finalement je parle de mon propre cas et de comment j’ai développé une série de produits dérivés de mes contenus. Je le brasse et lui donne de nombreux autres exemples. La conversation se termine sur quelques blagues.
Le lendemain je reçois cet échange de courriel
Allo
Un correctif suite a l’info que tu m’as dit : 15$ / M :
la réalité c’est 4-6$/ M
(pour 1 million de pages vues : ca veut dire 50K$/an au lieu de 150K$)
Pas mal moins viable, me semble…
non?YZZ Media nous dit:
1- Si le client veut etre annoncé directement sur le site, : 15-22$ du CPM MOINS 40% de commission
(tres peu pour XXX )2- Si non, il ont des groupe moins cher.. mais l’annonceur ne peut pas cibler un pourcentage de sa campagne précisément sur le site qu’il veut… dans ce cas on parle de: 7-10$ le CPM
MOINS 40% de commission = 4-6$/ M
Je réponds
c’est si tu passe par eux au lieu de les vendre toi-même et c’est le prix par bandeau. S’il y en a trois dans ta page tu multiplie par trois
Il rétorque
Tu me disais que tete a Claque fait du cash .
REPONSE : FAUX !
1- On a pas le choix de passer par une régie pub , car PEU de monde veut uniquement notre site . DONC la vente en bouquet (package de plusieurs sites ) est un incontournable.
2- je viens de reparler a YYZ
J’avais mal saisie: Le CPM se vend 2- 6 $ brut en bouquet . DONC ca me donne une moyenne de 2,40$ /Mille
BREF:
3 pub / page , vendu en CPM et PPC, tu sais comment il donne? 2700$ pour 1 millions de pages vueTete a Claque a 3 Million de pages vue donc 85 000$ / an PAS PLUS !!
(On est loin du 300 000$ que je comptais hier !)A ca j’extrapole :
-Rajoute a ca la vente directe 50 000$ et qu’il paye un vendeur 50 000$ pour ca (car y en a pu qui veulent travailler en bas de ca ) donc j’ajoute : 0$-j’enleve les frais de productions : 50000$/an
GRAND PROFIT TOTAL ANNUEL : 35 000$
W O W !!
Je vois pas le Klendike…
Pour te donner mon mandat , j ai une question: sur quelle modele économique on doit se basé alors?
Je réponds
je doute de ces chiffres et en prenant les tiens, si tu ajoutes à la pub sur son site, celle de Youtube, contrat de pub US, France, ringtone, jeux interactifs, app iPhone et j’en passe, ça commence à faire du bidou. Mais tu es TELLEMENT convaincu qu’il n’y a rien à faire que ta conviction est sans doute la bonne. Oublie mes honoraires et bonne chance…
Il rétorque
Tu doutes des chiffres provenant d un vendeur qui par définition vend sa salade embellie?
Je t engage pour changer mes convictions. La 1er étape est de me donner des outils ( livres , cas à succès , références …) pour me bâtir une vision.
Les produits dérivés décrits ici :
Les stats demontre que 90% des apps iPhone sont pas rentable.
Ça oblige à investir sur 20 apps et avoir dépenser 100k $ pour avoir 1-2 qui lève. C est une business à haut risquePu prendre mes références pour faire mes revenus prévisionnels?
Je ne suis pas négatif. J ai cumulé des expériences non concluantes. Dirige moi.
Je réponds
une de mes chums a travaillé pour TAC au moment ou il faisait 2,5M par année (ça a duré 5 ans)
Il rétorque
Je veux un modèle possible
Pas un modèle d exception.C est comme mettre un livre en marché. La probabilité de faire un best seller est de 5%
Je réponds
Combien d’heures tu veux que je passe là-dessus?
Fin de la discussion
Morale de l’histoire
17 courriels avec le PDG, 4 avec l’employé et 3 twitts pour une heure de consultation qui ne sera jamais payé. Mon pif et mon expérience me disaient que ce client était une perte de temps et un vampire d’énergie. C’est un client qui veut avoir raison. Il ne veut pas entrevoir de solutions, de remettre en question son modèle d’affaires (qu’il avoue lui-même être en déroute) et s’interroger sérieusement sur différentes avenues de commercialisation de son actif intellectuel. Non, il veut le moins cher pour le maximum de résultat en s’efforçant de mettre en boîte plutôt que de tenter de comprendre et d’innover pour sa propre survie. Je n’ai certes pas toutes les réponses et on s’entend que pour une heure, il a eu matière à réflexion en maudit. Je ne parle pas ici d’une analyse d’impact, d’une analyse du modèle de revenu, d’analyse de marché, de focus group ou autres. Je parle strictement d’une heure de consultation bien remplie et de trop d’énergies pour gérer ce qui vient autour. Aucun consultant n’a toutes les réponses, mais un bon consultant a de bonnes questions, de bons exemples et avec bin du temps de consultation, pourra arriver avec des analyses chiffrés. Mais dans tous les cas, si le client lui-même ne semble plus croire en son produit et en ses potentialités, ce n’est certainement pas le consultant qui y croira à sa place. En outre, en 2007, strictement avec la pub sur son site français, Tête à claques faisait 200 000$ de profits par mois. Je répète aussi qu’en plus de ces PROFITS sur Wikipedia, on parle d’une émission de TV en anglais, d’un autre site bilingue, de DVD, de publicités, de jeux vidéos et j’en passe. Oui Têtes à claques est une exception de réussite de la web tv mondiale. Mais plusieurs autres créateurs ont aussi compris que de décliner son œuvre sur plusieurs plates-formes est une manière d’attirer de nouvelles sources de revenus, que ce soit dans divers champs d’activités. La dégringolade de ses revenus est certainement due à la débandade générale du monde de l’édition et des médias dont plusieurs se cherchent un modèle d’affaires. Mais la question qui tue et que je ne lui ai pas posée : Est-ce que vos contenus sont encore pertinents et avez-vous réellement jeté la serviette? Êtes-vous prêt à essayer quelque chose de différent de vos compétiteurs?
L’autre morale de cette histoire
Ces nombreux exemples en étant publiés ici, réveilleront peut-être d’autres entrepreneurs et leur fera réaliser que les concepts de versionning, de bundling et que les produits dérivés sont une source ADDITIONELLE de revenus et que ces concepts sont certainement à méditer…
« Mon pif et mon expérience me disaient que ce client était une perte de temps et un vampire d’énergie. C’est un client qui veut avoir raison. »
Tout à fait vrai, tu as bien fait d’abandonner le projet. Ça aurait été un gaspillage d’énergie. C’est toujours triste de voir des gens engagés des consultants pour essayer de se donner raison.
Bien d’accord avec votre verdict anti-encrassage… Il reste que les contenus générés gratuitement par les usagers et rentabilisés par les « majors » sont une tendance lourde. Ils tassent les contenus émis par des pros de moins en moins payés tout en fournissant un divertissement choisi par l’internaute, donc adapté d’emblée au nouveau modèle d’affaires. Votre presque client a donc un problème comparable à celui de l’auteur d’une série télé qui voit celle-ci évincée en faveur d’un « souper » de cuisiniers amateurs ou autre émission non-scriptée. Contrairement aux mets télévisuels, il faut que ses contenus soient bons! Mais vous avez raison : s’ils ne sont pas en ligne, personne ne les trouvera bons ou non…
Quand j’enseignais les services conseils à de futurs publicitaires, il m’arrivait de décrire une typologie des clients annonceurs. Le vôtre me fait penser au profil de type « censeur »… à fuir à tout prix,à moins d’être maso au point de vouloir une interminable séance de boxe intellectuelle…et de ne pas faire de « bidous », car ils sont souvent du genre à exiger d’interminables explications à chaque facturation…
Bravo Michelle
Ce prospect est un « brain picker » selon moi, tout ce qu’il voulait c’est de te soutirer de l’expertise pour ensuite esaayer de l’appliquer lui-même sans avoir à payer tes honoraires.
Il pense en « Xerox ». Il croit qu’il pourra appliquer lui-même la « recette » et qu’elle sera à la hauteur.
Malheureusement, il n’a semble t’il aucun talent. Ni en cuisine, ni en relations humaines.
Note, comme ça en passant, il ne mérite pas que tu laisses tomber ton heure d’honoraires. On accorde cette faveur aux bons clients seulement. Et puisqu’il n’en fait pas partie, je te suggère de le facturer. et s,Il ne paie pas, hop les petites créances. Il va payer.
Très intéressant. Ce genre de situation est également applicable à d’autres domaines. Par exemple les gens qui veulent de l’aide (couple,enfants, personnel) mais utilisent toute leur énergie à mettre K.O. les solutions proposées. Je leur dis souvent ceci: » Si vous voulez obtenir ce que vous n’avez jamais obtenu; il va falloir faire quelque chose que vous n’avez jamais fait. »
Vous avez eu affaires ou à faire avec un gestionnaire pas un visionnaire.L’avenir….avec le monde virtuel qui devient de plus en plus réel est au deuxième.
La nouvelle devise * Ne payez plus….n’apprenez plus ! * .
Denis
Je me bute aussi parfois à des clients qui veulent avancer mais qui ne pèsent pas sur la pédale! Dommage. Mais on ne peut pas vouloir plus qu’eux… 😉
J’espère que tu lui enverras tes honoraires, car moi je te les paierai…pour la même heure de consultation. Ca se ressemble dans tous les secteurs d’activités. J’ai des téléphones et des rencontres, les prospects me posent une foule de questions, veulent des noms de produits financiers, les statégies à mettre en place, des opînions sur leur situation financière, bref ils tentent de soutirer le plus de jus possible et hop, ils essaient de faire tout eux-même, s’approprient mes statégies et puis vont revoir leur conseiller à vue limitée, dans leur institution financière du coin pour dire quelles stratégies mettre en place avec tels produits. Tire un trait sur ce type… qu’il aille embêter une autre firme de web consulting