Pourquoi devrions-nous investir massivement dans les infrastructures numériques

 

Enfin, il est de plus en plus question des infrastructures numériques au Québec et au Canada. Il était temps. La ministre Anglade entamera une consultation populaire à ce sujet dans les prochains jours, tandis que la candidate à la chefferie du PQ, Martine Ouellet, si elle devenait première ministre, donnerait deux ans aux TELCO pour fournir 1GBPS aux Québécois, sans quoi elle nationaliserait leurs services.

 

Mais POURQUOI faut-il s’intéresser à cette question de large bande ?

 

Pour le commun des mortels, la consultation publique qui s’amorce au Québec n’est sans doute que de peu d’intérêt. Qu’est-ce que ça mange en hiver la large bande et quel impact ça peut bien avoir dans nos vies ?

 

La large bande est (pour faire simple) des liens internet très haute vitesse. Ça va potentiellement si rapidement que vous n’aurez pas besoin, à court terme, de toute cette puissance de vos branchements internet. Pour vous expliquer, le Canada se targe d’avoir de la haute vitesse à 5MBPS (pour méga bit par seconde) alors que la ministre Anglade propose de fournir 30 MBPS pour tous les foyers québécois et que la candidate à la chefferie du PQ réclame quant à elle 1000 MBPS qu’on traduit aussi par 1GBPS.

 

Le Québec peut faire quelque chose pour les infrastructures filaires, mais n’a que très peu de possibilités d’intervention pour les infrastructures mobiles, ce champ d’activité étant strictement sous contrôle du fédéral et du CRTC. Mais pour le filaire, il semble que l’on puisse agir (à ce que je sache). Aussi, les deux paliers de gouvernements se gargarisent depuis bientôt 10 ans du mot-valise « innovation ». Or, les innovations circulent sur des réseaux qui sont justement des infrastructures numériques. Les nôtres sont désuètes et nous coutent la peau des fesses (comme consommateurs).

 

Les bénéfices de la très large bande

 

La très large bande circule le plus efficacement sur la fibre optique. C’est ce que nous appelons « Fiber to the home » ou FTTH (la fibre jusqu’à la maison et c’est loin d’être la « Fibe » que Bell Canada a si judicieusement utilisé comme termes pour désigner l’un de ses services).

 

Parlant d’innovation, les récents déboires d’Uber au Québec, ne sont que l’un des nombreux changements qui nous attendent et qui sont issus de cette nouvelle révolution industrielle, qu’est l’économie numérique. L’un des pays les plus visionnaires à ce chapitre est la Norvège. Très tôt, dès 2004 en fait, ils ont identifié que la FTTH était la bouée de secours indispensable pour se positionner dans cette nouvelle économie et y ont investi massivement. D’ailleurs, l’internet le plus rapide de la planète se trouve dans un “shack” isolé de la mer du Nord, sur l’île de Bjørndalen, à plusieurs centaines de kilomètres de la Norvège.

L'internet le plus rapide du monde
(source: http://www.wsj.com/news/articles/SB10001424052702303325204579467542262163298)

Le tableau suivant, illustre de façon éloquente, plusieurs des bénéfices qui y sont associés. Pour ne prendre que quelques exemples, imaginez un réseau fibre optique à la grandeur du Québec si efficace, jumelée à des incitatifs fiscaux favorisant le travail à domicile, pourraient réduire très substantiellement le trafic, les congestions routières, l’énergie pour chauffer les grandes tours à bureau, le pied carré commercial nécessaire, la pollution, le besoin d’un nouveau train électrique à Montréal et favoriser la croissance des régions. Imaginez aussi que présentement vous pouvez faire votre bac en ligne à Virginia Tech. Il serait sans doute intéressant par exemple que l’UQAC se questionne à savoir comment elle va faire compétition avec ça dans les années à venir.

 

Bénéfice socio-économique de la FTTH
(Source: http://www.epliitto.fi/images/09_Tobias%20Ahl_FTTH%20Council.pdf)

 

On investit massivement dans de super hôpitaux alors que présentement, plusieurs radiologistes américains travaillent de chez eux, avec de la large bande. Il en sera ainsi de plusieurs spécialistes médicaux et les consultations médicales virtuelles iront en s’accélérant.

 

Nos campagnes se vident parce que les jeunes s’y sentent coupés du monde et qu’ils vont chercher du travail en ville. La très haute vitesse permet de garder et de créer des emplois en région et de dynamiser les économies à la grandeur du territoire. Un travailleur de l’économie numérique n’a pas besoin d’être en plein centre-ville. S’il a de la très haute vitesse, il peut très bien travailler de n’importe où sur la planète.

 

Au moment d’écrire ces lignes, nous n’avons certainement pas besoin d’avoir 1GBPS par résidence au Québec. Mais d’ici 5 ans, le temps de mettre sur pied un réseau digne de ce nom, ça pourrait changer drastiquement. Les emplois les plus payants de cette économie qui bouleverse déjà tout transiteront par ses réseaux. Il y a présentement une course à l’installation du FTTH et nous sommes en queue de peloton. Voilà quelques-unes des très nombreuses raisons pourquoi, ça devrait vous faire réagir, pour vous, mais aussi pour vos enfants et pour votre propre sécurité financière pour les années à venir.

 

Maintenant comment devrions-nous financer de telles infrastructures ? En nationalisant, en faisant des PPP, en subventionnant les TELCOs ou en favorisant la création de coops municipales ? Là est toute la question qui sera débattue dans les prochains mois. Je vous suggère donc fortement de vous impliquer dans ce débat parce qu’il fera la différence entre une position de superpuissance ou de tiers-monde numérique…

Question de vous prouver que je n’exagère pas lorsque je dis que nous sommes au tier-monde numérique et que contrairement à plusieurs informations dont celles de l’IEDM qui disait n’importe quoi dernièrement à propos de nos services de télécom (à moins que ce ne soit de l’infopub commandée par les TELCOs), voici un tableau de la pénétration de la FTTH dans le monde.(Tiré de Five common FTTH myths debunked) Et le Canada est à la troisième avant-dernière ligne 🙁

tableau de la pénétration de la FTTH dans le monde

 

 

En prime, cette succulente vidéo 🙂

La stratégie numérique du Québec, c’est sans doute pour avoir un meilleur Facebook

Vendredi dernier, la ministre Anglade accompagnée du premier ministre Couillard, ont déposé leur Plan d’Action en Économie Numérique du Québec(PDF). Tout le gratin technophile et économique y était. Mais monsieur/madame tout le monde, les médias et même les partis d’oppositions, ont l’air de s’en foutre éperdument. Ils ont tous deux exprimés des critiques disons, laconiques (ici et ici).

Le commun des mortels ne semble pas s’émouvoir de la gravité et de la précarité de notre position collective concurrentielle dans le marché maintenant mondial de l’économie et de ce changement de paradigme majeur qu’est l’économie numérique. Le plus ironique de la chose est que plus souvent qu’autrement, ce sont ceux qui ont peu à gagner de ces transformations, qui militent pour un réveil collectif. Les geeks font déjà de l’argent et ne risquent pas d’en faire moins avec ou sans l’appui de la population. Par contre, elle, cette population, pourrait se retrouver « gros Jean comme devant » si elle ne prend pas conscience des changements qui sont déjà là et qui continueront de s’accélérer.

Bien des agences de voyages ont fermé. Il y a dix ans, beaucoup de propriétaires d’agences de voyages paniquaient seuls devant leurs destins. Bien des chaines de commerce de détail ont fermé, pourtant seulement seulement 12 % des entreprises québécoises des secteurs de la fabrication, du commerce de gros, du commerce de détail ou des services
vendent leurs produits et services en ligne. Bien des usines de confection vestimentaire sont aussi disparues. Tous cela est maintenant fait en Asie. Les chauffeurs de taxi sont heureux de voir le gouvernement maté Uber mais ne s’inquiètent pas des voitures autonomes qui les feront définitivement disparaitre. Il y a deux ans, nous avions les états généraux de l’éducation supérieure et pas une fois le numérique ne fut mentionné. Nous avons bien un Plan numérique Culturel mais il ne servira qu’à rattraper l’indécent retard de cette industrie par rapport à la communauté internationale. L’Afrique se dote d’un Silicon Savannah alors que nous pourrions songer à un Silicone Boréal. Nous avons des services cellulaires et internet à des prix hors proportion pour des vitesses pitoyables mais on nous fait croire que c’est parce que le Canada est grand. On ne soulève pas les conflits d’intérêts des TELCOs qui sont câblo, diffuseurs de contenu, producteurs et régie publicitaire à la fois. On ne dit pas non plus qu’ils doivent installer trois fois des antennes cellulaires pour un même territoire strictement parce qu’ils utilisent des technologies non-compatibles. Notre dévoué CRTC juge que 5MBPS est une vitesse rapide pour tous les Canadiens. Pourtant, bien des pays du monde vise le 100MBPS ou même le 1000 MBPS.(PDF) C’est comme si lors de l’avènement de l’électricité, nous étions fiers de continuer de nous chauffer au bois et luttions pour sauver les vendeurs de glace et de charbon parce que le réfrigérateur et le calorifère électrique, bah, ce n’est pas très important. Ce qui importe, c’est de garder des jobs pour les semaines à venir et de toute façon, la technologie et la révolution industrielle, ils auront besoin de nos ressources naturelles, faut pas s’inquiéter. Nous pourrons encore draver pendant des années…

Voici d’ailleurs la critique que j’ai fait lors de l’émission 24 heures en 60 minutes, du Plan d’action de la stratégie numérique, tout de suite après l’entrevue de la ministre Anglade. Ironiquement, d’habitude c’est l’opposition officielle qui critique le dépôt d’un plan du gouvernement. Faut croire que les oppositions n’avaient rien à dire ou que les députés étaient déjà partis en long week-end. Je les remercie dont de m’avoir offert cette belle visibilité par leur absence 🙂

24/60 Politique numérique du gouvernement Couillard. Entrevue avec Michelle Blanc, à partir de 31:30

24-60-2

Élection provinciale 2014, contrairement aux sondages, le web et les médias sociaux donnent le PQ gagnant

J’écoute les sondages depuis le début de cette campagne électorale et je suis estomaquée de remarquer à quel point ils diffèrent de ce que j’observe sur le web. Je suis probablement dans le champ (sauf qu’historiquement le Web semblait plus fiable que les sondages lors de la dernière élection fédérale) et j’ai déjà dévoilé que j’ai voté pour le PQ. Prenez donc mes observations pour ce qu’elles sont, des observations. De toute manière, d’ici quelques jours, nous saurons si c’est moi et mes outils de monitorage internet qui semblent prédire et dire n’importe quoi ou si plutôt, ce sont les sondés ou les sondeurs qui fabulent…

Anyway (comme on dit à Montréal), Google Trends qu’on a affublé maintes fois de l’épithète «catalogue des intentions» donne la requête « Pauline Marois » très en avance sur celle du nom des autres chefs (2e diapo), tandis que la requête des initiales des partis nous présente une chaude lutte entre le PQ et la CAQ, tandis que le PLQ et QS sont complètement hors champ (3e diapo).

Où ça devient intéressant est ce qui apparait dans l’outil eListen d’Engagementlabs (qui est toujours en bêta et avec lequel on peut donner une fiabilité de 80% pour l’analyse de sentiments). Cette analyse a été faite du 28 mars au 4 avril 2014.

Tout d’abord, sur les médias sociaux (4e diapo) avec les requêtes « Je vote », « Je voterai » et autres déclinaisons du verbe voter, on remarque que c’est le PQ qui a le haut du pavé. Puis, lors de l’analyse des sentiments sur les thèmes de campagne (5e diapo), on observe plus de discussions neutres que de positive ou négative, mais aussi plus de discussions négatives que positives. D’ailleurs les sujets discutés (6e diapo) font beaucoup plus de place à la Charte et aux partis qu’aux enjeux fondamentaux qui devraient normalement être discutés lors d’une campagne. On observe aussi que le PQ est beaucoup plus discuté que le PLQ, ce qui concorde aussi avec les observations qu’on peut faire dans GoogleTrends.

On observe aussi (7e diapo) que Twitter demeure le canal de choix des discussions politiques sur les médias sociaux.

Mais la grande révélation de cette écoute sur les médias sociaux avec eListen, est que si on isole strictement les discussions jugées négatives, avec une recherche pour le nom des candidats, c’est Philippe Couillard qui vient très loin devant (8e et 9e diapo) . Disons que ça n’augure vraiment pas très bien pour les Libéraux lors de l’élection de lundi, ou que les péquistes, sont extrêmement plus présents ou virulents sur le Web, que tout autre « vendu » à un parti. Ce dont je doute fortement puisque malgré le peu de moyens de Québec Solidaire, ses bénévoles et militants, sont extrêmement actif et depuis bien plus longtemps que les péquistes (quoiqu’ils haïssent aussi Couillard).

Quoi qu’il en soit, que vous regardiez ça dans le sens que vous voudrez, ça ne va vraiment pas du tout dans le sens de ce que nous disent les sondages. J’ai donc très hâte à lundi soir pour évaluer la pertinence ou non du web, comme outil potentiel d’évaluation des intentions de vote.

En conclusion, voici mon résumé de la campagne électorale 2014. 🙂

 

MAJ

Aux fins de la discussion et pour laisser une trace d’archives avant le dévoilement des résultats de lundi, si on fait une projection des gens qui ont exprimé ‘’Je vote X ‘’ …. ‘’ Je voterai X ‘’ (4e diapo) …

Tableau des intentions de votes exprimées sur Twitter

Tableau des intentions de votes exprimées sur Twitter

#QC2014 Le poids des partis et des mots-clés sur les médias sociaux, le PQ en avance

Dans mon billet Les partis politiques et les chefs de partis sur le Web durant la campagne provinciale 2014, j’observais une très nette avance du PQ dans les recherches de Google avec GoogleTrends. Je concluais :

Réflexion prédictive
Les sondages donnent présentement le PLQ gagnant, mais si l’histoire se répète, le Web donne plutôt le PQ gagnant (ne disions-nous pas que Google est le catalogue des intentions). C’est d’ailleurs ce qui s’était passé avec le NPD lors de récentes élections fédérales…

Question de vérifier si c’est aussi le cas sur les médias sociaux, j’ai utilisé l’outil (encore en bêta) eListen d’engagmentLabs pour mesurer le poids des partis et de certains mots-clés de cette campagne électorale 2014 entre le 19 et le 26 mars 2014. Plusieurs observations m’étonnent.

Tout d’abord il apparait évident dans les tableaux deux et trois de la présentation suivante, que le feu de l’action conversationnelle électorale des médias sociaux se passe principalement sur Twitter.

Par ailleurs, si l’histoire récente de monitorage des médias sociaux est un bon indicateur de la tendance du vote le jour de l’élection (comme ça a été le cas pour la dernière élection fédérale avec GoogleTrends), on peut déjà donner le PQ gagnant, contrairement à ce que nous dit les sondages.

Dans les tableaux quatre, cinq et six suivant vous remarquerez que le PQ est deux fois plus discuté que le PLQ sur les médias sociaux. Vous remarquerez aussi que le mot-clic le plus utilisé de cette campagne est PKP et Péladeau qui à eux seul, récoltent 22% de toutes les mentions. C’est dire à quel point sa participation à cette élection a fait jaser et à quel point les enjeux comme la santé ou l’éducation sont absents.

Ça me fait dire sur mes propres médias sociaux

#Jeudiconfession suis TELLEMENT triste de cette campagne électorale vide d’idée et pleine de bouette focussée strictement sur les chefs

Les partis politiques et les chefs de partis sur le Web durant la campagne provinciale 2014

Comme c’est mon habitude, j’aime bien vérifier les métriques des sites et de la présence des partis et de leur chef sur le Web et les médias sociaux, durant les campagnes électorales. Comme les outils changent fréquemment et question de ne pas « accessoirement » favoriser les stratèges web de ceux-ci (quoi que comme pour les lignes ouvertes on s’entend qu’il y a bien des bénévoles et des militants qui en font beaucoup, voire trop), je change de moyens d’analyses.

Voici donc pour débuter les tendances de recherches pour les 30 derniers jours sur Google pour le nom des partis. On remarque que le Parti Libéral du Québec et Coalition Avenir Québec n’y sont absolument pas. C’est sans doute que les internautes cherchent plutôt par les initiales du parti.

Avec les requêtes par initiales du parti, la CAQ apparait, de même que le Parti Libéral du Québec et on observe que pour le mardi 18 mars, c’est la CAQ qui a momentanément le haut du pavé. Dans ce graphique on observe aussi que QS et PLQ jouissent de recherches très minimes.

Finalement pour la recherche avec les noms des chefs, c’est Françoise David qui disparait complètement du tableau. Par contre on observe aussi que Philippe Couillard est juste un peu plus recherché que François Legault, mais qu’ils sont tous les deux près de la moitié de madame Marois.

 

Pour ce qui est des sites Web, j’ai tenté l’exercice d’analyse avec Alexa, mais ils ont si peu de trafic qu’aucune données n’est disponible. Cependant, avec OpenSiteExplorer de Moz nous apprend que le site avec le plus d’autorité est le PQ, suivi de Québec Solidaire. On a aussi une idée du trafic comparatif grâce à SEMRush qui nous indique que le PQ a plus de deux fois le trafic de ses concurrents.

Finalement, sur Twitter, c’est peut-être le PQ qui a la portée, mais c’est définitivement Québec Solidaire qui a l’engagement des internautes. Tous les tableaux de Engagmenetlabs sont plus bas et je vous invite à faire vos propres conclusions des différentes métriques qui vous sont présentées ici.

Réflexion prédictive

Les sondages donnent présentement le PLQ gagnant, mais si l’histoire se répète, le Web donne plutôt le PQ gagnant (ne disions-nous pas que Google est le catalogue des intentions). C’est d’ailleurs ce qui s’était passé avec le NPD lors de récentes élections fédérales…