Surprise de lire une infopub infonuagique AWS chez Direction Informatique

Dans un média qui se veut sérieux comme Direction informatique, il est surprenant de lire une infopub pro Amazon Web Services, déguisée en article de fond. Surtout que cette semaine, c’est la commission parlementaire qui discute justement de la possibilité de migrer les données personnelles des entreprises et citoyens québécois, sur de telles plateformes.

Je parle de l’article Avons-nous raison d’être frileux envers le cloud? Cet article est rédigé par Mark Nunnikhoven, vice-président de la recherche sur le cloud chez Trend Micro qui dit-on, serait “héros de la communauté AWS”.

L’article débute par écarter les joueurs québécois d’infonuagique en prétendant qu’ils seraient trop petits pour soumissionner en infonuagique. Pourtant, je connais Sherweb et MicroLogic qui seraient tout à fait capables d’aider l’hébergement infonuagique québécois.

Par la suite, l’auteur y va de demi-vérité. Il affirme que :

Malgré ces avantages évidents, j’entends encore des organisations brandir la menace du CLOUD act, ou d’autres mesures législatives pour justifier qu’elles ne peuvent construire dans le nuage. Il est tout à fait normal d’être réfractaire au changement et de repousser les idées nouvelles, surtout celles qui remettent en question les croyances de longue date.
Heureusement, le Commissaire à la protection de la vie privée s’est exprimé sur le sujet en déclarant que cette crainte n’est pas fondée. Si vous stockez et traitez des données canadiennes à l’extérieur du pays, votre devoir est d’informer vos utilisateurs de cette pratique. Mais comme des régions canadiennes sont disponibles depuis 2016, déplacer ces données à l’extérieur du pays ne devrait même plus faire partie de vos pratiques.

Il oublie cependant d’ajouter qu’avec le Cloud Act, c’est au fournisseur américain de défendre l’accès des données en sol Canadien si une requête de sécurité des agences américaines demandaient l’accès aux données hébergée ici. Ainsi donc, le gouvernement du Québec devrait s’en remettre à la bonne volonté et à l’expertise d’une tierce partie, en l’occurrence, le fournisseur américain, pour protéger nos données. Si on se fit à l’historique de protection des données de ces entreprises, disons qu’il y a de quoi avoir le poil qui nous retrousse sur les bras.

Ensuite, l’auteur nous parle de cryptage comme solution à une « peur non-fondée ».

Peu importe la situation, le cryptage demeure votre meilleur allié. Si vous cryptez vos données, en transit et au repos, il est impossible d’y avoir accès sans la clé de déchiffrement. Aucun fournisseur infonuagique ne vous obligera à leur remettre votre clé de déchiffrement. Vous décidez qui y a accès, et qui contrôle ces accès.

Encore une fois, par méconnaissance ou carrément par propagande commerciale, il oublie ici de dire que les fameuses clés de cryptage, sont loin d’être hermétique au gouvernement américain. En fait, le cryptage étant considérée comme étant aussi sensible que « de l’armement », aucun cryptage n’existe sans que le gouvernement n’y ait de « back door ». C’est ce que l’on nomme la « guerre de la cryptographie » ou « crypto wars » en anglais. Ainsi, comme on le note dans Wikipédia :

En 2009, les exportations de cryptographie non militaire depuis les États-Unis sont régulées par le Bureau of Industry and Security du département du Commerce 9. Certaines restrictions demeurent, même pour les produits grand public, en particulier en ce qui concerne les prétendus État voyous et les organisations terroristes. Le matériel de chiffrement militarisé, l’électronique certifiée TEMPEST, les logiciels cryptographiques spécialisés, et même les services de conseil cryptographique sont toujours soumis à licence9 (p. 6–7). De plus, l’enregistrement auprès du BIS est exigée par l’exportation de « produits de chiffrement pour le marché public, les logiciels et les composantes dont le chiffrement dépasse 64 bits » 10. D’autres éléments demandent aussi un examen par le BIS, ou une information du BIS, avant l’export dans la plupart des pays9. Par exemple, le BIS doit être informé avant la mise à disposition du public de logiciels de cryptographie open source sur Internet, encore que l’examen ne soit pas exigé 11. Ainsi, les règles à l’export se sont assouplies depuis 1996, mais restent complexes9.
D’autres pays, en particulier les parties à l’arrangement de Wassenaar 12, ont des restrictions similaires 13.

Comme quoi c’est bien beau pousser pour sa business, mais il y a des limites à peindre la réalité en rose…

Vous pourriez relire la conclusion de mon billet Les médias découvrent que BlackBerry de RIM n’est pas impénétrable, Petit réveil matinal (wake-up call)

Il est donc d’un impératif de « sécurité nationale » que les systèmes de cryptages soient limpides aux autorités gouvernementales et donc, qu’elles y ai accès. Les gouvernements étrangers vont faire des pieds et des mains pour avoir accès à tous systèmes de cryptages qui sont utilisés sur leur territoire et dont ils n’ont pas les clés. Le montréalais Austin Hill, le fondateur du défunt Zero Knowledge System a déjà été traité d’ennemi d’état parce qu’il avait développé un système de cryptographie personnelle impénétrable par les services secrets. Officiellement, son entreprise s’est redéployée pour offrir des services de sécurités aux entreprises de télécommunications parce que les consommateurs n’étaient pas prêts à payer pour l’anonymat sur le Web

Others aren’t convinced. Austin Hill, one of the founders of Zero-Knowledge Systems and now CEO of Akoha.org, says most people remain unaware of what happens to their information online — and unwilling to make sacrifices to protect it.
“Ask people if they care about the environment they’ll say yes, but they’re not willing to give up their SUVs,” says Hill. “Ask if they care about privacy, they’ll say yes, absolutely, but I will not take down my MySpace page with my 400 friends on it because that’s how I socialize. They’re very unaware that these pages get indexed, archived, and become part of their public record.
“I hate to say this, because I am a big fan of privacy,” Hill adds. “But I think as a society we are redefining our understanding of what ‘privacy’ means, and unfortunately not for the better.”

Mais des rumeurs persistantes soutiennent qu’il a plutôt été forcé à ce redéploiement par diverses pressions de natures étatiques…

 

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Le DGEQ, la protection des données personnelles et les tactiques douteuses de Québec Solidaire

Cette semaine, dans l’article de La Presse, Les partis politiques mettent vos données personnelles à risque, selon le DGEQ, on pouvait lire :

Dans son rapport, rendu quelques mois plus tard, Me Reid évoque pour la première fois le risque que des pertes, des vols ou des accès non autorisés aux banques de données des partis exposent les données personnelles des millions de Québécois qui y sont fichés.

« Les partis politiques ne peuvent tenir pour acquis qu’ils sont à l’abri des cybermenaces contre le processus démocratique. Nous sommes préoccupés par cet enjeu et nous souhaitons agir d’une manière proactive afin de prévenir les conséquences sur la vie privée des électeurs. »

– Pierre Reid, directeur général des élections

Le DGEQ a certainement raison de s’inquiéter des risques d’intrusion et ou de vol des données personnelles des québécois que peuvent détenir les partis politiques. J’ajouterais à cette inquiétude, celle de l’obtention de la permission d’utilisation des données personnelles par les partis. Toutes les organisations se doivent d’obtenir, de documenter et de sécuriser de telles permissions sauf, les partis politiques. D’ailleurs, Vincent Marissal de Québec Solidaire souhaite un encadrement strict des partis politiques mais s’inquiète plutôt de pouvoir garder « la possibilité d’entrer en contact avec les gens ».

Le député de Québec solidaire Vincent Marissal a abondé dans le même sens. Il souhaite encadrer les partis « de la manière la plus solide possible ». Il a cependant souligné un autre passage du rapport du DGEQ, qui reconnaît leurs besoins particuliers.

« Il faut garder un équilibre pour assurer que nous soyons capables, comme parti politique, d’entrer en contact avec les gens, y compris pour faire de la sollicitation, y compris pour les inviter à des événements », a-t-il dit.

Je comprends monsieur Marissal de s’inquiéter de mettre en péril « le contact avec les gens de son parti ». Et pour cause, Québec Solidaire est champion du marketing électoral douteux. En effet, cette organisation politique, plutôt que de réellement proposer des législations et autres actions politiques qui ont réellement un impact sur la vie des citoyens durant les mandats de ses élus, privilégie les fameuses pétitions. Or, ces pétitions serviront d’outil de propagande électorale subséquente. Québec Solidaire profites de « trous dans la loi » sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques (LPRPDE) afin de spammer les électeurs en période électorale et ce, sans avoir eu la délicatesse d’obtenir leurs consentements préalables pour recevoir leurs publicité/propagande électorale car il s’avère que les associations et partis politiques sont exempts de la loi. Est-ce illégal ? Non ce n’est l’est pas. Est-ce éthique ? J’ai de gros doutes là-dessus.

Comme vous pouvez le voir dans cet exemple récent de PÉTITION POUR UNE ASSURANCE DENTAIRE PUBLIQUE, on demande aux gens leurs nom, prénom, courriel, téléphone, code postal et signature. On omet volontairement par contre de leur demander la permission d’utiliser ces données. Ça deviendra très utile en période électoral pour spammer les électeurs.

Étonnamment, lors de la dernière campagne électorale, plusieurs personnes de Mercier m’ont averti avoir reçu des messages SMS de Québec Solidaire durant les élections, sans pour autant avoir jamais signé l’une de leurs très nombreuses pétitions. Il faut savoir que de moins en moins de gens ont un téléphone filaire et qu’ils sont plutôt des usagers de mobiles. Or, pour avoir ces numéros de téléphones, il faut soit faire une pétition, soit acheter des listes de numéros de cellulaires par code postale. Or ces listes sont interdites au Canada, mais peuvent aisément être acheté aux États-Unis. Il est donc aisé de soupçonner que c’est ce qu’a fait Québec Solidaire pour être capable de rejoindre des électeurs qui n’ont jamais signé leurs pétitions. J’ai donc fait une autre plainte officielle au DGEQ. La réponse des porte-paroles de l’organisme est sans équivoque. Nous ne pouvons rien faire pour ce cas précis, allez voir ailleurs… Voici la réponse officielle du DGEQ.

Il est aussi bon de rappeler que Québec Solidaire a aussi profité des listes de données personnelles d’Option nationale (encore une fois sans l’autorisation des gens qui avaient fournis leurs informations à option nationale) de même que les listes de l’initiative Faut qu’on se parle.

Comme quoi, la réflexion du DGEQ sur les données personnelles que détiennent les partis politiques devrait sans doute inclure aussi une réflexion sur la nécessaire obtention de permission par les électeurs, d’utiliser ces mêmes données …

Djihadisme et médias sociaux

Depuis maintenant quelques années, la promotion du djihad, le recrutement de combattants et les efforts de propagandes et de relations publiques des extrémistes musulmans se sont transportés au grand jour, sur le Web et plus spécifiquement sur les médias sociaux. J’avais déjà expliqué comment il était facile pour des terroristes de communiquer secrètement entre eux à l’aide de comptes de messageries gratuites. Pour vous rafraichir la mémoire, il s’agit pour un terroriste d’ouvrir un compte, disons Hotmail, d’écrire un message sans l’envoyer et d’en donner l’accès à un autre terroriste qui lira ce message avant de le détruire. Ce qui fait que jamais, ce message ne transitera sur les réseaux afin d’être intercepté par les services de renseignements.

Dans les récentes années, à l’époque du moins performant Al Quaïda, les forums de discussions étaient les lieux de prédilection des échanges et du recrutement terroriste. Mais comme nous pouvons le constater à la lecture du The State of Global Jihad Online(PDF), (que lisent aussi sans doute les djihadistes) la majorité des forums sont maintenant fermés ou sous le contrôle et sous observation des services de renseignements, donc les initiatives de djihadismes en lignes se sont adaptées et déplacés sur d’autres plates-formes plus difficiles à suivre et à contrôler et ces plates-formes sont maintenant les médias sociaux.

1. Use the forums and social media platforms only for intelligence. If counterterrorism analysts use the forums exclusively for intelligence-gathering, individual online jihadi grass-roots activists will, on their own, become burned out and quit the movement in disillusionment over its failures in battle and because of fighting among activists online. There is also more benefit in keeping such forums up, since analysts will then not be in the dark about who’s who and what these individuals are up to.
2. Show the jihadis that it is the intelligence community that really keeps their sites up. Every once in a while, conducting cyber-attacks to keep the forums down for a week or two would show the sites’ administrators and participants that the intelligence community is really controlling their enterprise. This might jostle individuals into being more wary about their online footprint. It also could deter individuals from joining the movement or convince them that being involved is no longer worth the risks.

One drawback to this strategy may be that driving individuals into more diffuse networks would also complicate intelligence-gathering going forward. This could lead them to search for other venues to propagate their ideology, specifically to social media platforms such as Facebook and Twitter. They would no longer be in one spot to follow.

Par ailleurs, nous avons tous en mémoire l’image de l’infâme ennemi public numéro un, Oussama ben Laden, parlant caché, d’une grotte des montagnes d’Afghanistan. Les mouvements Daesh ou Boko Haram ont maintenant largement dépassé cette phobie d’être localisé et n’hésitent maintenant plus à se mettre en scène, en plein jour, dans des actes qu’ils jugent héroïques (et nous d’une barbarie sans nom), en décapitant, immolant, lapidant, tirant à bout portant, en jetant en bas d’un gratte-ciel ou en kidnappant des centaines de fillettes pour les vendre ensuite dans des marchés publics aux esclaves. Chacune de ces images est par la suite partagée et repartagée ad nauseam, sur les médias sociaux et repris en partie par nos médias traditionnels. L’horreur devenant ainsi d’un quotidien abrutissant.

Mais comment se fait maintenant le jihad 2.0? Il se fait sur YouTube, Facebook, Twitter, Soundcloud, Instagram et toute la panoplie des médias sociaux existants. Ils créent des centaines de comptes et pour chaque compte qui se fait fermer, des centaines d’autres ouvriront le lendemain en exportant et en informant les « followers » qui les suivent, de la ou des nouvelles adresses. J’ai même personnellement reçu dernièrement un message personnalisé d’un émissaire, soi-disant porteur d’un message d’ouverture de l’Ayatolla d’Iran, en français, sur mon compte Google +. Ce compte n’avait aucun Follower et il spammait à qui mieux mieux la même propagande pro-Islam et antidémocratie à tous les comptes possible.

Les tactiques djihadistes de séduction des jeunes « occidentaux » présentent des combattants d’Allah, avec des photos de chats, discutant de la vie de tous les jours en Syrie, entremêlée de versets du Coran, puis pimenter de scènes d’une violence inouïe. En fait, on tente d’humaniser ces combattants « qui vivent à l’extrême ce qu’ils ne pourraient vivre dans un jeu vidéo tel que Ghost Recon ou Call of Duty ». Comme on peut le lire aussi dans l’excellent document de recherche Tweeting the Jihad: Social Media Networks of Western Foreign Fighters in Syria and Iraq, de la revue Studies in Conflict & Terrorism (PDF)

The purpose of the seemingly innocuous tweeting of cat pictures and hanging around with friends, blended with staggering depictions of brutality, is to drill home one message: You belong with us because jihad is an individual obligation for every Muslim. The content conveys that fighting—and dying—will give your life meaning, and is just plain fun and similarly exciting, but “better,” than playing video games like “Call of Duty” on the couch at home. The secondary messages piggy-backing on the Twitter streams range from the dehumanization of other Muslims (Shi’a in particular) and the bravery of the righteous fighters.

La difficulté avec la majorité de ces contenues est qu’ils ne sont malheureusement pas criminels, comme le mentionne FT.com :

“The challenge is that all these sites are so different,” Brokenshire says. A site hosting video material and a social media instant messaging platform, for example, present fundamentally different issues. Second, while some content is clearly illegal, much of it is not. Quotations from the Qu’ran cut with opinions on the immorality of British life and the ideals of martyrdom, or links to articles on atrocities in Syria, is the currency of the jihadi narrative, but does not add up to a jailable offence.

Le problème des entreprises de médias sociaux est que pour la majorité d’entre eux (sauf pour les contenus concernant la pédopornographie pour lesquels ils ont mis des ressources exceptionnelles), ils n’ont pas de processus formels et/ou automatisés d’identification des contenus douteux. Pour la plupart, ils demandent aux usagers de leur signaler les contenus qu’ils jugent indésirables. Et même ce mécanisme rudimentaire a de nombreux ratés, comme pour Facebook qui censure allègrement les images de maman allaitant leurs petits, mais qui juge convenable des vidéos de décapitation. Chez Counterjihadreport.com :

For corporations that are being used in the proxy online war it will require a shift in how they do business. For Google, Youtube, Facebook and Twitter they simply cannot afford to have their brands associated with the extremist messages that ISIS, Jabhat al Nusra (JN) and Al Qaeda (AQ) foster. They will need to increase their ability to deal with extremist content in a much more effective method. The notion that “we rely on our users to notify us of inappropriate content” is not going to cut it moving forward. Extremist groups are deploying content to social media at a faster and faster pace, one only needs to look at the number of ISIS videos currently on YouTube, Facebook and Twitter to see that. For the vast amounts of money that each company takes in in any given year they will need to consider hiring extremism experts to proactively monitor content. ISIS, AQ and JN actively use branding in their online videos and pictures, and these companies will need to use those branding symbols to more readily identify terrorist content as they have done with child pornography and copy right infringement. From an ethical and social/corporate responsibility perspective these companies will need to do better.

Les djihadistes font du recrutement sur le Web, mais il existe aussi bien des jeunes « en mal d’aventures extrêmes » qui eux-mêmes tenteront de s’informer sur la manière de devenir un extremiste. Ils n’auront pas besoin de chercher longtemps. Comme l’avait démontré Gurvan Kristanadjaja dans son article de Rue89, Comment Facebook m’a mis sur la voie du Jihad, les algorithmes du géant des médias sociaux, faciliteront grandement la dissémination des informations permettant à un quidam, d’entrer en contact avec des recruteurs djihadistes.

À ce stade, un constat s’impose : en deux jours, Facebook s’est transformé, pour mon profil tout au moins, en un réseau social pro-djihadiste. Moi qui me demandais si j’allais parvenir à contacter des soldats en Syrie, il semblerait que je n’ai rien à faire : j’ai l’impression que Facebook les a trouvés pour moi.

(…) La plateforme de Mark Zuckerberg n’a aucun outil qui lui permette de distinguer avec certitude les personnes qui appellent au djihad de celles qui affichent simplement un soutien à l’Etat islamique autoproclamé. Et Facebook se retrouve dans une situation complexe et paradoxale : ce qui fait sa réussite – à savoir le fait de créer et d’entretenir des communauté d’intérêts –, est aussi ce qui en fait le meilleur outil de la propagande djihadiste. Le réseau est pris au piège de son algorithme. Au risque d’exercer une censure trop importante, peu constructive et injuste, sa marge de manœuvre est faible.

Mais que peuvent faire les gouvernements pour changer les choses et faire bouger Facebook et les autres entreprises de médias sociaux? Vraiment pas grand-chose comme le révèle Le Figaro dans l’article La guerre contre les djihadistes se fait aussi sur les réseaux sociaux.

Comme le rappelle Erin Marie Saltman, chercheuse senior à la fondation Quilliam, un think tank britannique qui lutte contre l’extrémisme, «les compagnies en question ne sont pas obligées de répondre favorablement aux demandes des gouvernements. La plupart sont basées aux Etats-Unis et donc protégées par le sacrosaint 1er amendement de la Constitution américaine sur la liberté d’expression. Elles ont toutefois tout intérêt à ne pas être submergées de contenus extrémistes.» Le directeur général de Facebook France, Laurent Solly, assure jouer la transparence: «Notre équipe chargée des affaires publiques est en contact avec les autorités françaises de façon naturelle et permanente. Depuis un an, nous publions semestriellement un rapport sur les demandes d’informations émanant des autorités. Si elles sont fondées au regard de la loi, nous y répondons.» Mais à en croire les déclarations du directeur du service britannique de surveillance électronique GCHQ (équivalent de la NSA américaine) Robert Hannigan, qui appelait en novembre les réseaux sociaux à coopérer davantage avec les services secrets, les relations entre les deux sont encore loin d’être fluides.

Les solutions possibles de ce problème planétaire sont bien résumées dans l’article Les apôtres du djihad 3.0 de L’actualité.

ll faut probablement une interaction accrue entre les jeunes et leur collectivité. Au lieu de chercher à modifier le message répandu dans les réseaux sociaux, nous devrions trouver des façons de changer la réalité. Peut-être les États devraient-ils investir davantage dans les programmes sociaux, favoriser l’emploi et l’accès à l’éducation, s’attaquer aux problèmes de santé mentale et de pauvreté. Malheureusement, nous, les Occidentaux, sommes très mauvais en ce domaine. À l’évidence, nous ne trouverons pas facilement de façons de réduire la portée du message djihadiste.

La GRC encourage les citoyens à demeurer vigilants et à signaler toute information sur le terrorisme ou des activités suspectes au Réseau info-sécurité nationale, au 1-800-420-5805, ou à leur corps policier local.

MAJ

Voici le commentaire pertinent de Eric Leray à la suite de ce billet.

Chère Michelle, très bon article que j’ai diffusé largement mais comme j’ai fais mon mémoire de maitrise sur l’immigration musulmane en amérique du nord francophone à l’UQÀM en essayant d’analyser comment l’utilisation des médias peu les aider ou non dans leur processus d’intégration j’aimerais ajouter une réflexion à la tienne par rapport à ta conclusion. Tu semble oublier et les spécialistes que tu cite semblent oublier la dimension idéologique de cet engagement qui n’a donc rien a voir avec la situation de pauvreté ou la situation économique ou culturel. D’autre part on a vu apparaître des natifs de seconde génération ou des convertis s’engager sur cette voie et commettre des attentats terribles tout aussi barbares alors qu’ils ont vécu dans un environnement occidental toute leur vie. L’idéologie islamique, héritière du communisme et du nazisme qui a influencé l’islam à partir de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle notamment à la chute de l’empire ottoman, génère un engagement total qui a la différence des « ss » et des « camarades » véhicule un projet de Dieu, un projet religieux, qui est et qui a un potentiel encore plus destructeur que ces deux idéologies du XXe siècle.

Je dois m’autocensurer encore davantage

Il y a quelques semaines, je prenais un drink avec l’un de mes bons clients. Ce drink n’était pas une rencontre d’affaires. C’était une plutôt une rencontre sociale entre deux personnes qui sont devenues au fil des rencontres, des amis. Mais inévitablement, nous parlions informellement de nos business respectives. Il me parlait de ses projets, de ses enjeux, de ses succès et de ses déboires. J’en faisais de même.

 

Je lui confiais l’un de mes gros défis est de faire comprendre à de futurs clients que je suis disponible, prête à travailler avec de très petites boîtes et de déconstruire un peu l’image de « papesse du web » qui effraie encore malheureusement trop de gens. En effet, lui-même, si ce n’était de sa conjointe et partenaire qui a un front de bœuf, n’aurait jamais osé requérir mes services. Trop de gens me croient inaccessible. Ils se disent que je ne voudrais pas travailler avec leur boîte qui est sans doute trop petite, que je suis certainement trop occupée ou qu’ils n’ont pas les moyens de se payer mes services. J’ai même déjà écrit quelque billets pour contrer ces perceptions négatives comme LA différence entre très et trop occupé, À propos des médias sociaux et des petits ou encore Gourou, papesse ou reine des médias sociaux, inaccessibilité et narcissisme. Je me dois donc à des fins d’affaires, de minimiser ces perceptions (qui deviennent malencontreusement négative) et nuisent à mes affaires.

 

Il me raconta donc son expérience personnelle. Il a grandi au Canada, mais il est issu d’une famille de la petite bourgeoisie française. Il allait à l’école en Bentley avec le chauffeur privé de la famille. Sur le terrain familial, il n’y avait pas un, mais bien deux châteaux. Pas besoin de vous faire un long dessin pour que vous compreniez que très tôt, il a appris à se fermer la gueule et à ne jamais parler de l’aisance de son milieu. Ses camarades de classe le détestaient parce qu’il « parlait à la française », qu’il était brillant et surtout, parce qu’il venait d’une famille riche. Il apprit donc à cacher ces réalités pour ne pas inciter la jalousie et être victime de perceptions négatives. Puis il me parla de mes divers statuts à propos de mon chalet, de mon Alfa Roméo ou plus récemment encore, de l’acquisition de mon ponton ou de mon VTT. Ces partages médias sociaux peuvent soulever la jalousie et projeter une image de matérialisme. Pourtant personne n’a jamais vu de photo de mon chalet. C’est peut-être un shack dans l’bois. N’empêche que l’image de réussite associée à du matériel (soit-il invisible) peut faire tiquer certaines gens. Ça a beau être des réalisations de rêves d’enfant et un partage de bonheur, pour certaines personnes ce n’est que de la vantardise matérialiste. À quelqu’un qui me disait sur Facebook «  ouin du fais du cash » je répondis «  je suis sur le marché du travail depuis plus de 35 ans et j’ai un bon crédit ». Comme on dit en anglais « perception is reality ». Je risque donc d’être beaucoup moins volubile sur certains de mes plaisirs et réalisations de rêves d’enfance à l’avenir…

 

P.-S. Je suis aussi consciente que l’un des ingrédients de mon succès sur les médias sociaux est d’avoir une « voix authentique et singulière ». Je continuerai donc de m’exprimer sur un tas de trucs, même si ce n’est pas politically correct ou si ce n’est pas nécessairement « à la mode ». Par exemple mes statuts et billets à-propos de la cigarette. Je vais me censurer, mais je vais aussi continuer d’être moi-même et de partager les contenus que j’estime importants. D’ailleurs, j’aimais bien l’article À bas le terrorisme antifumeurs ! de la revue Marianne ou encore ce courriel reçu ce week-end (avec permission de publier en respectant l’anonymat de l’expéditeur).

 

Bonjour Michelle,

J’ai lu toute la merde, des non-fumeurs, qui se trouve sur ton compte de twiitter et je dois t’avouer que j’te trouve assez brave pour une petite femme!

Écoute, une des raisons pour leurs ignorance est possiblement due au fait suivant. (Re: “mass movement”) » Here, as elsewhere, the technique of mass movement aims to infect people with a malady and then offer the movement as a cure.” ~ Eric Hoffer

Plusieurs croit que c’est la propagande qui les ont rendue ainsi, malheureusement ce que les gens ne conçoivent pas c’est que “Propaganda does not deceive people; it merely helps them to deceive themselves.” ~ Eric Hoffer

Jaime bien un petit scotch, on the rocks, a l’occasion, avec un petit cigare ou deux!

Dit moi, comment va la pèche?

Bonne fin de semaine,

 

Les noirs doivent avoir des toilettes séparées des blancs!

Les noirs doivent-ils avoir des toilettes séparés des blancs? Il n’y a pas si longtemps les noirs avaient des toilettes séparées des blancs et ça avait toujours été comme ça. Un jour, quelqu’un demanda à ce que les noirs aient des droits égaux à ceux des blancs. Il y eut quelqu’un pour se lever debout et se demander avec raison ce qui se passerait alors avec les noirs qui viendraient aux toilettes des blancs? Il est très possible que les noirs soient violents, on a déjà même eu des chaînes pour les contrôler. Vous savez, si on défaisait leurs chaînes, il est très possible qu’ils aillent jusqu’à tuer leurs maîtres. Ça s’est déjà vu, vous savez. Il existe très certainement des noirs meurtriers. Les noirs sont des meurtriers…

Est-ce de la propagande haineuse? Est-ce raciste? Ces questions sont-elles légitimes?

Remplacez maintenant noir par transgenre, gardez les toilettes et remplacez meurtrier par pédophile. Vous avez tout à fait là le discours de Rob Anders à la Chambre des communes du Canada, en 2012 à propos de cette loi C279 qui vise à reconnaître l’identité et l’expression de genre en modifiant la Loi canadienne sur les droits de la personne et le Code criminel.

Cependant ici au Canada, si vous jugez que le discours du premier paragraphe est raciste et est de la propagande haineuse, vous pouvez poursuivre en vertu de la charte des droits et libertés du Canada. Si par contre vous jugez aussi que monsieur Anders a un discours qui est transphobe et fait de la propagande haineuse, vous ne pourrez le poursuivre en vertu de la Charte des droits et libertés puisque les transgenres n’existent pas légalement. Ils n’ont aucun droit…

Michelle Blanc à CTV News à propos de Rob Anders et de son opposition à Bill C279

Michelle Blanc à CTV News à propos de Rob Anders et de son opposition à Bill C279

Note: Le premier paragraphe n’est mis qu’à titre argumentatif. Je ne le crois vraiment pas. Je crois même exactement le contraire de ça. Tout comme pour les transgenres d’ailleurs.

Ce soir je vais me coucher triste… Ça arrive. C’est encore difficile d’être différente et de lire et d’entendre que c’est normal d’être la cible de tels préjugés.

MAJ

Que l’honorable conservateur de l’extrême droite religieuse soit contre ce projet de loi, c’est acceptable. Mais les raisons pour lesquelles il condamne cette loi sont exécrables, insultantes et calomnieuses pour les personnes qui sont encore exclues de la protection juridique que tous Canadiens ont à leur disposition en plus de répandre la hargne et la haine envers cette communauté. Sur son site, il prétend que cette loi vise à encourager des hommes transsexuels à agresser des petites filles dans les toilettes. Il a même déposé une pétition à la Chambre des communes avec contre le projet de loi C279 qu’il qualifie de l’épithète de Bathroom Bill

Petition to the House of Commons We, the undersigned, citizens of Canada, draw the attention of the House of Commons to the following: That Bill C-279, also known as the “Bathroom Bill”, is a Private Members Bill sponsored by B.C. NDP MP Randall Garrison and its goal is to give transgendered men access to women’s public washroom facilities. And that it is the duty of the House of Commons to protect and safeguard our children from any exposure and harm that will come from giving a man access to women’s public washroom facilities. Therefore your petitioners call upon the House of Commons to vote Nay on the “Bathroom Bill”.

Le clou final aux paranos des enjeux de relations publiques sur les médias sociaux

La semaine dernière, en jasant avec des collègues « consultants médias sociaux » en France, la critique facile des délicats enjeux de relations publiques sur les médias sociaux dans un contexte réglementaire refit surface. C’est le genre d’argument qu’on me présente sporadiquement et pour lequel « mes collègues » juste un peu moins expérimentés restent souvent bouche bée. C’est d’ailleurs aussi l’argument « marteau » dont aiment se servir les tenants du statu quo.

On ne peut être sur les médias sociaux parce que « patati et patata » !

Remplacer ici « patati et patata » par
-nous sommes dans une industrie très réglementée,
-nous sommes dans un environnement gouvernemental légiféré,
-nous avons des secrets industriels, de production, d’affaires très importants,
-on ne peut faire confiance à nos employés
-nos compétiteurs nous surveillent
-1001 autres excuses prouvant hors de tous doutes qu’on ne peut et ne devrait rien faire sur les médias sociaux.

C’est alors que je raconte mon petit laïus aux potes Français qui n’en revenait tout simplement pas à tel point qu’ils me demandent de l’emprunter à leur tour pour clouer le bec à leurs propres emmerdeurs anti médias sociaux.

Tout d’abord je leur dis qu’il est parfois important de faire dire ces choses par un consultant externe puisque souvent les patrons préfèrent se faire clouer le bec par quelqu’un de l’externe que par quelqu’un de l’interne (notez ici que je prêche pour ma paroisse et que si toutefois vous utilisez ma phrase-choc et qu’elle fonctionne, il ne vous est pas interdit de m’envoyer un chèque de remerciement hehehe).

Ma réponse béton

Imaginez une organisation qui fonctionne dans un contexte réglementaire et dont certains règlements peuvent même inclure « la peine de mort ». Cette organisation met aussi le feu par accident à des hôpitaux bondés de gens qui y meurent dans d’atroces souffrances. Cette organisation fait aussi exploser par mégarde des écoles avec des centaines d’enfants. La tête des membres de cette organisation est mise à prix, elle est détestée à la grandeur de la planète et elle blesse, tue et handicape souvent ses propres partenaires. Croyez-vous que vos enjeux de relations publiques ou que votre contexte réglementaire peuvent être pire que ça ?

La réponse est de toute évidence non.

Alors (comme j’en ai déjà parlé ici) sachez que cette organisation est la US Air Force et que ses membres, je dis bien tous ses membres allant du simple soldat au général, ont été formé et habilité à prendre tous part et être actifs sur les médias sociaux.

Oui il y aura toujours des contextes réglementaires et des choses dont on ne peut parler. D’ailleurs, à ce propos, un excellent document du CEFRIO rédigé par le sympathique prof de droit Pierre Trudel Gérer les enjeux et risques juridiques du Web 2.0. (PDF) vient d’être mis en ligne. Il faut donc être toujours conscient des limites de ce qu’on peut ou ne peut pas dire en ligne. Mais il ne faut surtout pas se servir des enjeux et des risques comme d’un bouclier pour le statu quo. Il y a toujours des choses qui se doivent de ne pas être partagé, mais il y en a souvent beaucoup plus qui peuvent l’être. D’ailleurs ce document se découpe judicieusement via cette démarche

Situer les responsabilités : Identifier qui fait quoi et qui répond de ce qui se passe lors d’une activité se déroulant sur internet.

Identifier les risques : pour cela, il faut partir des activités se déroulant sur internet sous les auspices de l’organisme ou de l’organisation.

Évaluer les risques : Une telle évaluation tiens compte aussi bien des caractéristiques de l’activité que du fonctionnement ou de la configuration des outils internet utilisés

Identifier et mettre en place les mesures et politiques qui permettent une prise en charge appropriée des risques

Comme l’a observé la US Air Force, le réel risque des médias sociaux est de ne pas y être et de laisser toute la place à la propagande adverse ☺

US Air Force, Vos enjeux de relations publiques 2.0 peuvent difficilement être pires que les leurs

Imaginez le bombardement d’une école ou d’un hôpital accidentellement. Imaginez la mort d’alliés sous les balles amis de la US Air Force. Imaginez la propagande continuelle d’organisations terroristes et de pays ennemis. Imaginez aussi les pressions continuelles de groupes pacifistes, de gauchistes, de mères éplorées antiguerres et de groupes et groupuscules politiques adverses à vos actions. On peut difficilement trouver pire scénario de relations publiques tumultueuses à gérer. Vos crises de relations publiques corporatives à côté de ça peuvent sembler bien insignifiantes. Elles peuvent toutefois, dans certains cas, être vraiment dramatiques et mettre votre entreprise en péril. On se souviendra par exemple de la crise de la listériose chez Maple Leaf Foods que j’avais documentée dans mon billet Maple Leaf Foods et la listeria, ce que j’aurais fait de plus. J’y notais qu’ils avaient réagi exactement comme l’approche de gestion de crise traditionnelle en relation publique le suggérait. Mais les temps ont changé et l’ère du web ne laisse plus de place à ce genre de réaction qui jadis était gagnante. Je faisais remarquer que :

(…) lorsque les gens cherchent listeria dans Google, Maple Leaf n’y est pas. Si on cherche Mapel Leaf, ce sont les actualités qui nous sont présentées en premier, sans qu’il soit possible de voir les nouvelles venant de Maple Leaf. Qui plus est, les mots clés Listeria et Maple Leaf ont été achetés « Merchant Law Group LLP » qui sollicite des signatures pour faire un recours collectif contre la compagnie. Maple Leaf elle-même n’est pas présente. Étant à l’ère du web, les méthodes de gestion de crises traditionnelles, auraient avantage à être mise à jour et à positionner convenablement le message de l’entreprise dans Google et dans les autres outils de recherches Web.

Dans mon billet La US Air Force fournit des outils pour les blogueurs d’affaires, je partageais l’excellent tableau du flux des réponses à offrir lors d’un commentaire sur un blogue d’affaires et je soulignais que :

Il n’est pas nouveau que les forces armées sont souvent prises comme modèle des méthodes de gestion d’entreprise.

Flux des réponses à offrir lors dun commentaire sur un blogue daffaires

Flux des réponses à offrir lors d'un commentaire sur un blogue d'affaires

Je vous rappelle donc que comme l’indique le graphique suivant, la US Air Force a pris conscience que l’opinion publique se forge à l’intersection des médias de masse et des médias personnels que sont les médias sociaux et que c’est le terreau de prédilection pour la propagande ennemie.

La US Air Force se doit donc de ne pas se mettre la tête dans le sable et de réagir aux attaques de relations publiques, là où les enjeux et messages potentiellement contraires se trouvent, c’est-à-dire sur les médias sociaux. Ils ont donc décidé d’outiller les membres de l’aviation américaine avec une politique communicationnelle médias sociaux clairs, ils ont formé leur personnel à ces fins et pris littéralement d’assaut les médias sociaux que sont Facebook, YouTube, Twitter, Flickr et les blogues avec une multitude de présences Web qui sont recensés sur le site http://www.af.mil/socialmedia.asp . Ils ont aussi exprimé la politique média social avec ces points :

  • No Classified Info
  • Replace Error With Fact ,Not Argument
  • Admit Mistakes
  • Use Your Best Judgment
  • Avoid The Offensive
  • Avoid Copyright
  • Trademarks – Don’t Breach
  • Don’t Violate Privacy
  • Avoid Endorsements
  • No Impersonations
  • Use Disclaimers
  • Stay In Your Lane
  • Link

Que l’on retrouve dans l’excellent document Social media and the Air Force (PDF). Avec vos gros enjeux de relations publiques beaucoup moins graves que ceux d’une organisation comme la US Air Force, vous vous attendez quoi pour être aussi des médias sociaux?

MAJ

En conclusion, le 10e point de leur chapitre TOP 10 TIPS FOR SOCIAL MEDIA :

THE ENEMY IS ENGAGED

The enemy is engaged in this battlespace and you must engage there as well.

MAJ 2

N’imaginez pas que les autres divisions militaires américaines soient en reste. Vous pouvez visiter les diverses présences médias sociaux de :

US Department of Defense http://www.defense.gov/registeredsites/socialmediasites.aspx

l’Armée américaine http://www.army.mil/Media/socialmedia/

Les Marines http://www.usmc.mil/usmc/Pages/SocialMedia.aspx

La Navy http://www.navy.mil/media/smd.asp

Homeland Security http://www.dhs.gov/xabout/gc_1238684422624.shtm

US Coast Guard http://coastguard.dodlive.mil/index.php/2009/07/official-coast-guard-social-media/

National Guard http://www.arng.army.mil/News/Lists/National%20Guard%20Social%20Media/AllItems.aspx

FBI http://www.fbi.gov/news/stories/2009/may/socialmedia_051509

Microblogage haineux

Il y a quelque temps je publiais le billet De la propagande en ligne en temps de guerre. Or j’aimerais aujourd’hui attirer votre attention sur un nouveau phénomène de propagande haineuse dont j’ai été l’une des nombreuses victimes et qui fait apparaître que le Web regorge du meilleur et du pire à la fois. Il s’agit de ce qu’on pourrait appeler le micro-blogage haineux et pour vous rendre compte de quoi il s’agit, visitez les twits d’un de ces conards anonymes ecnyc7. Le modus operandi est assez simple. Vous prenez un outil comme Tweetscan et y entrez des mots-clés comme par exemple Israël ou Hamas puis vous blastez sans vergogne les microblogueurs que vous jugez être contre l’avis dont vous faites la promotion, à partir d’un profil vide ne permettant pas d’identifier adéquatement l’émetteur. Pour ce faire, il n’est pas nécessaire de suivre un microblogueur en particulier puisque plusieurs microblogueurs ont des profils ouverts. Le côté pervers de ce type d’intervention haineuse est qu’il peut cristalliser des positions qui sont contraire à l’objectif positif de faire connaître un point de vue différent de l’interlocuteur qu’on blaste. À moins que ce qu’on présente comme une position haineuse soit en fait généré par le camp adverse. Pour expliquer ceci, il appert que le commentaire haineux que j’ai reçu provient de quelqu’un de pro-Israël. Mais est-ce plutôt un pro-Hamas qui se fait passer pour un pro-Israël afin que les gens détestent Israël? Allez savoir.

Télévision versus le Web et paradoxe perçu

Sur le blogue de Lichen communication, le billet je blogue mais je dois passer à la télévision si…m’interpelle directement.

Michelle Blanc vient de passer en deux semaines de consultantes à vedette. Pourquoi ? Tout simplement en passant à l’émission de télévision la plus vue au Québec, Tout le monde en parle.
Donc, dans cet univers numérique, pour faire du bruit, faut passer par la bonne vieille télévision que tout le monde annonce moribonde. Dichotomie dans le processus de communication entre la réalité et la propagande numérique. La télévision et la radio restent encore l’outil de communication qui rejoint le plus grand nombre de personnes.
C’est direct et cela parle directement au cœur. Internet ne possède pas encore cette puissance. Le web est une conversation, la télévision est une agora. Michelle Blanc peut parler autant qu’elle le souhaite, elle n’aurait jamais pu avoir autant d’impact en si peu de temps sans passer par la télévision.
(…)
Le numérique contre le trad, le web contre la télévision, des groupes Facebook contre …., l’ensemble des poncifs entendus reviennent.
Michelle Blanc fait du marketing numériques mais sa plus belle réalisation reste sa présence à la télévision et à la radio.
Paradoxe.

Ma réponse :
Paradoxe, oui et non.
Tout d’abord, on compare le médium TV à celui du Web et on présume que l’émotion ne passe pas sur le Web. Je ne suis pas d’accord avec ça et j’ai même déjà écrit De l’utilité du blogue comme outil de catharsis. Puis vient cette question de mon statut de vedette. Il est très vrai que comme suite à mon passage à Tout le monde en parle ma vie a soudainement basculé et qu’on me reconnait maintenant partout. Mais avais-je besoin de ça? Pour ma vie professionnelle, certainement pas (quoi que j’admette que ça aide beaucoup), mais pour faire la vulgarisation de la condition de transsexuelles et briser les tabous qui l’entourent, ça aura été le plus formidable forum qui soit. Mais encore là de quoi parlons-nous dans notre comparaison? De la TV comme diffuseur de pub ou de la TV comme diffuseur de contenus? Pour ce qui est de la diffusion de contenus, une émission comme TLMEP qui va chercher 1.5 million d’auditeurs dans un petit marché, jamais le Web ne rivalisera avec ça. Le numérique contre le trad? Dans une perspective publicitaire et marketing, Le Web peut certainement bien se défendre. Dans une perspective de compétition, mais pourquoi donc ne pas entrevoir l’un et l’autre au lieu de l’un ou l’autre? Chacun des médiums a ses forces et il est certainement très sain de capitaliser sur celles-ci. Jamais je n’ai personnellement sous-entendu que la TV allait disparaître. J’observe cependant que la génération Y n’est pas celle qui m’interpelle le plus dans la rue et qui a regardé l’émission. Même que la caissière du dépanneur derrière chez ma blonde me dit : « est-ce vrai que vous avez passé à la télévision? » Je lui demande pourquoi elle me demande ça et elle me répond « c’est qu’il y a des clients qui m’ont dit qu’ils vous ont vu ».

Finalement, j’étais amplement connue et médiatisée avant TLMEP et j’ai toujours su capitaliser sur les relations publiques traditionnelles puisque ce que je vends est de la crédibilité et que ce sont les autres qui me la donnent, incluant très certainement, les médias traditionnels. Mais cette crédibilité et cette visibilité médiatique dont je jouis depuis plusieurs années sont tributaires directement de mon blogue. Même mon passage à tout le monde en parle est aussi tributaire d’un ensemble de facteurs incluant, mon blogue. Il est cependant clair et évident qu’une émission comme TLMEP frappe l’imaginaire des téléspectateurs, à un niveau inégalé, comme le Web ne peut encore que difficilement atteindre.
Que mes plus belles réalisations restent mes participations à TLMEP et Christiane Charrette? Dans l’esprit de vulgarisation aux masses de ma condition, certainement. Au niveau professionnel, j’ose croire que non et que ce sont plutôt mes divers écrits scientifiques, professionnels, didactiques, mes conférences et mon blogue qui marquent l’esprit des gestionnaires Web…
By the way, on m’écrit de France et même de Pologne à propos de TLMEP et c’est parce que le vid de l’émission est sur Dailymotion…

La peur du changement

Finalement, après avoir fait une campagne électorale fédérale en ligne de type « push », c’est-à-dire strictement en mode communication unidirectionnelle, un premier parti politique fédéral se décide enfin à inviter des blogueurs à son congrès politique. Il s’agit du Parti Conservateur et comme le rapportait hier Le Devoir :

La droite et la gauche politique au Canada se livrent un duel de tous les instants dans la blogosphère. Ces agents d’information — et de propagande — auront un nouveau champ de bataille dans deux semaines: le congrès du Parti conservateur. La formation de Stephen Harper a choisi d’accréditer formellement les blogueurs, au même titre que les journalistes.

Moi je dis ENFIN. Mais des journalistes s’offusquent de cette ouverture tardive de nos partis politiques. Ainsi, dans ce même Le Devoir, Marie-André Chouinard, dans l’article Médias – Le poids du blogue, s’indigne :

Mais attention! Cette proximité des blogueurs avec les journalistes ouvre la porte à une nouvelle confusion des genres dans une profession qui, déjà, pratique le croisement des styles. En cette ère où l’humeur côtoie parfois sans nuance l’information factuelle, les citoyens peinent déjà à pointer la nouvelle brute, retransmise sans le filtre de l’impression et de l’opinion. Valsant autour des faits, le journaliste, roucoulant, flirte avec le statut de vedette.

Ce jeu n’est pas sans effets. Après une tournée du Québec, le Conseil de presse du Québec rappelle que la population a exprimé de grandes réserves face à la qualité des nouvelles qu’on lui transmet. Et c’est sans compter la concentration des médias, qui a eu pour effet de limiter la diversité de l’information et d’éroder sa qualité au passage.

Je rapellerais simplement à MADAME la journaliste, mon récent billet De la communication unidirectionnelle dogmatique à la communication multidirectionnelle égalitaire :

la société qui était basée sur la sacro-sainte communication unidirectionnelle dogmatique se transforme maintenant en communication multidirectionnelle égalitaire.

La période ou seuls le patron, le médecin, le professeur, le politicien ou l’entreprise sait la vérité et a raison, est terminée. Maintenant, tous peuvent être évalués, critiqués ou encensés. Le message est maintenant disponible et généré par tous et l’opinion du beau-frère planétaire est maintenant décisive dans la prise de décision de l’étudiant, patient, client, employé, citoyen. C’est d’ailleurs la conclusion sans équivoque qui est présentée dans une récente étude d’Universal McCann, When did we start trusting strangers? How the internet turned us all into influencers

C’est bien triste pour le Conseil de presse du Québec, Le collège des médecins, les différents syndicats et ordres professionnels de tout acabit, mais ils n’ont plus la sacro-sainte vérité et ils devront s’y faire et s’adapter…

MAJ

Je vous invite aussi à relire mon billet Réflexion sur la nature échangiste blogue journalisme groupe médias relationnistes

MAJ2

Faut absolument lire le billet de Mario Asselin Lettre à Marie-Andrée Chouinard qui répond à LA MADAME. L’une des très belle leçon de comment percevoir le blogueurs (pour les partis politiques et les médias) qe vous pourrez lire…