Threads, le soi-disant Twitter Killer est-il là pour rester?

Twitter Rivals
(Source: Visualcapitalist.com https://www.visualcapitalist.com/meet-the-competing-apps-battling-for-twitters-market-share/)

Après le Metaverse de Meta qui devait bouleverser le monde, Meta, la maison mère de Facebook et d’Instagram sort le nouveau lapin de son chapeau, Threads. En fait, il s’agit d’une autre application de microblogage somme toute, identique à Twitter. Elle y est si semblable que l’avocat de Musk a envoyé une mise en demeure à Zuckerberg, l’accusant d’enfreindre la propriété intellectuelle. Rappelons au passage que Facebook a été fondée sur le vol de données photographique à Harvard lors du lancement de son ancêtre Facemash. Rappelons aussi les très nombreux scandales qui ont jonché son histoire. (Dans TheGuardian)

Indeed, Facebook was born, lives and thrives in scandal. There were scandals before this hearing, such as violations of privacy that led to a Federal Trade Commission consent decree in 2012. There were scandals after this hearing, such as Facebook being exposed as facilitating a genocide in Myanmar. In 2019, the US government fined Facebook $5bn for violating its commitment to the government to stop deceiving its users over their ability to control the privacy of their personal information. In 2020, the House antitrust subcommittee revealed documents showing Mark Zuckerberg as explicitly predatory in his business methods, which were supplemented by the Federal Trade Commission complaint filed earlier this year. And yet, we see almost no action of consequence.

Vous pouvez d’ailleurs aussi lire chez BusinessInsider, The 16 biggest scandals Mark Zuckerberg faced over the last decade as he became one of the world’s most powerful people.

Le dernier scandale en liste étant celui de la menace de retirer les médias canadiens de Facebook (et éventuellement d’Instagram et de Threads) lorsque la loi C-18 entrera en fonction.

Mais pour revenir à Threads, il est effarant de constater l’engouement des médias pour ce nouvel arrivé et la joie à peine cachée, qu’il fasse disparaître Twitter. C’est que Twitter serait devenu un repère de complotistes, d’extrême droite, de républicains et d’adorateurs de Donald Trump et dirigé par l’égocentrique Elon Musk qui n’a vraiment pas bonne presse. On dit aussi qu’il ne connaîtrait rien à la technologie et qu’il aurait pratiquement tué Twitter. Il a pourtant développé la société logicielle Zip2, la banque en ligne X.com qui est devenue Paypall. Il a cofondé et co-présidé les débuts d’Open AI en plus de fonder et diriger SpaceX, Starlink, Boring Company, Neuralink et Tesla qui est doté du « logiciel » de conduite autonome le plus développé, au moment d’écrire ces lignes. Mais selon certains, il ne connaîtrait rien à la technologie et serait un très mauvais dirigeant pour Twitter.

C’est donc très ironique de lire les louanges de Threads dans ces mêmes médias qui pleurent le détournement de publicité des médias vers Facebook. Mais il semble que la haine de Musk soit plus forte que le bon sens stratégique. Je rappellerai aussi que c’est ce même engouement médiatique, publicitaire gratuit et corporatif qui a mis au monde Facebook. Tous ont durant des années dit à répétition et gratuitement « venez-nous voir sur notre page Facebook ». Et une fois que Facebook est devenue le béhémoth qu’il est, il a remercié les organisations et les publicitaires qui lui ont fait cette pub planétaire gratuite, en faisant pratiquement disparaître les pages de médias et d’entreprises dans l’accueil des usagers. Le fameux ‘facebook Zero » décrié par l’agence Ogilvy.

A niveau fonctionnel et contrairement à Twitter, nous ne pouvons utiliser et suivre les usagers strictement sur mobile. La version bureau étant dépourvue de pratiquement toutes fonctionnalités, lorsqu’elle est disponible. Au moment d’écrire ces lignes, elle est pratiquement toujours en erreur 429.

erreur 429

Le code de statut de réponse HTTP 429 Too Many Requests indique que l’utilisateur a envoyé trop de requêtes en un temps donné. Un en-tête Retry-After (en-US) peut être inclus dans cette réponse afin d’indiquer le temps à attendre pour effectuer une nouvelle requête.

Par ailleurs, comme le note le pote Charles Nouÿrit en commentaire à un statut de l’autre ami Claude Malaison lors d’une conversation que nous y avions:

Charles Nouÿrit
un fiasco annoncé

Claude Malaison
Charles Nouÿrit Par?

Charles Nouÿrit
Quelle est la valeur ajoutée à Twitter ?

Michelle Blanc
Charles Nouÿrit Meta’s Threads Is Currently A Dystopian Utopia Because Of Its Algorithmic Feed https://www.forbes.com/sites/paultassi/2023/07/10/threads-is-currently-a-dystopian-utopia-because-of-its-algorithmic-feed/ #Analyweb

Charles Nouÿrit
Michelle Blanc c’est exactement ce que je pense, facile d’avoir 100m d’utilisateurs quand tu pars d’une base de 2,35 milliards d’Instagrameurs mais l’ADN et les algos de threads en font un fiasco en devenir

Michelle Blanc
Charles Nouÿrit mon avis aussi. D’ailleurs je disais: Sur Instagram, les gens ne sont pas là pour jaser mais pour voir et se faire voir. De mettre un peu de Facebook version Twitter dans Threads n’en fera pas un Twitter. Les chiffres d’abonnement sont imposants mais j’ai hâte de voir l’engagement disons…

Vous noterez aussi que le fait que la version bureau de Threads, de même que son manque de fonctionnalités nous forçant à utiliser l’interface mobile, permet en outre à Meta de faire le plein d’infos confidentielles. Et ils sont si gourmands d’infos personnelles et confidentielles, qu’ils ont refusé de s’installer dans les pays de l’Union européenne parce que de toute évidence, ils sont loin de respecter la RGPD. On trouvait déjà Tiktok gourmand, mais là, je crois bien que Threads, dépasse toutes les bornes…

données personnelles Threads

Vous pouvez aussi écouter l’entrevue « à chaud » que j’ai donné à CHOI RadioX lors de la sortie de Threads.

Entrevue Threads à CHOI

The Social Network, le film et la réalité

Lorsqu’on va au cinéma, on sait de prime abord qu’on va nous faire du cinéma. À moins que ce ne soit un documentaire, ou une biographie, on sait que les coins seront tournés rond, que ce « sera arrangé avec le gars des vues », bref, que ce sera de la fiction. J’aime bien la fiction. La fin de semaine dernière je suis allée voir « The social network », pas parce que j’en avais réellement le goût, mais parce que deux médias voulaient avoir mon avis là-dessus. Le premier média voulait que j’aille à un visionnement de presse avec ses journalistes, et que je réserve mon opinion strictement pour leur chaîne. À cause d’un conflit d’horaire, je n’ai pu y aller et en discutant avec la répartitrice, elle me dit que finalement ils avaient décidé d’y envoyer plutôt un avocat, afin d’avoir une opinion juridique sur les poursuites contre Zuckerberg dont il est question dans le film. Le deuxième média, veut avoir mon opinion pour une une chronique à venir. J’y suis donc allée voir ce « phénomène » qui se présente avec les tags Line « You don’t get 500 million friends without making a few ennemies » et « A story about the founders of the social-networking website, Facebook ». On se croit donc dans une bio de ce qui s’est produit lors de la naissance de Facebook et l’on comprend que Zuckerberg s’est fait quelques ennemis.

WRONG

Vous êtes ici dans la fiction. De la pure fiction. Oui il y a bien un Mark Zuckerberg qui a fondé Facebook. Il est bien allé à Harvard et a eu effectivement des démêlés légaux avec ses coactionnaires. Mais ça s’arrête là. Le reste est une pure invention. C’est ce que confirme TheNewRepublic dans l’article Sorkin vs. Zuckerberg, Jeff Jarvis (qui connaît personnellement les personnages principaux) dans son billet The antisocial movie de même que BusinessInsider dans une série d’articles.

The Facebook Movie Is An Act Of Cold-Blooded Revenge – New, Unpublished IMs Tell The Real Story

At Last — The Full Story Of How Facebook Was Founded

The 10 Most Glaring Lies In “The Social Network”

et

Reminder: “The Social Network” Victim Eduardo Saverin Is A Billionaire

Je suis tout à fait d’accord avec Jarvis lorsqu’il dit :

The movie violates privacy, smears reputations, makes shit up—just what the internet is accused of doing, right? Oh, it’s entertaining, in a dark way, as much as watching the pillorying of witches used to be, I suppose. For The Social Network, geeks and entrepreneurs are as mysterious and frightening as witches.

(…)

The Social Network is the anti-social movie. It distrusts and makes no effort to understand the phenomenon right in front of its nose. It disapproves—as media people, old and neonew, do—of rabblerous (or drunk or drugged-up or oversexed) masses doing what they do. Ah, but its fans will say, it’s really just a drama about a man. But that’s where it fails most. It can’t begin to explain this man because it doesn’t grok what he made—what he’s still making (“We don’t even know what it is yet,” Zuckerberg says in the movie, “It’s never finished”).

The Social Network is the anti-geek movie. It is the story that those who resist the change society is undergoing want to see. It says the internet is not a revolution but only the creation of a few odd, machine-men, the boys we didn’t like in college. The Social Network is the revenge on the revenge of the nerds.

D’ailleurs, il semble que son point de vue soit aussi partagé par les jeunes. Dans The New York Times, on peut lire Film Version of Zuckerberg Divides Generations :

Many older people will watch the movie, which was No. 1 at the box office last weekend, and see a cautionary tale about a callous young man who betrays friends, partners and principles as he hacks his way to lucre and fame. But many in the generation who grew up in a world that Mr. Zuckerberg helped invent will applaud someone who saw his chance and seized it with both hands, mostly by placing them on the keyboard and coding something that no one else had.

C’est  l’un de mes problèmes avec ce film. Les gens se font une idée des médias sociaux et cette vision est clivée au niveau générationnel, tout comme dans la vraie vie. Sauf qu’ici, les bases sont complètement et artificiellement fabriquées. Comprenez bien que je me fou de comment les gens peuvent percevoir Zuckerberg, mais je suis vraiment triste de réaliser que ce film va permettre de cristalliser des « mythes » qui sont déjà dans la tête de bien des gens à propos des médias sociaux, et que je m’efforce de détruire depuis bientôt 10 ans. M’enfin… ainsi va la vie… La vraie, pas celle d’Hollywood…