Tourisme, développement économique et recrutement, pourquoi pas une agence d’attractivité?

Je n’avais jamais entendu parler du concept d’agence d’attractivité avant d’avoir eu le mandat d’accompagnement stratégique et de développement d’une stratégie de commercialisation numérique de l’AAAT (Agence d’attractivité de l’Abitibi-Témiscamingue).

Mais qu’est-ce qu’une agence d’attractivité?

En fait c’est un concept qui semble émaner d’Europe et de la France en particulier. (selon banquedesterritoires.fr)

29 agences d’attractivité existent actuellement en France. Leur nombre est en augmentation. Dans une étude publiée durant l’été, le Cner – la fédération des agences d’attractivité, de développement et d’innovation – se penche sur leurs caractéristiques. Et constate la diversité de leurs initiateurs (régions, départements, intercos), la mixité de leurs cibles, l’élargissement de leurs missions avec une porosité entre attractivité économique et attractivité touristique de marketing… et une dynamique particulière sur le littoral.

Ces agences, de plus en plus nombreuses, sont aussi de plus en plus diversifiées. En termes d’échelon, d’abord, car elles sont créées autant par des régions que par des départements, des métropoles ou des intercommunalités. Mais aussi en termes de contexte territorial, certaines d’entre elles étant créées pour renforcer l’attractivité d’une capitale régionale quand d’autres sont chargées de la promotion d’une destination touristique, et d’autres encore de valoriser un territoire rural…

(…)Au-delà de ces deux dynamiques (création d’agences d’attractivité ex nihilo et élargissement des missions d’organismes de promotion de la destination à l’attractivité), l’étude mentionne deux autres évolutions favorables à l’émergence des agences d’attractivité : les fusions entre agences de développement économique et organismes de promotion de la destination (offices de tourisme, comme “Toulouse a tout”, comité départemental, comme Vaucluse Provence Attractivité, ou comité régional du tourisme, comme l’agence d’attractivité de l’Alsace) et le repositionnement d’agences de développement économique qui font évoluer leur objet et leur nom pour y intégrer la mention, voire la dimension “attractivité” , comme Aveyron Expansion devenant Aveyron Ambition Attractivité.

Agence d'attractivité

Source: https://www.iva.se/globalassets/info-trycksaker/attraktionskraft-for-hallbar-tillvaxt/keys-to-greater-attractiveness-and-competitiveness.pdf

En fait les acteurs économiques, touristiques et sociaux se sont rendu compte que l’investisseur, le touriste, l’étudiant ou le futur employé, doivent souvent connaître une région, avant de choisir de s’y installer. Le « public cible » devient dès lors le même, que ce soit pour développer économiquement, touristiquement ou pour attirer des étudiants ou des employés. Ils ont aussi réalisé qu’en joignant les différents budgets marketing sous un seul chapeau, ils auraient plus d’impact sur ces publics cibles et qu’une fois sur les lieux, les acteurs spécifiques pour chacun des publics, pourraient prendre la relève et faire ce qu’ils font de mieux pour accompagner l’investisseur dans les dédales gouvernementaux afin qu’il puise investir dans une région, aider l’étudiant ou le futur employé à trouver à se loger et à s’acclimater à son nouvel environnement et au touriste, à profiter des atouts de la région.

…« l’analyse comparative des structures portant l’appellation « agence d’attractivité » a permis d’identifier deux points communs à la plupart des agences:
Premièrement, des démarches de marketing territorial, pouvant passer par le portage de marques territoriales;
Secondement: une mixité des cibles, allant des entreprises aux habitants, en passant par les professionnels, les touristes d’agrément ou encore les touristes d’affaires.

Ainsi une agence d’attractivité apparaît comme une structure qui appuie le marketing de son territoire en intervenant à la fois dans l’attractivité productive dans l’attractivité résidentielle, pour reprendre la définition liminaire de l’attractivité

« En servant également la fierté locale, elle est aussi implicitement un moyen de rendre visible l’action des élus et de contribuer à leur réélection »

« l’agence d’attractivité ordonne, arrange et dispose comme dans une vitrine tous les atouts pour rendre visible la destination. Ici la vitrine à destination des entreprises, là celle pour les futurs résidents, en bas une autre vitrine qui attire les start-ups, et puis une bien plus grande encore pour les touristes. Tous ces messages portent les mêmes valeurs de bienveillance, de bien-être, de développement, de réussite personnelle et professionnelle, et se déclinent selon les cibles visées et les objectifs poursuivis. »
« La co-construction, entre acteurs publics et privés, est ainsi devenue une méthode incontournable – et plutôt bien éprouvée – dans l’élaboration des stratégies d’attractivité et des stratégies marketing qui en découlent. Gage de transversalité, de mise en cohérence et d’appropriation, la méthode a favorisé l’émergence de nouvelles dynamiques collectives dans les territoires, fait naître de nouveaux modes de fonctionnement, plus transversaux, insufflant une culture du travail en mode projet et conduisant à un début de transformation des organisations. »

Source: Les agences d’attractivité en France, état des lieux, Clémence Binet, juin 2020, CNER (Fédération des agences d’attractivité et développement et d’innovation)

D’autres régions hors de France telles que des régions de l’Angleterre ou des États-Unis ont eux aussi réalisé que l’économie d’échelle, l’impact financier positif d’une mise en commun budgétaire marketing de même que le développement d’une expertise de commercialisation numérique interne à l’organisation, pouvaient profiter à tous et leur permettre, une fois les clients atteints et en route pour la région, de déployer leurs expertises propres, auprès de ces nouveaux arrivants.

Mais pour que cela fonctionne, il y a certains paramètres fondamentaux à respecter. Il faut éviter « les guerres de clocher » entre les différents joueurs d’une région qui veulent tous tirer la couverte de leur bord et se vanter d’avoir un succès éphémère avec un budget qui l’est tout autant. Il faut que les joueurs régionaux réalisent que leurs missions n’est pas que « marketing » et qu’ils sont souvent plus à l’aise avec les fonctions d’accompagnements spécifiques au secteur duquel ils œuvrent et que finalement, les élus, réalisent qu’ils augmentent les chances de succès de la région (incluant leurs villes, MRC, université, CEGEP, CLD ou agence touristique) et que les nombreux bénéfices seront collectifs plutôt qu’individuel.

À ce chapitre, il n’est pas surprenant que l’Abitibi-Témiscamingue ait été la première région du Québec à adopter une telle approche. L’entraide régionale est déjà bien ancrée dans le tissu collectif. D’ailleurs, l’Abitibi-Témiscamingue étant une région dite « éloigné », ils ont très vite compris que la cohésion avec les voisins était l’atout parfait pour se doter d’infrastructures, quelles qu’elles soient et que seul on va plus vite, mais qu’en groupe, on va plus loin…

Je mettais d’ailleurs ce « trait de caractère collectif » en évidence dans mon billet Comment mettre en place une initiative d’achat local dans sa région ou sa localité?

Cependant, ces efforts, s’ils ne sont pas jumelés à une vision plus holistique des problématiques et des solutions possibles aux défaillances de commerce régional, ne seront pas suffisants. Il est impératif que l’ensemble des acteurs économiques d’une ville ou d’une région, agissent de concert pour développer chez les entrepreneurs locaux, le réflexe d’aller en ligne, de travailler ensemble et d’informer les citoyens de la localité de l’existence de leurs entreprises de proximité (que souvent ils connaissent peu ou pas du tout), des produits et services qu’ils ont à offrir et des moyens de se les procurer. En outre, une ville ou une région peut bien se faire une page Facebook et un site web répertoire des entreprises pour favoriser l’achat local, mais si les citoyens ne savent pas que cette page ou que ce site existe, ces initiatives isolées ne serviront pas à grand-chose. En outre, si les entrepreneurs ne sont pas habilités à être eux-mêmes proactifs en ligne, les retombées économiques et réelles de ces efforts risquent de ne pas être au rendez-vous. Et quoi qu’on en pense, les médias locaux traditionnels, les bannières et la signalisation locale physique en point de vente et dans la localité, ont encore une grande importance et ne doivent vraiment pas être négligés.

Je parlais aussi de cette multiplication ad nauseam des efforts marketing régionaux non coordonnés dans Le capharnaüm du commerce en ligne et des répertoires.

TROP C’EST COMME PAS ASSEZ

 

Étant donné la réalité de la covid-19, tout le monde veut acheter local. C’est une très bonne chose. Mais comment acheter local est LA question que se posent de nombreux consommateurs? D’innombrables initiatives sont donc nées de ce besoin d’achat local. Chaque hiérarchie administrative, qu’elle soit sectorielle, municipale, régionale, chambre de commerce, provinciale, aide au développement économique ou autre, propose SA solution. Le problème est que LA solution doit se battre avec l’enflure de compétiteur et le commerçant ou le consommateur ne savent plus où donner de la tête et Google et Facebook pleuvent de soi-disant ressources qui se compétitionnent entre elles sans pour autant rejoindre le consommateur. J’en vois de ces pages Facebook d’achat local qui se parle entre les promoteurs qui l’on mit en place. Ou pire encore, une région que je ne nommerai pas, a mis en place un « groupe fermé » d’achat local pour lequel on doit d’abord être approuvé avant d’y avoir accès. BONJOUR L’ACQUISITION DE CLIENT???

Puis il y a les répertoires. Les très (trop) nombreux répertoires. Chaque administration a le sien. Ajoutez à ça les répertoires de joueurs indépendants « qui ont flairé la bonne affaire », ceux des joueurs sectoriels et tous les autres.

MAJ

Les Cantons-de-l’est ont aussi leur initiative d’attractivité.

Chez Tourismexpress.com

Cantons de l’Est: une nouvelle organisation pour attirer, accueillir et retenir davantage de gens dans la région

Depuis maintenant plus de 2 ans, la démarche Vision attractivité mobilise les citoyens, les acteurs socio-économiques et le milieu municipal afin de déployer des stratégies communes pour attirer, accueillir et retenir davantage de résidents, de travailleurs, d’entrepreneurs, d’étudiants et de visiteurs dans la région des Cantons-de-l’Est. Après des mois de concertation et de travail collectif, les partenaires et les élus de la région mettront officiellement sur pied, au cours des prochaines semaines, un OBNL dédié à l’attractivité dans la région des Cantons-de-l’Est. Le président de la Table des MRC de l’Estrie, monsieur Hugues Grimard, souligne: « Comme président de la Table des MRC de l’Estrie, je suis très satisfait que les partenaires de la région se soient donnés une vision pour travailler l’attractivité de façon concertée et non plus par secteur d’activité ou par territoire de MRC. »

et

Chaire de tourisme Transat: Analyse – Des territoires, une image : Vision attractivité Cantons-de-l’Est

Beaucoup d’efforts, de rencontres et d’échanges sont nécessaires pour la réussite d’un projet d’attractivité territoriale. Il faut faire ressortir la personnalité du territoire et mobiliser les acteurs de tous les secteurs derrière une vision commune porteuse d’actions structurantes.

Les associations touristiques régionales (ATR) possèdent de nombreuses ressources et connaissances en matière de marketing, de promotion et d’accueil. Et si leur intérêt et leurs compétences se transformaient pour mettre sur pied un projet d’attractivité territoriale en mobilisant l’ensemble des acteurs d’une région ? Voici le cas de Vision attractivité Cantons-de-l’Est/Estrie.

Les entreprises Fortunes 100 sont poche sur Twitter

Je ne suis pas surprise de constater que les entreprises Fortunes 100 sont poche sur Twitter (lire qu’elles sont inadéquates pour les potes d’outre-Atlantique ou pour les politiquement correctes). Ce constat que je fais moi-même depuis un certain temps, vient d’une étude de Weber Shandwick Do Fortune 100 CompaniesNeed a Twitter-vention? (PDF). Leur conclusion :

For the majority of Fortune 100 companies, Twitter remains a missed opportunity. Many of their Twitter accounts, examined by Weber Shandwick, did not appear to listen to or engage with their readers, instead offering a one-way broadcast of press releases, company blog posts and event information.
This falls short of the opportunity that Twitter offers as a valuable communications channel and strategic social network. For those companies, Weber Shandwick prescribes a Twittervention to help them:
• Create a companywide engagement strategy; a set of guidelines with best practices
• Demonstrate a consistent and comprehensive brand presence
• Build a dialogue that paves the way to new relationships with customers and advocates
• Generate loyalty among new and existing communities
To maximize the benefits of Twitter, companies should offer opinions and encourage discussions, reach out to their communities of customers and advocates, build relationships with new customers and look for untapped supporters.

Ça reprend très bien ce que j’ai dit dans plusieurs autres billets à propos de l’importance de la communication bidirectionnelle ou du Je, Tu, Il, Nous, Vous, Ils d’une saine conversation. Mais c’est tellement plus simple de pousser sa même « crap » et d’espérer que les internautes soient assez dupes pour nous lire…
Par ailleurs, les entreprises qui sont à l’écoute et au dialogue, ont quant à eux des bénéfices qui semblent très pertinents tel que le démontre une autre étude de cas de Twitter à propos de Dell:

Raising awareness
So instead of using Twitter just to let people know about deals, the company has come to think of it as a good place to interact with customers—and to raise awareness about the brand. “When we respond to people on Twitter, they get really excited, and we gain advocates.”

That doesn’t mean Dell Outlet has abandoned the deals. In fact, the company often posts offers that are exclusive to Twitter. They twitter only a few times a week so as not to spam their followers, and they use tracking URLs to gauge what followers find most appealing.

Increasing sales
Do the coupons work? Big time. Not only do they get retweeted and picked up by coupon sites—both of which spread the brand name—they also drive sales. Dell Outlet has booked more than $3 million in revenue attributable to its Twitter posts. In addition, the division has done research showing that awareness of the outlet has grown, too. “The uplift has been more than we dreamed,” says Nelson.

Les sites web des entreprises québécoises sont d’une désuétude…

Ça fait longtemps que je dis que notre économie numérique fou le camp hors du pays. Je cite souvent cette vieille statistique qui dit que chaque mois, entre 30 et 60% des dépenses des Québécois en ligne, sortent du pays. À la même date l’an dernier, j’étais d’ailleurs chez Christiane Charette pour documenter notre retard alarmant en termes d’économie numérique. Je dis souvent qu’en 2000, toutes les entreprises voulaient être sur le Web puis juste après, la disette. Ou bien les entrepreneurs se disent « le Web c’est de la merde et je le sais parce que j’ai payé pour et que je n’ai eu aucun retour sur l’investissement » ou bien ils réalisent « le web, je n’ai peut-être pas fait la bonne chose ». Tout ça pour vous dire que je viens de recevoir ce courriel accompagné d’une étude locale à propos du web. J’ai comme l’impression que les observations tirées de cette étude pourraient se transposer aux autres régions du Québec et à celui-ci dans son ensemble. Néanmoins, vous trouverez sans doute que ce n’est pas des plus reluisant.

Madame,

Je me présente, Jacques Bernard de Granby, professionnel et passionné du Web. Une passion qui date de 1986, en comprenant clairement que ce nouvel univers numérique que créait l’ordinateur deviendrait et serait le moyen de communication tous azimuts.

Vous vous demandez probablement pourquoi je vous écriis à vous plutôt qu’à une autre personne. Parce qu’instinctivement je crois que vous êtes la bonne personne avec votre sens direct de la réplique et votre excellente connaissance de ce qu’est le Web, pour m’éclairer sur ma démarche professionnelle.
(…) Pour cela je vous envoie une analyse que j’ai fait sur 300 sites Web de ma région, qui je l’espère vous permettra de juger de mon professionnalisme.

Petite mise en contexte.

J’essaie de gagner ma vie en faisant du développement Web de façon professionnelle (il y a-t-il une autre manière?), mais le marché de ma région est loin d’être réceptif.

Lors de ma prospection, j’ai constaté que les gens d’affaires préconisent très peu le Web et son apport stratégique pour l’entreprise. Oubliez ici le Web 2.0, ne pensez pas même pas au Web sémantique, on a même pas encore maîtrisé le Web 1.0 dans ma région.

Devant ce manque de connaissances, je me suis dit que la chose à faire était d’instruire les gens sur ce qu’est un bon site Web. Mon pari est simple, plus un client est instruit, plus il peut prendre de meilleures décisions en termes de besoins et distinguer les professionnels des neveux, des cousins ou du beau frère.

J’ai donc développé des outils pour instruire les gens d’affaires (…) dont une analyse de 300 sites Web de Granby et région pour démontrer aux décideurs l’étât du Web de ma région.

J’ai offert gratuitement ces deux outils è la Chambre de Commerce de ma région, ainsi qu’à d’autres organisations oeuvrant dans le milieu des affaires, croyant qu’il revenait à celles-ci de faciliter le transfert des connaissances vers leurs membres, mais aucune réponse, l’ignorance totale.

(…)
Cordialement

Jacques Bernard
BeZen Studio

Points saillants et implications

  • 97,3 % des sites (292/300) comportent des problèmes d’accessibilité.
  • 80,3 % (241/300) des sites ne sont pas optimisés pour le référencement naturel (difficiles à trouver avec des mots clés).
  • Un fait surprenant, 17,6 % (49/267) des entreprises (parmi elles de grandes) ne sont pas propriétaires de leur nom de domaine.
  • 60,4 % (165/273) des sites dont nous avons pu obtenir l’âge, ont plus de sept ans d’existence.
  • 44,3 % (133/300) des sites sont de langue française seulement alors que 49,0 % (147/300) des sites sont de langue française et anglaise.
  • 88,7 % (266/300) des sites n’ont pas de politique sur la protection de la vie privée.
  • 92,0 % (266/300) des sites n’affichent pas de date de mise à jour.
  • 88,0 % (264/300) des sites n’affichent pas de page d’erreur personnalisée (qui explique l’erreur et oriente l’utilisateur à l’intérieur du site) lorsque l’utilisateur du site a cliqué sur un lien brisé ou tapé une adresse URL invalide.
  • Avec 99,3 % (298/300) des sites qui n’ont pas de blogue, 99,0 % (297/300) des sites n’offrent de lien vers les réseaux sociaux, 93,0 % (279/300) des sites n’offrent pas infolettre et 99,3 % n’utilisent pas la syndication de contenu (RSS). Les entreprises de Granby et région sont très loin d’avoir embrassé l’ère du Web 2.0.
  • 3,7 % (11/300) seulement des sites effectuent du commerce en ligne.

Ma conclusion
C’est pitoyable et ça devrait militer pour des programmes de formations aux entreprises, leur permettant d’être enfin positivement sur le Web.

L’étude complète : Analyse de 300 sites Web de Granby et Région Novembre 2009 (PDF)

Mémoire de maîtrise : L’émergence de réseaux sociaux sur le Web comme nouveaux outils de marketing

C’est avec plaisir que j’ai participé, comme interviewée, au mémoire de maîtrise de Manuela Teixeira : L’émergence de réseaux sociaux sur le Web comme nouveaux outils de marketing (PDF), qu’elle vient de déposer à l’Université d’Ottawa. Elle me permet de vous la rendre disponible et, je salue bien bas, la richesse des tableaux et des informations qu’elle a colligés dans ce document. Un mémoire à lire à tête reposée et j’avalise l’un des éléments de sa conclusion :

La conclusion la plus importante de cette recherche est la suivante : le Web social implique un changement radical de la culture du leadership des entreprises et des grands médias. Le marketing traditionnel basé sur le modèle d’affaires préconisant la fréquence et la portée publicitaires dans les médias traditionnels est en perte de vitesse et sera graduellement remplacé par des stratégies de communications marketing facilitant la participation et la collaboration (Anderson, 2008 : 226). Les stratégies marketing, développées pendant l’ère industrielle (telle que la stratégie du push où le vendeur incite le consommateur à acheter le produit) doivent être revues et adaptées à une nouvelle réalité sociale où les recommandations des internautes supplantent l’argumentaire corporatif. Enfin, les méthodes de travail des médias traditionnels doivent tenir compte du potentiel de l’apport des individus qui sont appelés à être encore plus connectés grâce à la mobilité cellulaire.

Le Canada est le tiers-monde des technos usager

C’est un article de Canoë haute vitesse Les Canadiens paient plus et obtiennent moins, qui remet à l’ordre du jour le retard du Canada en matière de technologie de l’information, de Web et de commerce électronique. On peut y lire :

Les Canadiens paient de 3,85 à 110,51$ US par megabit offert, la troisième pire échelle de prix. Les seuls pays qui font pire sont le Mexique et la Finlande.
Le prix moyen pour un megabit par seconde est de 12$ US dans l’ensemble de l’OCDE. La meilleure offre se trouve en Corée du Sud, où le megabit le plus cher se situe à 4,48$ US.
Le Canada fait aussi piètre figure en ce qui concerne la vitesse de téléchargement maximale dont profitent vraiment les abonnés. La moyenne est de 6,6 megaoctets par seconde, la cinquième pire de toutes. La Turquie se trouve dans les bas fonds avec 3,3 Mo. Le «trophée Speedy Gonzales» revient au Japon, où la moyenne est de… 92,8 Mo par seconde.

et comme le fait remarquer à juste titre sur un Twitt, Reda :

on pourrait rajouter à ça la téléphonie/cellulaire et la télé. On est une putaine de vache à lait pour ces cies.

En effet, les enregistreurs numériques personnels que nous offrent Bell Canada et Vidéotron sont des appareils de moyen ou bas de gamme et les téléphones cellulaires que nous avons ici sont du même ordre et à des prix exorbitants. En plus, étant donné la guerre de standards de téléphonie que se font nos entreprises de cellulaires, l’innovation des applications cellulaires se fait pour d’autres consommateurs ailleurs dans le monde étant donné qu’ici, le marché est fragmenté et plus d’être lilliputien.

C’est bien d’avoir le mot innovation dans nos discours politiques, ce serait mieux d’avoir des infrastructures et des prix à la consommation qui permettent réellement de la développer…

L’étude payante de l’OCDE, Broadband Growth and Policies in OECD Countries.

Les blogues ont de l’influence et les médias sociaux de la portée

Les blogues ont de l’influence et les médias sociaux ont plutôt de la portée. Cette affirmation en est une que ça fait déjà un bout que je constate. Mais c’est grâce à une étude 2009 Women and Social Media Study commandité par BlogHer, iVillage et Compass Partners (PDF) que cette assertion se vérifie, pour les femmes américaines du moins. Mais mon petit doigt me dit que ces observations se transposent certainement aussi à d’autres groupes sociodémographiques. Les détails des découvertes (du tableau que je mets en ligne plus bas) vont comme suit :

Post/Publish Blogs
• Highest online frequency (80% read daily or 2-3x/week, 57%
blog daily or 2-3x/week)
• Highest penetration of all social media activities (36% also do
status updating, >80% use social networks)
• Leading edge of new trends (25% “strongly applies to me”)
• Most tech savvy segment (30% “strongly applies to me”)
• Invest time searching for new products online (40% “strongly
applies to me”)
• Smaller segment with broad reach

Post Message Boards
• Broad reach (40% participate weekly or more often)
• Online frequency (65% post daily or 2-3x/week)
• Cross usage of blog and social media activities
• Leading edge of new trends (18% “strongly applies to me”)
• Somewhat tech savvy (25% “strongly applies to me”)
• Invest time searching for new products online (40% “strongly
applies to me”)

Social Networks
• Broadest reach (75% participate weekly or more often)
• Less active across other social media activities (1/3 do no other
activities weekly or more often)
• Less likely to report on leading edge of new trends (13%
“strongly applies to me”)
• Somewhat tech savvy (22% “strongly applies to me”)
• Less time searching for new products online (30% “strongly
applies to me”)
• Motivation is more about staying up to date with friends

L’une des conclusions du communiqué de presse de l’étude valide le fait qu’il est certainement judicieux d’entretenir des relations positives (dans le sens de relations de presse efficaces) avec les blogueurs.

“Social media continues to be a growing phenomenon, and bloggers, in particular, represent a highly engaged and influential segment of social media users for brand marketers looking to connect to consumers online.” said Susan Wright, President of Compass Partners LLC. “Bloggers have a broad reach in the social media population and the survey demonstrates that women who blog are the most actively engaged social media participants — constantly seeking out new ideas and ways to share their opinions about those ideas.”

Ce sont donc encore d’autres arguments de poids pour confirmer que le blogue demeure le roi de tous les médias sociaux…

Comparatif par industrie de l’efficacité des sites Web

À chaque année, j’aime bien prendre connaissance du Internet Standards Assessment Report (PDF) et observer à quel point certaines industries sont efficaces sur le Web tandis que d’autres, sont vraiment médiocres. C’est ainsi qu’année après année (comme je le disais lors de ma conférence sur l’avenir des médias) je suis surprise d’observer que des industries qui devraient être très efficaces en ligne, comme les journaux en ligne ou les relations publiques, sont plus poches, que l’industrie de la construction, ce qui me semble encore inconcevable. Mais enfin, le ISAR comme on l’appelle, se décrit comme suit :

Our data is taken from a dozen years of judging Web sites during our annual WebAward competition. Since 1997, we have used a quantitative methodology that, over time, has allowed us to establish clear benchmarks for a significant number of industries. Our judges have reviewed 15,017 sites to date which is the basis for this report.
(…)
Entries are judged on the following seven criteria on a scale of 0-10 points:
o Design
o Innovation
o Content
o Technology
o Interactivity
o Copywriting
o Ease of use
LES RÉSULTATS

Industry Overall
Movie 8.29
TV 8.27
Entertainment 8.17
Electronics 8.13
Political 8.11
Beverage 8.07
Computer: Hardware 8.03
Media 8.03
Leisure 7.94
Music 7.94
Automobile 7.87
Food Industry 7.84
Sports 7.80
Technology 7.79
Catalog 7.74
Events 7.74
Game Site 7.71
Consumer Goods 7.69
Family 7.69
Travel 7.67
Architecture 7.67
Fashion 7.67
Application Service Provider 7.64
Consulting 7.64
Advocacy 7.61
Hotel and Lodging 7.61
Retail 7.60
Investment 7.59
Regional 7.59
Diversified Business 7.59
Design 7.56
Other 7.54
Portal 7.54
Online Community 7.53
Bank 7.49
Pharmaceuticals 7.47
Arts 7.46
Mutual Fund 7.44
E-Zine 7.44
Financial Services 7.43
Toy & Hobby 7.43
Airline 7.41
Biotechnology 7.41
Energy 7.41
Interactive Services 7.39
General Interest 7.37
Average 7.37
Marketing 7.36
Medical 7.36
Advertising 7.34
Telecommunication 7.34
Shopping 7.31
Broadcasting 7.29
Health Care 7.29
B2B 7.27
Transportation 7.27
Non-Profit 7.26
Healthcare Provider 7.26
Photography 7.24
Publishing 7.24
Magazine 7.23
Manufacturing 7.21
Directory or Search Engine 7.20
News 7.20
Internet Service Provider 7.19
Construction 7.19
Computer: Software 7.16
Employment 7.16
School 7.16
Intranet 7.14
Public Relations 7.13
Insurance 7.11
Professional Services 7.11
Radio 7.11
Real Estate 7.09
Computer: Retailer 7.07
Education 7.07
Blog 7.04
International Business 7.04
Military 7.04
Restaurant 7.04
University 7.03
Small Business 7.01
Credit Union 7.00
Associations 6.99
Newspaper 6.97
Investor Relations 6.94
Medical Equipment 6.90
Home Building 6.87
Information Services 6.87
Government 6.86
Email 6.71
Faith-based 6.61
Legal 6.54
Auction 6.46
Institutional Services 5.77

Techno et innovations, les gestionnaires ne voient pas le lien

Pour quelqu’un comme moi, qui baigne dans la techno et l’innovation à cœur d’année, il m’apparaît inconcevable de savoir que la grande majorité des gestionnaires ne voient pas le rapport entre les deux. C’est ce qu’on peut apprendre d’une étude de PriceWaterHouseCoopers, An executive view of IT governance, via l’Atelier.fr. D’ailleurs selon l’Atelier :

Plus d’un tiers des cadres aborde régulièrement des questions des nouvelles technologies en réunion. Pourtant, une grande majorité ne discerne pas encore l’impact réel de ces dernières sur l’innovation et la compétitivité de leur entreprise. Près de neuf cadres sur dix apprécient l’usage de nouvelles technologies dans leur entreprise. Mais plus de la moitié estime que ces mêmes solutions ne peuvent pas être considérées comme des moteurs de l’innovation. (…)
“Dans le climat économique actuel, les entreprises devraient rechercher des utilisations innovantes des technologies de l’information susceptibles d’accroître la valeur”, explique John Thorp, du comité de gouvernance des technologies à l’ITGI. L’une des raisons invoquées est que selon les personnes interrogées, plus de 40 % des entreprises ne mesurent pas la valeur des investissements TIC.

Si nous remplaçons TIC par le Web, le problème est le même. D’ailleurs souvent les PME innovent plus et sont plus efficaces sur Internet parce qu’ils peuvent justement ne pas avoir à se démêler avec tout le « red tape » des grosses organisations et les guerres de clochers des différentes fonctions de gestion des organisations. Je dis souvent que les entreprises auront le Web de la fonction d’affaires qui le contrôle. OK, j’admets que ça va être gros ce que je vais dire là, mais si ce sont les communications qui gèrent le Web, il va y avoir bien du bla-bla et pas de résultats, si ce sont les TI, il va y avoir une grosse infrastructure qui restera vide, ce c’est le marketing, ça risque d’être un site Flash avec un concept « flyé » qui ne vend rien et ainsi de suite. Mon point de vue est que le Web devrait être une fonction séparée des autres et qui devrait jouir de l’apport de toutes les fonctions de l’entreprise puisque que le Web peut très bien aider les ressources humaines, les ventes, la production, la finance ou l’approvisionnement. De plus, le web devrait avoir un siège à la haute direction et prendre part aux orientations stratégiques de l’entreprise. Vous pourriez remplacer le Web par les TIC et ce serait un peu semblable ou gestionnaire par politiciens et vous auriez sensiblement le même constat. C’est pourquoi les petits partis politiques qui n’ont pas les moyens de se faire fourrer par les grosses agences sont plus efficaces sur le Web que les gros partis politiques et que bien des PME engrangent plus de profits Web que des multinationales qui sont pourtant dans le même secteur qu’eux. Donc, allez-y, vous pouvez maintenant me tirer des tomates, mais juste avant, prenez la peine de lire les recommandations de PriceWaterHouseCoopers…

The key messages to be taken away from this survey by executive management:
• Take ownership of IT governance and assume overall accountability over IT
• Make the CIO reporting line as direct as possible to the top executive decision body
• Pay more attention to the potential for innovation IT can offer
• Start measuring the value IT brings (or does not bring) to the enterprise
• Use external advisors as the most effective source of knowledge and guidance in relation to IT governance

La génération Net est vraiment différente

En début de semaine, le journaliste Jean-François Ferland de Direction Informatique me téléphone pour me demander comment la venue de la génération Net sur le marché du travail, risque de perturber les habitudes des entreprises (son article devrait paraître plus tard cette semaine). Depuis, deux contenus me sont apparus, qui confirment ce que je disais à monsieur Ferland.
Tout d’abord, sur le nouveau site (exceptionnel) Medialinks, sous l’onglet du copain Philippe Martin, je prends connaissance du document Is surfing the Internet altering your brain? On y apprend que le cerveau des jeunes de la génération Net, se développe différemment du reste de la population et que leur exposition au Web les rends plus apte à absorber des tonnes d’informations et à prendre des décisions rapides.

Gary Small, a neuroscientist at UCLA in California who specializes in brain function, has found through studies that Internet searching and text messaging has made brains more adept at filtering information and making snap decisions.
But while technology can accelerate learning and boost creativity it can have drawbacks as it can create Internet addicts whose only friends are virtual and has sparked a dramatic rise in Attention Deficit Disorder diagnoses.
Small, however, argues that the people who will come out on top in the next generation will be those with a mixture of technological and social skills.
“We’re seeing an evolutionary change. The people in the next generation who are really going to have the edge are the ones who master the technological skills and also face-to-face skills,” Small told Reuters in a telephone interview.
“They will know when the best response to an email or Instant Message is to talk rather than sit and continue to email.”

Puis, sur le blogue Onedegree, l’auteur fait des observations sur cette génération qui sont somme toute semblables à celles qu’a déjà faites Tapscot.

So, what are my conclusions about this small, albeit select, sampling of this generation?
• They are empowered. They don’t stand in lines for information at the library because the library comes to them. They don’t believe what you tell them just because you are at the front of the class because they can look up 10 counter-opinions before you are even done talking. And they don’t have the patience for a “you talk and we listen” mentality because they have access to more methods of “always on” communication than you can count.
• They are informed. Because information isn’t trapped by location, language, time of day or publication costs. They have access to everything, now. The toughest thing this generation will have to learn (or more likely, to solve) is how to sort the crap from the good stuff quickly.
• They are fast. And I mean “fast”. They can get anything, anytime, fast, and they know it. They have information and communication networks that are always on and always serving. What I wouldn’t have given for a 24 hour library the night before my papers were due and access to 20 other papers on the exact same topic plus video clips of the author of the book discussing its nuanced conclusions.
• They will call bullshit faster than you are finished speaking. They will because they can. They understand that information is power and they have access to it. And they get that you can’t tell them to be quiet because they can scream in 40 ways that you just can’t hear. Our job as marketers is not to sell to this generation but to recruit them. And you can start by recognizing how they learn and communicate. Speak to them as equals, in a truthful way that they can validate and, if you are lucky, that they can share widely and quickly with their network.

De la communication unidirectionnelle dogmatique à la communication multidirectionnelle égalitaire

Hier en fin de journée, j’ai accordé une entrevue à un journaliste de La Presse sur l’opinion des usagers/clients/étudiants/employés pour un article sur le phénomène du Ratemymd, rate my teacher, rate my product et cetera. Il me demande ce que je pense de ça. Je lui dis que j’observe ce phénomène depuis un certain temps déjà et qu’il est beaucoup plus gros que sur strictement les sites d’agrégation d’opinions des internautes. Ces opinions se retrouvent aussi sur les blogues, les forums, les wikis, les sites de médias sociaux tel Facebook, MySpace, Twitter et autre. J’explique que c’est une bonne chose et que même pour les docteurs, professeurs/entreprises et plus dernièrement politiciens, ils ont maintenant des opinions directes sur eux et qu’ils se doivent d’apprendre à composer avec et d’améliorer les lacunes qu’on peut leur attribuer. Je donne l’exemple de Tripadvisor et j’explique qu’il faut éliminer les commentaires trop dithyrambiques et ceux trop négatifs et qu’entre les deux, se trouve souvent la vérité. J’explique aussi que moi-même, je me suis fiée à ces commentaires pour choisir mon hôtel lors de mon dernier voyage et même pour évaluer mon médecin cet été, avant de me faire opérer par lui. J’explique enfin que la société qui était basée sur la sacro-sainte communication unidirectionnelle dogmatique se transforme maintenant en communication multidirectionnelle égalitaire.

La période ou seuls le patron, le médecin, le professeur, le politicien ou l’entreprise sait la vérité et a raison, est terminée. Maintenant, tous peuvent être évalués, critiqués ou encensés. Le message est maintenant disponible et généré par tous et l’opinion du beau-frère planétaire est maintenant décisive dans la prise de décision de l’étudiant, patient, client, employé, citoyen. C’est d’ailleurs la conclusion sans équivoque qui est présentée dans une récente étude d’Universal McCann, When did we start trusting strangers? How the internet turned us all into influencers (PDF) déniché chez la copine Patricia Tessier.

Today the web is driven by its’ users and peoples’ thoughts on everything are found across the web, personal blogs, to reviews on price comparison sites and wish lists on Amazon are just some examples. It is now incredibly easy to share opinions and cultivate influence, often without even trying. The result has been the democratisation of influence to the masses.
This is a fundamental change in the way we source and share opinions and today anyone can wield influence far beyond their immediate social group. In the old days the conversations we had with our immediate peers generally stayed inside that network. Today opinions and experiences are shared worldwide. Never before have we been exposed to so many opinions and recommendations from so many people – most of whom are complete strangers, without the aura of expertise or celebrity recognition.
The result is an influence economy that is forcing everyone in the public realm including the owners of products and brands to become more transparent, open, conversational and honest. They have to rethink the way that influence is distributed and the role of marketing communications in an information landscape dictated by consumers.