Les paradoxes néfastes d’une enquête sur la collusion/corruption en TI au Québec

Tout comme pour la corruption dans le domaine de la construction au Québec, il semble y avoir de très nombreuses irrégularités, inefficacités gaspillage et sclérose dans les technologies de l’information au gouvernement du Québec. Paradoxalement, nous sommes à un moment de notre histoire pour lequel les technologies en général et le numérique en particulier revêtent une importance capitale pour notre avenir économique et pour la place qu’auront nos enfants dans l’échiquier économique mondial de demain.

Une enquête publique, de l’UPAC ou autre, pourrait certainement nous éclairer sur plusieurs pratiques douteuses de fournisseurs et de fonctionnaires du gouvernement du Québec. Malheureusement, ça risque aussi d’accroitre sensiblement notre retard en matière d’adoption des technologies comme vecteur de réduction des dépenses gouvernementales, d’augmentation de l’efficacité de la prestation de services et d’accroissement de l’ouverture des données et de la limpidité des prises de décisions gouvernementales (gouvernement ouvert). Mais ça risque aussi surtout de repousser aux calendes grecques la mise sur pied d’un plan numérique pour le Québec. Déjà, les mandarins de l’état voient les technologies de l’information comme une « patate chaude » de laquelle il faut se tenir loin. Nos élus aussi, ont peur de prendre des décisions pouvant les faire mal paraîtres en cette ère de gouvernement minoritaire. De plus, rares sont les politiciens qui ont une réelle compréhension du numérique et de son importance pour notre économie ou pour l’évolution de la société.

Il est dommage, triste et inquiétant qu’on ait maintenant peur de ces technologies qui sont pourtant à la fois notre planche de salut économique et sociétale pour la société du savoir dans laquelle nous évoluons. D’ailleurs, à ce que je sache, les états généraux de l’éducation ne touchent en rien la question du numérique dans les débats qui s’y font. Pourtant, il y a fort à parier que d’ici 10 ans, la désintermédiation des connaissances se fera certainement via le Web (elle se le fait déjà) et il est fort probable que pour faire des études universitaires, il ne soit plus nécessaire de se retrouver physiquement sur un campus. Pourquoi aller à l’Université du Québec à Chicoutimi si je peux graduer de Harvard en restant chez moi? Juste un exemple, parmi tant d’autres, des enjeux auxquels il me semble que collectivement nous devrions réfléchir…

Pour en savoir plus, relisez mes billets:

Les gagnants et les perdants de l’économie numérique
Les étonnés et le rapport d’étonnement
La corrélation entre l’électricité et le numérique pour le développement économique du Québec de demain
Un plan numérique pour le Québec, entre autres pour éviter de se faire fourrer collectivement
La gangrène des TI au gouvernement du Québec et son impact sur notre développement économique
Un plan numérique pour le Québec pour éviter de se faire fourrer par les TELCOs

Un plan numérique pour le Québec pour éviter de se faire fourrer par les TELCOs

Je lis une très bonne nouvelle ce matin dans la presse dans l’article Un recours se dessine contre Bell, Telus et Rogers. On peut y lire

Selon le document déposé à la Cour supérieure du Québec, les tarifs d’itinérance internationale pratiqués par Bell et Rogers étaient de 30,24$ le Mb en 2010. C’est presque le triple du tarif moyen de 10,56$ pratiqué dans les 34 pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).

(…)Au Québec, Fido offre un gigaoctet (l’équivalent de 1024 Mb) pour 12,50$ et, en France, le groupe Orange facture 12,82$ pour la même somme de données. En ajoutant un «généreux» pourcentage de 20% pour la facturation, on arrive à un prix de 30,38$ le gigaoctet, indique la requête.

Or, en appliquant les prix facturés par Fido pour l’itinérance en France, un utilisateur devrait payer… 31 948$ pour un gigaoctet! Mille fois trop cher, en d’autres mots. «L’écart est tellement monumental que cela démontre que le défendeur a agi de mauvaise foi et profité des consommateurs», peut-on lire.

C’est sensiblement le même type d’arnaque que nous vivions au Québec avec l’électricité il y a de ça plusieurs décennies telles que je l’expliquais dans mon billet La corrélation entre l’électricité et le numérique pour le développement économique du Québec de demain.

La domination des grands monopoles régionaux, « le trust de l’électricité », sera cependant contestée dans l’opinion publique. Cette contestation donnera lieu à une enquête publique, l’implantation d’organismes de surveillance et mènera en 1944 à la nationalisation de la MLH&P et à la création d’une société publique, Hydro-Québec, avec l’adoption de la loi 17, créant la Commission hydroélectrique de Québec.

Un plan numérique pour le Québec devrait entre autres se pencher sur les infrastructures cellulaires et numériques afin qu’elle permette un sain développement de l’économie numérique et donne accès aux citoyens à ces infrastructures à un prix juste, honnête et compétitif.

La gangrène des TI au gouvernement du Québec et son impact sur notre développement économique

Ce matin mon #jeudiconfession sur les médias sociaux était celui-ci

#JeudiConfession très hâte que l’UPAC et la commission Charbonneau se penchent sur les magouilles TI au Québec pour qu’on songe à un #PlanQc

En fait, les TI (pour technologies de l’information) coûtent si cher et sont si inefficaces dans certains cas au gouvernement du Québec, qu’ils gangrènent l’idée même d’un plan numérique pour le Québec. Les TI sont devenues une « patate chaude » autant pour les fonctionnaires, que pour les élus. Rien ne bouge et il semble que rien ne bougera non plus puisque seule la mention des mots « Technologie de l’information » donne des boutons et actionne un frein majeur. C’est que les TI sont une « dépense », une « spirale de coûts sans fin » et la meilleure façon de se brûler les ailes. Le statu quo est donc la norme et la meilleure manière de « ne pas se planter ».

Aussi, les technologies de l’information ne sont que des outils. Le numérique c’est beaucoup plus que ça. Le numérique c’est l’économie du XXIe siècle, ce sont des revenus, une augmentation de l’efficacité, une réduction des dépenses, une manière d’adapter notre économie et nos secteurs économiques aux bouleversements majeurs qui modifient pratiquement tous les aspects de la société. Mais ici, c’est une grosse patate chaude avec laquelle on est certainement mieux de se tenir loin.

La bonne nouvelle est que dans son bilan de fin d’année, le commissaire de l’Unité permanente anticorruption (l’UPAC), Robert Lafrenière a déclaré

« La corruption ne concerne pas que le milieu de la construction, et notre champ d’intervention est vaste. Nos enquêtes nous mènent vers des milieux tout aussi variés que l’informatique, le milieu de la santé, le Plan Nord et les infrastructures. » — Robert Lafrenière

Déjà de faire le ménage, aiderait grandement à assainir l’air vicié qui affecte tout ce secteur primordial pour notre économie. Dans mon billet Les scandales TI aux gouvernements du Québec et du Canada, tentative d’explication, je développais comment la sclérose affectait ce secteur :

Les fuck-up TI sont peut-être associés sans doute à du graissage de patte éhonté, mais aussi à une approche d’intégration qui rend les projets impossible à livrer et créent une spirale inflationniste ingérable.
(…)
En réponse à ces défis, les Web Services offrent les solutions suivantes :
• La simplicité : Les Web Services réduisent la complexité des branchements tout en rendant la tâche plus facile aux nouveaux participants. Cela se fait en ne créant la fonctionnalité qu’une seule fois plutôt qu’en obligeants tous les participants à reproduire la fonctionnalité à chacun des bouts (comme avec l’architecture client/serveur);
• Composante logicielle légèrement couplée : L’architecture modulaire des Web Services, combinée au faible couplage des interfaces associées, permet l’utilisation et la réutilisation de services qui peuvent facilement être recombinées à différents autres modules;
• Hétérogénéité : Les Web Services permettent d’ignorer l’hétérogénéité entre les différentes applications et modules. En effet, ils décrivent comment transmettre un message (standardisé) entre deux applications, sans imposant comment construire ce message;
• Ouverture : Les Web Services permettent de réduire les inquiétudes liées aux différents «lock-in» que les entreprises subissent des fournisseurs informatiques. Ils permettent aussi de tirer une valeur économique supplémentaire des infrastructures informatiques existantes et des plates formes ouvertes tel que l’Internet

Mais si j’étais un haut fonctionnaire et que par malheur je devais donner un contrat informatique, est-ce que je prendrais une chance avec une petite firme informatique utilisant le développement AGILE, les web services ou de code source ouvert ou j’irais plutôt avec l’une des firmes à trois lettres? Si le projet est un fiasco avec une petite firme, je perdrais peut-être ma job ou je serais rétrogradée, mais avec une firme d’importance à 3 lettres, « qui aurait pu prédire que le projet ne fonctionnerait pas? » Le choix devient donc évident. Qui plus est, si je suis un haut fonctionnaire qui octroie un projet de plusieurs dizaines, voire centaines de millions et que tout d’un coup je me retrouve par magie V-P chez l’une des firmes à qui le contrat a été octroyé, c’est ce que l’on nomme la mobilité corporative et c’est « business as usual ».

Le problème avec les TI c’est que c’est compliqué, que souvent les décisionnels n’ont pas les compétences pour comprendre ou faire des choix éclairés et que ceux qui conseillent, sont aussi ceux qui font. Le dernier rapport du vérificateur général du Québec était d’ailleurs assez troublant à cet effet. De même qu’un article de LaPresse de 2010 qui explique comment une firme, R3D, est passée d’un montant 2 million en contrats gouvernementaux en 2003-2005 à 84 millions en 2005-2010. C’est ce qu’on appelle de la croissance phénoménale. Et dire que ce n’est que la pointe de l’iceberg.

Entretemps, Bill Clinton qui n’est probablement pas l’ex-politicien le plus numérique de la planète, s’insurge de la lenteur de la largeur de bande de son pays comparativement à celle de la Corée.

Surrounded by next generation flexible displays and the next big tech toys at the 2013 International Consumer Electronics Show, former President Bill Clinton made this observation: South Korea is now number one in the world for computer download speeds, and the U.S. has fallen to number 15. “Our speeds are one-fourth of theirs, and we have fallen off the map,” Clinton said.

For the uninitiated, the former president is referring to the fact that there are few to no American communities that are hubs of the kind of world-leading bandwidth sufficient to drive next-generation innovation in our economy. He’s referring to the fact that, though international studies differ, the United States does not enjoy bandwidth that is nearly as fast as our peer countries. He’s referring to the fact that, for the first time since American ingenuity birthed the commercial Internet, we do not have a single national wireline provider with plans to deploy a better, faster and bigger network. For most Americans, five years from now, the best network available to them will be the same network they have today. As a result, the best networks — along with the innovations and economic power they enable — will live in other countries as well.

Un plan « big data » pour le développement économique du Québec

Encore ce matin, le journal Le Monde parle du « Big Data » et de pourquoi la France se fait damer le pion à ce chapitre par les Américains. Dans l’article Les données, puissance du futur, les auteurs Stéphane Grumbach et Stéphane Frénot ont quelques éléments qui ajoutent de l’eau au moulin d’un plan numérique pour le Québec que bien d’autres personnes et moi-même alimentons depuis un certain temps. Par exemple, on peut y lire

Il nous est aussi difficile d’imaginer les évolutions de la société de l’information qu’il l’était de prévoir au milieu du XIXe siècle les possibilités permises par l’électricité.

Les données constituent les briques de base de la société de l’information. Leur quantité est en croissance exponentielle. Alors que la loi de Moore, prédisant le doublement de la capacité de calcul des ordinateurs tous les dix-huit mois, touche à sa fin, les données semblent avoir usurpé à leur profit cette prédiction.

Désormais qualifiées de Big Data dans le monde anglo-saxon, elles représentent déjà des masses considérables pour lesquelles on recourt à de nouvelles mesures.

L’infrastructure physique de la société de l’information, les systèmes de télécommunications, les centres de stockage et de traitement des données, les nouveaux services en ligne, constituent des secteurs industriels qui connaissent une croissance inégalée.

Les centres de données consommeront bientôt autant d’électricité qu’un pays comme la France.

Les données en elles-mêmes offrent un potentiel extraordinaire que l’on commence à exploiter. Elles permettent de générer des connaissances, qui étaient soit hors d’atteinte, soit inexistantes, parce que hors du domaine du pensable.

(…)Dans un autre registre, le cabinet de consultants McKinsey estime le potentiel économique annuel du Big Data pour le système de santé américain à 300 milliards de dollars, soit 1 000 dollars par habitant et par an !

(…)GOOGLE SAIT PLUS DE CHOSES QUE L’INSEE SUR LA FRANCE

En ne construisant pas d’industrie du Web 2.0, elle s’est privée de l’accès à la ressource, y compris à celle provenant de son territoire. Pour des raisons historiques et politiques, l’Europe a peur des données. Elle voit dans la société de l’information une menace qu’il convient de circonscrire, et qui semble inhibertoute vraie ambition.

La faiblesse en données et en capacité de traitement de la donnée résulte d’une asymétrie d’information. L’économiste Joseph Stiglitz a montré les conséquences sur les marchés de cette asymétrie. Grâce à l’analyse des requêtes sur son moteur, Google sait, ou est en capacité de savoir, plus de choses que l’Insee sur la France.

Et l’argument dont le bas blesse

Nos pays sont condamnés à un rôle subalterne, à la protection illusoire d’industries, dont les modèles sont en pleine évolution, et que nous sommes incapables de réinventer.

Si nous revenons au Québec

Ces données qui ont besoin de centre de stockage et d’autant d’électricité qu’un pays comme la France auraient tout avantage à être exploité au Québec. Ces centres de données ont besoin de beaucoup d’électricité entre autres, pour refroidir les installations. Or ici il fait déjà froid et nous produirons bientôt plus d’électricité que nous en avons besoin. En outre, Google a déjà voulu s’installer ici, mais dans sa grande sagesse, le gouvernement libéral jugeait que ça ne créait pas assez d’emplois. Pourtant, il y a moins d’un mois, le Google Fiber a été installé à Kansas City et il permettra une bande passante de 1000 MBPS (alors qu’ici on est à 1,5MBPS) pour $70/mois. Disons qu’avec juste un peu plus de vision, ce serait peut-être Montréal plutôt que Kansas City, qui jouirait de cette avancée. D’ailleurs la comparaison des auteurs entre l’électricité et le numérique, est un comparaison que j’avais fait dans mon billet La corrélation entre l’électricité et le numérique pour le développement économique du Québec de demain. Mais le « hic » de ce billet et de la corrélation est de malheureusement entretenir le mythe de l’électricité (ou du numérique) comme « outil », plutôt que comme levier incontournable de l’économie (industrielle pour le XXe siècle et numérique pour le XXIe siècle). Mais si nous restons strictement dans ce mythe du numérique comme outil, il est sans doute utile de rappeler qu’en décembre dernier, BaselineMag présentait dans l’article Worldwide Demand for Data Centers Surges que:

  • Total annual investment in data centers has reached $105 billion, up 22% from 2011.
  • By 2013, data center investments will reach $120 billion.
  • Spending on facilities management and mechanical/electrical needs has grown by 22.5%.
  • Spending on IT equipment—including servers, storage, switches and routers—has grown 16.7%.
  • By 2013, the amount of real estate devoted to data centers will reach almost 38 million square yards.

Et dire que comme le mentionne Le Monde

Les données personnelles, tant celles produites par les usagers (textes, photos,vidéos, etc.) que celles générées par les systèmes que nous utilisons souvent à notre insu, sont au coeur de l’économie de la société de l’information, et donc de l’économie.
Les données sont devenues une ressource, peu différente des matières premières, comme le charbon ou le minerai de fer, et dont l’importance économique dépassera celle du pétrole. La comparaison avec le pétrole illustre une caractéristique essentielle de l’économie des données personnelles : la concentration.

(gros soupir ici) Peut-être aurons-nous la chance en 2013 de commencer à penser à un plan numérique pour le Québec. C’est du moins ce que je nous souhaite collectivement pour nous tous, mais surtout pour nos enfants et petits-enfants, afin qu’ils ne deviennent pas le tiers-monde de cette économie en pleine explosion

Jean-François Lisée et John Baird sont sourds, muets et probablement aveugles aux droits numériques

La semaine dernière, il y a six jours, dans mon billet Conférence internationale de l’ONU sur la régulation d’internet, le Canada et le Québec y sont-ils? J’ai directement interpellé les ministres Jean-François Lisée et John Baird sur Twitter. Mes questions polies sont restées sans réponses. Il m’apparaît aujourd’hui clair que c’est parce que la réponse à ma question « est-ce que le Québec (ou le Canada) est présent à ce forum int’l de l’ONU sur la régulation d’internet ? « est très probablement négative.

Entretemps, heureusement d’autres nations et organisations s’occupent de nos droits, à notre place. Ainsi, Avaaz.org dans le billet/pétition ITU: Hands off our Internet! s’insurge.

As citizens of the world and Internet users, we call on you to reject any changes to current Internet regulations that would weaken or alter the free and open nature of the Internet, or give any government or body the ability to infringe on Internet users’ rights to free speech, free access to information or privacy. We also demand that any proposed changes to current international Internet regulations be publicly debated, and subject to citizen input and approval.

Pour ce qui est de nos ministres Lisée et Baird, je comprends leur surdité/mutisme/aveuglement. Ils ont d’autres chats à fouetter comme de justifier le double salaire d’André Boisclair ou la position pro-israélienne du Canada dans le conflit israélo-palestinien. Que nous soyons les perdants de l’économie numérique dont la croissance pour les pays du G20 représente d’ici 2016 est de $4,2 billions (je rappelle ici qu’un billion c’est mille milliards), ce n’est vraiment pas de nos affaires…

Pour en savoir plus :

Cerf and Berners Lee Criticize ITU Conference (IT Pro Portal):
http://www.itproportal.com/2012/12/05/sir-tim-berners-lee-joins-criticism-of-un-internet-regulation-talks/#ixzz2EDlH06f5

ITU and Google face off at Dubai conference over future of the internet (Guardian):
http://www.guardian.co.uk/technology/2012/dec/03/telecoms-unitednations

Keep the Internet Open (New York Times):
http://www.nytimes.com/2012/05/25/opinion/keep-the-internet-open.html?_r=1&

Proposal for global regulation of web (Financial Times):
http://www.ft.com/intl/cms/s/0/1b114d8c-422e-11e2-bb3a-00144feabdc0.html#axzz2EdnmBAXI

Who controls the Internet? (Guardian):
http://www.guardian.co.uk/technology/2012/oct/17/who-rules-internet

Conférence internationale de l’ONU sur la régulation d’internet, le Canada et le Québec y sont-ils?

C’est cette semaine que ce tiens à Dubaï la World Conference on International Telecommunications qui est chapeautée par Hamadoun Toure, le secrétaire général de l’agence des télécommunications de l’ONU (U.N. International Telecommunications Union). En présence de 193 pays, dont une délégation américaine de 123 personnes incluant les bonzes de Google, Microsoft et autres technos et telco. C’est ipolitics.ca qui nous informe de la nature des discussions qui sont encore tenues secrètes.

The agenda for the gathering of more than 1,900 participants from 193 nations covers possible new rules for a broad range of services such as the Internet, mobile roaming fees and satellite and fixed-line communications. Questions include how much sway the U.N. can exert over efforts such as battling cyber-crimes and expanding the Internet into developing nations.

(…)
But the head of the American contingent, Ambassador Terry Kramer, said the U.S. would propose taking all Internet-related discussions off the table and concentrating on already regulated services such as phone networks.

“What we don’t want to do is bring in all the private networks, the Internet networks, the government networks, etc.,” he told The Associated Press. “That opens the door to censorship.”

(…)
More than 900 regulatory changes have been proposed, but details have not been made public. Broad consensus is needed to adopt any items — the first major review of the UN’s telecommunications protocols since 1988, well before the Internet age.

La question qui tue

Le Canada et le Québec sont-ils à cette importante conférence? Quels diplomate ou parlementaire représentent notre pays? Quelles sont les positions du Canada en matière de régulation d’internet? Serons-nous tributaires des décisions américaines et étrangères? Avons-nous un intérêt à prendre part à l’économie numérique qui est l’économie du XXIe siècle?

J’en discutais d’ailleurs hier avec Rudy Desjardins, animateur de l’émission radiophonique Café-Show de la Société Radio-Canada en Alberta. (07:32 min.)

MAJ

La question a été posée via twitter à l’honorable John Baird, Ministre des Affaires étrangères et Commerce international du Canada et à Jean-François Lisée Ministre des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur du gouvernement du Québec.

@HonJohnBaird is Canada present at this UN int’l conference on internet regulation? https://www.michelleblanc.com/2012/12/05/conference-internationale-onu-regulation-internet-canada-quebec-y-sont-ils/ …
https://twitter.com/MichelleBlanc/status/276326523361968128

@jflisee est-ce que le Québec est présent à ce forum int’l de l’ONU sur la régulation d’internet ? https://www.michelleblanc.com/2012/12/05/conference-internationale-onu-regulation-internet-canada-quebec-y-sont-ils/ …
https://twitter.com/MichelleBlanc/status/276325950638133249

L’autre question qui tue
Aurais-je une réponse, de qui et dans combien de temps?

MAJ

MAJ

Dans les poches des contribuables,
Un scandale oublié qui coûte cher!

Quand le vérificateur général du Québec conclu un rapport sur les contrats informatiques accordés à diverses firmes, d’une valeur de plus de 500 millions, ça laisse un goût amer chez plusieurs. Un scandale qui a tombé dans le vide comme une goutte d’eau dans l’océan.

Entrevue à CHOI Radio X à l’émission le 2 à 4 de Sophie Bérubé et de Vincent Rabault (avec la participation de Anne-Lovely Étienne). (18 :15 min.)

LeWeb : Tandis qu’ici on patauge dans les scandales d’égouts et de trottoir, le gouvernement Français courtise ouvertement les acteurs du Web

C’est cette semaine que se tiendra à Paris la conférence LeWeb , organisée par Géraldine et Loïc Le Meur. Elle regroupera 3000 congressistes des quatre coins de la planète et recevra le who’s who du web mondial. Comme je m’en étais déjà indignée l’an dernier, à ce que je sache (le pote Claude Malaison qui est sur place saura nous le confirmer), aucun représentant de nos gouvernements provincial ou fédéral n’y sera. On se pose encore la question à savoir si le numérique est un bon outil pour le développement de la culture et entretemps, on continu d’engloutir des sommes astronomiques dans des infrastructures TI d’un autre âge et nos coûts de services-conseils dépassent l’entendement tel que le mentionne le dernier rapport du vérificateur général du Québec.

Pendant ce temps à Paris, tel que nous le révèle LePoint, le premier ministre Jean-Marc Ayrault accompagné la ministre déléguée à l’Économie numérique Fleur Pellerin (ha, les Français ont une ministre de l’économie numérique dont le mandat est de développer un plan numérique pour la France? Quelle idée!), recevront à Matignon, la crème des entrepreneurs web mondiaux. On appelle ça sans doute (selon nos parlementaires québécois et canadiens) perdre son temps à jaser d’outils…

Voici aussi une réflexion que me fit monsieur Alain Cardinal sur mon profil LinkedIn à la suite du partage de la nouvelle LeDevoir: Rapport du vérificateur général – Contrats informatiques de l’État: pas de libre concurrence

L’informatique au gouvernement c’est une parodie… Au gouvernement du Québec, les developpements sont encore fait en majorité sur les “mainframe”, les serveurs de la série Z de IBM. Les méthodologies de developpement les plus lourdes sont utilisés. Ces serveurs étaient performant il y a 20 ans, mais aujourd’hui ils sont dépassé: performance faible pour le coût, entré/sortie lente(la dernière série les carte Z de 1Gb/s par des carte PCIe de 32Gb/s de PC), la connection aux SAN très lente(FICON limite la vitesse), temps de programmation jusqu’a 10 fois plus long sur Z, base de données sous Z plein capacité est 16 fois plus lent qu’un exadata à 10 fois moins chère, Quel dépense!!!

Je note aussi le communiqué de presse du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) qui demande au gouvernement du Québec de mettre en application sans tarder les recommandations du Vérificateur général du Québec contenu dans son dernier rapport sur l’utilisation de la sous-traitance en informatique au gouvernement.

Un plan numérique pour le Québec, entre autres pour éviter de se faire fourrer collectivement

L’un des arguments les plus percutants militant en faveur de l’établissement d’un plan numérique pour le Québec, hormis tous les autres arguments qui sont tout aussi percutant, mais qui ne frappent peut-être pas autant l’imaginaire tel que la réduction des dépenses gouvernementales par le logiciel libre, la vision d’un développement économique par le numérique, le développement d’infrastructures numériques publiques permettant de compétitionner avec le reste de la planète, une vision de la place du numérique pour l’éducation, la santé, la culture, l’économie, le législatif, la gouvernance, la participation citoyenne et encore bien d’autres sujets, est un plan numérique pour éviter de se faire fourrer dans l’attribution nébuleuse des contrats aux fournisseurs gouvernementaux en conseil TI.

C’est le vérificateur général du Québec qui a déposé hier son rapport 2012-2013 dont un chapitre porte sur les Contrats de services professionnels liés au traitement de l’information. Imaginez-vous que le vérificateur n’a observé qu’un mince échantillon de ce qui se donne comme contrat informatique au Québec et que ses analyses et conclusions donnent froid dans le dos. Si le vérificateur avait fait ce travail de vérification pour l’ensemble des ministères et sociétés d’État et qu’en plus des services-conseils, il y avait inclus l’analyse des dépenses logicielles, matérielles et d’infrastructures informatiques et de communications, je pense que nous aurions une belle révolution.

Déjà, comme le rapportent La Presse et Le Devoir, ce petit échantillon d’analyses nous révèle d’inquiétants faits. Dans le milieu, on sait depuis des années l’omniprésence de ce que nous appelons les trois lettres. Nommément LGS, CGI et DMR. Ainsi, dans LaPresse on peut lire:

Trois firmes ont décroché 46% du milliard de contrats informatiques accordés par tous les ministères et organismes en 2009-2010 et en 2010-2011, a-t-il constaté. Il s’agit du Groupe LGS, de CGI et de DMR (division de Fujitsu).
(…)
Selon le rapport, il y avait des problèmes de neutralité dans les comités de sélection des fournisseurs pour 36 contrats. Contrairement aux règles, soit il y avait dans un comité un membre appartenant à l’unité responsable de la réalisation des travaux, soit il y avait un lien hiérarchique entre les membres du comité.
Le CSPQ a également accordé neuf contrats à une somme supérieure à la soumission retenue. Par exemple, un contrat a été signé à 7 millions alors que la soumission était de 4,8 millions, un écart de 46%. Cette situation est «inacceptable» et n’est «pas équitable» pour les autres soumissionnaires, juge M. Samson.

Et selon Le Devoir

C’est ce que révèle le vérificateur général du Québec, Michel Samson, dans son dernier rapport pour l’année 2012-2013 qu’il a rendu public jeudi. Le VG a analysé 38 contrats de plus de 25 000 $, totalisant 271 millions, qui représentent 25 % des contrats informatiques signés en 2009-2010 et 2010-2011. Pour son échantillon, le VG s’est penché sur les contrats qui ont été accordés par le Centre de services partagés du Québec, Revenu Québec, la Régie des rentes du Québec et le Secrétariat du Conseil du trésor.
(…)
Le VG a précisé qu’il n’avait pas le mandat d’enquêter sur la collusion ou la fraude, mais que, faute de concurrence, « il n’en demeure pas moins qu’il y a des risques importants ».
(…)
Le VG a constaté diverses anomalies. Pour 35 contrats, les besoins n’étaient pas documentés ou l’étaient mal. Dans trois cas, la firme qui a obtenu le contrat a participé à la définition des besoins. Dans neuf autres cas, le montant du contrat était supérieur au prix inscrit dans l’offre qui a été retenue, une injustice pour le soumissionnaire qui avait été écarté.

C’est dans l’article Les penseurs du numérique mettent de la pression sur le gouvernement de Valérie Lesage dans Les Affaires qu’on pouvait lire le délicieux passage

Jean-François Gauthier, fondateur de Démocratie ouverte, écrira la partie du document portant sur le gouvernement ouvert ; la meilleure façon selon lui de s’assurer de la gestion honnête et efficace des projets informatiques ou autres. «J’ai trouvé aberrant qu’on parle de collusion dans la campagne électorale sans qu’on parle de publication de données pour régler le problème, s’étonne M. Gauthier. Le jour où tu publieras sur le Web les informations sur les contrats, il n’y en aura plus beaucoup de collusion. Quand tu allumes les lumières, les coquerelles s’en vont.»

La publication des données, rendue facile par les outils Web créés ces dernières années (infonuagique, services Web, logiciel libre), permettrait aussi à chacun de connaître les meilleures pratiques et de s’en inspirer.

«Une émulation se crée, parce que les gens se parlent pour voir comment se produisent les réussites des autres», soutient M. Gauthier.

Les gagnants et les perdants de l’économie numérique

C’est sur le site CRN.com que je trouve la lumineuse présentation que fait Rick Whiting, d’une allocution qu’a donné Erik Brynjolfsson, professeur du MIT et directeur du MIT Center for Digital Business, dans son artcile Winners And Losers In The Digital Economy. Certains seront très certainement rapides à le traiter de « pelleteur de nuage »! C’est qu’il parle d’économie numérique au Comdex Virtual. Ce n’est sans doute pas sérieux…

Mais moi je le trouve particulièrement éclairant et en plein da la ligne d’une « sonnette d’alarme » que douze autres passionnés et moi-même avons sonnée dans notre Rapport d’étonnement hier.

Les gagnants, et les perdants de l’économie numérique (en parlant des États-Unis)

Tel que cité par monsieur Whiting

“GDP is at an all-time high, profits are at an all-time high, investment is at an all-time high. That’s all good news.
(…)
“The labor participation rate, the share of workers that are in the workforce out of the total population, has fallen off a cliff.”

Puis le professeur Brynjolfsson poursuit en disant que des millions de personnes ont perdu leurs emplois parce que les entreprises et les compétences n’ont pas suivi l’évolution trop rapide des technologies numériques (je rappelle ici que l’Estonie vient d’instaurer les cours de codage informatique dès le primaire). Puis après avoir parlé des iniquités de la répartition de la richesse, engendrées par les profits des technologies, il poursuit en différenciant ceux qui ont des « skills » et ceux qui n’en ont pas.

There’s been a divergence, which economists call a ‘skill-biased technical change,'” he said. The result: People with limited skills have difficulty finding employment while businesses have trouble filling jobs — such as in high-tech manufacturing — that require higher skill levels.

Il poursuit en identifiant les superstars de la nouvelle économie comme Lady Gaga ou Scott Cook qui après avoir inventé Turbotax, fit perdre des milliers d’emplois chez H&R Block.

Mais c’est justement sa conclusion que je trouve si lumineuse (sans doute parce que je partage tellement ce point de vue que j’ai donné bénévolement de mon temps pour travailler sur le rapport d’étonnement des 13 étonnés), la voici donc.

“The truth is, technology has always been destroying jobs, technology has always been creating jobs,” Brynjolfsson said. But with advances in technology coming faster than ever, that equation is out of balance.

“We’re going to see this trend accelerate in the next 10 years,” he said of machines taking over tasks that have been exclusively the province of humans. “The consequences of this are very profound.

“Addressing this paradox is the grand challenge for our generation.”

Le grand défi de notre génération est de confronter ce paradoxe! Cette citation vient d’n prof. de MIT et citoyen américain, l’une des nations les plus en avance avec le numérique. Et nous ici, on ne se penche même pas encore sur ça. Le numérique ce ne sont que des outils… Au mieux, une connection à 1,5MBPS si vous êtes du bon côté de l’un de nos réseaux…

C’est justement ce que propose notre rapport d’étonnement.

Je deviens impatiente et l’étape prochaine, je serai sans doute en tabarnak…

Mais je comprends que des fois l’aveuglement, le dénie, l’obscurantisme c’est profond. Je sais de quoi je parle j’ai nié mon sexe durant 45 ans…

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Pour réellement comprendre l’urgence des enjeux, lisez ce paragraphe

Technology Change Accelerates In The Next 10 Years
Brynjolfsson cited two cases to illustrate how quickly technology is advancing. One is Google’s self-driving car technology, which the MIT professor recently experienced in a drive down Highway 101 in the San Francisco Bay Area. The other is IBM’s Watson computer (pictured) that defeated longtime Jeopardy champion Ken Jennings in a famous man vs. machine competition.

The Google technology could make obsolete thousands of jobs, from cab drivers to long-haul truckers. And Brynjolfsson said the Watson technology is being applied to call centers, financial processing tasks and even medical diagnostics — jobs that once only people could do.

Les étonnés et le rapport d’étonnement

Vous pouvez enfin prendre connaissance de notre Rapport d’étonnement (PDF) et je vous invite VIVEMENT à poursuivre la conversation sur le portail mis en ligne spécifiquement à cette fin http://plannumeriquequebec.org/, à le critiquer, l’améliorer et à le partager à votre tour. N’oubliez surtout pas de pousser dans le cul de nos élus afin qu’eux aussi, s’étonnent, s’indignent et finalement se bougent, pour que nos enfants et petits-enfants jouissent des retombés économiques de cette nouvelle économie de l’immatériel.

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Photo officielle - Les 13 étonnés (crédit photo Irois Léger)

Le groupe des 13 étonnés

Le groupe des 13 étonnés, dans l’ordre habituel, Monsieur Cyril Béraud, Monsieur Jean-François Gauthier, Madame Monique Savoie, Monsieur Michel Chioini, Monsieur Claude Malaison, Monsieur René Barsalo, Monsieur Mario Asselin, Monsieur Vincent Gautrais, entourant Madame Monique Chartrand, Monsieur Michel Cartier, Monsieur Hervé Fischer, Madame Michelle Blanc, ainsi que Monsieur Sylvain Carle qui s’est joint à celui-ci via Skype.

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Le vrai rêveur est celui qui rêve de l’impossible.
Citations de Elsa Triolet

L’utopie est la volonté de modeler l’image de la Société à partir d’un idéal éthique, d’une certaine conception de la justice, du bonheur, de l’efficacité, de la responsabilté.
citation de Jacques Attali

Invitation aux rêveurs, aux utopistes et même aux réalistes, à brasser la cage de l’immobilité numérique ici http://plannumeriquequebec.org/