LinkedIn ce n’est pas Facebook. Pis après???

La semaine dernière, sur plusieurs présences sociales, j’ai partagé le statut

Demain, ça fera 23 ans que par un soir pluvieux qui ne me poussait vraiment pas à sortir, au défunt bar Gypsy, l’amour m’a frappée comme une tonne de brique. C’est la plus belle chose qui ne me soit jamais arrivée. On dit des fois que le hasard fait bien les choses. Dans ce cas-ci, le hasard aura tracé mon chemin de la plus extraordinaire façon. Que je l’aime cette fabuleuse Bibitte Électrique…

Ce statut a fait un tabac sur tous mes médias sociaux. Sauf que sur LinkedIn, quelques personnes (qui étrangement ne sont pas dans mes contacts) sont venu me dire :

LinkedIn ce n’est pas Facebook.

Pis après ? Pourquoi prendre la peine de venir sur mon mur LinkedIn pour me dire ça ? Faut croire que ça te dérange ? Pis justement, c’est une maudite bonne chose. Tu ne deviendras jamais mon client. C’est une forme de sélection naturelle. Les téteux constipés ne « fitteraient » pas avec moi

Depuis des années, je m’évertue à expliquer que les médias sociaux sont des médias conversationnels et que comme dans toute bonne conversation, il faut un mélange de pertinent et de badin. Quelqu’un qui déconne constamment, est con et quelqu’un qui est toujours sérieux, est plate. Cela étant dit, il est évident que sur LinkedIn, je suis beaucoup plus circonspecte et que bien des statuts qui font les délices de mes abonnés Facebook, ne se retrouveront jamais sur linkedIn. Par exemple, mes photos de pizza, de lac ou de ma chienne Charlotte ne se retrouve jamais sur linkedIn. Par contre, un statut personnel comme celui cité ici, est à mon avis tout à fait approprié. Il illustre mes valeurs humaines, ma stabilité (23 ans en couple c’est tout de même un bail) et dévoile un autre aspect de ma personnalité. Il est vrai que les test de mathématique, de QI et autres « minions » n’ont peut-être pas leur place sur linkedIn (ce que je ne partage jamais personnellement) mais jamais, au grand jamais je n’irai dire à quelqu’un que son statut n’est pas à sa place sur LinkedIn. Si je n’aime pas ce que quelqu’un écrit, j’ai assez de savoir-vivre pour passer par-dessus et aller voir ailleurs pour d’autres contenus qui m’interpellent plus…

En conclusion, Daniel Gladu CRHA, en réponse à un patron des pompiers de la ville de Québec, qui a par la suite effacé son commentaire qui disait justement LinkedIn ce n’est pas Facebook, lui mentionnait :

Votre raisonnement est un peu comme dire à un collègue de ne jamais parler de sa vie privée ou partager un bonheur au travail…

Pourquoi le REM est inutile et qu’Hydro-Québec doit se réinventer

Étonnamment les investissements de 5 milliards dans le REM (Réseau électrique de métropolitain de la Caisse de Dépôts et de Placement du Québec) seront de l’argent jeté par la fenêtre et cet argent devrait plutôt être investi dans Hydro-Québec afin qu’ils s’ajustent rapidement aux innovations qui rendront et le REM et Hydro-Québec caducs si rien n’est fait.

Vous vous dites sans doute que j’en fume du bon ? Je vous répondrai que j’attends la légalisation du pot avant de me prononcer sur cette question 🙂 Je vous inviterai par contre à écouter l’excellente conférence de Tony Seba, Clean Disruption – Why Energy & Transportation will be Obsolete by 2030 présentée à Oslo en mars 2016. Avec deux images particulièrement frappantes, il explique qu’en l’espace de 13 ans, entre 1900 à 1913, les carrioles tirées par les chevaux ont été complètement remplacées par les automobiles. C’est une transformation (disruption) majeure de l’économie, des transports et de la société tout entière qui s’est opérée. C’est le même type de transformation que nous vivons présentement avec l’énergie et les transports (qu’ils soient collectifs ou individuels). À cause des innovations fulgurantes et de la baisse très significatives des coûts reliés à l’énergie et au transport, il prédit que d’ici 2030, 80% des voitures disparaitront et que grâce aux avancés de l’énergie solaire et des batteries, les industries de production d’électricité ne seront plus que l’ombre d’elles-mêmes.

Clean-disruption-TonySeba

Clean-disruption-tonyseba2

Nous nous retrouvons donc dans une situation comparable à celle d’un gouvernement qui veut investir massivement dans la fabrication de carrioles et d’étables en 1900. Nous n’avons pas la sagesse de regarder où s’en va l’économie et de nous y adapter avec prévoyance et vision. On ne se pose pas les questions fondamentales comme

-Que ferons-nous des chauffeurs de taxi, d’autobus et de camions qui perdront inévitablement leur travail?
-Comment allons-nous faciliter la formation et l’adaptation de notre main-d’œuvre aux besoins de la nouvelle économie?
-Que deviendront les grandes villes une fois que la délocalisation du travail (travail à domicile) sera la norme?
-Pourquoi construisons-nous et investissons-nous dans de supers hôpitaux alors que de plus en plus de spécialistes travailleront de leurs sous-sols (comme les radiologues qui ne sont déjà plus dans les hôpitaux)?
-Et surtout, sachant que la fibre optique devient le vecteur de transport primordial de cette économie numérique, qu’attendons-nous pour y investir massivement?

Cette dernière question est pourtant LA QUESTION cruciale. Y répondre permettrait entre autres de trouver une vocation de remplacement, ou plutôt d’adaptation pour Hydro-Québec. Elle serait aussi garante de la pérennité et du rendement des investissements de la Caisse de dépôt et placement du Québec et rejaillirait sur l’ensemble de l’économie.

Récemment, je m’insurgeais contre l’idée d’un Amazon Québec d’Alexandre Taillefer. L’idée est que même si un commerçant de Rouyn-Noranda voulait faire du commerce électronique sur cette plate-forme, il lui serait impossible de téléverser son inventaire en ligne à cause de la vétusté des services internet de cette région. Un de mes clients, manufacturier de classe internationale de l’Estrie, doit prendre sa voiture et venir à Montréal pour mettre à jour son site web, étant incapable de le faire de son établissement en région. Les exemples d’aberrations de notre vision stratégique sociétale sont nombreux et pendant ce temps, on se gargarise « d’innovations » qui ne veulent rien dire dans le contexte de transformation majeure de l’économie qui s’opère.

On aura sans doute la calèche la plus performante, la plus légère et la plus économique de la planète, alors que le reste du monde roulera en voiture électrique autonome… 🙁

Voici certaines des prédictions (très documentées) de Tony Seba

This $12 trillion/yr disruption will melt down investment portfolios based on these soon-to-be obsolete industries. The Clean Disruption will also provide ample opportunities for entrepreneurs and investors to create new products, services, markets, and industries.Tony Seba’s recent book “Clean Disruption of Energy and Transportation” shows how the disruption is unfolding. This book focuses on market disruptions caused by exponential technology improvement, business model innovation, and disruptive product design enabled by this technology convergence. “Clean Disruption ” projects that by 2030:
– All energy will be provided by solar or wind.
– The architecture of energy will flip from centralized, command-and-control, secretive, and extractive to distributed, mobile, intelligent and participatory.
– Electric Utilities as we know them will be obsolete.
– Oil will be obsolete.
– Nuclear will be obsolete.
– Natural Gas will be obsolete.
– Coal will be obsolete.
– All new mass-market vehicles will be electric.
– All new mass-market vehicles will be autonomous (self-driving).
– The auto industry will shrink by 80%.
– 80% of parking space and highway space will be redundant.
– The parking industry will be disrupted.
– The car insurance industry will be disrupted.
– The construction and real estate industries will change dramatically.
– Cities will undergo the most radical transformation since horses gave way to gasoline cars and electric streetcars.
– Taxis as we know them will be obsolete.
– Logistics as we know it will be obsolete.

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Alexandre Taillefer , notre gouvernement et le financement du copycat

Alexandre Taillefer est un homme brillant qui a de la suite dans les idées. C’est aussi un opportuniste dans le bon sens du terme. De surcroit, il a la chance d’être bien « plogué » avec les gens de pouvoir et les financiers gouvernementaux qui font valser les millions issus de nos impôts. Ses idées ne sont pas du siècle dernier comme peut l’être la cimenterie de Port-Daniel (de la famille Bombardier) qui a reçu au moins 450 millions de dollars.

Mais avant de parler du cas Alexandre Taillefer, j’aimerais vous rappeler certaines habitudes « réactives » de notre bon gouvernement (et de ses financiers gouvernementaux). Il y a 15 ans, c’était l’industrie hôtelière qui était dans le marasme. Les tripadvisor, expedia et autre hotels.com chamboulaient les habitudes de consommations. L’Ontario décida de créer « les clés du tourisme » afin d’outiller les prestataires touristiques pour qu’ils se prennent en main. Ici, on créa BonjourQuebec.com afin de tenter de remplacer les « joueurs venus d’ailleurs ». Comme vous le savez peut-être, ce fut un gouffre financier qui profita allègrement à Bell qui était le partenaire du Ministère du Tourisme. Les prestataires québécois eux, continuèrent d’être poche en ligne et de voir une portion importante de leurs revenus être accaparé par les intermédiaires en ligne.

De même Quebecor et sa filiale Canoë, voulaient compétitionner les grands de ce monde. Ce qui me fit dire sur Twitter

Alexandre Taillefer propose de créer un Google et un Facebook québécois
Alexandre Taillefer veut créer un Amazon québécois
Ça me rappelle le “TonTuyau” de Quebecor pour contrer YouTube et Espace Canoë pour combattre MySpace Au moins, Quebecor faisait ça avec son argent…

Ce à quoi monsieur Taillefer répondit

Franchement insultant.

Il faut ici noter qu’en l’espace de deux jours, on pouvait lire les titres Forum Culture + Numérique: Alexandre Taillefer propose de créer un Google et un Facebook québécois et Alexandre Taillefer veut créer un Amazon québécois. Vous m’excuserez donc cher monsieur Taillefer mais c’est plus fort que moi et disons que ça frappe mon imaginaire…

Comme vous le savez peut-être, TonTuyau et Espace Canoë n’existent plus. Mais que voulez-vous, nous avons ce réflexe de copycat bien ancré dans nos gènes collectifs. Vous souvenez-vous du Miniputt? Un Miniputt, c’est bien. Dix miniputt, c’est encore bien. 100 miniputts, et ils ferment tous. La même chose pourrait se passer avec le concept arbre en arbre /arbraska, le nouveau Miniputts.

Par ailleurs, au début de ma pratique il y a 15 ans, existait le crédit au développement informatique. J’ai rencontré au moins 25 entrepreneurs qui avaient développé le nouveau CMS qui devait révolutionner la planète et aujourd’hui, aucun d’eux n’est encore en affaire. Toutes ces « inventions » copycat ont été largement financées avec nos impôts. Je me souviens aussi des investissements majeurs de la Cité du commerce électronique et de la Cité du multimédia. Des centaines de millions qui ont enrichis les entrepreneurs en construction et qui sont maintenant occupés par les CGI et Cognicase de ce monde.

Cela étant dit, l’innovation est souvent aussi de prendre quelque chose qui existe déjà et de l’améliorer avec un ajout ou une modification qui en fait quelque chose de différent. C’est ce qu’a fait monsieur Taillefer avec son fameux taxi Teo. Le timing était parfait pour lui. Le gouvernement du Québec ne se pouvait plus avec les voitures électriques, Uber grugeait le modèle d’affaires des taxis traditionnels et le gouvernement ne savait plus comment le contrôler. La solution évidente devenait d’allonger des dizaines de millions à monsieur Taillefer qui devenait le sauveur de notre industrie locale. Ainsi, il put recevoir 30 millions de notre gouvernement (via entre autres la Caisse de dépôt).

Ces 5 millions $ versés à Taxelco s’ajoutent aux investissements de 25 millions $ de la Caisse de dépôt et d’Investissement Québec.

«Nous sommes le groupe le plus impliqué et le plus ambitieux pour électrifier les transports au Québec», dit Alexandre Taillefer. Cette vaste stratégie a été, selon lui, le facteur décisif pour convaincre de grands joueurs de s’impliquer. La Caisse de dépôt et Investissement Québec participent à XPND2, lancé en novembre dernier. Ce fonds a amassé 75 millions pour déployer ce plan. «Ce ne sont pas des subventions, précise-t-il. Ils ont investi de l’argent, aux mêmes conditions que moi.»

Tout comme Bell avec BonjourQuébec, on ne parle pas de subventions. On parle ici d’investissement…

Monsieur Taillefer étant un fin observateur de la scène politique québécoise et étant de tous les grands débats numérique, remarque à juste titre que notre gouvernement et ses institutions ne savent plus comment appréhender la bête numérique. La Culture et les communications ne savent plus comment freiner l’érosion des revenus publicitaires et le commerce de détail ne sait plus comment faire face aux géant américains. Le réflexe traditionnel est de demander à ceux qui savent de les sortir de leur aveuglement. Ça a déjà été Bell, CGI, Quebecor ou Bombardier et là ça s’enligne pour être Taillefer.

Mais se pourrait-il qu’à l’instar de l’Ontario (avec l’initiative citée plus haut) ,on songe plutôt à outiller les petits acteurs pour qu’ils prennent leur place? Est-ce possible qu’on légifère pour récupérer nos taxes et qu’on prenne des mesures pour redistribuer les droits d’auteur aux ayants droit? Serait-ce une bonne idée d’investir massivement dans des infrastructures cellulaires et internet à prix abordable à la grandeur du Québec jumelé au développement de l’expertise numérique chez nos entrepreneurs afin qu’ils puissent être en ligne convenablement? Est-ce une bonne idée qu’au lieu de faire à la place du citoyen qu’on lui montre comment faire et qu’il ai les réseaux de bande passante pour le faire?

“Si tu donnes un poisson à un homme il mangera un jour; si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours”

Il faudra un jour que collectivement, on cesse de donner du poisson…

Si entretemps, monsieur Taillefer qui est un excellent pêcheur arrive à se faire financer du poisson par nos gouvernements, j’en serai très heureuse pour lui. Mais j’ai bien peur que collectivement, on reste sur notre faim…

MAJ

Je serais une gérant d’estrade https://www.michelleblanc.com/2017/03/24/je-serais-une-gerant-destrade/

MAJ2

On veut faire un AmazonQuebec alors que les marchands ne peuvent même pas uploader une photo. Faudrait peut-être revoir les priorités…
Les élus mettent de la pression: assez, c’est assez !

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Le mythe de la « neutralité journalistique » et pourquoi ça a toujours été une création de l’esprit

Je viens tout juste de me « pogner » sur LinkedIn avec un journaliste à propos de mon statut :

Aux chroniqueurs et journalistes, vous devez chercher à comprendre, valoriser les points de vue différents, mais juger, prendre des positions, dévaloriser et stigmatiser a des conséquences sociales dont vous êtes responsables…

Avant de reproduire ici le débat, j’aimerais expliquer pourquoi la « neutralité journalistique » ça a toujours été une création de l’esprit et de la bullshit. Prenons les deux exemples de titre :

Israël avance sur le Liban et Le Liban envahit par Israël. À première vue, les deux titres sont équivalents. Mais en y regardant de plus près, le premier titre peut laisser supposé qu’Israël répond à une agression tandis que le deuxième, qu’Israël est l’agresseur.

Prenons aussi cet autre exemple d’un verre qui contient 50% d’eau. Un journaliste pourra dire que le verre est à moitié plein ou qu’il est à moitié vide. L’un sera optimiste et l’autre pessimiste. Pourtant, les deux journalistes qui feraient ces tournures de phrases se réclameraient de la neutralité journalistique. Vous comprenez donc qu’on ne peut réellement jamais prétendre à cette neutralité et qu’à chaque ligne d’un texte, consciemment ou inconsciemment, l’information qui nous est présentée est souvent biaisée strictement dans la formule qui sera utilisée même, si objectivement, le verre contient 50% d’eau.

Voici donc le débat avec le journaliste à propos de mon statut mentionné plus haut:

Luc Archambault

Je crois, madame, que vous faites erreur, en mélangeant les rôles de journaliste et de chroniqueur. Un journaliste doit rapporter les faits, aussi objectivement que possible, soit. Mais un chroniqueur se doit de prendre position, de donner son opinion personnelle. C’est sur la force de son argumentation qu’il est jugé. Si sa pertinence est vague ou irresponsable, c’est au public à s’en plaindre et à l’équipe éditoriale de le rappeler à l’ordre, voire de le congédier. Il est trop facile de blâmer les “médias” pour les excès de violence. Il est beaucoup plus facile de pointer du doigt les Cassandres de ce monde plutôt que ceux à qui profitent la montée de cette violence, ie les politiciens, les magnats de l’information, les fabricants d’arme, les histrions de la sécurité mur-à-mur, et tous ceux qui veulent brimer la liberté d’expression. Si les fous furieux passent au travers des mailles du système limitant l’acquisition d’armes, peut-être faudrait-il revoir ce système… et non dénoncer en coup d’épée dans l’eau ceux qui s’attaquent à la médiocrité ambiante. Je suis parfaitement conscient que le milieu médiatique comporte son lot d’imbéciles, mais de là à proposer un bâillon sur la libre expression, c’est de la folie pure…

Michelle Blanc

Luc Archambault un verre a 50% d’eau. Ceci est un fait. Maintenant si le journaliste dit qu’il est à moitié plein, déjà c’est une prise de position éditoriale basée sur un fait. La soi-disant “neutralité journalistique” est commode pour faire oublier les biais éditoriaux qui pullulent dans les médias et les préjugés qu’ils alimentent. À titre d’exemple, l’article http://www.journaldemontreal.com/2017/01/25/la-saaq-interdit-a-des-employes-de-dire-monsieur-ou-madame présente en sous-titre, une plainte sur 22 millions. Dans les faits, il y a eu une plainte à St-Hyacinthe donc le nombre de plaintes de St-Hyacinthe devrait être mis en relation. Or on prend plutôt le nombre de plaintes provinciales et on la met en sous-titre. Par ailleurs, on associe l’idée “qu’un individu” se fait dire “monsieur” et que la SAAQ va désormais interdire de dire monsieur et madame pour toute la population du Québec. Or, on ne mentionne pas que l’individu s’est fait dire monsieur 3 fois et que la troisième fois, elle a exigé des excuses. “L’individu” n’a jamais exigé qu’on cesse de dire “monsieur madame” à la grandeur du Québec et elle c’était fait mépriser par le préposé de la SAAQ. Prenant pour du “cash” les affirmations du JdeM (qui ont été démentis par la SAAQ) tous les chroniqueurs du même journal et de plusieurs autres ont monté en mousse que les trans exagéraient en faisant des demandes sans cesse qui sont plus loufoques les unes que les autres. Il me semble que c’est là même l’exemple d’un média qui “rapporte les faits” en jouant avec en tabarnak…

Luc Archambault

La première victime de tout fasciste est justement cette ‘liberté d’expression’ celle sur laquelle vous crachez si allègrement… et bien cette même liberté vous permet (ainsi qu’à moi) de postillonner un lot de bêtises qui ne devraient sûrement pas exister dans l’arène publique, mais réseaux sociaux obligent… la démocratie en marche vers le nivellement par le bas, au lieu de s’élever vers un monde meilleur. C’est sûrement pour cette raison que David Goldberger, un avocat de l’ACLU (American Civil Liberties Union), a défendu un groupe de néonazis dans la cause “National Socialist Party v. Skokie (1977)”… pas pour les idéaux de ces fascistes, mais bien pour la seule liberté d’expression.

Michelle Blanc

Luc Archambaultà quel endroit déjà ai-je demandé “un bâillon sur la libre expression” ???

Luc Archambault

Michelle Blanc Pour vous, le Journal de Montréal est un exemple à suivre en terme de journalisme? Une feuille de chou qui se vautre dans les nouvelles de chiens écrasés et de porte-voix de l’empire Péladeau, c’est du sérieux à vos yeux? Ben bravo. La discussion est close. Aussi bien prendre les nouvelles de V au même titre que celles de PBS. Ou considérer que les articles du Der Stürmer ou du Völkischer Beobachter étaient à prendre pour du cash.

Michelle Blanc

Luc Archambault j’aurais pu citer d’autres médias, mais bon, vous avez vos propres perceptions dont celle que je demande “un bâillon sur la libre expression”…

P.S. Un des livres que je garde précieusement et qui décortique admirablement bien cette « bullshit » est :
MacLean, Eleanor, Between the lines, How to detect bias and propaganda in the news and everyday life. Publ. Deveric Development Education. (1981) ISBN 0-9690919-0-7

Via Capitale, charognards de l’immobilier

Hier était la journée nommée « lundi blues», la journée la plus déprimante de l’année. Selon Atlantico, cette journée serait même associée à une hausse des suicides. Il est aussi peut-être judicieux de rappeler que dans le cas des trans, 65% de la population a fait une tentative de suicide, que 57% des personnes transgenres ont perdu les liens avec leur famille et que 55% des transgenre ont perdu leur emplois.

 

Pourquoi je vous parle de ça ? Parce que hier, lors de la diffusion de l’une des émissions les plus écoutées, le retour de la série Les Pays d’en haut, on pouvait voir cette pub de Via Capitale.

 

https://www.instagram.com/p/BPWXjQtjB3R/?taken-by=blancmichelle

 

Étant donné la délicatesse qui entoure les services funéraires, le soutien psychologique ou les services juridiques qui peuvent justement être associés aux drames humains que sont le divorce, le suicide et autres épreuves troublantes et difficiles de la vie, leur publicité sont fortement encadrée. Et c’est bien ainsi. Il doit y avoir une certaine décence à vivre et faire du fric sur le dos des gens affligés de tragédies.

 

Cette décence élémentaire vole complètement en éclat avec cette pub à soi-disant saveur humoristique.

 

C’est l’agence de publicité Alfred qui est derrière ce chef-d’œuvre de mauvais goût et comme me le disait Frédéric Henri sur ma page Facebook

 

Il y a 2 erreurs grossières :

 

  1. impliquer que le changement = drame = bris de famille automatique. Ce sont des stéréotypes indéfendables.

 

  1. tenter de blâmer la personne qui change de sexe auprès des enfants pour le drame (…depuis que papa est devenu maman) : le déménagement est la faute du papa devenu maman.

 

 

Je passe ma vie à relativiser le mépris de ma transsexualité. Pas besoin en plus de voir ça à la tv dans une estie de pub poche… de Via Capitale

 

Chiffes transphobie

P.S.

Notez que dans mon texte il n’y a pas d’hyperliens vers Via Capitale. Déjà que je rediffuse leur pub merdique, je ne leur donnerai pas du google juice en plus…

 

MAJ

Je reproduis ici le commentaire de monsieur David Martin, qui apparaît dans la section commentaire de ce billet:

 

David Martin

Notre campagne présente sur un ton léger et bon enfant diverses situations concrètes et contemporaines de la vie pouvant inciter des gens à reconsidérer leur type de résidence ou vendre leur propriété : infidélité conjugale, tanguy quittant enfin la maison familiale, gens attendant un héritage laissé à une tierce personne, grossesse imprévue, dettes auprès de gens peu recommandables.
Une des exécutions évoque le changement de sexe d’un parent. Nous pensions avoir abordé ce cas avec respect, sans jugement et avec le ton qui caractérise nos communications publicitaires.
Nous avons entendu certaines personnes exprimer un malaise ou un mécontentement. Nous tenons à réitérer publiquement notre sensibilité et notre respect envers elles, leur réalité et leur opinion. À cet égard, nous avons choisi de retirer ce message des ondes. De plus, nous avons décidé de faire un don à l’association des transsexuelles du Québec.

David Martin, président et chef de la direction
Via Capitale

 

Je vous invite aussi à prendre connaissance de mon autre billet MERCI au PDG de Via Capitale

 

Défendre les plus faibles est un devoir moral

Une personne avec qui je collabore me souligna récemment que je parlais peut-être trop de transsexualité dans mes différents contenus médias sociaux. Ma transition est faite depuis belle lurette. Je pourrais encore me faire opérer pour la voix, mais cette opération coûte 10 000 $ et son taux de réussite n’est que de 25 % en plus d’inclure le risque de perdre cette voix qui m’aide à gagner ma vie. En tout état de cause, je suis désormais légalement, civilement et anatomiquement une femme, quoi qu’en disent mes détracteurs. Je pourrais donc aisément cesser de parler de ce sujet.

En outre, parler de transsexualité n’aide en rien ma business. Ce serait même tout le contraire. Ça gruge de mon temps et de mes efforts. Ça ne me paye strictement rien et ne m’a jamais payée. Ça attire les trolls et me cause divers ennuis. Ça contribue aussi à me garder éternellement dans ce statut de « Trans » dans l’imaginaire du public, alors que mon désir le plus profond est d’être ENFIN perçue comme la femme que je suis.

Mais c’est plus fort que moi. Je sens l’appel du plus faible. Je sais que mes prises de position aident. Qu’elles sauvent des vies. Qu’elles donnent une voix à ceux qui n’en ont pas. Qu’ayant une tribune d’influence, je me dois AUSSI de me servir de celle-ci pour le bien d’autrui! Je sais pertinemment bien que de très nombreux débats restent à faire. Juste ce week-end, j’ai été interpellée par ce faux débat suscité par LaPresse à propos du coût de $9M qui a été dépensé par le gouvernement du Québec pour quelques 600 opérations génitales de trans. Pourquoi parlerais-je de ça? Je suis opérée depuis déjà 8 ans? C’est ce que j’ai fait ce week-end entre autres dans mon billet La stigmatisation des trans dans certains médias, réponse à Eric et les fantastiques.

J’ai sauté dans ce débat sans doute aussi parce que j’ai été la première de ces 600 personnes à être opéré grâce à cette mise à jour importante des procédures de la RAMQ. Cette procédure a été changée grâce aux nombreuses demandes de plusieurs activistes trans durant des années. Mais elle est aussi tributaire du concours de circonstances de mon apparition à l’émission Tout le monde en parle, du fait que j’y ai explicité la problématique et que je fus par la suite présidente d’honneur de la Fierté Gaie de Montréal. Le ministère de la Santé avait une pression médiatique importante. Ils se devaient D’ENFIN régler cette problématique qui traînait depuis trop longtemps ou courir le risque de vivre avec une patate chaude médiatique dont ils ne savaient que faire. Je suis extrêmement fière d’avoir participé à ça.

Mais aujourd’hui, les acquis sont fragiles. Ils peuvent disparaître pour tous ces autres qui font et feront le chemin de la guérison et de l’acquisition du genre avec lequel ils peuvent enfin vivre pleinement. C’est mon devoir moral de continuer à les aider. Au risque de vivre avec certains « inconvénients », ma voix est importante pour eux et elle sera là aussi longtemps qu’il le faudra. Et ça risque malheureusement d’être encore très long…

Secrets de famille et la lâcheté de ceux qui savent

Le Québec est une grande famille. Le Québec a de nombreux secrets. Le cinéma est une grande famille. Le comité olympique canadien est une grande famille. Le secteur de la construction est une grande famille. Le secteur des TI est aussi une grande famille. La politique, les affaires, la pègre, les motards le sont aussi.

Où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie. Où il y a de l’homme, il y a aussi des gens qui se lèvent debout et qui au risque de leur sécurité physique, financière, psychologique, familiale ou sociétale, osent parler. Osent lever le voile sur les abominations dont ils sont témoins. Lorsque ça arrive, le déferlement de révélations subséquentes survient. On nettoie la plaie. Les choses changent un peu. Des fois.

Les secrets de familles sont partout. Qu’on parle de Marcel Aubut, de Claude Jutra, des commissions Gomery ou Charbonneau, ont dit souvent « tout le monde était au courant ». Mais personne ne parlait. Lorsqu’on parle de TI au Québec et des milliards (je ne dis pas ici centaines de millions, mais bien de milliards) qui sont dépensés pour des projets qui ne marchent pas, tout le monde sait. Mais personne ne parle. Une de mes connaissances avocat me parlent de ces réunions à 25 personnes qui sont tous à plus de 300 $ de l’heure assis autour d’une table à chercher les excuses et justificatifs de ces projets qui ne marchent pas. Il me raconte aussi que les mêmes grandes firmes de comptables et d’avocats qui analysent les contrats des fournisseurs examinent aussi ceux du gouvernement. Mais il y a un « mur de chine » entre les collègues des mêmes bureaux qui travaillent des deux côtés de l’équation. Il y avait aussi un mur de chine dans la tête des gens de cinéma, du comité olympique, de la construction, de la politique et autre. On sait, mais on n’a pas de preuve ou on n’ose pas aller en chercher.

Plusieurs amis informaticiens savent. Ils voient le ridicule des projets. Mais ils ont des familles à faire vivre. Ils ne peuvent se payer le loisir d’être barré à vie de la famille. Ils se taisent et se tairont jusqu’à ce que quelqu’un,un premier, parle. Ils ne diront rien jusqu’à ce que l’UPAC frappe un bon coup, un de ces jours, qui n’arrive toujours pas.

Dans ma propre famille, plusieurs de mes neveux et nièces croient (depuis maintenant huit ans) que je suis partie faire un long voyage dont je ne suis jamais revenue. Ils ne savent pas que je suis encore ici, mais juste un peu différente. Ils étaient (soi-disant) trop jeunes lorsque c’est arrivé. Depuis, ce secret est devenu la réalité.

Moi je sais bien des choses en TI. Mais je n’ai effectivement pas de preuves. Je suis à mon compte et je pèse soigneusement mes paroles. Pas par lâcheté, mais parce que je ne peux me permettre une poursuite bâillon et que je n’ai pas de preuve tangible et défendable. Mais je sais en tabarnak à quel point on se fait fourrer collectivement. Peut-être le saurez-vous aussi un jour…

Mon #Jeudiconfession du jour

‪#‎Jeudiconfession‬ ‪#‎Jutra‬ Mon père était orphelin de Duplessis. Il était beau et on le cachait lorsque des parents venaient pour adopter. Les prêtres et les soeurs ne voulaient pas perdre leur jouet sexuel. Voilà pourquoi la pédophilie me pue au nez…

Autre nouvelle qui est certainement sans intérêt et qui n’a aucun rapport, dans Bloomberg on peut lire : Le site Obamacare fait par CGI a couté deux milliards de trop révèle une étude.
Obamacare website costs exceed $2billion, study finds

Le pourquoi du retard numérique du Québec

Depuis des lustres, je m’intéresse au numérique, aux médias sociaux et à l’avancement de notre société et de nos entreprises dans cette révolution majeure qu’apporte internet. Très tôt dans ma pratique, j’ai sciemment choisi d’écrire et de partager mes connaissances en français, pour faire avancer mon Québec, qui a financé grassement ma formation de Maître ès Science en commerce électronique. Je trouvais normal de redonner à ceux qui avaient fait de moi une experte de classe mondiale.

A mes débuts, j’ai remarqué un clivage important entre les TI (technologies de l’information) et le Web. Les TI c’était sérieux, ça coûtait cher, c’était du travail d’expert tandis que le Web c’était pour les geeks, les faiseux de dessins ( le Flash était bin à la mode) et les agences de communications marketing qui déclineraient sur le web les mêmes « concepts » qu’ils faisaient à la tv, la radio ou l’imprimée. Ils se créèrent leurs propres Oscars du web qu’on appela « les Boomerangs ». Vous payez pour proposer vos trucs et à tour de rôle, vous serez aussi juge pour évaluer votre propre travail.

Nous avions un événement de classe international qui s’appelait Webcom. On y faisait venir à Montréal les bonzes du Web mondial. Mais Webcom n’avait et n’a jamais eu aucune subvention. Démerdez-vous. Puis, sortie de nulle part, l’idée de C2 Montréal du Cirque du Soleil et Sid Lee apparut dans le décor. On y parlera de Commerce et de créativité. On subventionna $2 Million cet événement qui n’avait encore jamais eu lieu et on laissa mourir à petit feu Webcom qui lui faisait du transfert de connaissance. À peu près au même moment, on commença à développer une délégation du Québec pour présenter ce qu’on faisait de mieux… en culture… à SXSW, l’une des messes planétaires de la transformation numérique. Ce ne sera que plusieurs années plus tard, qu’on songera y inviter aussi certaines de nos start-ups. Au même moment, l’autre messe planétaire européenne se déroulait à Paris. C’était l’événement LeWeb. Jamais le Québec ou le Canada n’y sera représenté officiellement. Pourtant, Sarkozy lui-même y passera beaucoup de temps et invitera à l’Élysée les patrons numériques mondiaux. Ça permettra entre autres à Paris de se vanter d’un investissement de $100 M d’Euros pour un centre de recherche de Google.

Au même moment, des sommes gigantesques étaient investies dans les TI. Les Oracles, SAP et vendeurs de « mainframes » et d’intégration de ce monde, feront des affaires d’or à implanter ces ERP, KMS, CRM, comptabilité informatique et autres systèmes informatiques « sérieux ». Plusieurs n’ont jamais fonctionné et ne fonctionneront jamais. Plusieurs milliards ont été engloutis dans ces efforts titanesques et leurs gestionnaires et fournisseurs sont sérieux et intègres. Ils portent le complet bleu et la cravate. Ils travaillent pour CGI, LGS, DMR et autres trois lettres patentées. Leurs avocats et comptables sont les mêmes que ceux des gouvernements et des grands donneurs d’ordres. Mais pas d’inquiétude, il y a un « mur de chine » étanche entre les professionnels des mêmes bureaux qui font les contrats ou qui les vérifient.

Les médias eux-mêmes participent aussi à cette grande mascarade. Branchez-vous qui se penchait sérieusement sur les changements qu’apportaient le web, est vendu. Il deviendra l’ombre de lui-même. Direction Informatique aussi. Le Journal Les affaires qui avait de sérieuses colonnes et chroniques numériques, change tellement de formats souvent, qu’on ne retrouve plus aucune de ses archives. Je le sais que trop bien, j’ai longtemps écrit pour eux. Pour Branchez-vous aussi d’ailleurs. J’ai aussi chroniqué pour l’émission LeLab sur feu CanalVox, aussi disparu.

Les grands quotidiens ont tous un cahier « affaire » et une section « techno ». L’économie y a toujours le haut du pavé. L’économie numérique elle, bof, ce n’est pas sérieux. On préférera parler du dernier gadget du CES et faire la liste des hashtags les plus populaires de l’année précédente et louanger les clips les plus populaires de YouTube à heure de grande écoute. Pour s’informer des grands changements qui nous affectent, on pourra toujours lire les Américains ou les Français. Le petit nouveau qui arrive dans la salle de rédaction d’un média, sera affecté à l’analyse des médias sociaux et en deviendra « l’expert patenté ». De toute façon, on peut dire n’importe quoi à propos des médias sociaux puisque personne ne sait vraiment de quoi on parle. Le web, le numérique et les médias sociaux seront trivialisés à l’extrême. D’ailleurs, entre 2000 et 2005, lorsqu’on parlait avec éclat de Web dans les médias, c’était pour souligner son caractère dangereux et/ou insignifiant. Le Web permettrait le vol d’identité et les blogueurs, n’étaient que des narcissiques qui voulaient voler les jobs de journalistes. JAMAIS un journaliste qui se respecte n’écrirait dans un blogue. C’était TELLEMENT insignifiant les blogues. Vous connaissez la suite de l’histoire…

Flashback 2016, alors que la majorité des pays du G20 ont leurs ministre, ministère, vision économique et stratégie numérique, le Québec et le Canada n’ont toujours rien. Alors que la majorité des pays du G20 ont des médias spécialisés qui scrutent, décortiquent et vulgarisent le numérique, ici on parle de hardware et de la nouvelle cochonnerie qui pogne auprès de la masse.

Si nous accusons un retard de plus en plus alarmant face au numérique, c’est de notre faute à tous. À l’industrie des TI, des communications, des médias, des gouvernements et des citoyens qui se satisfont de peu, du dernier gadget ou de la photo ou du dernier vidéo qui score sur les médias sociaux…

La section « Sac de chip » du Journal de Montréal est un exemple éloquent de notre insignifiance numérique collective. Au moins il reste aussi dans le même journal la section « enquête » et « Bordel informatique » qui nous rappelle lucidement et amèrement notre faillite numérique commune…

Le pourquoi de la nationalisation des infrastructures numériques

Que ce soit au niveau provincial ou national, il serait à mon point de vue judicieux et très rentable pour la société et l’économie, de doter notre territoire d’infrastructures numériques à tout le moins décentes, et idéalement à la fine pointe de ce qui se fait le mieux sur la planète. L’idée n’est pas saugrenue. Elle a ses mérites. L’état pourrait aussi se contenter de financer ces infrastructures et laisser les entreprises privées en profiter pour continuer de se graisser la patte indument au détriment de la collectivité, comme ils le font déjà depuis tant d’années. Plusieurs corolaires à cette idée de nationalisation des infrastructures numériques existent déjà. Pour vous en convaincre, vous n’avez qu’à relire mon billet La corrélation entre l’électricité et le numérique pour le développement économique du Québec de demain.

Mais pourquoi le gouvernement devrait-il investir dans de telles infrastructures?

La rationale qui suit, est librement adaptée du document The changing nature of telecommunications/information infrastructure (Steering comitee on the changing nature of telecommunications infrastructure National Research Council (US)) National Academy of Sciences (1995)

La rationale valorisant les investissements gouvernementaux dans les infrastructures de télécommunications pour le bien public se divise en quatre arguments principaux.

1. Remplir la mission de l’état : Cet argument est déjà utilisé afin de justifier les investissements en R&D dans les secteurs des systèmes de communications avancés aux fins de défenses, d’aérospatiale et de sécurité nationale. Nous pourrions aussi argumenter que cette mission de l’état (et les bénéfices d’investissements en télécommunications) devrait aussi inclure l’éducation, l’amélioration des opérations gouvernementales locales et toutes les autres activités reliées aux différents services publics de l’état, même si ce n’est pas directement le gouvernement qui en est maitre d’œuvre.

2. Équilibrer le sous-investissement privé en R&D : L’innovation et les nouvelles connaissances sont un bien public dispendieux à acquérir, mais généralement peut coûteuse à répliquer. Conséquemment, ils génèrent un retour de capital social beaucoup plus élevé que le retour sur investissement (social returns much higher than private returns). Les individus et les entreprises investiront donc toujours moins en R&D qu’il ne le faut pour obtenir ces rendements sociétaux optimaux. Cet argument justifie donc un financement gouvernemental fort particulièrement pour les secteurs de la recherche fondamentale, mais aussi pour les technologies dites « préemptives » et les prototypes avancés de réseautique avancée. C’est d’ailleurs la rationale qui est déjà derrière les crédits d’impôt à la recherche.
3. Corriger les failles du libre marché: Au-delà du financement en R&D, le libre marché peut faillir à la tâche de remplir la mission d’investissements optimaux en télécommunications pour des raisons telles que :

a.L’économie d’échelle et de gamme qui caractérise les investissements en services publics que ce soit pour les autoroutes, la distribution de l’électricité ou les infrastructures de communications. La tendance existante de la numérisation des communications (qu’elles soient voix, données ou images) renforce l’économie de gamme. C’est l’un des argumentaires principaux derrière la logique règlementaire des services de télécommunications (lire ici le CRTC).

b. Les externalités de réseaux qui sont plus spécifiques aux télécommunications puisque la valeur d’un réseau augmente à chaque usager qui s’y abonne.

c. L’incertitude de la demande pour de nouveaux services peut inciter les entreprises de télécommunications et les autres fournisseurs numériques et sous-investir dans de tels services. Cet argument valorise donc l’agrégation de la demande consommateur par le gouvernement ou encore de financer les coûts qui y sont associés afin de stimuler le marché.

d. Le manque d’information des consommateurs qui les décourage d’utiliser et d’acheter certains services de télécommunications. Cet argument est souvent utilisé afin de justifier les subsides gouvernementaux aux organisations paragouvernementales, aux PME et aux citoyens

e. Et finalement, le coût élevé de transaction aux usagers, qui est souvent reliée au manque d’information. Et j’ajouterai ici que ce coût, particulièrement chez nous, est associé au manque flagrant de compétitivité du marché des telcos qui est concentré chez quelques oligarques qui font la pluie et le beau temps à des prix indécent et pour un service minimal, en particulier en région.

4. Assurer un prix et un accès équitable partout sur le territoire. L’un des objectifs fondamentaux de tout gouvernement est de s’assurer que chaque citoyen a un accès juste et équitable pour accéder à une infrastructure essentielle. La numérisation des télécommunications fait apparaitre et exacerbe le faussé entre les villes et les campagnes, entre les riches et les pauvres et entre les centres et les régions.

 

MAJ
En 2009, l’Australie investissait $43 milliards dans ses infrastructures numériques. Ici on préfère investir $1.3 milliard dans Bombardier…

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Les biais sur les médias sociaux, les médias et dans la vie

Dans ma vie de tous les jours, j’ai de très nombreux biais. Ces biais me viennent de mes expériences, de mes émotions et de ma compréhension du monde qui m’entoure. Il en va de même pour chaque personne, j’en suis convaincue. Cependant je suis consciente de mes biais. Je les regarde, je les analyse et je les décortique. Cette capacité à compartimenter mes perceptions et les jugements qui en découlent n’est cependant pas donnée à tous. L’esprit critique et d’analyse qui permet de voir les nuances de gris et les trois côtés de la médaille, se perd de plus en plus au profit de l‘instantanéité et de la prise de position binaire dans la société en général et sur les médias sociaux en particulier. Bon, j’expliquerai ici pour ceux qui n’ont pas encore perçu le troisième côté de la médaille et pour faire image, que le troisième côté de la médaille est l’épaisseur…

Les élections fédérales approchent et au retour des vacances, je prédis une vive polarisation des opinions sur les médias sociaux. J’ai moi-même déjà plusieurs fois affiché mon biais anti-Harper. Pour le reste, je garde une ligne éditoriale floue. Malgré cela, j’ai déjà voté pour Harper et je reconnais qu’il n’est pas que le démon militariste que certains s’amusent à le dépeindre. C’est d’ailleurs l’une des pratiques acceptées et répandues chez les blogueurs de la vieille garde que d’exprimer ouvertement ses biais et de souligner ses conflits d’intérêts.

Les biais sont aussi présents dans les médias traditionnels, les conflits d’intérêts aussi. Je vous donne un exemple d’une nouvelle internationale qui m’a sautée dans la face hier. Il s’agit de cette nouvelle « Le contrôle grandissant d’Internet par Moscou » dont on parlait hier à l’émission l’heure du monde à Radio-Canada. Cette nouvelle nous apparait tout de suite scandaleuse et avec raison. Pourtant, la même censure se fait ici, avec une férocité beaucoup moins grande, mais tout de même (je vous explique ici l’un de mes biais). Pour ceux qui ne lisent pas mon blogue assidument, ou qui ne pourront pas le lire pour cause de censure canadienne, je rappelle que mon blogue est censuré au Canada par mon propre gouvernement. Vous pouvez lire mon billet de 2008, Mon blogue censuré par le gouvernement fédéral.

Selon un courriel que je viens de recevoir d’un fonctionnaire fédéral, il semble que ce soit maintenant tout mon site qui est censuré pour les fonctionnaires. Quelle tristesse et en plus comme ça, on peut noyer le poisson…

Pourtant, cette nouvelle n’a été reprise par aucun média à l’époque, ou depuis. De plus, vous pourrez constater à la lecture de plusieurs billets que je mets en lecture complémentaire plus bas, que le Canada n’a vraiment pas une feuille de route irréprochable en matière de censure en ligne de ses propres concitoyens. On est certainement très loin de ce que peut faire la Chine ou la Russie, mais pour les nuances, on repassera.

Parlant de nuances, je lis une excellente chronique de Matthieu Bock-Côté ce matin « La prétendue intolérance des souverainistes québécois ». Il y fait une référence indirecte au mouvement des Janettes, dont j’ai fait partie.

Chaque fois que j’entends parler du «malheureux débat sur la Charte des valeurs», qui aurait réveillé la faction intolérante du mouvement indépendantiste, un débat qui devrait d’une manière ou d’une autre nous faire honte, j’ai quand même envie de rappeler que ce projet rejoignait une très nette majorité de Québécois. Faut-il comprendre que tous ceux qui ont répondu positivement à la Charte des valeurs étaient d’une manière ou d’une autre tentés par l’intolérance ou la xénophobie? Ou alors, qu’ils s’agissaient seulement de pantins manipulés par le vil gouvernement péquiste? Qu’est-ce qu’il y avait de malheureux dans ce débat? Fallait-il éviter de le mener parce que certains zozos en profitèrent pour dire quelques insanités? À ce compte-là, on pourrait bien aussi dire que le printemps 2012 était malheureux épisode de notre vie démocratique parce que certains anarchistes en profitèrent pour détourner à leur avantage le mouvement étudiant ou tout simplement parce que l’ASSÉ faisait preuve de radicalisme idéologique et que certains de ses dirigeants hésitaient même à dénoncer la violence ou le simple refus de nos institutions démocratiques.

Or, sur les médias sociaux et dans la presse traditionnelle, je me suis fait personnellement traîner dans la boue. J’étais une xénophobe, une raciste voire même une folle. J’en parlais d’ailleurs dans mon billet « Retour à la programmation régulière ».

Ces dernières semaines j’ai été très impliquée dans le mouvement les #Janette qui a fait grand bruit. J’ai dû gérer la crise média sociaux associée à certaines dérives accidentelles et la croissance exponentielle du groupe Facebook (qui est maintenant secret) de la page Facebook et d’être aussi impliqué dans la mise en ligne du site. Ce débat de « la charte des valeurs québécoises » a fait ressortir le meilleur et le pire de l’homme (le mot homme n’étant pas ici choisi innocemment).

J’ai aussi été (et suis toujours) victime de calomnies vicieuses et dégradantes, de menaces, d’intimidation et de trolls très agressifs et persistants. Une prise de parole politique est toujours un risque. Mais il semble que s’il s’adonne qu’on a aussi la particularité d’être différente de la norme, ce soit pire.

J’écrivais ce matin sur mon mur Facebook au copain Sébastien McQuade qui est maintenant candidat du Parti Libéral du Canada :

Alors que j’étais avec les Janettes je me suis fait traiter de tous les noms dont “xénophobe” alors que parmi les 20 Janettes il y avait 8 musulmanes et une hassidique. Ce fait n’est pratiquement pas sorti dans les médias. Et à ma grande surprise, après avoir passé une heure en commission parlementaire, les seuls médias à avoir rapporté équitablement mes propos étaient les médias anglos. Ce qu’on retenait de mon passage dans les médias francos était ma boutade à propos des ananas ou que j’étais Janettes parce que j’aurais moins peur des méchants islamistes en me promenant dans la rue. C’était pitoyable de lire ça

Et comme les élections s’en viennent, les esprits s’échaufferont encore sur les médias sociaux, les insultes pleuvront de nouveau et la presse traditionnelle risque encore de traiter de sujets complexes avec une lorgnette qui ne met pas en évidence ses propres biais et conflits d’intérêts…

Entretemps mes propres vacances approche et je referez mes forces pour affronter et analyser une fois de plus les méandres du n’importe quoi qui sera en évidence sur le web…

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