Journal de Montréal, 2 ans de lock-out et des révélations surprenantes

Dévoilement : Je ne suis pas reconnue pour être prosyndicale. Certains de mes clients me disent être fiers de Pierre-Karl Péladeau qui se tient debout devant les « méchants syndiqués ». QMI et ou Le Journal de Montréal et ou « des employés de l’empire » n’ont rien à voir avec le billet qui suit. Par ailleurs, j’ai travaillé pour différentes composantes de Quebecor et mon livre est édité chez eux.

Cela étant dit, je sympathise avec les employés du Journal de Montréal qui est en lock-out depuis maintenant 2 ans. Pour comprendre ce conflit, voici quelques échanges « confidentiels » que j’ai eus avec un interlocuteur qui va demeurer caché. Dans un conflit syndical, comme dans un conflit matrimonial, il y a toujours 2 côtés à une médaille. Voici la version de l’un des deux côtés, que l’on ne voit pas vraiment souvent.

1re série d’échanges
Interlocuteur :

C’est courageux de s’attaquer au syndiqués du JDM.

Je connais bien le dossier car (supprimé) la négo. Il y a tant de dessous à cette histoire.

En exemple, les journalistes n’étaient pas vraiment concernés par la négo, mais il ont décidé de faire une grève sympathique. PKP voulait réinvestir et embauché.

Mais les photographes ne voulaient pas écrire un paragraphe pour expliquer les images quand le journaliste était absent. Et le contraire est vrai. Le journaliste prend pas de photos. Donc impossible d’acheminer un contenu rapide à la rédaction

Toutefois, ils ont débuté avec un fond de grève de 26 millions et ils touchent 76 % de leur salaire régulier. Sauf que… la majorité des employés sont de la vieille gang qui sont près de prendre leur retraite. Comme il n’y a pas vraiment eu de roulement de personnel, à cause des conditions qui sont les meilleures, les vieux ne veulent pas que le fond de grève aboutisse dans les mains des jeunes. Non c’est à eux. Donc, confort en attendant.

(supprimé) rencontre des grévistes et ils en rient… tu vois le genre !

moi

Je suis au courant des dessous et du fait qu’ils voulaient sauver des jobs de téléphonistes à 60K pour prendre les appels des petites annonces

Interlocuteur

60k… il y a des téléphonistes qui gagne dans le 100k, 4 jours semaines.

Là ou le système se fait crosser s’est avec la semaine de 4 jours. Si une personne entre la 5e journée, l’avant-midi est a temps et demie et l’après midi à temps double. Donc ils se sont monté un système qui fait en sorte de s’échange des 5e journées.

Un concierge gagne au delà de 70k et il ne change pas les ampoules. Un pressier, s’il neige dehors peut appeler un taxi au frais du journal.

moi

est-ce que je peux citer ton courriel dans mon blogue en enlevant ton nom?

Interlocuteur

Wep 🙂

2ieme série d’échanges
Interlocuteur

P’tit scoop de l’interne du JDM.

Les bons employés, presque retraités, qui normalement devraient revenir après le conflit, ne veulent pas régler.

Ils sont dérangés par le fait de ne pas recevoir le rachat de 1 an et demi de salaire. Ce que les moins bons, selon le choix du syndicat et de Quebecor, vont recevoir à leur départ.

Ils se sentent pénalisés de perde ce cent quelques-milles dollars. Donc, c’est une guerre interne entre les journalistes et les employés de bureau.

Les revenus ont chuté de 20 millions depuis 2008.

Ça reste anonyme pour mon nom, (supprimé).

Pi lache pas le bon boulot, c’est inspirant.

moi

Dis-moi en plus ce n’est pas clair?

Interlocuteur

Actuellement, la guerre prend entre les syndiqués.

Les journalistes de talent seront réengagés, et plusieurs vont prendre leur retraite d’ici 2 ans.

Mais, ça leur tente pas de travailler ces 2 années alors que les moins bon seront retournés chez eux avec beaucoup d’argent. Il veulent toucher le boni de départ et laisser les jeunes continuer.

Donc, ils ne s’entendent pas sur les propositions syndicales.

Le fond de grève qui était de 26 millions a été construit avec les vieux de la vieille. Ils ne veulent pas que le fond servent a des plus jeunes.

Ils ont 76% du salaire Net, donc, plus que lorsque ils ne sont pas en grève.

En fait, vidéotron est maintenant localisé dans les anciens bureaux de la comptabilité et ils ont démoli d’autres espaces pour de la location. Donc les commis a la comptabilité n’ont plus de bureaux.

Québécor demandaient au journaliste de faire parvenir une photo avec leur texte s’ils arrivaient sur un incendie avant le photographe. Pour nourrir Canoe et LCN. Et au photographe de faire un court texte s’il arrivait avant le journaliste. Ils ont refusé. Pas ma job.

Bref…. encore un an selon ma source

MAJ
Ça m’avait échappée, mais le débat de fond sur le conflit au Journal de Montréal a déjà eu lieu sur un autre blogue. Celui de Jean-François Lisée. C’est le commentaire du journaliste Jean-François Codere de RueFrontenac qui me l’indique à la suite de ce billet.
Je vous invite donc à lire :
PKP répond aux cinq questions: c’est quatre fois Non
Conflit JdeM: Mme CSN répond à M. PKP

Médias sociaux et relations de travail, les trois côtés de la médaille

(Ce billet n’est pas un avis juridique. Vous êtes fortement conseillé de discuter avec un avocat spécialisé en droit des technologies avant de rédiger vos politiques et pour les aspects non juridiques, il me fera grand plaisir de vous aider 🙂 )

Les médias sociaux sont désormais partie prenante de la société et des organisations. Ils deviennent très utiles pour le recrutement, mais ils sont aussi la cause de certains maux de tête des dirigeants d’entreprise ou même, des syndicats. C’est que de plus en plus d’employés se servent des médias sociaux pour critiquer l’employeur ou même le syndicat ou la position syndicale. C’est ce que l’on nomme une lame à triple tranchant.

Les enjeux du côté employeur

Un employeur devrait toujours avoir une politique d’utilisation des technologies de l’information qui inclut spécifiquement une politique d’utilisation du Web et des médias sociaux. La majorité des contrats d’embauche stipulent déjà ce que l’employé peut ou ne peut dire à l’externe de l’entreprise et le Web et les médias sociaux font déjà parti de l’externe de l’entreprise. J’en discutais abondamment dans mon billet Comment créer une politique médias sociaux. Mais dans ce billet, je ne développais pas beaucoup l’aspect spécifique de la politique d’utilisation des médias sociaux pour les employés. C’est que cet aspect spécifique devra cadrer avec
• La culture d’entreprise,
• Le cadre juridique dans lequel évolue l’organisation (et sa zone géographique d’opération et les jurisprudences qui s’y rattachent),
• Le respect des données personnelles et organisationnelles,
• La gradation des sanctions en fonction de la gravité des contraventions à la politique d’utilisation des médias sociaux,
• L’adéquation et la synchronisation juridique avec les autres politiques de l’organisation,
• Et enfin le processus de validation et la preuve que l’employé à pris connaissance de la politique d’utilisation des médias sociaux.

Sur ce dernier point, un de mes clients qui est une organisation transnationale et syndiquée me signifiait que le syndicat réagirait certainement très négativement à toute modification du contrat ou des conditions de travail des syndiqués de l’entreprise. L’une des options envisagées était d’inclure la nouvelle politique dans la même enveloppe que le chèque de paye. Ainsi, l’employé et le syndicat ne pourraient invoquer la non-connaissance de la politique d’utilisation des médias sociaux. Mais ce dossier particulier étant toujours en cours, la justesse de cette stratégie patronale reste encore à valider. Plusieurs autres stratégies peuvent aussi être mises de l’avant, mais ce sera justement la culture d’entreprise et l’historique des relations patronales syndicales qui dicteront la manière la plus efficace d’intervenir sur ce point précis.

Les enjeux du côté syndical

Les syndicats aussi ont plusieurs enjeux organisationnels liés aux médias sociaux. Le client et ami Pierre Bouchard en a identifié plusieurs dans une série de billets spécifiques à cet effet.

Comme toute organisation, les syndicats se doivent aussi maintenant d’être sur les médias sociaux dans une perspective de relations publiques ou de marketing. Ils se doivent aussi d’entrer en dialogue avec leurs membres. Mais comme pour les organisations employeurs, ils peuvent aussi vivre des dérapages néfastes à leurs stratégies internes de négociations. Par exemple, les membres d’un syndicat peuvent se dire insatisfaits d’une position de négociation et décider de l’exprimer publiquement sur les médias sociaux. La négociation devient alors une négociation en temps réel, qui ne se passe plus que derrière des portes closes.

Les enjeux du côté travailleur

Indépendamment de la présence d’une politique d’utilisation des médias sociaux ou d’un syndicat, l’employé a déjà un devoir de loyauté envers son employeur. Le site Educaloi est d’ailleurs assez limpide à ce propos. Par ailleurs, il peut aussi être déchiré entre son devoir de loyauté envers l’employeur, son adhésion syndicale et ses propres intérêts personnels. Il sera aussi le bénéficiaire ultime ou la victime déçue d’une confrontation patronale-syndicale lors d’une grève ou d’un lock-out. En France, le journal Le Monde dans l’article Patronat contre syndicats : une lutte com’ à com’, expliquait comment les syndicats étaient très en retard face aux employeurs dans ce genre de situation. Mes observations personnelles (de même que celles de Pierre Bouchard) indiquent qu’ici aussi il y a probablement une adéquation entre l’usage efficient des médias sociaux des entreprises et des syndicats…

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Deux entrevues particulièrement pertinentes à propos de Les médias sociaux 201

J’ai eu la chance d’accorder des entrevues à la grandeur du Québec à propos de mon dernier livre Les médias sociaux 201. J’ai noté avoir été beaucoup plus en demande en région qu’à Montréal à ce sujet. Je m’explique cela par la sans doute trop grande diversité de sujets qu’il est possible et qui se doivent d’être couvert dans la région métropolitaine. Mais aussi sans doute parce que j’ai froissé quelques égos par de trop nombreuses sortis publics sur les médias d’ici (menace de fermeture de La Presse, Lock-out du Journal de Montréal par exemple, pour ne nommer que ceux-là) et aussi sans doute à cause de mon chapitre Le journalisme et les médias de mon livre Les médias sociaux 101, qui fait sans doute mal au bon endroit.

Quoi qu’il en soit, ces diverses considérations de clochers locaux ne sont pas pertinentes pour ce que certains nomment avec un air hautain comme étant « les régions ». Et j’en suis fort aise. D’ailleurs il me fait plaisir de vous partager les deux entrevues qui m’ont touchée le plus lors de cette tournée du Québec, tout d’abord à cause de la grande pertinence des questions, mais aussi parce que j’y sentais tout le laborieux travail de recherche qui avait été fait au préalable de nos discussions. Je remercie aussi chaleureusement tous les autres journalistes avec qui j’ai eu grand plaisir à jaser de médias sociaux et je regrette que plusieurs de ces entrevues ne soient pas numérisées.

Mon entrevue avec Claude Bernatchez de la Radio de Radio-Canada (ville de Québec) lors de son émission matinale Première Heure (15 minutes).

Mon entrevue en quatre parties avec la journaliste Thérèse Martin du Journal L’Avantage de Rimouski, qui a été filmé dans leur studio (parce qu’ils ont compris que le multimédia et le Web ça aide aussi le papier). L’article : [Vidéo] Michelle Blanc : « Les journaux et le Web peuvent cohabiter »

Partie 2

Partie 3

Partie 4

Journaliste versus blogueur = un poids deux mesures

Sur Twitter, un chameau me traite de pute à clic parce que j’ai le mauvais goût de publier mon billet : Journal de Montréal, 2 ans de lock-out et des révélations surprenantes aujourd’hui. Pourtant, il y a une ribambelle d’articles journalistiques tous plus favorable à la position syndicale des lock-outés les uns que les autres aujourd’hui. Certains ne font que mentionner la date anniversaire et d’autres, font le procès d’intention de PKP. Tous (y compris moi) n’aiment certainement pas qu’un conflit perdure. Ce n’est pas bon pour l’économie, pour le patronat ou pour le syndicalisme. Mais je ne suis pas obligée d’être en accord avec le « bashing facile » contre « l’empire Quebecor ». Si je mets en ligne ce billet aujourd’hui je suis « une pute à clic ». Mais tous les médias qui en parlent en ne donnant qu’un côté de la médaille aujourd’hui on appelle ça comment? Aussi, contrairement à un journaliste, je suis PERSONNELLEMENT responsable de mes propos et de ceux que je publie ici. Il se peut que je reçoive une mise en demeure, une poursuite, un bâillon. C’est moi seule qui devrais me défendre. Pas de fond de grève ou d’avocats payé par mon patron pour me soutenir dans ce que je pourrais avoir comme conséquences de mes actes. Ça me rappelle cette histoire avec ma copine Renée Wathelet, dont on a finalement reconnu la culpabilité du tueur (qui je le rappelle avait aussi tué sa propre mère à coup de marteau) et dont les médias le lendemain de sa mort insinuaient qu’elle avait été l’amante de son assassin et qu’elle avait peut-être été la propre instigatrice de sa mort. Quelques semaines plus tard, on s’offusquait que la mort de Lhassa de Sela ait été coulée dans les blogues (après que sa propre famille ait informé les gens de cette mort sur Facebook) sans respect pour la vie privée de la famille de la défunte, comme l’auraient respecté les médias.

Moi j’appelle ça un poids deux mesures.

Si quelqu’un meurt et est l’ami des journalistes, on n’en parle pas. Si quelqu’un meurt et est un illustre inconnu de la gent journalistique, on écrit ce que l’on veut, car ça, c’est de la nouvelle. Si un conflit perdure et qu’il touche la gent journalistique, on va en parler abondamment en ne montrant qu’un côté de la médaille (celui de la gent journalistique), mais si un blogueur OSE présenter l’autre point de vue, c’est un taré qui ne veut que du clic…

P.-S. Je suis souvent à contre-courant « de la croyance populaire ». J’ai un certain don pour la polémique, mais j’aime bien les analyses qui sont dosées. Depuis que ce conflit existe, je n’ai jamais vu (outre dans le Journal de Montréal) d’analyses du côté patronal de cette situation conflictuelle. Mon billet n’est pas une vision neutre non plus. Il a au moins le mérite d’être clair dans son préambule et d’exposer mon biais. Les communications que j’ai mises en ligne me sont venues d’un contact sans que je ne les sollicite. Ce contact s’est déjà révélé fort pertinent à d’autres occasions et j’ai pu vérifier ses dires. Certains des éléments du billet Journal de Montréal, 2 ans de lock-out et des révélations surprenantes m’ont aussi été confirmés par d’autres sources. À mon titre j’ai ajouté le qualificatif « surprenantes ». J’ai des connaissances qui travaillent au Journal de Montréal et je sais que la situation est pénible et je souhaite de tout cœur et sincèrement que ce conflit se règle. Voilà…

Gourou, vaginite et sphère publique/privée

Dans mon dernier billet Gourou, papesse ou reine des médias sociaux, inaccessibilité et narcissisme, je croyais naïvement avoir cloué au pilori la vision que mon blogue et Les médias sociaux 101, soient vus comme une expression narcissique. C’était sans compter sur le « fair-play » de certains journalistes, qui ont du plaisir à alimenter la guéguerre journaliste/blogueurs –twittereurs dont je suis sans doute la Jeanne d’Arc. Toujours est-il que Stéphane Baillargeon dans l’article Médias – Twitter ou ne pas twitter? de le Devoir, en rajoute une couche ce matin.

Ce qui ne règle pas le problème des comptes personnels, enfin de ceux liés à des journalistes et des patrons de presse. Devraient-ils pouvoir gazouiller sur leur média, voire comme bon leur semble et sur tous les sujets? En fait, à l’oeil, la plupart se soumettent à des règles informelles en ne publiant pas n’importe quoi. On croise bien de petites dérives ou des insignifiances ici et là, mais, franchement, il s’en trouve beaucoup moins que sur certains sites des pros des nouveaux médias.

Celui de Michelle Blanc (qui vient de publier le guide Médias sociaux 101 sur du bon vieux papier) concentre l’autopromotion et le nombrilisme au pur jus. La semaine dernière, entre quelques liens de pro, madame causait vaginite. Du très profond ego inc.

«Plutôt que d’inventer des cas d’espèce fictifs comme certains autres auteurs qui ont écrit sur le sujet l’ont fait, j’utilise un cas qui est notoirement publicisé, pour faire diverses démonstrations de l’utilité des médias sociaux et il s’avère que ce cas est moi-même», a candidement expliqué Mme Blanc sur son blogue.

Fixer une limite plus claire

Franchement, qui se plaindrait si les journalistes fixaient une limite plus claire entre le privé et le public? Quoique, justement, le chroniqueur de La Presse Patrick Lagacé a twitté cette semaine qu’il n’avait pas et n’avait jamais eu de vaginite…

Faut-il donc distinguer les gazouillis des préposés à l’opinion et ceux des préposés aux faits? Ou bien l’un devient l’autre, et tout se mélange en 140 caractères, de tous les côtés, y compris le public et les marketologues?

Stéphane Baillargeon, Stéphane Baillargeon, Stéphane Baillargeon!


Comme je suis une marketologue, parlons donc des journaleux. Vous savez ceux qui s’amusent à faire une démonstration en utilisant des exemples capilotractés (tiré par les cheveux) en faisant l’apologie du pour versus du contre. C’est bien la dialectique d’opposition et de démonisation. Ça a l’avantage de ne pas réellement pousser la réflexion (ho est-ce une autre manipulation egotistique que de mettre le mot réflexion ici?) et de chier un texte subito presto pour respecter l’heure de tomber. Donc la substance de l’article (si substance il y a) est de se demander si les twitts présence Facebook et autres médias sociaux des journalistes, doit se faire sur le plan strictement professionnel ou doit-elle aussi inclure des éléments personnels? C’est une très bonne question pour laquelle habituellement on me mandate. Ma réponse est toute simple et elle a été largement documenté ici, dont par vous-même dans votre ancien article ego inc., qui a eu l’avantage de m’envoyer nombre de journalistes comme clients (je vous en remercie). Je dirais qu’idéalement, vous faites un savant mélange des deux. Le journaliste est avant tout un salarié dont le contrat n’est peut-être pas éternel avec son média et s’il perdait son emploi, son brand serait sans doute le meilleur véhicule pour en trouver un autre. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé par exemple à monsieur Franco Nuovo qui malgré le lock-out du Journal de Montréal, anime maintenant une émission à Radio-Canada, sans doute à cause de la force de son brand. Par contre, du côté de l’employeur, il semble évident que le média a avantage à restreindre le côté « personnel » de l’employé journaliste afin que celui-ci se concentre sur « la commercialisation » du média de l’employeur. Cependant, à long terme, ce genre de stratégie a le désavantage de faire perdre l’individualité (que nous pourrions aussi appeler narcissisme) du journaliste, ce qui le rend très souvent plus sympathique et humain pour les lecteurs. Dans la dialectique médias sociaux, la frontière privée/publique change grandement. Les vieux (et les patrons et élites qui sont généralement vieux) ont de la difficulté avec ça. Dans les médias sociaux on se dévoile plus. On ne dit pas tout, mais on se dévoile plus quand même. Qu’un million de personnes sachent que j’ai eu une vaginite, je crois que c’est un « statement politique » et une œuvre de vulgarisation populaire (oui une nouvelle femme a un vagin, il est fonctionnel et peut même avoir une vaginite ). Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à lire mon billet du blogue Femme 2.0, Vaginite 2.0 (classé l’un des 11 meilleurs blogue de langue française par la radio-télévision Allemande (re-plogue narcissique qui prouve que souvent faut être reconnue à l’extérieur du Québec avant que nos élites locales reconnaissent qu’on a peut-être déjà fait quelque chose)). Je vous signale en terminant que vous n’avez pas encore vu de photos de mon vagin ou de cette infection vaginale. Je me garde une petite gêne tout de même et cette frontière gênante est sans contredit très différente dans ma conception, que dans la vôtre. En conclusion, je vais vous citer de l’article Éloge de l’engagement, mais contrairement à vous, je vous ferai la délicatesse d’un contexte et d’hyperliens. Vous écriviez cet article en guise d’analyse d’un débat entre Joseph Facal et Jean-François Lisée par tribunes interposées et visant à déterminer la suite de l’évolution et des stratégies indépendantistes au Québec. Vous disiez :

(…) Savant, militant et bête à média, c’est donc possible ? Max Weber pensait pouvoir trancher au rasoir entre la description objective de la réalité sociale et les jugements de valeur liés à l’intervention sociopolitique. D’autres, comme Pierre Bourdieu ou Guy Rocher, ne veulent pas séparer la compétence académique et l’engagement. Pour eux, la connaissance critique peut guider l’action. Mieux, la résistance analytique doit s’affirmer contre les vulgarités béotiennes souvent charriées par les médias.
Au fond, c’est l’idée que le savant ou l’artiste ou l’écrivain demeurent des citoyens et qu’à ce noble titre partagé, ils ont parfaitement le droit et peut-être le devoir strict de participer au débat public.
(…)Ces engagements politico-médiatiques ont aussi le mérite de rappeler le retrait de l’espace public des autres intellos. Leur désaffiliation du social va souvent de pair avec l’hyperspécialisation stérile des sciences sociales. Les « fonctionnaires de l’humanité » (Bourdieu, encore), pour ne pas dire les corporatistes du particulier, s’esquivent et retraitent confortablement.
Les pros du commentaire viennent combler ce vide. Ce qui pousse à se demander quelle est la différence entre le savant-militant-commentateur (minoritaire) et le chroniqueur-journaliste (en surnombre) ?
(…)La chicane fait aussi se poser des questions sur le positionnement (ou l’engagement) des médias à l’ère de l’hypermédiatique. Quand tout le monde dit la même chose, ou presque, c’est bien de trouver et de garder sa voix distincte.

MAJ

Tiré du blogue Butterflyhunt, le billet : Oh Déjà Vu: On Social Media and Narcissism [Redux]

Much of what is being said about “social media” was said about blogging before, as it was said of “traditional” literature and art before that. It is ironic that in a culture that embraces, encourages and demands self-sufficiency and autonomy recent representational methods (such as social media) are being accused of propagating “the narcissism epidemic”. (Susan Sontag would have had a lot to say about the pejorative medical metaphor). As Piombino brilliantly explained,

At this moment in time, blogging, as a writing movement, is blessed with an opportunity to evolve a writing tendency that can combine self-sufficiency with empathy in a way that can be advantageous to the individual writer, and at the same time to the writing community, the local community, the nation, and the world. Blogging is quite capable of allowing individual writers quite a lot of space to take a place on the continuum of community involvement and sustain quite a lot of automonomy. This is largely because of the technological advances inherent in html linking, and the fact that, at the moment, it is being made available free of charge.

We can easily substitute “blogging” in Piombino’s writing for “social media” without betraying its message. Blogging and social media are representational methods which allow the design of “profiles” which are an online extension of ourselves. Social media and blogging do not have to be more “narcissistic” than a good resume or CV. The average professional job advert seeks extraordinary qualities that strictly speaking only pathologically narcissistic individuals would truly believe they honestly possess.

et j’ajouterai, du collègue de monsieur Baillargeon, Jean Dion, dans son article La bataille des Plaines annulée pour raisons de sécurité, Le Devoir

.

Les médias n’aiment rien de mieux que de faire étalage de la “subversion” pour faire oublier qu’ils la récupèrent.

Ma conclusion :

J’admets volontiers être subversive… 🙂

MAJ2

Je réalise aussi que la condescendance d’une certaine classe journalistique, est sans doute la forme la plus dégueulasse de narcissisme…

MAJ3

Un autre point de vue sur la question, que j’aime beaucoup (oui je suis biaisée) chez Facteur Pub, Les bornés :

(…) On se confine plutôt à des analyses de surface, à des jugements de valeurs, de Nathalie Petrowski à Stéphane Baillargeon hier dans Le Devoir (quelle sale petite attitude), on sent que Twitter agace, irrite.

et comme je suis aussi capable d’autodérision, une caricature amusante de toute l’affaire chez Zema-inc, Pour la vaginite la plus répandue sur les internets

Caricature de Zema-Ink.com

Caricature de Zema-Ink.com

QMI et le conflit au Journal de Montréal

Hier, dans un statut Facebook et Twitter, j’ai dit :

Termine entrevue avec QMI sur le quitfacebookday et serai probablement a Desautel a la radio de la SRC sur le même sujet a 18h10

Or, ce matin, dans mon Facebook je peux lire :

Quoi ? Une entrevue avec QMI ? Une agence de presse qui de toute évidence a été créé pour contourner la loi anti-scab du Québec et pour remplir le Journal de Montréal pendant l’interminable lock-out.

Quelle déception … C’est un geste lourd de sens.

Puis cette personne qui est lock-outée du Journal de Montréal écrit sur son mur

Quand c’est rendu qu’une personne connue n’est même pas gênée de dire tout haut qu’elle a accordé une entrevue à QMI …

La réponse que j’y ai faite :

QMI est une agence de presse et il est un argument syndical que de dire qu’elle a été créée strictement pour contourner le Journal de Montréal. Je suis sympathique aux revendications des journalistes et à la création de QMI. Il y a des paradoxes avec lesquels je suis capable de vivre. J’espère que la gang de RueFrontenac en est aussi capable?

et

By the way, j’achetais aussi de l’alcool à la SAQ durant la grève de ses employés. Ça ne fait pas de moi une paria pour autant. Le conflit syndical est une chose, mon choix de consommateur une autre… Je n’ai d’ailleurs pas boycotté La Presse durant le conflit qu’ils ont vécu et j’ai acheté une Volvo même s’ils sont maintenant chinois. Je suis aussi une séparatiste de droite et j’aime bien le NPD et Québec Solidaire

Dévoilement : J’ai fait des mandats pour QMI, de même que pour Radio-Canada, RDI et des journalistes de La Presse, Le Devoir et une multitude d’autres médias écrits et électroniques. Je ne suis pas prosyndicale, je ne l’ai jamais été. J’ai une mineure en relation industrielle de l’Université Laval et je comprends parfaitement la dialectique de confrontation des syndicats (merci entre autres à Bernard Solasse qui a été plusieurs fois mon prof de sociologie des relations de travail). Je ne suis juste pas obligée de faire partie de leur so-so-solidarité. Je leur souhaite tout de même d’enfin pouvoir régler ce conflit qui perdure depuis trop longtemps.

MAJ

L’article en question est : QuitFacebookDay: peu d’effet sur le géant

MAJ2

En outre, si ça peut vous consoler, je n’achète pas le Journal de Montréal et je ne l’ai même jamais acheté. D’un autre côté, je n’achète aucun journal depuis belle lurette, mais si je suis dans un resto, je veux bien lire le journal qu’ils fournissent avec le repas…

Questionnement sur le code déontologique des journalistes membres de la FPJQ

Dans le code de déontologie des journalistes membres de la FPJQ (Fédération professionnelle des journalistes du Québec) on peut lire :

2. Valeurs fondamentales du journalisme
Les journalistes basent leur travail sur des valeurs fondamentales telles que l’esprit critique qui leur impose de douter méthodiquement de tout, l’impartialité qui leur fait rechercher et exposer les divers aspects d’une situation, l’équité qui les amène à considérer tous les citoyens comme égaux devant la presse comme ils le sont devant la loi, l’indépendance qui les maintient à distance des pouvoirs et des groupes de pression, le respect du public et la compassion qui leur font observer des normes de sobriété, l’honnêteté qui leur impose de respecter scrupuleusement les faits, et l’ouverture d’esprit qui suppose chez eux la capacité d’être réceptifs aux réalités qui leur sont étrangères et d’en rendre compte sans préjugés.

Mais que ce sont de beaux principes! Ce sont des valeurs que je partage aussi. Bon, peut-être que je manque de compassion parfois, mais je ne suis pas parfaite et moi je ne prétends pas l’être.

c) Les titres et présentations des articles et reportages ne doivent pas exagérer ni induire en erreur.

Bon j’aime bien faire des titres « punch » comme on dit. Mais la presse écrite, et les infos télévisées? Non, eux comme ce sont des pros de l’info ils sont certainement au-dessus de ça. (humm)

3 e) Une rumeur ne peut être publiée sauf si elle émane d’une source crédible, et si elle est significative et utile pour comprendre un événement. Elle doit toujours être identifiée comme une rumeur. Dans le domaine judiciaire, la publication de rumeurs est à proscrire.

Si je comprends bien ce point, une rumeur qui vient de quelqu’un de confiance, c’est OK mais il faut dire que c’est une rumeur. On continue :

3 h) Les journalistes ne doivent pas se livrer au plagiat. S’ils reprennent une nouvelle exclusive qui vient d’être publiée ou diffusée par un autre média, ils doivent en identifier la source.

Ça, c’est carrément ce que fait tout blogueur qui se respecte. Mais c’est drôle, j’ai comme l’impression que ce ne sont que les blogueurs qui citent les sources médiatiques de ce dont ils parlent? De mémoire, je vois rarement un journaliste qui parle de Google, par exemple, citer que ça vient de ZDnet, de Techcrunh ou d’ailleurs. C’est comme s’ils avaient rêvé çà durant la nuit et qu’au matin, ils savaient ce qu’avait dit Eric Schmidt le matin même en Californie, à partir de Montréal. Mais bon, ils ont sans doute des sources très bien informées qu’ils ne nomment tout simplement pas. On ne va pas couper les cheveux en quatre pour ça…

9. Conflits d’intérêts
Les journalistes doivent éviter les situations de conflits d’intérêts et d’apparence de conflits d’intérêts, que ceux-ci soient de type monétaire ou non. Ils doivent éviter tout comportement, engagement ou fonction qui pourraient les détourner de leur devoir d’indépendance, ou semer le doute dans le public.

Il y a conflit d’intérêts lorsque les journalistes, par divers contrats, faveurs et engagements personnels, servent ou peuvent sembler servir des intérêts particuliers, les leurs ou ceux d’autres individus, groupes, syndicats, entreprises, partis politiques, etc. plutôt que ceux de leur public. Le choix des informations rendues publiques par les journalistes doit être guidé par le seul principe de l’intérêt public. Ils ne doivent pas taire une partie de la réalité aux seules fins de préserver ou de rehausser l’image de tel individu ou de tel groupe. Les conflits d’intérêts faussent ou semblent fausser ce choix en venant briser l’indispensable lien de confiance entre les journalistes et leur public.

Les conflits d’intérêts ne deviennent pas acceptables parce que les journalistes sont convaincus, au fond d’eux-mêmes, d’être honnêtes et impartiaux. L’apparence de conflit d’intérêts est aussi dommageable que le conflit réel.

Sur ce point, « Il y a conflit d’intérêts lorsque les journalistes, par divers contrats, faveurs et engagements personnels, servent ou peuvent sembler servir des intérêts particuliers, les leurs ou ceux d’autres individus, groupes, syndicats, entreprises, partis politiques » je me demande si de faire partie de la FPJQ constitue un conflit d’intérêts? Si les journalistes en lock-out au Journal de Montréal et qui montent Rue Frontenac sont aussi en conflit d’intérêts? Si les journalistes fédéralistes qui écrivent pour un journal fédéraliste sont en conflit d’intérêts? Si les journalistes qui sont « embedé » avec l’armée en Irak et en Afghanistan sont en conflit d’intérêts? Si les journalistes qui deviennent politiciens ou les politiciens qui deviennent journalistes sont en conflit d’intérêts? Bref, il me semble que je vois pleuvoir des conflits d’intérêts? Mais c’est sans doute juste moi et mon esprit tordu? Quoi qu’il en soit, un blogueur qui se respecte déclare toujours en ouverture de billet ses conflits d’intérêts. Je le fais systématiquement et je suis consciente qu’il y en a souvent. Je ne me souviens cependant pas d’avoir lu ou entendu un journaliste déclarer les siens. Mais encore là, ce n’est probablement que juste moi. Ha oui, comme le dit la FPJQ:


Le respect des règles de déontologie journalistiques est la seule chose qui distingue les journalistes professionnels des autres communicateurs publics, entreprises ou journalistes citoyens.

Pour votre info, cette citation est commanditée sur le site de la FPJQ par Radio-Canada, Gesca, Astral Media, Séletion du Reader’s Digest et Rogers…

Mon jeune dinosaure préféré

Que je suis choyée! Mon jeune dinosaure préféré, Jean-François Coderre Codère de RueFrontenac (mais oui ce journal en ligne du syndicat des journalistes qui manifestent durant le lock-out du Journal de Montréal), fait une sortie dans son article Internet et les lunettes roses. Mais l’essence de son argumentaire se retrouve aussi dans les commentaires de mon billet Pour ces journalistes qui vomissent sur Twitter et sur les blogues (mais oui j’aime bien ça me pogner avec lui, le taquiner et lire ses réactions démagogiques) :

J-F Coderre Codère:

Pardonne-moi Michelle, mais je ne suis pas certain de comprendre. On devrait donner le ciel pour les 7% (aux États-Unis, je me demande bien combien c’est ici) qui partagent des liens via Twitter, mais ignorer complètement les 14,4% de Québécois qui n’utilisent JAMAIS Internet (NETendances de ce matin)?

Combien de lecteurs vont sur Cyberpresse à cause de leur nouveau fil Twitter? Combien y vont à cause de l’édition papier?

Tout ce que je dénonce, c’est ce manque de proportions omniprésent dans les analyses de la progression du Web.

Et en passant, je n’ai pas vomi sur Twitter. J’ai juste dit que c’était con

Michelle Blanc

Jeff, je te pardonne et je vais t’expliquer. Ce qui fait qu’un site de nouvelles fait de l’argent c’est, entre autres, son achalandage et celui-ci vient, entre autres, de Google et Google t’envoie encore plus de monde s’il y a déjà beaucoup de monde qui hyperlient vers toi. C’est un des principes de base de ce que l’on nomme le référencement naturel. La loi du Web ce sont les hyperliens. Pour ce qui est de Twitter, je vais encore te l’expliquer. Twitter rejoint un petit groupe d’individus et il n’est pas encore mainstream. Mais ses utilisateurs sont le 2e groupe le plus influent du Web après les médias trad., c’est à dire les supers geeks et les supers blogueurs qui y vont pour s’inspirer pour leur billet qui seront ensuite mis en ligne avec des fameux hyperliens qui redirigeront d’autres internautes vers le contenu du journal en ligne. Finalement, oui il y a des gens qui ne vont pas en ligne, oui il y a des illettrés et c’est pour ça que c’est bien toutes ces photos dans ton journal. Ça les aide, au resto, à faire semblant qu’ils savent lire… Mais que tu le veuilles ou non, dans Newspaper il y a “news” et “paper”. Ceux qui insistent pour les News auront un avenir radieux et ceux qui s’accrochent à Paper, leur avenir sera peut-être moins jojo….

MAJ
Dans le TheDailyTelegraph (mais ils disent probablement n’importe quoi puisqu’ils ne sont pas membre de la FPJQ et qu’ils écoutent sans doute des gourous du Web) on peut lire dans l’article Is the G20 summit a turning point for Twitter?:

All the world’s atwitter. Or so it has seemed over the last few months anyway. But with the G20, finally Twitter has shifted from being the story to becoming a tool with which to tell the story.

It could be argued that this shift began with the Hudson plane crash but very quickly the “Twitter angle”, that the news had broken in a tweet, was everywhere. Suddenly a rash of stories cropped up about news being broken on twitter, not to mention great excitement every time Stephen Fry so much as sneezed.

As the G20 protests spread through the City, Twitter is finally being widely recognised as a great way to follow events as they unfold.

Humm, étrange réaction de la communauté journalistique British?

MAJ2
Mes excuses Jean-François Codère d’avoir mal écrit ton nom. Ma faute, ma très grande faute

À propos de la vélocité des sources non journalistiques

Lors de mon allocution sur l’avenir des médias de plus de 45 minutes et de la période de questions impromptue d’une demi-heure qui s’en suivit, j’ai commis une bourde. Un impair. Je me suis mal exprimée et j’ai blessé la fierté toute légitime du journaliste qui est heureux d’avoir fait un scoop. Comme je l’ai dit dans ma conférence, le fait journalistique est devenu une commodité (dans le sens que ça n’a plus de valeur) mais ce sont les analyses, les opinions, le journalisme d’enquête qui en ont. Ainsi, lors d’une question du journaliste Jean-François Coderre du Journal de Montréal (alias rueFrontenac le temps du lock-out) je fis une réponse qui n’eut pas l’heur de satisfaire Tristan Péloquin de Cyberpresse avec qui je dialogue dans mon blogue et sur le sien dans Cyberpresse. Voici le fil de nos échanges chez moi.
Tristan Péloquin

Juste quelques mots sur la discussion au sujet de Dawson. Dans le clip, Michelle, tu dis que, pendant la fusillade de Dawson, “l’information la plus pertinente et la plus à jour (pendant la tuerie) était sur Wikipedia”, alors que “Radio-Canada et Canoe étaient down”.

En tant que journaliste à La Presse qui a couvert l’événement, je crois être bien placé pour dire que tu as tort.

Au lendemain de la fusillade, je publiais dans La Presse cet article intitulé “Dawson: la fusillade en direct sur Wikipedia” (http://tinyurl.com/exqys). J’y parle du fait qu’un étudiant de Concordia qui s’est retrouvé près de l’action a créé une page Wikipédia à peine quelques minutes après le début de l’événement. Je me souviens très bien avoir lu et relu l’article de Wikipedia sur Dawson alors que les événements se déroulaient. On y trouvait de l’information juste et pertinente. Dans l’article, j’ai décrits les faits qu’on y rapportait comme étant “d’une bonne rigueur factuelle”. Je me souviens qu’il y avait des erreurs.

Une chose est cependant certaine, on n’y trouvait AUCUNE INFORMATION INÉDITE que les médias traditionnels n’avaient pas encore rapportée. Wikipédia répétait, avec un certain retard mais avec un regard original de citoyen, ce que nous, des médias traditionnels, découvrions.

Quant aux photos qui avaient été mises en ligne sur Wikipedia, elles ne disaient pas grand-chose, sinon que des jeunes se trouvaient dans la rue face au Collège Dawson.

Autre détail important: c’est bel et bien La Presse et le Journal de Montréal qui ont révélé le nom du tueur. Pas Wikipédia. Dans la salle de rédaction de La Presse, on m’a transmis l’information vers 20 h. J’ai trouvé le blogue de Kimver Gill, avec l’aide de collègues, vers 21h.

Dans Wikipédia, l’entrée sur Kimver Gill date du lendemain, à 10h59. Elle est largement basée sur les six pages de contenu diffusées ce matin là dans La Presse et le JdeM !!!

Je suis le premier à tripper sur Twitter, Wikipedia et Facebook comme outils journalistiques. Mais de là à dire qu’ils sont plus efficaces que les médias traditionnels, il y a un pas que je ne suis pas prêt à faire.

Tristan Péloquin

L’article de La Presse, intitulé Dawson: la fusillade en direct sur Wikipedia, se trouve ici: http://tinyurl.com/detwx2

Michelle Blanc

Tristan
Dans le cas de l’avion sur la rivière Hudson, il est clair que la vélocité était du bord de Twitter. Dans le cas de Dawson, j’aurais dû spécifier que l’info était indisponible sur les sites des grands médias, mais qu’elle l’était sur Wikipedia, tel qu’en discute Éric Baillargeon ici et ici. Concernant les photos, elles ont été en ligne des 15:00hr le jour du drame, sur Flickr plutôt que Wikipedia et on commence à parler du site Web de l’assassin le lendemain à 07:30hr le matin du 14 sept. L’idée est que le scoop excite le journaliste, quelquefois le blogueur mais rarement le citoyen ordinaire au milieu d’un fait journalistique et que comme tu l’as déjà mentionné, les outils tels que Twitter, Flickr, les blogues, Wikipedia ou autres peuvent grandement aider le journaliste. Il est clair que la police donnera plus d’infos aux journalistes qu’au simple citoyen et c’est bin correct de même. Par contre, il arrive de plus en plus que le citoyen soit au milieu d’une histoire, qu’il la partage, avant même que le journaliste n’ait le temps de s’y rendre. C’était ça mon point dans le fond et cette idée, permet de faciliter le travail des journalistes à mon avis…

Tristan Péloquin

Michelle, désolé, je ne comprends pas, mais absolument pas ce que tu veux dire par: “Dans le cas de l’avion sur la rivière Hudson, il est clair que la vélocité était du bord de Twitter.”

Explique-moi ce concept de ésotérique de “vélocité”, que je ne comprends pas.

24 heures après l’amerrissage de l’avion dans la Hudson, 240 000 personnes avaient vu la photo du gars qui a soi-disant annoncé l’histoire sur Twitter. 240 000 personnes, contre combien de centaines de millions de personnes ont vu les images à la télé et sur les grands sites des médias ou même sur YouTube (grâce aux images provenant de grands médias). Combien de personnes ont appris l’histoire sur Twitter grâce à un lien menant vers le NYTimes ou n’importe quel autre site de journal ???

Twitter pas Twitter, les médias auraient amplement parlé de l’histoire. Si ça se trouve, les médias étaient au courant de l’histoire avant même que l’avion touche l’eau. Le fait qu’un gars ait publié la photo sur Twitter est intéressant, parce que ça permet à n’importe qui de se rapprocher un peu de l’histoire. Mais soyons honnêtes, les gens qui ont appris l’existence de l’incident par le post de Janis Krums sont RARISSIMES.

Vélocité = 0. C’est une histoire cute à raconter dans le journal du lendemain; un point de vu inédit sur l’accident. That’s it, qui, au surplus, concerne la saveur du mois qu’est actuellement Twitter pour les médias.

Tu dis aussi: “Dans le cas de Dawson, j’aurais dû spécifier que l’info était indisponible sur les sites des grands médias, mais qu’elle l’était sur Wikipedia, tel qu’en discute Éric Baillargeon ici et ici”. Sorry, mais c’est du pipeau. Tous les sites – Rad-Can, Canoe, Cyberpresse – avaient l’histoire en ligne, ne serait-ce qu’une dépêche mentionnant qu’un tireur était à Dawson, 10 minutes après qu’elle ait éclatée. J’en sais quelque chose: c’est moi qui updatait l’histoire en direct pour Cyberpresse. Cyberpresse a planté vers 18h seulement !!!! Et que les autres sites aient planté une minute ou deux ne veut pas dire qu’ils étaient hors jeu.

J’ajoute humblement que Dawson s’est produit en 2006. Sur le Web, aussi bien dire que ça fait 100 ans. Les photos des photographes des médias, autrement plus pertinentes que celles affichées sur Flickr (si on compare tout ce qui s’est trouvé sur Wikipedia à ceci (http://tinyurl.com/dx5wkk), par exemple), ont dû se retrouver en ligne une heure après le début de l’événement. Lors du passage de Barack Obama à Ottawa, elles étaient sur Cyberpresse 30 secondes après avoir été prises.

Tu ajoutes: “Il arrive de plus en plus que le citoyen soit au milieu d’une histoire, qu’il la partage, avant même que le journaliste n’ait le temps de s’y rendre.” Ça a toujours existé. Dans notre langage, on appelle ça des sources ou des témoins. Qu’ils mettent l’info en ligne, qu’ils nous refilent une photo, ou qu’ils nous la disent de vive-voix, c’est pour nous la même chose. C’est une source d’information.

Michelle Blanc

Lorsque je parle de vélocité (dans le sens de rapidité) de Twitter (pour la rivière Hudson) je me réfère Techcrunch, à News.com.au, à editorsweblog.org et Nielson–online.com. Pour la vélocité de Twitter durant d’autres événements il y a aussi MediaWarch de l’AFP, Mediashift de PBS, Techcrunch, à mon propre billet Twitter le nouveau fil de presse?
Bin finalement, on dit la même chose. Le Web devient une source, l’information factuelle n’as plus de valeur et c’est la valeur ajoutée, la réflexion, l’analyse et l’opinion qui en ont. Pis le reste de la conférence (avant la période de questions pour laquelle il est toujours difficile de se préparer) c’est justement de ça que je parlais…

Conférence sur « Et si j’étais propriétaire du Journal de Montréal? »

Je serais conférencier (lire ici conférencière, mais ce n’est pas mauvais que j’écrive conférencier puisque c’est le mot-clé que les gens cherchent dans Google. L’un des désavantages d’être femme ). Mardi prochain le 17 mars à 18 h au Daylight Factory (1030 rue Alexandre à Montréal, tout près du centre-ville, métro Square-Victoria). Ma conférence : « Et si j’étais propriétaire du Journal de Montréal? » sera gratuite (profitez-en c’est rare une de mes conférences gratuite) et elle sera présentée dans le cadre des événements 3eMardi.

La saga ‘Médias traditionnels vs Web’ a été portée à mon attention pour la première fois en 1998. Alors étudiante au baccalauréat en journalisme, j’écoutais avec un brin de scepticisme mes professeurs et collègues disserter sur l’emprise de l’Internet (avec un grand I) sur mon futur boulot.
Dix ans plus tard, le sujet est toujours d’actualité (et ma carrière a bifurqué). Le web a connu une évolution exponentielle depuis. Est-il une menace pour les médias traditionnels? Ou plutôt un complément qui décuple leur portée?
La situation du Journal de Montréal, du Globe & Mail, du New York Times et autres médias traditionnels démontre comment les médias sociaux ont métamorphosé la culture de consommation des médias. Les journalistes, évidemment, mais aussi les professionnels des relations publiques, du marketing et de la publicité, entre autres, doivent composer au quotidien avec cette récente réalité.

Je n’y aborderai donc pas la question épineuse et qui ne m’intéresse pas de toute manière, du lock-out des employés du Journal de Montréal. J’y parlerai plutôt, dans un monde idyllique, de ce que je ferais si c’était moi la patronne du Journal de Montréal (notez ici l’effet très marketing et titillant des gens de 3eMardi qui ont choisi le titre) ou de tout autre journal de la province (et pourquoi pas, du pays). Ce sera une conférence sans présentation PowerPoint et autres artifices. Je discuterai avec les convives présents de divers billets que j’ai écrits sur le sujet dont :
La question de la crédibilité des sources
Le P2P, Bit Torrent et la polémique
À propos des changements du travail journalistique

La crise appréhendée des journaux au Québec
Évolution de l’utilisation des médias au Canada
Entrevue sur l’avenir des médias radiophoniques communautaires face à l’internet

À propos de l’expérience CNN/Facebook
Et surtout de
10 conseils pour aider les médias à devenir numérique
Puis de
La FPJQ et les fabricants de fouets, même combat