La perte de contrôle salutaire

L’initiative de la Lettre ouverte au premier ministre est empreinte d’une perte de contrôle du message que je trouve très salutaire et inspirante. Je vous raconte sa petite histoire. Tout d’abord, c’est dans les commentaires de mon blogue que l’idée jaillit à Patricia Tessier de remplacer la question du mois habituelle de Montréal.yulbiz.org, par une lettre ouverte au Premier Ministre. J’acquiesce à sa suggestion, une fois que le CA de Yulbiz approuve la chose, puis elle rédige la lettre, avec entre autres, des inputs de Martin Lessard et de moi-même, puis des corrections des membres de CA de Yulbiz.org. Le soir même, nous faisons signer une copie de la lettre à quelque 45 personnes qui sont présentes au Yulbiz-Montréal du mois d’octobre. Dans la même journée, Cedric fontaine crée un groupe Facebook, Monsieur Charest – Le Québec a besoin d’un plan numérique. Monsieur Fontaine décide de créer ce groupe de sa propre initiative et n’est pas mandaté par Yulbiz.org pour faire ça. Entretemps, les discussions s’enflamment sur Twitter, les blogueurs republient la lettre au premier ministre chez eux et certains y vont même de leurs ajouts forts pertinents, aux demandes qui sont déjà faites. Puis monsieur Martin Comeau décide (avec l’aval de son employeur Ixmedia) de mettre en ligne un wiki, unplannumeriquepourlequebec.com qui permet de structurer la réflexion collective et de recueillir les positions des partis, en ce qui a trait à l’économie numérique, s’ils daignent y participer.

Cette petite histoire est très instructive de ce que peut offrir le Web 2. Tout d’abord, une idée germe dans un blogue puis comme elle est bonne, elle se répand de manière organique dans le Web. Plusieurs autres personnes se joignent à l’idée initiale, l’alimentent et poussent la réflexion. D’autres acteurs Web mettent en ligne des outils Web 2 gratuits et les partage en offrant la possibilité de créer collectivement la réflexion.
Constats


Si Yulbiz.org et son CA n’avaient pas accepté de laisser partir le message et avaient castré les initiatives individuelles qui sont venues s’y greffer, les résultats, à ce jour, ne seraient pas ce qu’ils sont et le milieu Web n’y aurait pas pris part avec une telle énergie. Pour permettre aux gens de se sentir interpellé par un message, il faut leur permettre de se l’approprier, de le modifier, de jouer avec et de le répandre à nouveau selon les préceptes qu’ils jugent approprié. Pour que le message circule, il faut accepter une perte de contrôle salutaire de celui-ci.

Les résultats à ce jour
De nombreuses mentions média
45 signatures sur du papier
34 blogueurs influents qui reprennent la lettre au premier ministre et la rediffusent aux centaines de milliers de lecteurs de blogues qu’ils rejoignent collectivement
Une page Facebook qui a 208 membres à ce jour
Un wiki qui est en ligne afin de peaufiner et de garnir la réflexion pour une saine économie numérique
Des dizaines de twitter faisant la promotion et discutant des divers éléments présentés ici comme en fait foi, par exemple, les Twitts Unplannumériquepourlequebec.

Les sept leçons pour innovateurs radicaux de Barack Obama

C’est via un Twitt de Philippe Martin que je prends connaissance du papier Obama’s Seven Lessons for Radical Innovators du Harvard Business Publishing. Disons qu’en prenant connaissance du fait que l’adversaire McCain qui est encore à l’ère du télégramme, nous réalisons le fossé énorme qui existe entre les deux approches. Dans ce papier lumineux, HBP nous informe que :

Barack Obama is one of the most radical management innovators in the world today. Obama’s team built something truly world-changing: a new kind of political organization for the 21st century. It differs from yesterday’s political organizations as much as Google and Threadless differ from yesterday’s corporations: all are a tiny handful of truly new, 21st century institutions in the world today.

Pour ce faire, il valorise:

1. Have a self-organization design
2. Seek elasticity of resilience.
3. Minimize strategy.
4. Maximize purpose.
5. Broaden unity.
6. Thicken power.
7. Remember that there is nothing more asymmetrical than an ideal.

Ce sont malheureusement des pratiques exemplaires qui ne seront utilisées par nos partis locaux que dans cinq ans. Je suis généreuse, disons plutôt dix ans…

Une lectrice limpide à propos de philosophie communicationnelle politique

Ça fait bien des fois déjà que je vous dis que les commentaires dans mon blogue sont quelquefois encore « plus hot » que mes propres propos. Certains de mes lecteurs réexpriment ce que je dis avec encore plus de clarté. En commentaire de mon billet d’humeur Pourquoi nos partis politiques me désespèrent sur le Web, Catalina Briceno rajoute ce texte limpide :

salut michelle,

d’accord 100% mais je crois que le problème est encore plus fondamental: la discussion “unidirectionnelle” et “parler au/écouter le citoyen uniquement en période électorale” n’est pas uniquement un problème d’outil de comm. mais carrément un comportement très caractéristique de la politique contemporaine.

Donc, Obama n’est pas uniquement un modèle dans sa manière d’utiliser/ comprendre Internet et les réseaux sociaux. C’est aussi un politicien qui pour la première fois en plusieurs décennies s’éloigne du matérialisme pragmatique propre à notre société de consommation et parle d ‘Espoir, de Responsabilité individuelle et collective, d’Engagement. Bref, c’est le retour de l’IDÉAL fomenté à travers Internet.

Et ce retour en force des idéaux , plus que la compréhension du médium, c’est ce qui fait 1) qu’on a envie d’en parler/partager/échanger et 2) qui est intemporel (par opposition au simple besoin de livrer de l’info ou un message en période électorale). Malheureusement, c’est aussi ce qui fait cruellement défaut au Québec.

Aider nos partis à acquérir une vision d’un sain marketing politique internet

Ce n’est plus une nouveauté d’observer à quel point le Québec est en retard sur bien des indicateurs d’activités numériques. Hier je critiquais (encore) l’apparente inefficacité des stratégies en lignes de nos partis (tant fédéral que provincial). Afin de les aider à se réveiller, je les invite à lire les excellentes réflexions de Techpresident.com What Happens to the Obama Network After the Election? partie un et partie 2 (Via énormément de sources Twiteresque et bloguosphérique)
On peut y lire :

On the strategic side, the question is to what extent does the apparatus continue to evolve to allow grassroots involvement, and to what extent does stuff flow up as well as down? In the long run, the only way that there will be some stickiness to the structure is if the people who have been involved can mobilize for local action, can connect to each other, and feel that their voices matter. At this current time, there is some limited functionality built into the system to allow for these things, but the architecture is built to optimize for the short run coordination of efforts and extraction of resources. Grassroots functionality, as I have discussed before, is a double-edged sword, because sometimes those roots turn against you. But it is a necessary next step, if the network is to be institutionalized (excuse the apparent oxymoron).

The potential impact on our democracy is both thrilling and troubling. On the thrilling side is the potential for a long standing increase in the engagement of people in politics– most notably, among the youngest voters, who have always been the least engaged. On the troubling side is the potential disintermediation of our (small r) republican institutions.

This may be a realigning election – not (necessarily) in the usual terms that political scientists mean, but in terms of the re-organizing of American politics. Whatever choices are made are sure to be studied by allies and opponents of Obama alike, and serve as a starting point for emulation. This will be a tall order–win or lose– the success of the Obama campaign has been the product of a unlikely marriage of man, message, medium, and moment. And while the campaign has been historic, the decisions that are made after the campaign, I think, may fundamentally restructure American politics for the 21st century.

Et

The hope is to sit down after the election with other interest groups and form a network of networks aimed at empowering local grassroots efforts for systemic change, based on the unique issues facing our geographic region, but with insight into, and feedback from the greater national and global issues debates.”

(Ning, by the way, was built by Marc Andreesen, who had a long, in-depth conversation with Obama about the power of the social web about 18 months ago. He reported that “the Senator was personally interested in the rise of social networking, Facebook, Youtube, and user-generated content, and casually but persistently grilled us on what we thought the next generation of social media would be and how social networking might affect politics — with no staff present, no prepared materials, no notes. He already knew a fair amount about the topic but was very curious to actually learn more.” Isn’t it interesting how the worm turns?)

Mon rêve est que finalement, nos partis réalisent que les citoyens ne sont pas que de pôvres moutons qui ne sont nécessaires que pour faire un x sur un bulletin de vote. Ils peuvent partager les enjeux politiques et les faires évoluer par leurs réflexions, ils peuvent certainement générer du fric avant, pendant et après la période électorale et surtout, ils peuvent participer à l’éclosion du concept de démocratie numérique et contribuer à développer une discussion politique multidirectionnelle permettant de trouver plus de solutions à plus de problèmes et permettant de harnacher la puissance de l’intelligence collective pour le bien de la société en général comme cela est admirablement démontrer par les divers exemples de Wikinomics (et ici)…
J’ai bien le droit d’être une rêveuse…

MAJ
Billet cité sur Radio-Canada

Élection américaine, Internet dépasse les journaux chez les jeunes

La peur de certains journalistes de voir débarquer les blogueurs dans leurs pattes n’est pas que virtuelle. Ils ont bien raison d’avoir peur et quoiqu’il soit très possible que certains partis politiques préfèrent accréditer des blogueurs favorables à leurs causes que d’avoir à gérer ces méchants journalistes aux dents longues et à la plume déontologiquement acérée (comme certains le supposent), la dernière campagne électorale américaine est suivie d’abord sur Internet avant de l’être dans les journaux papier. C’est ce qu’on apprend d’un récent rapport de PewInternet Research. Ironiquement, ce rapport m’est apparu via un Twitt du copain journaliste/blogueur Damien Van Achter qui le tire du réseau de veille et de réflexion journalistique Mediachronique fondée par l’autre copain journaliste/blogueur/consultant spécialisé pour le média écrit, Jeff Mignon. Les journalistes ne sont donc pas tous si réfractaires au Web, à ses intervenants et aux changements qu’ils apportent. Cependant, pour l’instant, nos politiciens, partis politiques et journalistes traditionnels peuvent encore bayer aux corneilles puisque nous avons du retard sur nos questionnements et nos pratiques d’intégrations des blogueurs sur la scène politique, que nos internautes sont moins actifs en ligne que le reste du Canada et que lorsqu’ils sont actifs en lignes, ils aiment bien aller voir ailleurs qu’ici
Dans Pew Internet :

While use of the web has seen considerable growth, the percentage of Americans relying on TV and newspapers for campaign news has remained relatively flat since 2004. The internet now rivals newspapers as a main source for campaign news. And with so much interest in the election next week, the public’s use of the internet as a campaign news source is up even since the primaries earlier this year. In March, 26% cited the internet as a main source for election news, while the percentages citing television and newspapers remain largely unchanged.

Not surprisingly, the internet is a considerably more popular source for campaign news among younger Americans than among older ones. Nearly three times as many people ages 18 to 29 mention the internet as mention newspapers as a main source of election news (49% vs. 17%). Nearly the opposite is true among those over age 50: some 22% rely on the internet for election news while 39% look to newspapers. Compared with 2004, use of the internet for election news has increased across all age groups. Among the youngest cohort (age 18-29), TV has lost significant ground to the internet.

Twitlife, pour suivre les élections US

C’est sous l’auspice de la famille Quester-Séméon qu’est né le projet Twitlife. C’est un agrégateur de flux Twitter de twittereurs francophones choisis, que vous pourrez suivre sur us08.twitlife.com. Si des éditorialistes s’offusquent déjà que des blogueurs puissent avoir accès et un droit de parole équivalent à eux lors d’événements politiques, ils s’étoufferont sans doute de savoir que ce seront maintenant de vils twits qui serviront d’éléments journalistiques. Cette page de flux se retrouvera même en première page du journal en ligne Lepost.fr, dans la nuit de mardi à mercredi. Mais c’est un journal en ligne donc le conseil de presse du Québec pourra dire que ce n’est pas sérieux, que ce ne sont pas des analyses faites dans un cadre déontologique et que ce ne sont pas des analyses puisque ce seront de courtes impressions de moins de 140 caractères. Mais moi je participerai à l’expérience et je suis ravie de me retrouver à côté de personnages internet que je respecte et qui sont :

Pour comprendre de quoi il s’agit, vous pouvez voir la vidéo explicative de Sacha Quester-Séméon


Twitlife.com from Sacha QS on Vimeo

Chier dans ses culottes

Hier, dans mon billet La peur du changement (qui est aussi un synonyme de chier dans ses culottes, j’aime ça le titres provocateurs, que voulez-vous…), je m’en prenais à l’éditorialiste de Le Devoir, Marie-André Chouinard pour l’article Médias – Le poids du blogue. Voici la réponse qu’elle me fit en commentaire :

Madame,
LA MADAME en majuscules prend quelques lignes pour vous répondre.
J’ai lu votre billet, de même que les commentaires qui s’y rattachent. Vous ne me voyez nullement étonnée de ce type de réactions : l’éditorial du Devoir de ce matin visait en plein coeur la communauté des blogueurs, et il était écrit par une journaliste! Bien sûr, les blogueurs qui se sont sentis attaqués ont décodé ce texte en imaginant une guerre blogeurs contre journalistes.
Et pourtant… Je relis attentivement le texte de ce matin, et je crois qu’il faut le prendre pour ce qu’il est: une mise en garde imposante sur la confusion des genres, d’abord et avant tout un glissement dont est coupable la communauté journalistique, blogueurs exclus.
Malgré le peu d’espace dont je disposais, je pense avoir pris soin de mentionner que divers types de blogueurs se commettaient dans l’espace public. Je ne suis pas moi-même une de celles-là, mais cependant une consommatrice assidue et discrète de nombre de blogues de tous genres. Je suis à même de constater la diversité des genres. Cela est fort bien. On y retrouve des chroniqueurs, des journalistes-blogueurs, qui utilisent cet espace comme d’autres une colonne dans un journal, des blogueurs engagés et affichés, d’autres militants mais discrets sur leur affiliation. Je dis: sur la blogosphère, ce débat est sain, nécessaire.
Je ne vois évidemment non plus aucun problème à ce que les blogueurs aient accès à des congrès politiques, au même titre que quiconque en fait la demande. Mais de là à leur ouvrir la porte de la section de la presse, les inviter à participer aux points de presse, leur permettre l’accès aux «scrums» menés par des journalistes, je dis «holà!».
Le blogueur peut très bien se prononcer sur son espace sur l’événement du jour, en l’occurrence le congrès. Il peut aussi rapporter la nouvelle à sa manière. Le visiteur de son blogue saura décoder son message pour ce qu’il est. Mais qu’on n’en fasse pas un «journaliste», car son intérêt, sa formation, son intention, n’ont rien à voir peut-être avec ceux du journaliste, qui demeure une vigie et un chien de garde, une courroie de transmission entre l’espace politique et social et la population. Sa manière de rapporter les faits ou de les commenter est d’ailleurs régie par des codes d’éthique et de déontologie qui, s’ils sont respectés, évitent les dérapages.
Voilà simplement ce que j’ai tenté d’exposer, sans pour autant vouloir museler les blogueurs ni non plus mépriser leur rôle. Il s’agissait justement de remettre les pendules à l’heure quant au rôle respectif de chacun. Je m’accuse toutefois d’être, dans cette histoire, une… journaliste.
LA MADAME
Marie-Andrée Chouinard
Éditorialiste au Devoir

Voici donc ma réponse:
Ma-da-me Chouinard
J’ai aussi mis en majuscules le mot ENFIN, mais ne le prenez pas personnel. La petite guéguerre que vous réfutez avoir parti, ne date pas d’hier. Vous êtes donc un peu en retard sur vos collègues éditorialistes Patrice-Guy Martin, Le Bogue avec les blogues ou encore ceux de Franco Nuovo du Journal de Montréal Un blogue, quossa donne? et Blogueur, va! De l’autre côté de l’Atlantique aussi, ça fait déjà un bout que ce même débat a eu lieu (dans le contexte politique de l’accréditation de blogueurs pour l’UMP en 2006, chez Embruns) et aux USA aussi avec le fameux Attack of the Blogs en 2005 . Votre éditorial n’a donc pas grand-chose d’original ou de nouveau, si ce n’est le profond mépris envers les blogueurs qu’il démontre. En qualifiant les blogueurs
• De porte-voix partisans
• D’emberlificoteur blogueur
• qui s’adonne à l’impressionnisme partisan

Versus les journalistes
La presse, cette vigie sociale, ce contrepoids politique, cette raisonneuse des événements qui tente d’offrir sa compréhension des affaires publiques
Bon, vous parliez peut-être à vos collègues journalistes mais remplaçons vos épithètes accordées aux blogueurs et ceux des journalistes et j’ai comme la petite impression qu’un blogueur, qui aurait écrit cet éditorial à l’envers, serait au pilori des journalistes pour un méchant moment.
Vous parlez de la formation des journalistes? Mais de quelle formation parlez-vous? Un certificat? Dans mon jeune-temps, j’avais débuté un certificat en journalisme (à l’Université Laval) et les cours étaient tellement poches qu’à la mi-session, j’ai changé pour un bloc complémentaire. M’enfin… Je connais nombre de journalistes accrédités qui n’ont jamais suivi ces cours « accrédités » et qui travaillent dans de grands médias. Ils ont une bonne tête sur les épaules, savent écrire et sont capables de comprendre les limites éditoriales que leur patron leur impose. Le travail de journaliste (comme celui de professeur) peut certes profiter d’un encadrement, de paliers de formation mais la réalité fait que souvent ce sont plutôt des gens ayant des formations supérieures, mais n’ayant aucun rapport avec le journalisme, qui font du journalisme. Ils sont souvent, par contre, formés dans la discipline du sujet qu’ils couvrent (genre un bac en politique pour être journaliste politique). Faites donc le tour de vos collègues et revenez me dire le pourcentage de ceux qui ont réellement été sur les bancs d’école faire un bac en journalisme. Ce n’est donc pas vraiment différent de ce qu’un blogueur pour le moins sérieux pourrait avoir comme formation. Et même des fois, les journalistes ont des formations qui sont en deçà de ce qu’on peut trouver pour certains blogueurs.
De la déontologie et de l’éthique.
L’éthique (ou plutôt son manque) est un problème de société que l’on retrouve à la grandeur des professions. Journalistes inclus. On ne règlera donc pas ça ici…
Du rôle de chacun
Vous voulez tracer une ligne entre les journalistes et les blogueurs et déterminer le rôle de chacun soit, c’est votre droit de vous accrocher à un sectarisme dépassé qui témoigne d’une « peur légitime ». Moi je préfère de loin la collaboration comme je la pratique depuis plusieurs années déjà avec nombre de vos collègues. Je suis certes une blogueuse, mais je suis aussi ce qu’on pourrait appeler une « experte » (qualificatif que souvent vos collègues utilisent à mon propos) qui aime grandement répondre aux questions d’autres journalistes. Je reprendrais aussi les propos d’un prof de journalisme (qui n’a peut-être pas fait de cours de pédagogie) de l’université de NY, Rosen, et dont le code de déontologie n’est pas clair, mais moi je l’estime tout de même :

Typically, the debate about blogs today is framed as a duel to the death between old and new journalism. Many bloggers see themselves as a Web-borne vanguard, striking blows for truth-telling authenticity against the media-monopoly empire. Many newsroom journalists see bloggers as wannabe amateurs badly in need of some skills and some editors.

This debate is stupidly reductive — an inevitable byproduct of (I’ll don my blogger-sympathizer hat here) the traditional media’s insistent habit of framing all change in terms of a “who wins and who loses?” calculus. The rise of blogs does not equal the death of professional journalism. The media world is not a zero-sum game. Increasingly, in fact, the Internet is turning it into a symbiotic ecosystem — in which the different parts feed off one another and the whole thing grows.

En guise de conclusion, je vous remercie de remettre à l’ordre du jour ce très vieux débat et de le placer dans le contexte politique puisqu’il est grandement temps qu’ici, au Canada, la voix indépendante des citoyens soit considérée lors des grands débats démocratiques. Elle l’est déjà par la population mais votre éditorial pourrait l’ouvrir aussi aux sphères politiques qui en ont grandement besoin. Comme le disait le collègue blogueur/journaliste Vallier Lapièrre dans les commentaires ici:

Que le média québécois le plus respecté pour son indépendance se permette un tel questionnement démontre aussi par ailleurs la faiblesse de la blogosphère québécoise. Lorsque les blogueurs américains ont été acceuillis de façon toute spéciale, dans une tente de presse affrétée par Google, à la convention démocrate de Denver après avoir été traités aux petits oignons à la Web 2.0 Expo du printemps à San Francisco, il ne s’est pas trouvé vraiment, à ce que je sache, de journaliste officiel pour se plaindre de ce changement. S’il y a eu quelque grondement, c’est pour protester que les services offerts aux blogueurs à San Francisco étaient supérieurs à ceux dévolus à la presse officielle.

On est vraiment dans deux mondes. Et vite un plan numérique pour dépoussiérer toute la société québécoise.

Finalement, vous dites « En cette ère où l’humeur côtoie parfois sans nuance l’information factuelle, les citoyens peinent déjà à pointer la nouvelle brute, retransmise sans le filtre de l’impression et de l’opinion. Valsant autour des faits, le journaliste, roucoulant, flirte avec le statut de vedette. »
J’ai comme l’impression que votre éditorial tombe en plein dans la catégorie de ces contenus d’humeur qui sont empreints d’impressions et d’opinions. Vous avez certainement un code d’éthique mais vos arguments souffrent de cette peur du changement qui pointe à l’horizon et qui risque de balayer bien des dogmes sur son passage. Ça ne m’empêche tout de même pas de vous considérer comme une journaliste qui fait son boulot consciencieusement…

Squattage de Twitter

Tout comme au début du web avec les noms de domaines, de petits finfinauds s’amusent maintenant à squatter les noms de marques sur Twitter. Ainsi, lorsque les détenteurs de marques se réveillent et découvrent qu’il pourrait être opportun d’y être, il est malheureusement trop tard et ils doivent se battre pour récupérer leur nom de domaine et souvent payer le gros prix. Ce nouveau phénomène est expliqué dans un article de Networkworld.com (via un twitt de l’ami Claude Malaison). Pensez-y et protéger vos noms de marques dès aujourd’hui. Surtout que ça ne coûte rien… encore.
Je ne sais pas cependant si les fonctionnaires fédéraux responsables des propriétés Web gouvernementales verront ce billet. Peut-être suis-je encore censurée pour eux?

La peur du changement

Finalement, après avoir fait une campagne électorale fédérale en ligne de type « push », c’est-à-dire strictement en mode communication unidirectionnelle, un premier parti politique fédéral se décide enfin à inviter des blogueurs à son congrès politique. Il s’agit du Parti Conservateur et comme le rapportait hier Le Devoir :

La droite et la gauche politique au Canada se livrent un duel de tous les instants dans la blogosphère. Ces agents d’information — et de propagande — auront un nouveau champ de bataille dans deux semaines: le congrès du Parti conservateur. La formation de Stephen Harper a choisi d’accréditer formellement les blogueurs, au même titre que les journalistes.

Moi je dis ENFIN. Mais des journalistes s’offusquent de cette ouverture tardive de nos partis politiques. Ainsi, dans ce même Le Devoir, Marie-André Chouinard, dans l’article Médias – Le poids du blogue, s’indigne :

Mais attention! Cette proximité des blogueurs avec les journalistes ouvre la porte à une nouvelle confusion des genres dans une profession qui, déjà, pratique le croisement des styles. En cette ère où l’humeur côtoie parfois sans nuance l’information factuelle, les citoyens peinent déjà à pointer la nouvelle brute, retransmise sans le filtre de l’impression et de l’opinion. Valsant autour des faits, le journaliste, roucoulant, flirte avec le statut de vedette.

Ce jeu n’est pas sans effets. Après une tournée du Québec, le Conseil de presse du Québec rappelle que la population a exprimé de grandes réserves face à la qualité des nouvelles qu’on lui transmet. Et c’est sans compter la concentration des médias, qui a eu pour effet de limiter la diversité de l’information et d’éroder sa qualité au passage.

Je rapellerais simplement à MADAME la journaliste, mon récent billet De la communication unidirectionnelle dogmatique à la communication multidirectionnelle égalitaire :

la société qui était basée sur la sacro-sainte communication unidirectionnelle dogmatique se transforme maintenant en communication multidirectionnelle égalitaire.

La période ou seuls le patron, le médecin, le professeur, le politicien ou l’entreprise sait la vérité et a raison, est terminée. Maintenant, tous peuvent être évalués, critiqués ou encensés. Le message est maintenant disponible et généré par tous et l’opinion du beau-frère planétaire est maintenant décisive dans la prise de décision de l’étudiant, patient, client, employé, citoyen. C’est d’ailleurs la conclusion sans équivoque qui est présentée dans une récente étude d’Universal McCann, When did we start trusting strangers? How the internet turned us all into influencers

C’est bien triste pour le Conseil de presse du Québec, Le collège des médecins, les différents syndicats et ordres professionnels de tout acabit, mais ils n’ont plus la sacro-sainte vérité et ils devront s’y faire et s’adapter…

MAJ

Je vous invite aussi à relire mon billet Réflexion sur la nature échangiste blogue journalisme groupe médias relationnistes

MAJ2

Faut absolument lire le billet de Mario Asselin Lettre à Marie-Andrée Chouinard qui répond à LA MADAME. L’une des très belle leçon de comment percevoir le blogueurs (pour les partis politiques et les médias) qe vous pourrez lire…

De la communication unidirectionnelle dogmatique à la communication multidirectionnelle égalitaire

Hier en fin de journée, j’ai accordé une entrevue à un journaliste de La Presse sur l’opinion des usagers/clients/étudiants/employés pour un article sur le phénomène du Ratemymd, rate my teacher, rate my product et cetera. Il me demande ce que je pense de ça. Je lui dis que j’observe ce phénomène depuis un certain temps déjà et qu’il est beaucoup plus gros que sur strictement les sites d’agrégation d’opinions des internautes. Ces opinions se retrouvent aussi sur les blogues, les forums, les wikis, les sites de médias sociaux tel Facebook, MySpace, Twitter et autre. J’explique que c’est une bonne chose et que même pour les docteurs, professeurs/entreprises et plus dernièrement politiciens, ils ont maintenant des opinions directes sur eux et qu’ils se doivent d’apprendre à composer avec et d’améliorer les lacunes qu’on peut leur attribuer. Je donne l’exemple de Tripadvisor et j’explique qu’il faut éliminer les commentaires trop dithyrambiques et ceux trop négatifs et qu’entre les deux, se trouve souvent la vérité. J’explique aussi que moi-même, je me suis fiée à ces commentaires pour choisir mon hôtel lors de mon dernier voyage et même pour évaluer mon médecin cet été, avant de me faire opérer par lui. J’explique enfin que la société qui était basée sur la sacro-sainte communication unidirectionnelle dogmatique se transforme maintenant en communication multidirectionnelle égalitaire.

La période ou seuls le patron, le médecin, le professeur, le politicien ou l’entreprise sait la vérité et a raison, est terminée. Maintenant, tous peuvent être évalués, critiqués ou encensés. Le message est maintenant disponible et généré par tous et l’opinion du beau-frère planétaire est maintenant décisive dans la prise de décision de l’étudiant, patient, client, employé, citoyen. C’est d’ailleurs la conclusion sans équivoque qui est présentée dans une récente étude d’Universal McCann, When did we start trusting strangers? How the internet turned us all into influencers (PDF) déniché chez la copine Patricia Tessier.

Today the web is driven by its’ users and peoples’ thoughts on everything are found across the web, personal blogs, to reviews on price comparison sites and wish lists on Amazon are just some examples. It is now incredibly easy to share opinions and cultivate influence, often without even trying. The result has been the democratisation of influence to the masses.
This is a fundamental change in the way we source and share opinions and today anyone can wield influence far beyond their immediate social group. In the old days the conversations we had with our immediate peers generally stayed inside that network. Today opinions and experiences are shared worldwide. Never before have we been exposed to so many opinions and recommendations from so many people – most of whom are complete strangers, without the aura of expertise or celebrity recognition.
The result is an influence economy that is forcing everyone in the public realm including the owners of products and brands to become more transparent, open, conversational and honest. They have to rethink the way that influence is distributed and the role of marketing communications in an information landscape dictated by consumers.