Être encrassé dans le statu quo

J’ai eu un client la semaine dernière, qui est malheureusement encrassé dans le statu quo. Je dis client, mais en fait il n’est pas client. Je n’ai fait qu’une heure de consultation avec lui et disons que la chimie n’y était vraiment pas.

Voici la triste histoire

Lors de la consultation avec le PDG d’un magazine dont les ventes sont en chute libre, je parle de nombreux exemples d’entreprises qui ont réalisé que l’argent était aussi dans les produits dérivés de la création intellectuelle plutôt que dans la création intellectuelle elle-même. Je lui mentionne que son volumineux catalogue n’est pas en ligne et qu’il dort sur plusieurs décennies d’archives qui si elles étaient en ligne, pourraient générer différentes possibilités de revenus en pub, mais surtout en produit dérivé. Je l’invite à se questionner sur différents produits dérivés qu’il pourrait développer. Je parle par exemple d’Infopresse qui fait de nombreuses conférences (et un produit dérivé qui semble être plutôt rentable) et dont les archives sont maintenant en ligne. Je parle de Têtes à claques qui en plus de faire de l’argent avec la pub sur son site, fait aussi de l’argent avec la pub sur YouTube, a des contrats de publicité au Québec, en France et aux États-Unis, a des ringtones, des jeux interactifs, des DVD et une foule d’autres initiatives payantes découlant de ses contenus. Je parle de Gapingvoid qui de son contenu, a tiré des livres, des éditions limitées (petits et grands formats), cartes de souhaits et commandes spéciales, fait des conférences, des cartes sur mesure et est devenu le CEO d’une compagnie de vin pour laquelle il a longtemps été le publicitaire. Je parle du cas LaFraise, qui en 2006, vendait pour 1 350 000 d’Euros de t-shirt en ligne pour l’année, à partir d’un blogue. Finalement je parle de mon propre cas et de comment j’ai développé une série de produits dérivés de mes contenus. Je le brasse et lui donne de nombreux autres exemples. La conversation se termine sur quelques blagues.
Le lendemain je reçois cet échange de courriel

Allo
Un correctif suite a l’info que tu m’as dit : 15$ / M :
la réalité c’est 4-6$/ M
(pour 1 million de pages vues : ca veut dire 50K$/an au lieu de 150K$)
Pas mal moins viable, me semble…
non?

YZZ Media nous dit:

1- Si le client veut etre annoncé directement sur le site, : 15-22$ du CPM MOINS 40% de commission
(tres peu pour XXX )

2- Si non, il ont des groupe moins cher.. mais l’annonceur ne peut pas cibler un pourcentage de sa campagne précisément sur le site qu’il veut… dans ce cas on parle de: 7-10$ le CPM
MOINS 40% de commission = 4-6$/ M

Je réponds

c’est si tu passe par eux au lieu de les vendre toi-même et c’est le prix par bandeau. S’il y en a trois dans ta page tu multiplie par trois

Il rétorque

Tu me disais que tete a Claque fait du cash .

REPONSE : FAUX !

1- On a pas le choix de passer par une régie pub , car PEU de monde veut uniquement notre site . DONC la vente en bouquet (package de plusieurs sites ) est un incontournable.

2- je viens de reparler a YYZ
J’avais mal saisie: Le CPM se vend 2- 6 $ brut en bouquet . DONC ca me donne une moyenne de 2,40$ /Mille
BREF:
3 pub / page , vendu en CPM et PPC, tu sais comment il donne? 2700$ pour 1 millions de pages vue

Tete a Claque a 3 Million de pages vue donc 85 000$ / an PAS PLUS !!
(On est loin du 300 000$ que je comptais hier !)

A ca j’extrapole :
-Rajoute a ca la vente directe 50 000$ et qu’il paye un vendeur 50 000$ pour ca (car y en a pu qui veulent travailler en bas de ca ) donc j’ajoute : 0$

-j’enleve les frais de productions : 50000$/an

GRAND PROFIT TOTAL ANNUEL : 35 000$

W O W !!

Je vois pas le Klendike…

Pour te donner mon mandat , j ai une question: sur quelle modele économique on doit se basé alors?

Je réponds

je doute de ces chiffres et en prenant les tiens, si tu ajoutes à la pub sur son site, celle de Youtube, contrat de pub US, France, ringtone, jeux interactifs, app iPhone et j’en passe, ça commence à faire du bidou. Mais tu es TELLEMENT convaincu qu’il n’y a rien à faire que ta conviction est sans doute la bonne. Oublie mes honoraires et bonne chance…

Il rétorque

Tu doutes des chiffres provenant d un vendeur qui par définition vend sa salade embellie?

Je t engage pour changer mes convictions. La 1er étape est de me donner des outils ( livres , cas à succès , références …) pour me bâtir une vision.
Les produits dérivés décrits ici :
Les stats demontre que 90% des apps iPhone sont pas rentable.
Ça oblige à investir sur 20 apps et avoir dépenser 100k $ pour avoir 1-2 qui lève. C est une business à haut risque

Pu prendre mes références pour faire mes revenus prévisionnels?

Je ne suis pas négatif. J ai cumulé des expériences non concluantes. Dirige moi.

Je réponds

une de mes chums a travaillé pour TAC au moment ou il faisait 2,5M par année (ça a duré 5 ans)

Il rétorque

Je veux un modèle possible
Pas un modèle d exception.

C est comme mettre un livre en marché. La probabilité de faire un best seller est de 5%

Je réponds

Combien d’heures tu veux que je passe là-dessus?

Fin de la discussion

Morale de l’histoire

17 courriels avec le PDG, 4 avec l’employé et 3 twitts pour une heure de consultation qui ne sera jamais payé. Mon pif et mon expérience me disaient que ce client était une perte de temps et un vampire d’énergie. C’est un client qui veut avoir raison. Il ne veut pas entrevoir de solutions, de remettre en question son modèle d’affaires (qu’il avoue lui-même être en déroute) et s’interroger sérieusement sur différentes avenues de commercialisation de son actif intellectuel. Non, il veut le moins cher pour le maximum de résultat en s’efforçant de mettre en boîte plutôt que de tenter de comprendre et d’innover pour sa propre survie. Je n’ai certes pas toutes les réponses et on s’entend que pour une heure, il a eu matière à réflexion en maudit. Je ne parle pas ici d’une analyse d’impact, d’une analyse du modèle de revenu, d’analyse de marché, de focus group ou autres. Je parle strictement d’une heure de consultation bien remplie et de trop d’énergies pour gérer ce qui vient autour. Aucun consultant n’a toutes les réponses, mais un bon consultant a de bonnes questions, de bons exemples et avec bin du temps de consultation, pourra arriver avec des analyses chiffrés. Mais dans tous les cas, si le client lui-même ne semble plus croire en son produit et en ses potentialités, ce n’est certainement pas le consultant qui y croira à sa place. En outre, en 2007, strictement avec la pub sur son site français, Tête à claques faisait 200 000$ de profits par mois. Je répète aussi qu’en plus de ces PROFITS sur Wikipedia, on parle d’une émission de TV en anglais, d’un autre site bilingue, de DVD, de publicités, de jeux vidéos et j’en passe. Oui Têtes à claques est une exception de réussite de la web tv mondiale. Mais plusieurs autres créateurs ont aussi compris que de décliner son œuvre sur plusieurs plates-formes est une manière d’attirer de nouvelles sources de revenus, que ce soit dans divers champs d’activités. La dégringolade de ses revenus est certainement due à la débandade générale du monde de l’édition et des médias dont plusieurs se cherchent un modèle d’affaires. Mais la question qui tue et que je ne lui ai pas posée : Est-ce que vos contenus sont encore pertinents et avez-vous réellement jeté la serviette? Êtes-vous prêt à essayer quelque chose de différent de vos compétiteurs?

L’autre morale de cette histoire

Ces nombreux exemples en étant publiés ici, réveilleront peut-être d’autres entrepreneurs et leur fera réaliser que les concepts de versionning, de bundling et que les produits dérivés sont une source ADDITIONELLE de revenus et que ces concepts sont certainement à méditer…

Costco : Devenir son propre média

Depuis un certain temps, nous (les spécialistes marketing internet) disons que les médias sociaux et les blogues en particulier permettent aux organisations (et aux individus) de devenir leur propre média. Pour ce faire, ils doivent développer une « storyline » (ou une grille éditoriale) et fournir des contenus qui ne sont pas qu’axés sur leur produit ou service, afin d’offrir une information à valeur ajoutée. Mais de toute évidence de devenir son propre média peut se faire de différentes manières. Dans mon billet Comment trouver sa politique éditoriale médias sociaux, je vous expliquais comment Lululemon avait admirablement bien réussi ce tour de force sur les médias sociaux. Le gros avantage des médias sociaux est qu’en plus d’entrer en communication directe avec la clientèle, vous pouvez aussi faire ce qu’on appelle du pull marketing (ou de l’acquisition de client sur le web).

Mais vous pouvez aussi sans doute faire la même chose avec des procédés plus traditionnels comme avec une newsletter (push marketing) en format papier ou virtuel. C’est ce que fait brillamment Costco avec son magazine ContactCostco. La plus récente édition parle de business, de culture, de sécurité en vélo, d’entretien ménager, de photographie, de technologie, d’épargne, de jardinage, d’écologie, de nutrition et de santé. Étonnant pour une entreprise de vente au détail ? Ce magazine parle aussi des produits qui sont en vente, mais est surtout très bien garni de publicités des différentes marques disponibles chez Costco avec une grille tarifaire à faire rougir plus d’une entreprise de presse. Costco semble définitivement être devenu son propre média.

Comme le mentionne la copine Karima-Catherine Goundiam dans son article Costco and social media: Where are they? Il ne semble en effet être nulle part? Par contre, malgré ce fait, Costco est l’entreprise la plus aimée par les consommateurs sur les médias sociaux (Social Media Users Love Costco but Hate Walmart). Un autre article souligne d’ailleurs que les médias sociaux ne sont pas la seule initiative permettant d’écouter le voix du consommateur en direct (Public Relations: Costco shows social media isn’t the only real time solution). Mais comme le mentionne dans une MAJ ((mise à jour) UPDATE: Social Media and Costco, Where are they?)), Costco fait donc du monitorage.

La morale de cette histoire est qu’avec ou sans les médias sociaux, la technologie permet maintenant aux organisations, quelle que soit leur taille, d’entrer en communication avec les consommateurs et que ce changement de paradigme (devenir soi-même un média) change et va changer bien des choses pour les organisations elles-mêmes, mais aussi pour ce qu’il est convenu d’appeler les « médias traditionnels ».

Le talon d’Achille de Pinterest

Depuis quelques mois Pinterest est la nouvelle « darling » des médias sociaux.

Wikipedia

Pinterest is a pinboard-styled social photo sharing website. The service allows users to create and manage theme-based image collections. The site’s mission statement is to “connect everyone in the world through the ‘things’ they find interesting.” Pinterest is managed by Cold Brew Labs, a team based in Palo Alto, California. It is speculated that Pinterest is used more by women than men. The simplicity to share interest such as fashion and food caters to the demographic of women. Its current usage has made Pinterest a useful and rising tool for e-commerce. The continuation of its growth and reach partly depends on the help it gets from major social players

Le site est clairement intéressant pour les usagers et pour les organisations à plusieurs égards. Mais il comporte aussi « un gros risque » à son modèle d’affaires. Mais avant de vous l’illustrer, je soulique que Pinterest est avantageux dans un contexte d’affaires et de vente au détail (comme en discute Benoît Descary dans son billet Utiliser Pinterest dans un contexte d’affaires : 9 astuces ou copyblogger 56 Ways to Market Your Business on Pinterest), dans un contexte culturel puisque déjà les acteurs de cinéma, de théâtre, les sculpteurs, les architectes, peintres, grand chef cuisinier (et marmitons), écrivains et autres industries culturelles ayant des images associées à leur art (photos ou vidéo) sont déjà des vedettes de ce réseau et pour l’industrie touristique puisque les photos des lieux touristiques sont déjà très prisées par les usagers (plus de détails dans l’article Pinterest for tourism: the best thing since vanilla?).

Mais il s’avère que le point fort de Pinterest, le partage de photos et de vidéos que l’on « pin » à partir de sites Web divers, est aussi son talon d’Achile. Je m’explique. Si vous êtes une organisation qui utilise Pinterest pour vous faire du trafic, c’est intéressant et ça peut certainement être rentable. Par contre, si vous êtes le titulaire de droits d’auteurs sur une œuvre, que vous la partagiez sur votre site web, mais que vous en conserviez tous les droits d’utilisation, il n’est pas évident que vous voyez d’un bon œil qu’un usager partage cette œuvre sur Pinterest en la « pinant ». Qui plus est, pour faire circuler les photos sur Pinterest, qui sont hébergé sur le serveur du propriétaire de la photo ou du vidéo qui circule ainsi, Pinterest gruge des ressources (trafic, bande passante, ressources serveur et autre) qui ne lui appartient pas et qu’il n’est pas certain qu’elle en a eu les droits. Ce sera donc des enjeux d’affaires, légaux et technologiques qui risquent de faire les manchettes dans les prochains mois… (voir l’article de PaidContent : Pinterest: Is It A Facebook Or A Grokster?)

MAJ

Comme quoi je n’étais pas dans le champ tant que ça, ce matin je lis la nouvelle Flickr disables Pinterest pins on copyrighted images (exclusive) sur VentureBeat. Outre la nouvelle que Flickr rend indisponible le « pinnage » des photos protégées par droit d’auteurs de son site, on peut y lire entre autres comment Pinterest à son tour tente de minimiser les dégâts et poursuites éventuelles :

To protect itself from copyright lawsuits, and appease disgruntled photographers and publishers, the young social media company introduced a snippet of code Monday that website owners can now add to their sites to prevent unwanted pinning. If a person on Pinterest attempts to share something from a site with that code in place, she will see a message that reads: “This site doesn’t allow pinning to Pinterest. Please contact the owner with any questions. Thanks for visiting!”

Le problème avec ça est que Pinterest offre aux éditeurs de sites de rendre Pinterest inactif sur leur propriété, mais en réalité le « fardeau » de la protection des droits (mon avis non juridique) revient en fait aux usagers et à Pinterest lui-même. C’est un peu comme MegaUpload qui soulignait l’importance de ne pas partager des œuvres protégées, mais dont le proprio est maintenant en taule…

Étienne Mineur : Mettre du numérique dans le papier et transformer l’édition

Il y a quelques semaines j’étais conférencière à TEDxMontpellier et l’une des présentations des autres conférenciers m’a complètement séduite. Il s’agit de la présentation d’Étienne Mineur, Entre papier et numérique !, qui est professeur à l’École Nationale Supérieure des arts décoratifs de Paris et cofondateur des Éditions Volumique. La mission des Éditions Volumique :

Les éditions volumiques sont une maison d’édition dédiée au livre en papier considéré comme une nouvelle plateforme informatique, ainsi qu’un laboratoire de recherche sur le livre, le papier et leurs rapports avec les nouvelles technologies.
Comment envisager le livre et sa lecture au 21e siècle, après la grande révolution des médias liée au numérique et aux réseaux?
 L’interactivité, le jeu vidéo en particulier, conduit à une conception nouvelle de la narration et du rôle du lecteur.
Comment introduire les usages et l’expérience utilisateur des médias numériques dans le livre papier afin de l’actualiser, étendre son champ et engager le lecteur d’une nouvelle manière?
Il ne s’agit plus d’opposer le livre numérique au livre papier, mais d’enrichir le rapport tactile, émotionnel et intime au savoir qu’offre le livre papier, avec les dimensions nouvelles qu’apporte le numérique.
 Chacun de nos projets explore une facette de cette union du papier et de l’ordinateur.

Il a réussi à mettre de l’intelligence numérique dans le papier qui ainsi peut interagir avec le lecteur. Je ne parle pas ici de code QR, mais bien d’intelligence du papier. Mais regarder plutôt sa conférence et vous risquez, comme moi, d’être flabbergastée par ses nombreuses innovations…

Données ouvertes, encore une fois le Québec en retard sur la France (LeWeb)

C’est avec étonnement, ravissement et déception que ce matin j’ai discuté avec Valérie Schlosser, chef du projet Etalab du gouvernement français. Étonnement, parce que ce matin lors de l’événement LeWeb, j’ai pu constater de visu l’étendue de l’ouverture des données du gouvernement français (comme vous le pouvez aussi d’ailleurs), en visitant le site Data.gouv.fr qui est en ligne depuis lundi. Ravissement parce que ces données sont sous format fichier .csv, permettant à tous d’y avoir accès et de les reformater pour en faire de nouvelles données issues des combinaisons que l’entreprise voudrait bien en faire.

Ainsi, les données sont en licence ouverte » :

La « Licence Ouverte / Open Licence » présente les caractéristiques suivantes :
• Une grande liberté de réutilisation des informations :
o Une licence ouverte, libre et gratuite, qui apporte la sécurité juridique nécessaire aux producteurs et aux réutilisateurs des données publiques ;
o Une licence qui promeut la réutilisation la plus large en autorisant la reproduction, la redistribution, l’adaptation et l’exploitation commerciale des données ;
o Une licence qui s’inscrit dans un contexte international en étant compatible avec les standards des licences Open Data développées à l’étranger et notamment celles du gouvernement britannique (Open Government Licence) ainsi que les autres standards internationaux (ODC-BY, CC-BY 2.0).
• Une exigence forte de transparence de la donnée et de qualité des sources en rendant obligatoire la mention de la paternité.
• Une opportunité de mutualisation pour les autres données publiques en mettant en place un standard réutilisable par les collectivités territoriales qui souhaiteraient se lancer dans l’ouverture des données publiques.

Finalement ma déception découle de notre retard par rapport à la France, qui ne fait que grandir. En effet, il y a quelques semaines, je vous disais dans mon billet Henri-François Gautrin, faudrait peut-être l’écouter cette fois-ci que le gouvernement du Québec se penche ces jours-ci sur la question des données ouvertes. Alors nous sommes encore à l’étape de la réflexion. Pour l’action, faudra sans doute encore attendre plusieurs mois, voire plusieurs années, avant que nos ordinosaures fonctionariales ne se diguidinent un tant soir peu ☹

À propos de l’importance du web et des médias sociaux dans l’organisation

Pour encore trop d’entreprises (surtout chez les grandes comme je l’expliquais dans mon billet Le web, les médias sociaux et la grande entreprise, de quelle fonction d’affaires s’agit-il ?) le web et les médias sociaux, c’est quelque chose qu’on fait parce qu’on n’a pas le choix. Souvent, on ne réalise pas encore les immenses retombées d’affaires qu’ils peuvent générer pour toute l’organisation. Pour preuve, combien d’organisations ont un VP Web ? Je n’en connais malheureusement aucune ici. Pire, on délègue souvent le web ou les médias sociaux au petit stagiaire qui sera là pour l’été. Ou encore, le web n’est qu’une activité parmi tant d’autres, d’une fonction traditionnelle de l’entreprise. Ce sera du monitorage de relations publiques, ce sera un effort marketing ou communicationnel de plus, ce sera aussi un outil de gestion de crise ou encore un autre outil de recrutement additionnel.

Encore très peu d’entreprises réalisent que le web peut générer des retombées pour chacune des composantes de l’entreprise, mais que pour ce faire, une vision « holistique » du web et des médias sociaux doit être mise de l’avant. De surcroit, cette vision doit venir de la direction de l’entreprise. Si elle émane d’un cadre intermédiaire, il ne pourra jamais obtenir la collaboration entière et complète des autres acteurs de l’entreprise. D’ailleurs, l’importance du titre du gestionnaire le plus haut gradé, responsable du Web, sera un facteur indicatif éloquent des retombés d’affaires potentielles de cette fonction d’affaires.

Déjà plusieurs entreprises ont un haut gestionnaire des TI (technologies de l’information). Plusieurs entreprises ont réalisé que ces technologies permettent d’augmenter les revenus, de réduire les dépenses et d’augmenter l’efficacité générale de l’organisation. Il en va de même pour le Web et les médias sociaux. Malheureusement, on ne regarde que la lorgnette à court terme des médias sociaux. On demande de voir un ROI à court terme. Un peu comme ces organisations qui ne voulaient rien savoir du courriel dans l’entreprise. Ça rapporte quoi un courriel voulez-vous bien me dire ? D’ailleurs, il y a déjà quelques années, je parlais de ces blogues qui servaient justement à la gestion de projets et qui permettaient de réduire dramatiquement la nécessité de ces interminables courriels en copie conforme. Mais avant qu’on ne passe du média social aux affaires sociables, comme le suggère IBM, il nous reste encore quelques croutes à manger…

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Du média social aux affaires sociables, l’expérience d’IBM

MAJ

Pourquoi n’y ai-je pas pensé? Mon pote et ancien associé Guillaume Brunet est en effet VP médias sociaux chez Cossette 🙂

Du média social aux affaires sociables, l’expérience d’IBM

Ça fait déjà un bon bout que se discute le fait que chaque entreprise peut finalement devenir son propre média et ne plus avoir à passer par le filtre des médias traditionnels pour interagir avec ses publics. Le blogue en particulier, est depuis belle lurette l’outil de prédilection pour s’adresser aux publics internes, externes et aux collaborateurs de l’organisation. Le « web » en tant que fonction potentielle de l’entreprise, trouve sa perspicacité maximale, si elle est en fait une « fonction de l’entreprise », au même titre que les ressources humaines, les relations publiques, le marketing, la production, les TI ou les finances. Malheureusement, trop souvent encore on handicape la pertinence du web en en faisant une sous-fonction de l’une des autres fonctions traditionnelles de l’entreprise, par exemple le marketing ou les TI. Dans ce cas, il est difficile d’avoir l’input des autres fonctions et de leur offrir des retombées d’affaires en conséquence.

C’est un peu le propos de l’article Move Over Social Media; Here Comes Social Business, qui traite du virage « social business d’IBM » tel qu’expliqué par Ethan McCarty, Senior Manager of Digital and Social Strategy at IBM.

Il dénote 7 observations (traduction et adaptation libre)

Les médias sociaux seront minimisés par l’impact des « affaires sociables »
(notez ici que je préfère le terme « affaires sociables » plutôt «qu’affaires sociales » qui serait sans doute la meilleure traduction de Social business, mais qui a une tout autre connotation ici). Bien que les médias sociaux aident déjà bien des entreprises à être plus centrées vers le client, ils ne sont utilisés modestement que par la fonction marketing. Les médias sociaux sont à la fois média, et société (les gens). Ils ont la potentialité de permettre la compréhension des interactions entre les différents publics (interne et externe) d’une organisation et d’en tirer des leçons qui modifieront tous les processus d’affaires de l’organisation.

Les gens font affaire avec des gens, pas des entreprises
L’une des notions fondamentales des « affaires sociables » est que les employés doivent être au cœur des stratégies numériques. Comme IBM ne vend plus de produits de consommation, l’expérience client avec IBM est d’abord et avant tout une expérience de relation avec un ou des employés. Cette expérience se passe de plus en plus en ligne et IBM a commencé à associer l’un de ses experts à , plusieurs des pages de contenus de leur site et cette initiative a révélé dans des focus groups, que ça augmentait sensiblement la confiance des clients face à IBM.
Vos employés doivent être des citoyens numériques aussi
Pour devenir une entreprise sociable, il faut reconnaître le besoin de formation et de coaching visant à rendre les employés de bons citoyens numériques eux-mêmes, à gérer leur propre réputation. IBM fournit même à ses employés des tableaux de gestion de leur réputation personnalisés, afin qu’ils visualisent l’impact de leurs propres interactions avec les autres différents acteurs. De bonnes conversations génèrent de bonnes affaires qui apportent de la valeur autant pour l’individu que pour l’organisation. (À ce propos, vous me permettrez une auto-promo pour vous rappeler que c’est l’un des sujets majeurs de mon prochain livre Les médias sociaux 201  )
Vous n’avez pas à bouffer tout l’éléphant des affaires sociables d’une seule bouchée.
IBM y est allé avec la stratégie des petits pas. Tout d’abord ils ont mis en place un wiki, servant à documenter les principes de l’organisation pour les affaires sociables. Puis, a développer un cours visant à outiller les employés pour qu’ils comprennent bien les médias sociaux et deviennent des citoyens numériques efficaces. L’initiative finale et majeure a été de mettre sur pied un « localisateur d’expertise » qui rejoint 3000 experts d’IBM à travers le monde.
Les affaires sociables sont aussi bonnes pour les affaires
Les mêmes outils et processus qui ont servi à mettre sur pied l’initiative « affaires sociables » d’IBM, sont maintenant mis à la disposition de la communauté. En vue d’honorer le 100e anniversaire d’IBM, l’entreprise a mandaté chacun des employés à fournir une journée complète de l’entreprise pour partager ses connaissances et expériences sur le site IBM100.com. Cette initiative permet aux employés de concrétiser l’expérimentation « des affaires sociables ».
Nous en avons assez des chaînes de courriels inutiles
La plupart des entreprises se fient aux courriels pour partager de l’information entre les employés, malgré les nombreuses embûches (et les coûts associés) qu’ils soulèvent. Ce sont des outils complètement antisociaux. IBM valorise plutôt l’utilisation des outils collaboratifs qui sont asynchrones, géographiquement dispersé et facilitant le travail d’équipe (songez aux blogues, wiki, Twitter, Google + (avec la téléconférence à plusieurs qu’ils nomment le hudle)).
C’est correct d’échouer, mais il faut le faire rapidement
Comme plusieurs initiatives affaires sociables risquent de ne pas fonctionner, il est important d’expérimenter plusieurs approches différentes simultanément et d’éliminer les échecs lorsqu’ils se présentent. C’est d’ailleurs l’un des nouveaux concepts de développement logiciel qu’on appelle la méthode agile. Ça ne sert à rien de planifier su 10 mois et de lancer une initiative, il est mieux de lancer rapidement et d’améliorer au fur et à mesure. Le localisateur d’expert n’a pris que 4 semaines à mettre en place puis les améliorations sont venues s’ajouter par la suite.

Google + n’est peut-être pas un médias social ?

Google+ n’est peut-être pas un média social. Enfin si, G+ est un média social mais c’est aussi autre chose. Cet autre chose a même la potentialité de devenir beaucoup plus qu’un simple média social. C’est l’argument de l’étonnante et excellente présentation de FTtechFounder sur SlideShare (je vous la mets plus bas). En effet Google+ se compare certainement à Facebook et Twitter. Mais contrairement à ceux-ci, c’est aussi un formidable condensée de plusieurs utilitaires nous permettant de partager des courriels, des documents, des status, des fichiers comptables, des vidéos, de l’audio, des images, de la vidéoconférence à plusieurs, des contenus via toutes les plates formes d’exploitations, mobiles ou non. Son argument (de poids) est que ce sont peut-être plus Microsoft et Apple qui ont à craindre de Google+, puisqu’elle met définitivement en place les outils collaboratifs d’informatique dans le nuage…

Médiation et règlement des conflits web 2.0

Ça arrive souvent que les commentaires de mes lecteurs soient vraiment très très pertinents. Pour preuve, voici celui de madame Virginie Gaquière en réponse à mon billet La M.Sc. commerce électronique : Les notes de mon discours célébrant le 10e anniversaire :

Bonjour,

Je souhaite compléter vos prédictions notamment concernant le point : Guerres de juridictions et de droits divers. Des opportunités existent pour rendre l’avenir du commerce électronique plus harmonieux.

Pour vous mettre en contexte, je termine ma Maîtrise en droit spécialisation prévention et règlement des différends à l’Université de Sherbrooke. Mon mémoire porte sur l’implantation des modes de règlement en ligne des litiges auprès des cybermarchands québécois ayant des transactions à l’international. Plus précisément, j’analyse le comportement des acteurs du commerce électronique pour expliquer le retard accumulé par le Québec en matière de résolution extra-judiciaire (médiation et négociation assistée) des litiges; d’autant qu’à l’heure actuelle, hormis le recours à un tribunal national ou à un arbitre, un cybermarchand ne peut pas vraiment commercer l’esprit tranquille avec son homologue du bout du monde.

Avenir collaboratif : les plateformes de résolution en ligne des litiges
Sachant que les plateformes de résolution en ligne des litiges (Juripax, Truveli.org et The Mediation room pour n’en citer que quelques unes) existent, qu’elles sont fiables et que des résultats positifs sont retirés par les parties, j’essaie de comprendre quels sont les freins à leur implantation. La Commission des Nations-Unies pour le droit commercial international via son groupe de travail III poursuit son travail et se rencontre à la fin de ce mois à NYC pour mettre sur pied un projet de règlement.

Je tenais à attirer votre attention sur le fait qu’un avenir plus collaboratif est possible sans nécessairement devoir se ruiner en frais d’avocats, faire des concessions outrancières ou encore se brouiller avec des clients. D’ailleurs, l’un de mes indicateurs dans cette étude consiste à mesurer la réputation en ligne des entreprises qui ne proposent pas de règlement des litiges hors cour à leurs clients comparativement à celles qui en offrent … L’an dernier, General Electric a lancé sa plateforme de résolution pour gérer les conflits qui pourraient survenir avec ses fournisseurs. Imaginez-vous l’image que GE renvoie à ses partenaires ?

Bien à vous.

Ma conclusion :
Je serai ravie de recevoir une copie de votre mémoire lorsqu’il sera complété et la meilleure des chances à vous chère madame.

Les consultants aussi se trompent #JeudiConfession

Mon travail est d’accompagner mes clients, de les challenger, de mettre en perspective leurs initiatives, de critiquer et de proposer des solutions à leurs problèmes. Mais je ne suis pas dieu, je suis faillible et il m’arrive d’être dans le champ. Surtout lorsque je sors de ma zone de confort pour discuter de sujets qui ne sont pas vraiment de mon expertise. Dans la plus pure tradition des #jeudiconfession sur Twitter, je me confesse de m’être trompé avec mon client Tourisme Mauricie.

Il y a un an de ça, nous avions une réunion de réflexion stratégique et nous discutions de différentes problématiques de mon client. Entre autres, ils avaient un slogan quelque chose comme « La vraie nature du Québec ». Je leur fis remarquer que ce slogan était inadéquat. J’arrivais des îles turquoise et le pays avait un slogan sensiblement identique. D’ailleurs, plusieurs des ATR du Québec ont des jeux de mots « poche » avec Nature et à la grandeur de la planète, qu’on se le dise, la nature est là et elle est belle en Mauricie, dans les Everglades, à Hawaï, au Kenya, dans les alpes ou ailleurs. Il n’y a vraiment rien de distinctif à la nature de la Mauricie et en outre, ça sous-entend qu’il n’y a peut-être rien à faire à Trois-Rivières ou que si je « trip » sport, ni la nature ni la ville ne m’intéresseront vraiment.

C’est alors que mon client, André Nollet, demeurait silencieux et regardait la table comme hypnotisé. J’étais inquiète. L’avais-je vexé avec mon constat? Non, c’était plutôt qu’André était en lui-même et songeait à comment il pourrait faire démarquer sa région qui avait tant à offrir, sans l’emprisonner dans un slogan qui ne voulait finalement rien dire.

Quelques mois plus tard, lors d’une autre réunion, ils me présentèrent le concept qu’ils avaient créé, le concept des Ambiances vacances, puis ils me parlèrent d’un projet de marketing croisé avec une compagnie de peinture du coin, Peinture Laurentide. Je trouvais les idées vraiment capilotractées (tiré par les cheveux) et je ne comprenais vraiment pas comment une région touristique pouvait arriver à s’associer avec une compagnie de peinture. J’y voyais un opportunisme sans valeur ajoutée et poche. Par ailleurs, je trouvais déjà la navigation du site de Tourisme Mauricie trop lourde et d’ajouter une couche de complexité supplémentaire, risquait fortement de mêler davantage le client qu’autre chose.

Mon client décidé que c’était ce qu’ils allaient faire, je me résolus à sa volonté en participant donc à l’évolution d’une idée avec laquelle je n’étais pas d’accord. Lors de différentes réunions de production, je bonifiais le concept de différentes tactiques marketing et d’une structure de mesure du ROI.

Puis le concept fut lancé officiellement, puis je visualisai ce que fit Peinture Laurentide. Je dois admettre m’être royalement trompée. Je reconnais aujourd’hui que ce concept facilite grandement le magasinage en ligne des touristes, que le maillage Peinture Laurentide / Tourisme Mauricie, bien qu’inusité, est particulièrement savoureux et prometteur et que mon client, eu l’instinct d’innovation de prendre le meilleur de mes conseils et d’ignorer les critiques qui auraient pu faire avorter son projet. Je vous invite d’ailleurs à visiter la page de Peinture Laurentide et à visualiser par vous-même comment l’intégration « couleur de peinture / éléments touristiques distinctifs » a été faite.

Conclusion
Un consultant est là pour donner le meilleur de lui-même. Il n’est pas infaillible. Un client se doit de toujours garder son esprit critique, de croire à son projet plus que quiconque et de relativiser les arguments positifs et négatifs qu’il peut recevoir de consultants, d’employés ou de ses amis. L’innovation est de faire des choses différentes de ce qui se fait déjà et cette différence, jusqu’à ce qu’elle se concrétise, sera toujours un rêve « flyé » que peu de gens comprendront au début. Je suis fière d’avoir contribué à ce projet, mais encore plus fière de la tête de cochon d’André Nollet et de son équipe qui ont continué de travailler avec moi et à me tirer le « jus de cerveau » pour aller dans la direction qu’eux avaient choisi…

MAJ
Admettre qu’on se trompe des fois fait aussi parti d’une saine présence médias sociaux. Entre autres, j’aimerais bien que les politiciens comprennent ça 🙂