Expliquez-moi ce rien – réponse à monsieur Foglia

Ce matin, dans le Journal La Presse, le célèbre chroniqueur Pierre Foglia se pose une question « média social » dans sa chronique Expliquez-moi ce rien. Je crois être bien placée pour illuminer les lanternes de cet excellent chroniqueur que j’aime beaucoup, mais qui n’est malheureusement plus de son temps. Il questionne les médias sociaux, Facebook et Twitter en ces termes :

C’est ici, amis lecteurs, qu’il faut m’expliquer la nature de ce rien qui m’échappe totalement, de ce rien qui est 90% de ce qui s’écrit dans les médias sociaux.
Expliquez-moi pourquoi l’intime le plus plat, en cela qu’il est le moins intime qui soit, est en train de révolutionner les communications en 140 caractères? A-t-on à ce point besoin de ne rien se dire pour se reconnaître et s’apprécier?
(Nota bene: s’il devait s’en trouver un, un seul pour me rappeler que j’aime me proclamer le maître planétaire du rien, je le gifle.)

Comme je ne veux pas être giflée par monsieur Foglia, je ne dirai certainement pas qu’il est sans doute le plus grand blogueur à ne pas avoir de blogue et qu’il est effectivement le maître planétaire du rien … littéraire et passionnant. Je lui dirai plutôt que les médias sociaux sont souvent appelés des « médias conversationnels ». Que la conversation humaine (tel que le défini Wikipedia)

(…) est un échange d’informations entre au moins deux individus, portant généralement sur un sujet précis. La conversation est une forme courante de communication qui permet à des personnes de faire connaissance.

Selon le cours autodidactiques de français écrit, on dit aussi :

La conversation s’oppose aux autres formes d’interaction (entretien, débat, colloque, pourparlers, conciliabule, etc.) par son caractère familier, improvisé et gratuit: aucune de ses composantes n’est fixée à l’avance — nombre des participants (variable d’une conversation à l’autre et même au cours d’une même conversation, ce nombre devant toutefois rester relativement réduit), thèmes traités (également variables, et prêtant à la digression: une conversation se fait “à bâtons rompus”), durée de l’échange et des différentes répliques, alternance des tours de parole, — et elle n’a pas d’autre finalité que sa propre pratique, elle est coupée de tout but instrumental. Sa principale motivation est le plaisir.

Mais dans « média conversationnel » il y a aussi « média ». Wikipedia décrit le média comme étant :

(…) tout moyen de communication, naturel ou technique, qui permet la transmission d’un message. Couramment, on utilise désormais le terme de média pour décrire les médias de masse (de l’anglais « mass-media ») , soit un moyen de diffusion collectif, permettant de rapidement communiquer à un public vaste et hétérogène. Voici une liste non-exhaustive de média : Le langage, l’écriture, musique, la presse, la radio, la télévision ou encore Internet.

À la lecture de ces définitions et à la relecture du texte de monsieur Foglia, je me demande ce qu’il ne comprend pas? A-t-il de la difficulté avec la nature conversationnelle ou celle médiatique des médias sociaux? Trouve-t-il que la somme des riens (qu’il estime à 90% sans y avoir été lui-même comme il l’affirme) n’est d’aucune utilité et que les médias sociaux se devraient d’être utiles? Bref, son questionnement me semble flou, et plus être un épisode d’exaspération (comme l’on fait avant madame Petrowski avec 4 ans de retard sur Nuovo et Martin qui eux-mêmes étaient 2 ans en retard du reste de la planète) de celui qui tout en disant vouloir comprendre, s’évertue à démontrer l’inutilité de s’intéresser à ce qu’il dit vouloir comprendre.
J’ai maintes fois ici expliqué que les médias sociaux (on en a d’ailleurs tiré un livre Les médias sociaux 101, qui expliquerait certainement plus en profondeur la question à monsieur Foglia) et plus spécifiquement Facebook et Twitter, sont des médias conversationnels qui incluent du très pertinent et du très anodin. Que même dans l’anodin il y a des informations capitales pour qui sait les mettre en contexte et qu’il «n’est certes pas nécessaire d’être sur les médias sociaux ». Il n’est pas non plus nécessaire d’avoir le téléphone, la télé, la radio, le journal ou le livre. Ce sont tous des médias qui ont leurs atouts, mais on a bien vécu des milliers d’années sans le livre. Lorsqu’on critique les médias sociaux comme étant inutiles, c’est comme si on disait que le livre est inutile et qu’on s’efforce de trouver des exemples d’inutilités qui ont déjà été écris dans ceux-ci pour prouver notre point de vue. Ou pourrait aussi isoler « la télé-réalité » qu’on mettrait sur le même pied d’égalité qu’un Charlie Rose, puis se justifier en disant 90% de la télé est de la télé-réalité.
C’est ici, amis lecteurs, qu’il faut m’expliquer la nature de cette télé qui m’échappe totalement, de ce rien qui est 90% de ce qui est diffusé dans les médias électroniques.


J’informe aussi monsieur Foglia que je n’écoute JAMAIS d’émission sportive à la télévision. Je trouve ça personnellement complètement inutile, d’une perte de temps sans nom et je ne comprends pas que des gens soient grassement payés pour aller voir à notre place des événements sportifs et nous les expliquer et les décortiquer jusqu’à la fin des temps. Cependant, jamais, au grand jamais, je ne m’amuserais à croire que les gens que ça intéresse, qui y investissent du temps, qui en discutent, qui lisent sur le sujet et qui écrivent là-dessus nous font perdre collectivement du temps et des ressources et qu’il faut m’expliquer pourquoi ils sont fascinés par ce grand rien?
C’est sans doute une question de génération, de culture ou de peur du changement….

MAJ

Ce matin, dans sa chronique L’exercice physique, monsieur Foglia revient sur sa prise de position initiale concernant Twitter :

PAN! SUR LES DOIGTS – Un prof de philo à la retraite, Edgar P., m’a trouvé bien imbécile dans ma dernière chronique sur Twitter et Facebook et il n’a peut-être pas tort.

Citer les entrées de Coeur de pirate sur Twitter pour prouver la futilité de Twitter, me dit-il, est comme citer des extraits de la biographie de Justin Bieber pour ridiculiser la littérature.

Touché.

En fait, cela n’excuse rien, mais explique peut-être un peu ma lapidaire généralisation. Plus que les entrées de Coeur de pirate, j’ai écrit cette chronique sous le choc d’une entrée de Denis Coderre qui, une semaine avant Noël, faisait un appel à tous pour une suggestion de cadeau pour sa fille de 18 ans. Reconnaissez, professeur, que M. Coderre est un personnage type de Twitter, on le représente souvent comme le prototype de l’homme d’action plogué direct sur la modernité par Twitter et… et rien, sauf ceci peut-être: devant cette modernité-là, il ne me déplaît pas d’être un homme des cavernes.

Mais je vous donne raison sur l’essentiel. Cela prend plus qu’une petite chronique à la va-vite pour faire le tour d’un phénomène aussi complexe. Là, vous êtes content?

Alors oui je suis contente et ce matin je vais justement chez mon éditeur et c’est avec grand plaisir que je vais lui demander de vous envoyer une copie de Les médias sociaux 101, qui vous aidera certainement à comprendre ce phénomène, et vous permettre d’être un homme des cavernes, en toute connaissance de cause…

Mes trucs pour attirer l’attention des médias traditionnels

Ça fait des années que les médias traditionnels me font une place de choix et je le dois à mon blogue, mais aussi à une compréhension des mécanismes de création de la nouvelle et de relations publiques. Pour avoir des résultats, voici donc quelques trucs

  • J’écris souvent sur l’actualité en prenant la lorgnette de ma spécialité pour analyser celle-ci. Les journalistes sont souvent à la recherche d’avis d’experts pour analyser l’actualité et si vous vous êtes déjà prononcé sur un sujet chaud et que les journalistes vous trouvent, ils vous téléphoneront. Si vous êtes collaboratif et avez un point de vue intéressant, ils vous mettront de facto dans la base de données des experts de leur média.
  • La longueur standard journalistique papier est de 750 mots. J’ai souvent fait des billets étoffés que j’offrais gracieusement par la suite à un média. Ainsi, durant des années j’étais experte invitée au Journal LesAffaires, à Branchez-vous ou au Canal Argent.
  • Je n’ai jamais eu peur de prendre position. Les journalistes de même que les lecteurs ou auditeurs ou spectateurs aiment bien les gens qui ont des positions claires.
  • Je n’ai pas non plus peur des polémiques. Les médias ont souvent besoin d’avoir les deux côtés d’une médaille. Si vous naviguez continuellement entre le pour et le contre, vous ne serez que de peu d’intérêts.
  • Je documente mes avis, de recherches locales et internationales et de faits et de statistiques. Ces outils permettent d’avoir un point de vue qui n’est pas strictement basé que sur des impressions.
  • J’essaie de toujours être gentille avec les gens qui gravitent autour des médias. Que ce soit une maquilleuse, un preneur de son, une réceptionniste, recherchiste ou un caméraman, vous ne savez jamais l’influence qu’ils ont sur les journalistes et en général, les gens aiment bien travailler avec les gens sympathiques qui de surcroit, ont des choses à dire.
  • Je suis passionnée de mon sujet et de mon travail. La passion ça fait bien des miracles pour les médias, mais aussi pour les affaires…

US Air Force, Vos enjeux de relations publiques 2.0 peuvent difficilement être pires que les leurs

Imaginez le bombardement d’une école ou d’un hôpital accidentellement. Imaginez la mort d’alliés sous les balles amis de la US Air Force. Imaginez la propagande continuelle d’organisations terroristes et de pays ennemis. Imaginez aussi les pressions continuelles de groupes pacifistes, de gauchistes, de mères éplorées antiguerres et de groupes et groupuscules politiques adverses à vos actions. On peut difficilement trouver pire scénario de relations publiques tumultueuses à gérer. Vos crises de relations publiques corporatives à côté de ça peuvent sembler bien insignifiantes. Elles peuvent toutefois, dans certains cas, être vraiment dramatiques et mettre votre entreprise en péril. On se souviendra par exemple de la crise de la listériose chez Maple Leaf Foods que j’avais documentée dans mon billet Maple Leaf Foods et la listeria, ce que j’aurais fait de plus. J’y notais qu’ils avaient réagi exactement comme l’approche de gestion de crise traditionnelle en relation publique le suggérait. Mais les temps ont changé et l’ère du web ne laisse plus de place à ce genre de réaction qui jadis était gagnante. Je faisais remarquer que :

(…) lorsque les gens cherchent listeria dans Google, Maple Leaf n’y est pas. Si on cherche Mapel Leaf, ce sont les actualités qui nous sont présentées en premier, sans qu’il soit possible de voir les nouvelles venant de Maple Leaf. Qui plus est, les mots clés Listeria et Maple Leaf ont été achetés « Merchant Law Group LLP » qui sollicite des signatures pour faire un recours collectif contre la compagnie. Maple Leaf elle-même n’est pas présente. Étant à l’ère du web, les méthodes de gestion de crises traditionnelles, auraient avantage à être mise à jour et à positionner convenablement le message de l’entreprise dans Google et dans les autres outils de recherches Web.

Dans mon billet La US Air Force fournit des outils pour les blogueurs d’affaires, je partageais l’excellent tableau du flux des réponses à offrir lors d’un commentaire sur un blogue d’affaires et je soulignais que :

Il n’est pas nouveau que les forces armées sont souvent prises comme modèle des méthodes de gestion d’entreprise.

Flux des réponses à offrir lors dun commentaire sur un blogue daffaires

Flux des réponses à offrir lors d'un commentaire sur un blogue d'affaires

Je vous rappelle donc que comme l’indique le graphique suivant, la US Air Force a pris conscience que l’opinion publique se forge à l’intersection des médias de masse et des médias personnels que sont les médias sociaux et que c’est le terreau de prédilection pour la propagande ennemie.

La US Air Force se doit donc de ne pas se mettre la tête dans le sable et de réagir aux attaques de relations publiques, là où les enjeux et messages potentiellement contraires se trouvent, c’est-à-dire sur les médias sociaux. Ils ont donc décidé d’outiller les membres de l’aviation américaine avec une politique communicationnelle médias sociaux clairs, ils ont formé leur personnel à ces fins et pris littéralement d’assaut les médias sociaux que sont Facebook, YouTube, Twitter, Flickr et les blogues avec une multitude de présences Web qui sont recensés sur le site http://www.af.mil/socialmedia.asp . Ils ont aussi exprimé la politique média social avec ces points :

  • No Classified Info
  • Replace Error With Fact ,Not Argument
  • Admit Mistakes
  • Use Your Best Judgment
  • Avoid The Offensive
  • Avoid Copyright
  • Trademarks – Don’t Breach
  • Don’t Violate Privacy
  • Avoid Endorsements
  • No Impersonations
  • Use Disclaimers
  • Stay In Your Lane
  • Link

Que l’on retrouve dans l’excellent document Social media and the Air Force (PDF). Avec vos gros enjeux de relations publiques beaucoup moins graves que ceux d’une organisation comme la US Air Force, vous vous attendez quoi pour être aussi des médias sociaux?

MAJ

En conclusion, le 10e point de leur chapitre TOP 10 TIPS FOR SOCIAL MEDIA :

THE ENEMY IS ENGAGED

The enemy is engaged in this battlespace and you must engage there as well.

MAJ 2

N’imaginez pas que les autres divisions militaires américaines soient en reste. Vous pouvez visiter les diverses présences médias sociaux de :

US Department of Defense http://www.defense.gov/registeredsites/socialmediasites.aspx

l’Armée américaine http://www.army.mil/Media/socialmedia/

Les Marines http://www.usmc.mil/usmc/Pages/SocialMedia.aspx

La Navy http://www.navy.mil/media/smd.asp

Homeland Security http://www.dhs.gov/xabout/gc_1238684422624.shtm

US Coast Guard http://coastguard.dodlive.mil/index.php/2009/07/official-coast-guard-social-media/

National Guard http://www.arng.army.mil/News/Lists/National%20Guard%20Social%20Media/AllItems.aspx

FBI http://www.fbi.gov/news/stories/2009/may/socialmedia_051509

Michelle Blanc contre les journaleux et critiquistes, This time it’s personal

Un de mes potes qui est consultant en image publique me dit : Michelle ce qui est difficile en terme de gestion d’image avec toi est que tu es un personnage et maintenant une personnalité. Ce n’est pas facile à vivre et maintenant tu dois prendre conscience de ça. Ne change jamais parce que tu es bien comme tu es, mais tu dois prendre conscience de la place que tu occupes dans l’espace public. Ce n’est pas facile, c’est venu vite, mais c’est ça qui est ça.

À ce constat que me fit mon pote, j’ajouterai qu’une personnalité peut décider de ne pas regarder les critiques et les journalistes qui parlent d’elle. Elle peut faire filtrer « la nouvelle » par des aides de camps qui le font pour elle. Elle peut se protéger. Mais moi, ma job c’est de checker justement ça. De monitorer, de regarder ce qui se dit sur mon domaine d’expertise, et sur mon brand, c’est-à-dire moi. Ce n’est pas facile. Je vois pratiquement tout et je ne peux pas (et je ne dois pas) vraiment arrêter de faire mon emploi. Je ne réagis qu’à une infime portion de tout ce que je vois passer. Pourtant, bien des gens trouvent que je réagis déjà trop. S’ils savaient?

Par ailleurs, j’ai écrit les médias sociaux 101 dans lequel il y a un chapitre entier sur le journalisme et ses transformations comme suite à l’arrivée des médias sociaux. Aucun journaliste de la presse écrite et aucune critique ne se sont vraiment arrêtés dessus. Ce chapitre est tiré d’archives de ce blogue encore plus volumineuses et dont beaucoup de mes critiques et journaleux ne parlent pas vraiment, pour ne dire jamais. J’ai pourtant été très dure sur la FPJQ, j’ai valorisé la convergence et l’adoption des technologies par les journalistes et est souvent été baveuse envers les journalistes en général. J’ai cependant énormément d’amis et de clients parmi les journalistes. Je n’ai que très rarement interpellé directement des journalistes et ça a souvent été en réaction. Jamais en attaque gratuite. Cependant, j’ai été attaquée moi-même gratuitement très souvent par eux. Je suis une cible et j’aide d’une certaine façon la chose. Je suis « live », je suis baveuse et provocatrice. Sur près de 23000 twitts, j’en ai certainement une couple de dizaines de juteux. De « politically » très incorrect. Mais il en reste tout de même plus de 22 000. Si on veut représenter l’ensemble de mon oeuvre (appelons ça de même) intellectuellement on ne devrait pas, s’attarder à quelques twitts et les présenter comme étant l’exemple de tout ce que je fais. C’est pourtant ce que font plusieurs dinosaures de l’information (pour ne pas dire journaleux, critiquistes ou même parfois conards).

Dont j’ai publiquement réagi ici, il y a eu les histoires m’attaquant directement de

Nathalie Petrowski
Stéphane Baillargeon
Nicolas Langelier
• Simon Jodoin

et je note aussi une attaque indirecte (et donc encore plus insidieuse) de Richard Martineau dans Qui a peur du privé?

Trop d’information
La semaine dernière, une transsexuelle spécialisée dans les réseaux sociaux a utilisé Twitter pour annoncer au monde entier qu’elle avait eu sa première vaginite.
La prochaine fois que quelqu’un me dira que Twitter est une invention géniale qui va révolutionner le monde, je lui lance un tube de Préparation H par la tête…

Heureusement, il y a un balancier Web à ça. Je me suis permis de répliquer vivement à plusieurs de ces attaques et d’autres comme Mathieu Bédard de FacteurPub (dans son billet que je vous recommande de lire au complet  et intitulé à juste titre Les bornés), l’a fait à ma place, d’une manière qui me touche beaucoup.

(…) On se confine plutôt à des analyses de surface, à des jugements de valeurs, de Nathalie Petrowski à Stéphane Baillargeon hier dans Le Devoir (quelle sale petite attitude), on sent que Twitter agace, irrite.
(…)Prenons l’exemple de Michelle Blanc, qui ne fait visiblement pas l’unanimité dans les médias traditionnels, mais qui a toutefois l’honnêteté de livrer le fond de sa pensée à une époque où la rectitude politique mène la plupart des journalistes par le bout du nez. Au lieu de saluer son audace et de révéler au grand public l’importance de son rôle de pionnière des médias sociaux, elle qui se place littéralement sur la ligne de feu en utilisant sa propre personne comme laboratoire des médias sociaux, on s’amuse plutôt à la pourfendre en demi-teinte sans jamais réellement avoir le courage de livrer le fond de sa pensée. Non, je l’avoue candidement, je ne suis pas toujours d’accord avec elle et oui, parfois, elle m’irrite. Mon respect pour ce qu’elle est et pour ce qu’elle fait est par contre sans bornes, car elle ose naviguer en eaux troubles dans une mer incertaine où les conditions changent pratiquement en temps réel, elle défriche, elle vulgarise, se livre, en toute transparence. Elle s’expose. Elle révèle aussi à travers sa popularité grandissante le narcissisme agacé d’une certaine classe journalistique qui carbure plus à la gratification qu’à la livraison d’information pertinente.

Entretemps, je vais faire comme mon pote spécialiste de l’image me le conseille. Ne rien changer à qui je suis mais prendre conscience de la place que j’occupe maintenant dans la sphère publique. Je vais aussi prendre de grandes respirations par le nez et tenter le plus rapidement possible d’acquérir mon chalet dans le bois pour me ressources de temps à autre et m’éloigner salutairement de toutes ces conneries…

MAJ

Excellent billet d’Emmanuel Chila : Une vaginite serait-elle le talon d’Achille de Michelle Blanc? avec en prime, un entretien vidéo à ce sujet

Gourou, vaginite et sphère publique/privée

Dans mon dernier billet Gourou, papesse ou reine des médias sociaux, inaccessibilité et narcissisme, je croyais naïvement avoir cloué au pilori la vision que mon blogue et Les médias sociaux 101, soient vus comme une expression narcissique. C’était sans compter sur le « fair-play » de certains journalistes, qui ont du plaisir à alimenter la guéguerre journaliste/blogueurs –twittereurs dont je suis sans doute la Jeanne d’Arc. Toujours est-il que Stéphane Baillargeon dans l’article Médias – Twitter ou ne pas twitter? de le Devoir, en rajoute une couche ce matin.

Ce qui ne règle pas le problème des comptes personnels, enfin de ceux liés à des journalistes et des patrons de presse. Devraient-ils pouvoir gazouiller sur leur média, voire comme bon leur semble et sur tous les sujets? En fait, à l’oeil, la plupart se soumettent à des règles informelles en ne publiant pas n’importe quoi. On croise bien de petites dérives ou des insignifiances ici et là, mais, franchement, il s’en trouve beaucoup moins que sur certains sites des pros des nouveaux médias.

Celui de Michelle Blanc (qui vient de publier le guide Médias sociaux 101 sur du bon vieux papier) concentre l’autopromotion et le nombrilisme au pur jus. La semaine dernière, entre quelques liens de pro, madame causait vaginite. Du très profond ego inc.

«Plutôt que d’inventer des cas d’espèce fictifs comme certains autres auteurs qui ont écrit sur le sujet l’ont fait, j’utilise un cas qui est notoirement publicisé, pour faire diverses démonstrations de l’utilité des médias sociaux et il s’avère que ce cas est moi-même», a candidement expliqué Mme Blanc sur son blogue.

Fixer une limite plus claire

Franchement, qui se plaindrait si les journalistes fixaient une limite plus claire entre le privé et le public? Quoique, justement, le chroniqueur de La Presse Patrick Lagacé a twitté cette semaine qu’il n’avait pas et n’avait jamais eu de vaginite…

Faut-il donc distinguer les gazouillis des préposés à l’opinion et ceux des préposés aux faits? Ou bien l’un devient l’autre, et tout se mélange en 140 caractères, de tous les côtés, y compris le public et les marketologues?

Stéphane Baillargeon, Stéphane Baillargeon, Stéphane Baillargeon!


Comme je suis une marketologue, parlons donc des journaleux. Vous savez ceux qui s’amusent à faire une démonstration en utilisant des exemples capilotractés (tiré par les cheveux) en faisant l’apologie du pour versus du contre. C’est bien la dialectique d’opposition et de démonisation. Ça a l’avantage de ne pas réellement pousser la réflexion (ho est-ce une autre manipulation egotistique que de mettre le mot réflexion ici?) et de chier un texte subito presto pour respecter l’heure de tomber. Donc la substance de l’article (si substance il y a) est de se demander si les twitts présence Facebook et autres médias sociaux des journalistes, doit se faire sur le plan strictement professionnel ou doit-elle aussi inclure des éléments personnels? C’est une très bonne question pour laquelle habituellement on me mandate. Ma réponse est toute simple et elle a été largement documenté ici, dont par vous-même dans votre ancien article ego inc., qui a eu l’avantage de m’envoyer nombre de journalistes comme clients (je vous en remercie). Je dirais qu’idéalement, vous faites un savant mélange des deux. Le journaliste est avant tout un salarié dont le contrat n’est peut-être pas éternel avec son média et s’il perdait son emploi, son brand serait sans doute le meilleur véhicule pour en trouver un autre. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé par exemple à monsieur Franco Nuovo qui malgré le lock-out du Journal de Montréal, anime maintenant une émission à Radio-Canada, sans doute à cause de la force de son brand. Par contre, du côté de l’employeur, il semble évident que le média a avantage à restreindre le côté « personnel » de l’employé journaliste afin que celui-ci se concentre sur « la commercialisation » du média de l’employeur. Cependant, à long terme, ce genre de stratégie a le désavantage de faire perdre l’individualité (que nous pourrions aussi appeler narcissisme) du journaliste, ce qui le rend très souvent plus sympathique et humain pour les lecteurs. Dans la dialectique médias sociaux, la frontière privée/publique change grandement. Les vieux (et les patrons et élites qui sont généralement vieux) ont de la difficulté avec ça. Dans les médias sociaux on se dévoile plus. On ne dit pas tout, mais on se dévoile plus quand même. Qu’un million de personnes sachent que j’ai eu une vaginite, je crois que c’est un « statement politique » et une œuvre de vulgarisation populaire (oui une nouvelle femme a un vagin, il est fonctionnel et peut même avoir une vaginite ). Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à lire mon billet du blogue Femme 2.0, Vaginite 2.0 (classé l’un des 11 meilleurs blogue de langue française par la radio-télévision Allemande (re-plogue narcissique qui prouve que souvent faut être reconnue à l’extérieur du Québec avant que nos élites locales reconnaissent qu’on a peut-être déjà fait quelque chose)). Je vous signale en terminant que vous n’avez pas encore vu de photos de mon vagin ou de cette infection vaginale. Je me garde une petite gêne tout de même et cette frontière gênante est sans contredit très différente dans ma conception, que dans la vôtre. En conclusion, je vais vous citer de l’article Éloge de l’engagement, mais contrairement à vous, je vous ferai la délicatesse d’un contexte et d’hyperliens. Vous écriviez cet article en guise d’analyse d’un débat entre Joseph Facal et Jean-François Lisée par tribunes interposées et visant à déterminer la suite de l’évolution et des stratégies indépendantistes au Québec. Vous disiez :

(…) Savant, militant et bête à média, c’est donc possible ? Max Weber pensait pouvoir trancher au rasoir entre la description objective de la réalité sociale et les jugements de valeur liés à l’intervention sociopolitique. D’autres, comme Pierre Bourdieu ou Guy Rocher, ne veulent pas séparer la compétence académique et l’engagement. Pour eux, la connaissance critique peut guider l’action. Mieux, la résistance analytique doit s’affirmer contre les vulgarités béotiennes souvent charriées par les médias.
Au fond, c’est l’idée que le savant ou l’artiste ou l’écrivain demeurent des citoyens et qu’à ce noble titre partagé, ils ont parfaitement le droit et peut-être le devoir strict de participer au débat public.
(…)Ces engagements politico-médiatiques ont aussi le mérite de rappeler le retrait de l’espace public des autres intellos. Leur désaffiliation du social va souvent de pair avec l’hyperspécialisation stérile des sciences sociales. Les « fonctionnaires de l’humanité » (Bourdieu, encore), pour ne pas dire les corporatistes du particulier, s’esquivent et retraitent confortablement.
Les pros du commentaire viennent combler ce vide. Ce qui pousse à se demander quelle est la différence entre le savant-militant-commentateur (minoritaire) et le chroniqueur-journaliste (en surnombre) ?
(…)La chicane fait aussi se poser des questions sur le positionnement (ou l’engagement) des médias à l’ère de l’hypermédiatique. Quand tout le monde dit la même chose, ou presque, c’est bien de trouver et de garder sa voix distincte.

MAJ

Tiré du blogue Butterflyhunt, le billet : Oh Déjà Vu: On Social Media and Narcissism [Redux]

Much of what is being said about “social media” was said about blogging before, as it was said of “traditional” literature and art before that. It is ironic that in a culture that embraces, encourages and demands self-sufficiency and autonomy recent representational methods (such as social media) are being accused of propagating “the narcissism epidemic”. (Susan Sontag would have had a lot to say about the pejorative medical metaphor). As Piombino brilliantly explained,

At this moment in time, blogging, as a writing movement, is blessed with an opportunity to evolve a writing tendency that can combine self-sufficiency with empathy in a way that can be advantageous to the individual writer, and at the same time to the writing community, the local community, the nation, and the world. Blogging is quite capable of allowing individual writers quite a lot of space to take a place on the continuum of community involvement and sustain quite a lot of automonomy. This is largely because of the technological advances inherent in html linking, and the fact that, at the moment, it is being made available free of charge.

We can easily substitute “blogging” in Piombino’s writing for “social media” without betraying its message. Blogging and social media are representational methods which allow the design of “profiles” which are an online extension of ourselves. Social media and blogging do not have to be more “narcissistic” than a good resume or CV. The average professional job advert seeks extraordinary qualities that strictly speaking only pathologically narcissistic individuals would truly believe they honestly possess.

et j’ajouterai, du collègue de monsieur Baillargeon, Jean Dion, dans son article La bataille des Plaines annulée pour raisons de sécurité, Le Devoir

.

Les médias n’aiment rien de mieux que de faire étalage de la “subversion” pour faire oublier qu’ils la récupèrent.

Ma conclusion :

J’admets volontiers être subversive… 🙂

MAJ2

Je réalise aussi que la condescendance d’une certaine classe journalistique, est sans doute la forme la plus dégueulasse de narcissisme…

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Un autre point de vue sur la question, que j’aime beaucoup (oui je suis biaisée) chez Facteur Pub, Les bornés :

(…) On se confine plutôt à des analyses de surface, à des jugements de valeurs, de Nathalie Petrowski à Stéphane Baillargeon hier dans Le Devoir (quelle sale petite attitude), on sent que Twitter agace, irrite.

et comme je suis aussi capable d’autodérision, une caricature amusante de toute l’affaire chez Zema-inc, Pour la vaginite la plus répandue sur les internets

Caricature de Zema-Ink.com

Caricature de Zema-Ink.com

Journalisme, médias sociaux et sujets ennuyants

Hier lors du Yulbiz Montréal, je discutais avec le pote Pierre Bellerose, V-P Relations publiques de Tourisme Montréal. Il me faisait remarquer à juste titre que la canonisation du Frère André était « passée dans l’beurre » des médias sociaux et que dans la presse écrite et électronique, ça avait fait un tabac. À tel point que le Journal de Montréal qui avait un encart spécial Frère André, ce serait vendu plus rapidement que la majorité des quotidiens qu’ils mettent en circulation habituellement. Pourquoi les médias sociaux n’en ont-ils pas parlé? C’est une bonne question qui trouve probablement sa réponse dans le profil sociodémographique de leurs usagers, mais aussi dans une différence fondamentale entre médias sociaux et médias de masse. Le média de masse est là pour rapporter la nouvelle, même s’ils n’ont pas nécessairement d’intérêt pour le sujet. Dans les médias sociaux, on ne rapporte que ce qui a de l’importance aux yeux de l’usager qui est aussi diffuseur. Deux visions de lorgnette bien différentes qu’il ne faut pas oublier.

Et si le web 2.0 faisait faillite? Et si la pub chiait dans son froc?

Ma vie est un feu roulant et bien souvent, je n’ai pas le temps de répondre à des pièces d’anthologie que je vois passer sur le Web. Les lumineux billets Et si le web 2.0 faisait faillite? et Et si le bazar web 2.0 finnissait par se dégonfler de François Roque (@imposture sur twitter et grand blogueur devant l’éternel depuis décembre 2009 avec la réclame : Si vous êtes fan de Web 2.o, twitter, Facebook et tous ces machins bidules, passez votre chemin… Bienvenue chez imposture – Rock – Réclame- Ciné- Rien…)) sur le blogue de Nicolas Borduas, grand patron de l’agence de pub TBWA/France en sont un exemple éloquent. Voici d’ailleurs quelques morceaux choisis :

Du billet Et si le web 2.0 faisait faillite?

Et si le Web 2.0 finissait par s’arrêter ? Fini, plus rien, pouf !…
Tous nos comptes Facebook, Twitter, Flickr & Co disparaissent, la majorité des blogs ferme, les «influents» perdent leur fond de commerce, les «amis» virtuels ne peuvent plus se RT, se poker, se DM…fini le tour du monde en moins de 30 secondes pour un scoop ou la vidéo d’un chat qui boit au robinet ! Bref, 200, 300, 400, 500 millions (?) de personnes morales et physiques privées de leurs joujoux ? Entre nous, ça nous reposerait un peu, non ? On prendrait le temps de lire, des livres avec des vraies pages qu’on tourne, d’écrire un peu plus de 140 signes, des phrases avec sujet verbe complément, de se voir plus souvent en vrai (IRL). Tout simplement, se retrouver dans un mode de communication «normal» entre animaux que nous sommes, essentiellement par regards, gestes, sourires…
(…)

Ces apprentis sorciers, et les financiers qui les accompagnent semblent oublier une règle basique du commerce : quand un service est gratuit, le «consommateur» n’a aucun scrupule à partir du jour au lendemain dès qu’il voit l’herbe plus verte ailleurs. C’est ce qui se passe avec Twitter, la nouvelle blague Interneto-financière du moment. Quel est le modèle financier de ce service où il n’y pas un gramme de pub visible ? Là aussi, mystère et boule de gomme… Alors est-ce qu’une bulle Web 2.0 peut exploser ?

(…)
L’illisibilité des modèles économiques de ces mastodontes de plâtre que sont Facebook, le moribond Myspace ou le gadget planétaire Twitter, ne serait-elle pas dans le fond causée par des symptômes similaires au financement impossible des retraites ? Trop d’utilisateurs et pas assez de cotisants. Les cotisants ? Le marché de la pub, tout simplement. Non seulement les investissements publicitaires globaux (tous médias confondus) ne sont pas extensibles à perte de vues (au mieux, quand il n’y a pas de crise, ils ne croissent que de quelques % par an), mais en plus il faudrait que les annonceurs procèdent à des transferts incroyables de la TV, la radio ou la presse vers l’Internet pour que ces sites puissent espérer équilibrer des services aux consommations et besoins exponentiels. Et imaginer que dans les années à venir autant de milliards seront investis dans les services actuels Web 2.0 tout en préservant les mêmes sommes dans la TV est une utopie totale. Un des deux médias sera forcément perdant. Or pour l’instant la TV offre aux annonceurs un cadre “cohérent” pour la pub, des audiences mesurées de façon précises et massives à un instant donné. La TV reste encore un grand lieu de rassemblement et de spectacle et à ce jour il n’y a rien de véritablement équivalent sur l’Internet.

Ça devient réellement loufoque surtout si on lit son dernier billet sur son propre blogue (écris presqu’un an plus tard), Rien. 51 #2 :

Monsieur Montebourg, vous avez raison, la programmation de TF1 est sans grand intérêt. Mais votre analyse aurait été également plus juste si dans votre panorama de l’abaissement intellectuel de et par la télévision vous aviez pris soin d’intégrer certaines inepties de M6 ou W9 et surtout les wagons de shows de telé-réalité stupides que nous déversent les chaînes du câble.

et dans son billet Rien. 51 #1 :

Je ne regarde quasiment plus la télé.

Et toc comme qui diraient les potes Français…

Dans le tome II de sa démonstration il est plus méthodique.

J’ai pensé à 4 facteurs de «contraction» et de «normalisation» du Web 2.0 :
1/ Le manque de temps
(…)une prolifération accrue des flux générés par encore plus de comptes Facebook ou Twitter, plus de sites communautaires intégrant les outils actuels (et à venir) de propagation, démultiplication et finalement de pollution. Malheureusement le temps consacré à la «consommation» de tous ces «flux» ne sera pas extensible. (…)
2/ La technologie.
Pas la technologie du Web 2.0. Non, le hardware. (…)Car, comme pour le iPhone, il y aura des protocoles et applications dédiées. Ces tablettes, Apple ou autres, vont introduire une capture supplémentaire de l’espace temps mais pour de la consommation de flux «formatés» et dérivés (payants…) des vieux médias et industries de la culture. Et moins pour consommer des flux d’informations plus sommaires (140 signes…), des vidéos médiocres, ou des blogs (vous êtes toujours là ?)…
3/ La dilution.
(…)Autrement dit sur les 300 millions de comptes Facebook combien sont des sources de qualités ou fiables ? Sur les 50 millions d’émetteurs Twitter combien postent des tweets intéressants, «originaux» ? Google commence à remonter les tweets dans ses réponses et il semblerait que les statuts Facebook apparaitront aussi. Comment alors savoir ce qui va être fiable, intéressant ou instructif dans tout ce bazar à croissance exponentielle ?
4/ L’argent.
Le quatrième facteur, fatal, lui, effet de l’enchainement des 3 précédents : trop de flux, manque de temps biologique et humain pour les traiter, émergence de solutions alternatives de qualité, report par petites touches vers d’autres émetteurs plus «formatés», manque de temps pour suivre les autres flux libres. Conséquence ? La faillite. Je l’ai exposée dans une autre note ici. Pour résumer, l’absence de modèle économique des poumons du web 2.0,(…)

En résumé, monsieur Roque croit que ça ne va pas bien pour le Web 2.0. C’est drôle et tout à fait opportun pour moi, mais je pense exactement le contraire. J’admets volontiers que si j’avais écrit ce billet réponse au moment de la mise en ligne du premier billet (en janvier 2010) je n’aurais pas l’avantage du temps qui a passé, mais j’aurais très probablement le même sourire intérieur en lisant ça.

Mes arguments. Oui il y a eu enflure boursière des stars du Web 2.0. Oui il y a spéculation sur certaines « veudettes» du web 2.0, mais la spéculation a toujours existé et elle se fait aussi sur le dos de bien d’autres industries. Aussi, si on revient à la première bulle internet, on se gargarise de la déconfiture de plusieurs, mais c’est bien un de mes mentors Jacques Nantel qui rappelait à juste titre en 2001, que malgré la spéculation et le gros rire gras de ceux qui cassaient du sucre sur le dos des technos, que les prévisions de ventes en ligne exagérée de 1995, avaient toutes été largement dépassées en 2000 et 2001. Je rappelle aussi qu’on a déjà traité d’imbécile Rupert Murdoch d’avoir acheté MySpace pour $580M et qui dans l’année suivante s’entendit avec Google pour un petit contrat de pub de $900M…

Pour ce qui est des arguments suivants :

la question du manque de temps est vieille comme le monde. Voici d’ailleurs une couple de citations :

“Le manque de temps est le déguisement favori de la paresse.” (Grégoire Lacroix)
C’est le temps qui met au jour la vérité.” Citation de Ménandre ; Pensées morales, XXXI – IVe s. av. J.-C.

Mais plus sérieusement, il est vrai que les médias sociaux grugent du temps. Mais si on connaît les outils et les agrégateurs d’informations, on peut aisément trouver l’essentiel de l’information dont on a besoin. Comme je l’ai dit souvent (et c’est de plus en plus vrai) le web social est une rivière d’information. Il ne faut pas tenter de la boire on va s’y noyer. Il faut plutôt boire de celle-ci

La question de la technologie est intéressante. Oui il y a des guerres de standards et oui chacun des joueurs tente de se positionner et mon point de vue là-dessus est que justement comme Apple est très « contrôlant » dans ses stratégies, il risque de perdre au change.

Le problème de la dilution de l’information sur les nombreux flux a été expliqué de nombreuses fois plus intelligemment que moi par Martin Lessard, notamment dans son billet Johnny Haliday le cheval de Troie de Twitter

Percolation de la qualité
Bien sûr, il reste à trier le bon grain de l’ivraie. Dans ce cas, les RT (“ReTweet”, retransmission), autre convention, avant le nom d’un usager, qui indique que l’on a tout simplement retransmis (recopié) ce que la personne a écrit précédemment, est une façon de repérer les informations “importantes” (une forme d’éditorialisation a posteriori).

Un RT acquiert souvent l’aura d’une information “validée” (non pas au sens de vérité, mais au sens d’approuvé par son réseau) –tout le travail restant consiste à se monter un réseau fiable, on s’en reparler une autre fois — d’ici là, relisez le chapitre 3, Comment le carnet Web stimule la qualité, du célèbre billet de Sébastien Paquet…

Finalement, le problème de l’argent semble aujourd’hui beaucoup plus en être un des agences traditionnelles dont fait parti monsieur Roque et le gentil blogueur Nicolas Borduas (boss de TBWA/France) qui héberge ses billets, que ceux de l’industrie du web 2.0. Pour s’en convaincre, voici une collection d’extraits, particulièrement éloquents, de la crise que traverse « les grandes agences de pub ».

Agency Report 2010: Sharpest revenue decline in 66 years
The Agency Report 2010, provides an annual industry overview. This years report ranks 883 U.S. advertising, marketing services, media and public relations agencies. Ad Age’s Bradley Johnson provides his analysis of this years report: Agency Report: Revenue Slumps 7.5%, Jobs at 16-Year Low
Some Report highlights:
• U.S. advertising/marketing-services firms in 2009 slashed 58,400 jobs, or 7.9% of positions, according to Ad Age Data Center’s analysis of Bureau of Labor Statistics data. Since the recession began in December 2007, these firms have cut 107,700 positions — one in seven jobs.
• Economists believe the recession ended late last summer. But it’s been a jobless recovery for agencies. U.S. ad agency employment in January 2010 slumped to its lowest level since 1994.
• The Big Four agency companies in 2009 collectively cut 23,229 jobs worldwide, or 8.6% of staff.
• Agency tumult in 2009 is immediately apparent in one score: jobs.
• 2009 revenue fall, worst drop on record for Agency Report. The sharpest revenue decline in the 66 years Ad Age has produced the Agency Report.

Advertising agency of record will pass in 2010. Because consumers have changed.
Ming Chan introduces his background as a silicon valley programmer who went into advertising. Gives a quick introduction video.
A difference since the days of the .COM crash. Prior to .COM crash, companies made things and hoped consumers would like it, and after the .COM crash companies make things they know that consumers want. They are able to listen in to consumers.
A look at the Pepsi Brand. adspend decreased. $142 million spend in 2006 dropped to $60 million in 2008. BBDO kicked out in 2008 (after 40+ years) and replaced with TBWA\Chiat. Pepsi Digital kicked out TBWA\Chiat.
Instead individual brands went to new agencies.
Pepsi Digital –> Huge (agency)
Gatorade –> VML
Sobe –> Firstborn
No more superbowl ads, instead a social media campaign.

When an economic sea-change descends on an industry, a successful response includes a heckuva lot more than adjusting the product line or adding a specialist in a vertical marketing function such as social networking. When prices decline, the successful competitor adjusts the entire business model to recognize and profit from the change. It would seem that a critical adjustment for agencies is to understand that the supply of “big ideas” is soaring and that clients may no longer be willing to pay tens or hundreds of thousands dollars for “Eureka!”. Further, perhaps those clients have decided to hire only those marketing agencies who are willing to get down in the dirt with them and contribute hugely to the sales and conversion processes.
My guess is that agencies will start to give away the creativity in order to sell the execution and measurement. To make this model profitable agencies will adjust overhead sharply downward and focus every ounce of executive brainpower on creating profits for the agency by creating new and better value for the client, focused on what the client is telling you it needs…better recognition and use of marketing technology and lower marketing labor costs.
When agencies stop peddling dinosaurs that’s when we’ll see the client/agency relationship improve.

Twitter et médias sociaux dans un contexte politique

C’est en compagnie de Denis Coderre et de Bruno Guglielminetti que vendredi dernier, nous avons jasé d’utilisation politique des médias sociaux et de Twitter à l’émission Isabelle le matin d’Isabelle Maréchal au FM98.5. Cette entrevue est maintenant en ligne.

Les politiciens et Twitter: Denis Coderre, député de Bourassa; Michelle Blanc, auteure de Les médias sociaux 101, et Bruno Guglielminetti. Avec : Isabelle Maréchal Émission : Isabelle le matin | Mis en ligne le vendredi 17 septembre 2010 | Durée : 30:48

Pour plus d’informations sur le sujet, vous pouvez aussi visiter ou revisiter ma catégorie Politique et internet

Facebook = vous n’êtes pas chez vous!

Hier, un client m’écrit en panique que sa page organisationnelle a été « flushé » de Facebook, sans préavis ou explication autre que ce message :

Hello,

The Page (XXXX) has had its publishing rights blocked because it violates our Pages Terms of Use. Amongst other things, Facebook restricts the publishing rights of Pages that impersonate other entities, represent generic concepts, spam users, or otherwise violate our Terms of Use. These policies are designed to ensure Facebook remains a safe, secure and trusted environment for all users. If you have any questions or concerns, you can visit the Terms applicable to Facebook Pages at http://www.facebook.com/terms_pages.php.

The Facebook Team

En discutant avec un autre client et en racontant qu’un client a eu sa page bani de Facebook (sans le nommer) mon client m’informe qu’il a eu la visite d’un représentant commercial de Facebook qui les a avisé qu’il n’était pas permis de faire un concours sur Facebook, à moins d’y acheter de la publicité. On peut comprendre cette interprétation de Facebook en lisant dans les termes de Facebook :

7. If you collect user information on your Page, Section 9 of this Statement also applies to you.

et

9. You may not establish terms beyond those set forth in this Statement to govern the posting of content by users on a Page you administer, except you may disclose they types of content you will remove from your Page and grounds for which you may ban a user from accessing the Page.

En clair, chez Facebook vous n’êtes pas chez vous. Vous êtes chez Facebook. En outre, une grosse portion de Facebook est fermée au reste du Web. Facebook est comme un nouveau Web parallèle. Donc si vous avez 5000 membres de votre page corporative et que seulement 10% lisent ce que vous y écrivez, vous ne parlez en fait qu’à 500 personnes. En comparaison avec un blogue disons, le contenu que vous y mettrez sera lui accessible à l’ensemble des internautes. C’est une méchante différence. Comprenez bien que je ne dévalorise pas la présence d’entreprise sur Facebook, bien au contraire. Je m’efforce plutôt d’indiquer que Facebook se doit d’être dans l’arsenal d’une présence média sociaux mais qu’il ne sera probablement pas le fer de lance d’une stratégie et qu’à moins que vous n’achetiez de la pub sur Facebook, que vous ayez déjà une masse critique importante d’usager (comme pour un syndicat ou un ordre professionnel ou un CEGEP par exemple), ou un brand très fort (comme Nike ou Starbuck), une page organisationnelle ne fera peut-être pas les miracles que vous vous attendez. En outre, les termes d’utilisation de Facebook peuvent et risquent de changer sans préavis. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé à plusieurs animateurs radio de stations communautaires de Montréal qui ont vu leur blogue MySpace disparaître du jour au lendemain parce que MySpace venait de changer ses conditions d’utilisation.

MAJ

Je vous invite aussi à lire ou à relire mon billet: La folie des entreprises avec Facebook

Le « fair use » et l’utilisation des photos Facebook

Une question m’a été posée deux fois aujourd’hui. Quel hasard? Est-ce possible d’utiliser une photo qui est sur Facebook et dans le cadre d’une utilisation journalistique, est-ce qu’utiliser une photo qui est sur facebook peut-être considéré comme étant du « fair use »?

Je ne suis pas avocate et ceci n’est donc pas un avis juridique. Par contre, en lisant l’article Facebook photo free-for-all Is media’s use of photos fair dealing or freeloading? de la CBC, on peut déjà comprendre que vous n’avez pas le droit d’utiliser des photos que vous trouvez sur Internet ou sur Facebook et les utiliser selon votre bon vouloir. Des photos sont toujours la propriété des ayants droits, à moins qu’ils aient eux-mêmes cédé ces droits et que ce n’est pas parce que vous cédez vos droits à Facebook lorsque vous y déposez des photos, que cette cessation se transfert automatiquement au reste de la planète. Michael Geist, une sommité en ces matières et qui est cité dans l’article dit :

Copyright law in Canada does make exceptions in certain circumstances, known as fair dealing. Fair dealing allows for use of copyrighted material for research, private study, criticism and review.
“One of the elements within fair dealing is news reporting. Where [the media] use the photograph, they might not obtain a licence to use it; they might just try to argue it’s fair dealing,” says Geist.
The copyright exception for news reporting isn’t absolute, though. The Copyright Act says using material for news reporting does not infringe copyright if the source and author — in this case, the photographer — are mentioned.
“If it’s part of a news story, and they’re, let’s say, capturing a screen shot of Facebook with the photograph in it, then I think they’re relying on the news reporting [provision in fair dealing.] Where they’re simply lifting a photograph that someone has posted on Facebook, I think that prior permission is likely needed,” said Geist.


D’après moi (et encore une fois ce n’est pas un avis de juriste) il en va de même pour une autre utilisation du “fair use” qui est la parodie, le collage ou le remixage. La loi permet une certaine liberté d’expression artistique quant à l’utilisation novatrice des œuvres des autres. Mais dans tous les cas, les sources diverses qui ont servis à un montage donné, se doivent d’être reconnus et mentionnés. De plus, il se peut que l’auteur de l’œuvre originale n’apprécie pas « l’aspect artistique » de la nouvelle œuvre. Je me souviens d’ailleurs d’un cours de droit avec Me Gautrais qui nous parlait d’une sculpture de canard qui avait été exposée dans un centre commercial ontarien et qu’on avait choisi d’affubler d’un ruban, pour la période des fêtes. L’artiste avait poursuivi le centre commercial et gagné sa cause sur la base que ses droits sur la paternité de l’œuvre avait été enfreint, même s’il avait lui-même vendu la sculpture au centre commercial.
Conclusion :
Avant de prendre une photo ou un artéfact que vous trouvez ou que ce soit sur le Web, faites bien attention aux droits des autres que vous pourriez enfreindre…