Les médias sociaux ne changent pas le monde selon Gladwell! Pis après?

Malcolm Gladwell grand pourfendeur de mythes devant l’éternel a écrit un papier dans le New York Times qui a fait grand bruits, Small Change, Why the revolution will not be tweeted. Ma bouc émissaire favorite, Nathalie Petrowski en a fait ses choux gras dans sa chronique Le militantisme au temps de Facebook.

En d’autres mots, rien de plus facile que de voter sur le web, que d’y donner son opinion ou son appui, que de relayer des informations mais concrètement, politiquement, socialement et littéralement, ça ne change pas le monde. Ce qui n’enlève rien à l’utilité et à l’efficacité des réseaux sociaux quand il s’agit de se retrouver à 2000 dans la rue pour protester ou pour dîner en blanc. Mais de là à croire que les réseaux sociaux vont déclencher une réelle révolution politique, que ce sont eux qui ont fait élire Obama ou qu’un jour ces mêmes réseaux vont faire triompher la démocratie en Iran, il y a un pas que Gladwell refuse à raison de franchir. Pourquoi? Parce que les réseaux sociaux ne sont qu’un outil. Et que ça prend plus qu’un outil pour enrayer le racisme, la ségrégation ou le déficit démocratique.

Mais c’est qu’elle a enfin raison. Les médias sociaux ne sont qu’un outil. De dire qu’ils peuvent changer le monde est sans doute nettement exagéré. Par contre, Gladwell ne parle pas d’Obama et oui, c’est certainement Internet et les médias sociaux qui l’ont mis au pouvoir. Mais posons la question autrement. La télévision a t’elle changé le monde? La radio a t’elle créé des soulèvements populaires, le téléphone a t’il créé des révolutions. La réponse sera sans doute oui, mais la démonstration en sera plus compliquée. Grâce à la télévision, les esprits se sont ouverts sur une foule d’enjeux sociaux, politiques et culturels. De nombreuses études ont été rédigées sur la portée de celle-ci sur une foule d’aspects sociétaux. La radio était montrée comme principale responsable des soulèvements meurtriers du Rwanda et le téléphone permit à bien des révolutionnaires de planifier leurs attentats. Pourquoi les médias sociaux devraient-ils être plus efficaces que ces autres outils réunis? Sans doute parce que des enthousiastes ont exagéré grandement l’impact de twitter sur la crise iranienne, sur les événements au Darfour ou sur la crise de Moldavie. Les livres ont eu un impact considérable sur l’humanité. Les médias sociaux (incluant les blogues) sont le nouveau type de livre du XXI siècle (la preuve se blogue est désormais sous format livre). Laissons donc le temps aux médias sociaux de changer les choses et ne les investissons donc pas de pouvoirs « extraordinaires » trop rapidement. Mais reconnaissons tout de même qu’ils aient un potentiel et une efficacité de communication, de relations publiques, de partage de l’information et de mobilisation qui à terme, peuvent certainement être des outils efficaces qui additionnée à plusieurs autres outils et initiatives, peuvent changer les choses…

Lecture additionnelle suggérée
The Reaction and Response to Gladwell’s ‘Small Change’ chez Beyond Nines

Et si le web 2.0 faisait faillite? Et si la pub chiait dans son froc?

Ma vie est un feu roulant et bien souvent, je n’ai pas le temps de répondre à des pièces d’anthologie que je vois passer sur le Web. Les lumineux billets Et si le web 2.0 faisait faillite? et Et si le bazar web 2.0 finnissait par se dégonfler de François Roque (@imposture sur twitter et grand blogueur devant l’éternel depuis décembre 2009 avec la réclame : Si vous êtes fan de Web 2.o, twitter, Facebook et tous ces machins bidules, passez votre chemin… Bienvenue chez imposture – Rock – Réclame- Ciné- Rien…)) sur le blogue de Nicolas Borduas, grand patron de l’agence de pub TBWA/France en sont un exemple éloquent. Voici d’ailleurs quelques morceaux choisis :

Du billet Et si le web 2.0 faisait faillite?

Et si le Web 2.0 finissait par s’arrêter ? Fini, plus rien, pouf !…
Tous nos comptes Facebook, Twitter, Flickr & Co disparaissent, la majorité des blogs ferme, les «influents» perdent leur fond de commerce, les «amis» virtuels ne peuvent plus se RT, se poker, se DM…fini le tour du monde en moins de 30 secondes pour un scoop ou la vidéo d’un chat qui boit au robinet ! Bref, 200, 300, 400, 500 millions (?) de personnes morales et physiques privées de leurs joujoux ? Entre nous, ça nous reposerait un peu, non ? On prendrait le temps de lire, des livres avec des vraies pages qu’on tourne, d’écrire un peu plus de 140 signes, des phrases avec sujet verbe complément, de se voir plus souvent en vrai (IRL). Tout simplement, se retrouver dans un mode de communication «normal» entre animaux que nous sommes, essentiellement par regards, gestes, sourires…
(…)

Ces apprentis sorciers, et les financiers qui les accompagnent semblent oublier une règle basique du commerce : quand un service est gratuit, le «consommateur» n’a aucun scrupule à partir du jour au lendemain dès qu’il voit l’herbe plus verte ailleurs. C’est ce qui se passe avec Twitter, la nouvelle blague Interneto-financière du moment. Quel est le modèle financier de ce service où il n’y pas un gramme de pub visible ? Là aussi, mystère et boule de gomme… Alors est-ce qu’une bulle Web 2.0 peut exploser ?

(…)
L’illisibilité des modèles économiques de ces mastodontes de plâtre que sont Facebook, le moribond Myspace ou le gadget planétaire Twitter, ne serait-elle pas dans le fond causée par des symptômes similaires au financement impossible des retraites ? Trop d’utilisateurs et pas assez de cotisants. Les cotisants ? Le marché de la pub, tout simplement. Non seulement les investissements publicitaires globaux (tous médias confondus) ne sont pas extensibles à perte de vues (au mieux, quand il n’y a pas de crise, ils ne croissent que de quelques % par an), mais en plus il faudrait que les annonceurs procèdent à des transferts incroyables de la TV, la radio ou la presse vers l’Internet pour que ces sites puissent espérer équilibrer des services aux consommations et besoins exponentiels. Et imaginer que dans les années à venir autant de milliards seront investis dans les services actuels Web 2.0 tout en préservant les mêmes sommes dans la TV est une utopie totale. Un des deux médias sera forcément perdant. Or pour l’instant la TV offre aux annonceurs un cadre “cohérent” pour la pub, des audiences mesurées de façon précises et massives à un instant donné. La TV reste encore un grand lieu de rassemblement et de spectacle et à ce jour il n’y a rien de véritablement équivalent sur l’Internet.

Ça devient réellement loufoque surtout si on lit son dernier billet sur son propre blogue (écris presqu’un an plus tard), Rien. 51 #2 :

Monsieur Montebourg, vous avez raison, la programmation de TF1 est sans grand intérêt. Mais votre analyse aurait été également plus juste si dans votre panorama de l’abaissement intellectuel de et par la télévision vous aviez pris soin d’intégrer certaines inepties de M6 ou W9 et surtout les wagons de shows de telé-réalité stupides que nous déversent les chaînes du câble.

et dans son billet Rien. 51 #1 :

Je ne regarde quasiment plus la télé.

Et toc comme qui diraient les potes Français…

Dans le tome II de sa démonstration il est plus méthodique.

J’ai pensé à 4 facteurs de «contraction» et de «normalisation» du Web 2.0 :
1/ Le manque de temps
(…)une prolifération accrue des flux générés par encore plus de comptes Facebook ou Twitter, plus de sites communautaires intégrant les outils actuels (et à venir) de propagation, démultiplication et finalement de pollution. Malheureusement le temps consacré à la «consommation» de tous ces «flux» ne sera pas extensible. (…)
2/ La technologie.
Pas la technologie du Web 2.0. Non, le hardware. (…)Car, comme pour le iPhone, il y aura des protocoles et applications dédiées. Ces tablettes, Apple ou autres, vont introduire une capture supplémentaire de l’espace temps mais pour de la consommation de flux «formatés» et dérivés (payants…) des vieux médias et industries de la culture. Et moins pour consommer des flux d’informations plus sommaires (140 signes…), des vidéos médiocres, ou des blogs (vous êtes toujours là ?)…
3/ La dilution.
(…)Autrement dit sur les 300 millions de comptes Facebook combien sont des sources de qualités ou fiables ? Sur les 50 millions d’émetteurs Twitter combien postent des tweets intéressants, «originaux» ? Google commence à remonter les tweets dans ses réponses et il semblerait que les statuts Facebook apparaitront aussi. Comment alors savoir ce qui va être fiable, intéressant ou instructif dans tout ce bazar à croissance exponentielle ?
4/ L’argent.
Le quatrième facteur, fatal, lui, effet de l’enchainement des 3 précédents : trop de flux, manque de temps biologique et humain pour les traiter, émergence de solutions alternatives de qualité, report par petites touches vers d’autres émetteurs plus «formatés», manque de temps pour suivre les autres flux libres. Conséquence ? La faillite. Je l’ai exposée dans une autre note ici. Pour résumer, l’absence de modèle économique des poumons du web 2.0,(…)

En résumé, monsieur Roque croit que ça ne va pas bien pour le Web 2.0. C’est drôle et tout à fait opportun pour moi, mais je pense exactement le contraire. J’admets volontiers que si j’avais écrit ce billet réponse au moment de la mise en ligne du premier billet (en janvier 2010) je n’aurais pas l’avantage du temps qui a passé, mais j’aurais très probablement le même sourire intérieur en lisant ça.

Mes arguments. Oui il y a eu enflure boursière des stars du Web 2.0. Oui il y a spéculation sur certaines « veudettes» du web 2.0, mais la spéculation a toujours existé et elle se fait aussi sur le dos de bien d’autres industries. Aussi, si on revient à la première bulle internet, on se gargarise de la déconfiture de plusieurs, mais c’est bien un de mes mentors Jacques Nantel qui rappelait à juste titre en 2001, que malgré la spéculation et le gros rire gras de ceux qui cassaient du sucre sur le dos des technos, que les prévisions de ventes en ligne exagérée de 1995, avaient toutes été largement dépassées en 2000 et 2001. Je rappelle aussi qu’on a déjà traité d’imbécile Rupert Murdoch d’avoir acheté MySpace pour $580M et qui dans l’année suivante s’entendit avec Google pour un petit contrat de pub de $900M…

Pour ce qui est des arguments suivants :

la question du manque de temps est vieille comme le monde. Voici d’ailleurs une couple de citations :

“Le manque de temps est le déguisement favori de la paresse.” (Grégoire Lacroix)
C’est le temps qui met au jour la vérité.” Citation de Ménandre ; Pensées morales, XXXI – IVe s. av. J.-C.

Mais plus sérieusement, il est vrai que les médias sociaux grugent du temps. Mais si on connaît les outils et les agrégateurs d’informations, on peut aisément trouver l’essentiel de l’information dont on a besoin. Comme je l’ai dit souvent (et c’est de plus en plus vrai) le web social est une rivière d’information. Il ne faut pas tenter de la boire on va s’y noyer. Il faut plutôt boire de celle-ci

La question de la technologie est intéressante. Oui il y a des guerres de standards et oui chacun des joueurs tente de se positionner et mon point de vue là-dessus est que justement comme Apple est très « contrôlant » dans ses stratégies, il risque de perdre au change.

Le problème de la dilution de l’information sur les nombreux flux a été expliqué de nombreuses fois plus intelligemment que moi par Martin Lessard, notamment dans son billet Johnny Haliday le cheval de Troie de Twitter

Percolation de la qualité
Bien sûr, il reste à trier le bon grain de l’ivraie. Dans ce cas, les RT (“ReTweet”, retransmission), autre convention, avant le nom d’un usager, qui indique que l’on a tout simplement retransmis (recopié) ce que la personne a écrit précédemment, est une façon de repérer les informations “importantes” (une forme d’éditorialisation a posteriori).

Un RT acquiert souvent l’aura d’une information “validée” (non pas au sens de vérité, mais au sens d’approuvé par son réseau) –tout le travail restant consiste à se monter un réseau fiable, on s’en reparler une autre fois — d’ici là, relisez le chapitre 3, Comment le carnet Web stimule la qualité, du célèbre billet de Sébastien Paquet…

Finalement, le problème de l’argent semble aujourd’hui beaucoup plus en être un des agences traditionnelles dont fait parti monsieur Roque et le gentil blogueur Nicolas Borduas (boss de TBWA/France) qui héberge ses billets, que ceux de l’industrie du web 2.0. Pour s’en convaincre, voici une collection d’extraits, particulièrement éloquents, de la crise que traverse « les grandes agences de pub ».

Agency Report 2010: Sharpest revenue decline in 66 years
The Agency Report 2010, provides an annual industry overview. This years report ranks 883 U.S. advertising, marketing services, media and public relations agencies. Ad Age’s Bradley Johnson provides his analysis of this years report: Agency Report: Revenue Slumps 7.5%, Jobs at 16-Year Low
Some Report highlights:
• U.S. advertising/marketing-services firms in 2009 slashed 58,400 jobs, or 7.9% of positions, according to Ad Age Data Center’s analysis of Bureau of Labor Statistics data. Since the recession began in December 2007, these firms have cut 107,700 positions — one in seven jobs.
• Economists believe the recession ended late last summer. But it’s been a jobless recovery for agencies. U.S. ad agency employment in January 2010 slumped to its lowest level since 1994.
• The Big Four agency companies in 2009 collectively cut 23,229 jobs worldwide, or 8.6% of staff.
• Agency tumult in 2009 is immediately apparent in one score: jobs.
• 2009 revenue fall, worst drop on record for Agency Report. The sharpest revenue decline in the 66 years Ad Age has produced the Agency Report.

Advertising agency of record will pass in 2010. Because consumers have changed.
Ming Chan introduces his background as a silicon valley programmer who went into advertising. Gives a quick introduction video.
A difference since the days of the .COM crash. Prior to .COM crash, companies made things and hoped consumers would like it, and after the .COM crash companies make things they know that consumers want. They are able to listen in to consumers.
A look at the Pepsi Brand. adspend decreased. $142 million spend in 2006 dropped to $60 million in 2008. BBDO kicked out in 2008 (after 40+ years) and replaced with TBWA\Chiat. Pepsi Digital kicked out TBWA\Chiat.
Instead individual brands went to new agencies.
Pepsi Digital –> Huge (agency)
Gatorade –> VML
Sobe –> Firstborn
No more superbowl ads, instead a social media campaign.

When an economic sea-change descends on an industry, a successful response includes a heckuva lot more than adjusting the product line or adding a specialist in a vertical marketing function such as social networking. When prices decline, the successful competitor adjusts the entire business model to recognize and profit from the change. It would seem that a critical adjustment for agencies is to understand that the supply of “big ideas” is soaring and that clients may no longer be willing to pay tens or hundreds of thousands dollars for “Eureka!”. Further, perhaps those clients have decided to hire only those marketing agencies who are willing to get down in the dirt with them and contribute hugely to the sales and conversion processes.
My guess is that agencies will start to give away the creativity in order to sell the execution and measurement. To make this model profitable agencies will adjust overhead sharply downward and focus every ounce of executive brainpower on creating profits for the agency by creating new and better value for the client, focused on what the client is telling you it needs…better recognition and use of marketing technology and lower marketing labor costs.
When agencies stop peddling dinosaurs that’s when we’ll see the client/agency relationship improve.

Usage des médias sociaux par industries, emplois, villes et entreprises américaines

C’est la firme américaine Netprospex qui rend disponible l’intéressante étude Fall 2010 Social Business Report, A comprehensive look at the use of social media by business people across the US (PDF) et qui me fait être jalousie qu’une analyse semblable ne soit pas disponible de ce côté de la frontière. J’ai tout de même l’intuition que quoique nous soyons grandement en retard sur les zaméricains quant à la rapidité d’adoption des médias sociaux dans nos industries, les proportions que nous trouvons chez eux, sont probablement semblables aux nôtres. Voici donc le classement des différents joueurs industriels par l’utilisation de leurs employés, des médias sociaux (ce qu’ils appellent le Net Prospex Social Index (NPSI)).

SOCIAL INDUSTRY RANKING
We first grouped employees into industry categories based on the industry of the company they work for, then took the average NPSI of the overall industry. Over 2 million contacts were analyzed out of the NetProspex business contact database.

Rank Industry NPSI
1 Search Engines – Online Portals 98.74
2 Advertising & Marketing 63.93
3 Banking 63.44
4 Traditional Media (TV, Radio, Newspapers, Magazines) 55.11
5 Toys & Games 52.83
6 HR and Recruiting 52.66
7 IT 51.71
8 Software 47.07
9 Consumer Electronics 46.14
10 Retail Apparel 39.56
11 Credit Cards & Transaction Processing 39.27
12 Flowers 37.02
13 Telecommunications 36.73
14 Travel & Tourism 36.18
15 Cleaning Products 32.60
16 Department Stores & Superstores 32.52
17 Gambling & Gaming 30.78
18 Home Appliances 28.77
19 Biotechnology 27.10
20 Music 27.04
21 Airlines & Aviation 27.01
22 Beauty Care 25.68
23 Jewelry 23.36
24 Pet Products 23.05
25 Pharmaceuticals 22.83
26 Food & Beverage Brands 22.55
27 Amusement Parks & Attractions 22.36
28 Real Estate 21.83
29 Sporting & Recreational Equipment 21.23
30 Translation & Linguistic Services 20.61
31 Fitness & Dance Facilities 20.24
32 Medical Devices & Equipment 19.95
33 Photographic & Optical Equipment 19.43
34 Tobacco 17.50
35 Energy & Power 17.41
36 Auctions 17.35
37 Law Firms & Legal Services 17.30
38 Restaurants 17.26
39 Security Products & Services 17.25
40 Sports Teams & Leagues 15.67
41 Automobile 15.52
42 Insurance 15.30
43 Debt Collection 15.21
44 Hair Salons 15.19
45 Architecture, Engineering & Design 14.31
46 Museums & Art Galleries 14.27
47 Zoos & National Parks 13.96
48 Trucking, Moving & Storage 13.60
49 Laundry & Dry Cleaning Services 12.78
50 Funeral Homes & Funeral-Related Services 12.09

Quelques observations de NetProspex (traduction libre):

  • Les engins de recherches et les portails sont les plus actifs
  • Le secteur bancaire est plus actif sur les médias sociaux que les médias traditionnels
  • Le seul secteur « cols bleus » à faire la liste est l’industrie du déménagement et de l’entreposage
  • Les fabricants de tabac sont ceux qui ont le moins d’employés qui sont sur Twitter
  • Étrangement le secteur des jeux et jouets est plus actif sur les médias sociaux que celui des produits électroniques (#9), des détaillants mode (#10) et des bijouteries (#23)
  • Les parcs d’amusements (#28sont plus efficaces que les musés, les galeries (#47 et les zoos et parcs nationaux (#48)
  • Les technologies de l’information (#8) devancent l’industrie logicielle (#9)
  • Les maisons mortuaires ne twittent pas et ont le plus bas score de toutes les industries
  • L’industrie du voyage a près du double de fans Facebook que celle de la restauration
  • Le secteur médical est absent du classement et avait moins de la moitié du score du top 50

Notes personnelle

Cette étude est très intéressante puisqu’elle dresse un portrait sectoriel de l’utilisation du Web 2.0. Elle est aussi lumineuse lorsqu’on la met en relation avec l’autre indice du WebAward qui lui classe les sites Web 1.0 de ces mêmes secteurs industriels. L’étude de NetProspex offre aussi un classement par ville, par entreprise et par type d’emploi (voir le tableau plus bas).

Les médias sociaux, c’est une affaire de temps

Je dis toujours à mes clients que les médias sociaux c’est un investissement à moyen et long terme pour des retombées à moyen et long termes aussi. Oui il peut y avoir des raccourcis. On appelle ça de la pub, pas des médias sociaux. Par exemple, on peut faire un méga concours sur son blogue, twitter et Facebook. Inscrivez-vous sur ma propriété et risquez la chance de gagner une cochonnerie de grande valeur. Vous aurez des résultats rapides. Les gens aiment généralement les cochonneries de grande valeur. Mais « la question qui tue », ces nouveaux « amis » seront-ils fidèles à votre marque? Seront-ils de bons ambassadeurs de celle-ci? Vont-ils s’intéresser à vos contenus une fois que le concours est terminé? Je ne le crois pas. Je dis aussi souvent à mes clients qu’en affaire il n’y a pas de magie et que lorsqu’il y a de la magie on appelle ça aussi de la prestidigitation (j’ai d’ailleurs toujours de la difficulté à prononcer ce mot-là) et qu’en fait on appelle ça aussi de l’illusion…

Podcamp Montréal 2010, j’étais anti-conférencière lors de cette anti-conférence

Quelquefois par an, je donne gratuitement de mon temps pour des organismes à but non lucratif. C’est donc avec plaisir que j’étais conférencière lors de l’anti-conférence Podcamp Montréal 2010. Je n’avais rien préparé et c’était une période de questions ouvertes avec l’auditoire. Alors bon visionnement

90% des entreprises canadiennes utilisent les médias sociaux = bullshit

Un sondage de Léger Marketing, commandité par SAS titrait dernièrement Quatre-vingt-dix pour cent des entreprises canadiennes utilisent les médias sociaux avec le sous-titre Plus de cadres du secteur public que du privé affirment qu’il s’agit du principal outil de communication avec le public.
Une journaliste de Radio-Canada, Marjorie April me téléphone donc pour discuter de ce sondage. Comme je lui démontre que c’est de la « bullshit » (de la grosse merde pour les potes d’outre-Atlantique), et que c’est une fille intelligente, elle fait tout de même son topo, mais nous parlons plutôt de comment certaines entreprises canadiennes s’en servent intelligemment. Mais si nous revenons au communiqué de presse « trop sexy pour être vrai », nous comprenons que le titre est l’addition de ce constat :

Un cadre sur six considère que les médias sociaux constituent le principal moyen dont leur organisation dispose pour attirer l’attention du public sur leur marque; tandis que 31 % affirment que ceux-ci jouent un rôle de premier plan et 43 %, un rôle limité

Ce qui est censé faire 90% des entreprises canadiennes. Allô la terre? Tout d’abord, ces chiffres parlent de « cadres » et non d’entreprises. Ensuite, si je dis que les médias sociaux « jouent un rôle limité », par quelle extrapolation fallacieuse suis-je en train de dire que je les utilise? C’est un peu comme de dire que je suis chrétienne et qu’on titre que je vais à la messe.

La gestion de la multitude sur les médias sociaux

Comment gérer plusieurs milliers d’abonnés (Twitter Facebook et autres médias sociaux conversationnels) et demeurer accessible? C’est une question que l’on me pose souvent et qui est mis en exergue dans l’article de Owni, Les méfaits d’une grande audience sur twitter, qui est en fait une adaptation de Clive Thompson in Praise of Online Obscurity. Les arguments de ces articles sont qu’à partir d’un certain nombre d’abonnés, la socialisation et la conversation ne sont plus possibles. On devient plus un médium de diffusion que de conversation. Les gens sont intimidés d’entrer en relation avec « la vedette » qui a tant d’abonnées et cette vedette, devenant consciente de sa portée, commence à s’autocensurer. Nous devrions donc valoriser l’obscurité et les petits groupes qui sont plus favorables à une communication vraie.
Après avoir partagé ce texte sur Twitter et Facebook, plusieurs personnes voulaient savoir mon avis là-dessus étant donné que je valorise la réciprocité dans les médias sociaux (si vous me faite l’honneur de me suivre, je vous dois la politesse de faire de même avec vous), que je suis contre le twitter-shobisme et que j’ai plusieurs milliers d’abonnés.

Comment je fais pour gérer la multitude sur Twitter et Facebook?
C’est une question que me posa Friedrich Thor Nissen (le gestionnaire média social de Misteur Valaire) lors d’un spectacle de Misteur Valaire.
Je lui répondis :

-Présentement nous sommes dans une salle avec 2000 personnes. Tu as pourtant l’impression que je suis vraiment en communication avec toi, que cette communication est vraie, que je t’écoute et que j’interagis. Pourtant, dans 2 minutes, je vais jaser avec quelqu’un d’autre dans la salle et je serai tout autant aussi vraie. Il est même possible que j’entende les conversations de gens et que j’intervienne dans celles-ci. Il est cependant clair que je ne tenterai pas de savoir ce que disent les 2000 personnes et que je ne « capoterais pas » de ne pas savoir ce qu’ils ont dit le temps que je suis ici. Aussi, au lieu d’être 2000 personnes, nous pourrions n’être que 10. Il est clair que les possibilités d’interactions et que la potentialité d’échanges en serait beaucoup réduite. Les médias sociaux c’est un peu ça pour moi. Je ne vais certainement pas tenter de savoir ce que 2000 personnes disent en même temps, mais je suis heureuse de savoir que je vais peut-être faire des rencontres surprenantes et que des 2000 personnes que je ne connais peut-être pas, je vais me faire de vrais échanges avec des inconnus comme cet échange que nous avons présentement, bien que c’est la première fois de ma vie que je te parle.

Il reste cependant la question de l’auto-censure. Je dois admettre que je me censure plus maintenant que lors de mes débuts dans les médias sociaux. En fait, je me suis toujours censurée. J’ai souvent répété à ceux qui croient que je suis un livre ouvert sur le web, qu’ils lisent ce que j’écris, mais qu’ils ne lisent pas ce que je n’ai pas écrit et qu’ils n’ont aucune idée de tous ce que je ne dis pas. Aussi, je suis un peu « politically incorecte », baveuse et un brin provocante. D’ailleurs, certains connards anonymes se font un plaisir de citer certains de mes 20 000 twitts, hors contexte, pour mousser leur démagogie. Par exemple, dernièrement dans un forum, on pouvait lire :

C’est toujours un peu particulier d’être au bureau, d’avoir ton boss en arrière de toi, et de voir “Jeudi confession: je m’ennuie de mon gros pénis parfois”

Il a évidemment oublié de mentionner que ce jeudi confession était fait le 1er avril et que c’était une blague salée comme j’aime bien en faire. De plus, je me méfie maintenant (outre les citations hors contexte de certains de mes twitts) des effets pervers de mes écrits. Je suis consciente des effets de mes écrits (par exemple ce restaurateur qui a vu son chiffre d’affaires gonflé après l’un de mes twits positif) mais je découvre qu’il y a aussi des effet pervers que je n’avais jamais vu venir. Par exemple, certains de mes collaborateurs, fournisseurs ou partenaires, m’ont signifiés qu’après que j’eue mentionné mon bonheur de travailler avec eux et la compétence qu’ils avaient démontrée à mon égard, furent submergés de courriels et ou d’appels téléphoniques de gens disant « j’espère que vous m’en donnerez autant que vous en donnez à Michelle Blanc ou je ne suis peut-être pas une vedette comme « Michelle Blanc » mais j’exige que vous fassiez aussi telle ou telle chose. C’est donc étrange de remarquer qu’une observation positive sur quelqu’un ou sur une organisation puisse attiser la jalousie…

Flashcode, Code à barres et intelligence numérique et collective des objets

C’est lors d’un lunch avec le copain Henri Kaufman que j’ai pour la première fois été exposée à l’importance du Flashcode pour l’évolution du Web. Il en a d’ailleurs garni amplement son livre Internet a tout changé. Wikipedia décrit le flashcode comme étant

(…)la marque des codes-barres 2D développée par l’Association française du multimédia mobile. Ces pictogrammes composés de carrés peuvent notamment être décodés par des téléphones mobiles disposant du lecteur flashcode. Certains téléphones mobiles sont déjà équipés de ce lecteur, pour d’autres, il est nécessaire de l’installer.
La photographie d’un flashcode, comme celle d’autres types de code-barre 2D, avec un portable peut déclencher différentes actions, telles que :

  • se connecter à un site Internet mobile pour recevoir aussitôt un article, par exemple ;
  • envoyer un SMS, un MMS ou un courrier électronique ;
  • générer un appel téléphonique ;
  • enregistrer une carte de visite dans ses contacts.

Je vous parle de ça parce que le flashcode sera intégré à mon prochain livre (écrit en collaboration avec Nadia Seraiocco) et qu’il vous permettra en utilisant un lecteur de flashcode comme Mobiletag, installé sur votre téléphone intelligent, de lire une vidéo explicative d’un élément de mon livre ou toute autre information numérique que je pourrais vouloir vous partager. Ainsi, pour prendre un exemple d’affaires, les producteurs de volailles du Québec (clin d’œil ici au pote le chef Cong Bon, Chef officiel des producteurs de volailles) pourraient décider d’imprimer des flashcode spécifiques sur leurs emballages de poulet pour permettre de suivre une recette vidéo du chef Cong Bon qui nous illustre comment le préparer. Un producteur de spectacle pourrait aussi inclure des flashcode sur les affiches de ses spectacles à venir pour diriger l’internaute mobile vers un clip du groupe, le site d’achat de billets, une carte de la salle ou autre, comme le fait d’ailleurs Disneyland Paris (selon Wikipedia).

À Disneyland Paris, des flashcodes insérés sur les flyers distribués dans le parc et les affiches publicitaires permettent aux visiteurs équipés de découvrir la dernière vidéo de Mickey et de consulter les informations pratiques du parc (horaires des spectacles, offres spéciales sur les restaurants et boutiques)

Mais le code-barre que nous connaissons tous déjà et qui garnit tous les produits de consommation est maintenant aussi exploité par des outils mobiles permettant d’ajouter des informations générées utilisateurs, sur divers produits. L’application IPhone Stickybits permet déjà cette prouesse et quoiqu’elle ne soit encore peu utilisée ici, bientôt, les consommateurs ne se gêneront pas pour diffuser des infos pertinentes et des critiques positives ou négatives sur une foule de produits de consommation. Nous entrerons bientôt dans l’ère de l’intelligence numérique et ou collective des objets.
À quand des flashcode avec informations touristiques sur le mobilier urbain de Montréal comme c’est déjà le cas à Paris Bordeaux, Sarlat, et Toulouse?

Le « fair use » et l’utilisation des photos Facebook

Une question m’a été posée deux fois aujourd’hui. Quel hasard? Est-ce possible d’utiliser une photo qui est sur Facebook et dans le cadre d’une utilisation journalistique, est-ce qu’utiliser une photo qui est sur facebook peut-être considéré comme étant du « fair use »?

Je ne suis pas avocate et ceci n’est donc pas un avis juridique. Par contre, en lisant l’article Facebook photo free-for-all Is media’s use of photos fair dealing or freeloading? de la CBC, on peut déjà comprendre que vous n’avez pas le droit d’utiliser des photos que vous trouvez sur Internet ou sur Facebook et les utiliser selon votre bon vouloir. Des photos sont toujours la propriété des ayants droits, à moins qu’ils aient eux-mêmes cédé ces droits et que ce n’est pas parce que vous cédez vos droits à Facebook lorsque vous y déposez des photos, que cette cessation se transfert automatiquement au reste de la planète. Michael Geist, une sommité en ces matières et qui est cité dans l’article dit :

Copyright law in Canada does make exceptions in certain circumstances, known as fair dealing. Fair dealing allows for use of copyrighted material for research, private study, criticism and review.
“One of the elements within fair dealing is news reporting. Where [the media] use the photograph, they might not obtain a licence to use it; they might just try to argue it’s fair dealing,” says Geist.
The copyright exception for news reporting isn’t absolute, though. The Copyright Act says using material for news reporting does not infringe copyright if the source and author — in this case, the photographer — are mentioned.
“If it’s part of a news story, and they’re, let’s say, capturing a screen shot of Facebook with the photograph in it, then I think they’re relying on the news reporting [provision in fair dealing.] Where they’re simply lifting a photograph that someone has posted on Facebook, I think that prior permission is likely needed,” said Geist.


D’après moi (et encore une fois ce n’est pas un avis de juriste) il en va de même pour une autre utilisation du “fair use” qui est la parodie, le collage ou le remixage. La loi permet une certaine liberté d’expression artistique quant à l’utilisation novatrice des œuvres des autres. Mais dans tous les cas, les sources diverses qui ont servis à un montage donné, se doivent d’être reconnus et mentionnés. De plus, il se peut que l’auteur de l’œuvre originale n’apprécie pas « l’aspect artistique » de la nouvelle œuvre. Je me souviens d’ailleurs d’un cours de droit avec Me Gautrais qui nous parlait d’une sculpture de canard qui avait été exposée dans un centre commercial ontarien et qu’on avait choisi d’affubler d’un ruban, pour la période des fêtes. L’artiste avait poursuivi le centre commercial et gagné sa cause sur la base que ses droits sur la paternité de l’œuvre avait été enfreint, même s’il avait lui-même vendu la sculpture au centre commercial.
Conclusion :
Avant de prendre une photo ou un artéfact que vous trouvez ou que ce soit sur le Web, faites bien attention aux droits des autres que vous pourriez enfreindre…

Nous sommes (encore) à une époque charnière du Web

Dans les dernières semaines et les derniers mois, plusieurs indicateurs et événements particuliers indiquent que nous sommes présentement à une époque charnière de l’histoire du web. Cette histoire est jalonnée de nouveaux venus et de disparus (pensons à Netscape par exemple). Soulignons que Apple a vu sa valeur dépasser celle de Microsoft, que Facebook a eu plus de visiteurs uniques que Google (à ce propos, relisez mon billet Facebook versus Google dans le contexte de l’achat de Friendfeed) et qu’une guerre de tranchées se dessine afin de savoir quel sera le prochain logiciel de navigation du nouveau web qui sera décidément mobile. Est-ce que ce sera celui d’Apple (iPhone) ou celui de Google (Androïd)? Cette dernière confrontation en est une de taille parce qu’elle déterminera qui aura la propriété de la nouvelle passerelle que sera le Web mobile. Pour différentes raisons (dont celle que je n’aime pas Apple), je pense qu’à moyen terme, ça risque d’être Androïd qui l’emporte. Ça me rappelle d’ailleurs une ancienne confrontation, celle de Betacam versus VHS. Bétacam était de beaucoup supérieur au format VHS. Mais tout comme iPhone, c’était un standard fermé (appartenant à Sony), il n’était pas possible pour les autres manufacturiers de l’utiliser et à court terme, Sony fit un paquet de fric avec son innovation. Mais à moyen et à long terme, le standard VHS qui était partagé par tous les autres joueurs, même s’il était moins performant (comme pour l’Androïd qui au moment d’écrire ces lignes ne jouit pas des milliers d’applications qui sont présentement disponibles dans l’App store), conquit la planète parce que c’était un standard ouvert et que l’ensemble des autres fabricants l’adopta et rendirent disponibles des appareils qui étaient moins dispendieux que ceux en Bétacam. Vous connaissez la suite de l’histoire…
Les prochains mois nous permettront de mieux saisir les incidences des jeux de pouvoir qui se font au moment d’écrire ces lignes mais il est maintenant clair que le Web, va encore changer de face…