Pour un métavers Québécois

Hier, à l’invitation de mon pote de longue date, Pierre Moisan, je suis allé à l’événement AU-DELÀ DES BUZZ WORDS : MÉTAVERS, NFTs ET WEB 3.0 – TENDANCES ET OPPORTUNITÉS POUR LE QUÉBEC du CEIM. Ça faisait du bien après deux ans de revenir en personne, à une conférence. D’autant plus que le metavers, est un sujet qui me passionnait il y a 15 ans, avec Second Life. D’ailleurs mon alter ego français, Fred Cavazza, publiait récemment un billet éclairant : Quelles pratiques marketing dans le métavers ? Nous nous étions d’ailleurs confrontées lors d’une conférence Webcom à Montréal en 2007. J’étais pro Second Life et Fred était Anti. À la fin de notre face à face, il m’avait convaincu que Second Life était devenu ringard et moi je l’avais convaincu que Second Life était un champ d’expérimentation 3D impressionnant. Comme quoi des fois, la confrontation polie et documentée peut faire évoluer les mentalités.  Dans son récent billet, il a une observation avec laquelle je suis tout à fait d’accord :

J’ai déjà eu l’occasion d’expliquer que le métavers n’est pas le futur d’internet, mais plutôt son passé et son présent (Le métavers n’est pas une rupture, mais une continuité). Je vais maintenant tenter de vous expliquer en quoi les pratiques de marketing diffèrent dans le métavers, ou pas, mais surtout en quoi la démarche et les objectifs du marketing restent les mêmes.

Quoi qu’il en soit, hier soir les très intéressants panélistes discutaient de métavers. La discussion tournait plus autour des technologies propres aux métavers, qu’aux usages dans ceux-ci. Et lorsqu’il était question des usages, on en parlait comme si tout était à faire et à découvrir. Un(e) panéliste dit même « il serait intéressant d’analyser les interactions entre les avatars et d’observer comment ces interactions diffèrent du monde réel? » Question pertinente qui a mainte fois été analysée dans Second Life. On notait d’ailleurs une grande similitude entre l’expression non verbale des avatars avec celle de la vie réelle. Ainsi, la distance entre les personnes, les mouvements des yeux lors d’une conversation et les autres gestuelles mimaient à s’y méprendre ce qu’on pouvait trouver dans le monde réel. Il fallait cependant s’habituer au fait que l’avatar pouvait être un éléphant violet ou un pénis volant (comme nous en discutions lors du débat avec Fred) plutôt qu’une représentation humaine. Incidemment, il était aussi fascinant de constater que certains paraplégiques qui y étaient reproduisaient scrupuleusement chez leurs avatars, les problèmes moteurs qu’ils vivaient dans la vie incluant les tics qu’ils pouvaient avoir.

Tout ça pour dire qu’il m’apparaît que dans le « nouveau métavers », les développeurs, publicitaires, organisations et autres « entités non-numériques » qui veulent expérimenter et s’installer dans ces nouveaux univers, oublient ou ne savent tout simplement pas à quel point les recherches, observations et expérimentations déjà effectuées dans le métavers sur une surface 2D pourraient leur faire faire un pas de géant dans le métavers sur une surface 3D.

Lors de cette conférence, Bertrand Nepveu, entrepreneur en série (sa technologie a été rachetée par Apple) et capital-risqueur, mentionnait que lui et des potes du gaming, de l’infrastructure et du monde 3D avaient développé un Manifeste du métavers québécois, que je vous invite fortement à signer. Ça me rappelle (encore une fois, plusieurs années plus tard) le rapport d’étonnement que 12 spécialistes du web et moi-même avions déjà produit. Comme nous l’avions présenté à l’époque, il est capital que le Québec se positionne rapidement sur ces marchés émergents qui généreront des milliards de retombées économiques et comme le mentionne le manifeste de monsieur Nepveu et ses potes :

Le danger d’ignorer cette transformation serait de placer le Québec à la remorque uniquement de compagnies étrangères et de voir la richesse se créer en dehors du Québec. Ce serait un rendez-vous manqué majeur avec la prochaine vague d’innovation technologique et créative.
Pourquoi le Québec doit-il s’investir dans le Métavers? 5 raisons :
– Pour assurer sa souveraineté culturelle
– Pour assurer sa position de leader technologique
– Pour garder et créer les emplois de demain
– Pour avoir une voix forte dans le débat des valeurs du Métavers
– Parce que le Québec dispose de tous les atouts pour être un leader du Métavers.

M’étant battue durant une décennie avec plusieurs autres militants pour que le Québec adopte « un plan numérique pour le Québec », je ne peux qu’applaudir cette initiative d’un Plan métavers pour le Québec. Nous avons déjà l’expertise gaming et 3D, la créativité et le jus de cerveau pour devenir un incontournable de ces métavers. Il ne reste que la volonté politique pour concrétiser ce rêve de placer le Québec au centre de cette ancienne/nouvelle tendance numérique prometteuse…

Ce soir j’angoisse ou les hauts et les bas de la vie d’entrepreneure

Les hauts et les bas de la vie d'entrepreneur

Ce billet a été écrit un lundi soir à minuit trente alors que j’avais de la difficulté à m’endormir…

J’ai eu la chance d’avoir une pratique exceptionnelle. J’avais de bons clients, je publiais, je faisais des conférences, j’étais médiatisée, j’ai reçu de très nombreux prix professionnels et honneurs. J’adorais partager mon expérience et mes connaissances. La vie allait rondement. J’ai bien eu des écueils. Mais somme toute, malgré tout ce qui est arrivé avec mon changement de sexe, la vie allait bien. Pour ajouter à ça, je suis en amour depuis 28 ans et j’habite un environnement de rêve. Je n’ai pas grand-chose à me plaindre.

Depuis des années je militais pour un plan numérique pour le Québec. Il me semblait que tout ce que notre gouvernement devait faire pour aider la population à prendre le virage numérique, la fameuse transformation numérique, n’était pas fait. J’ai pris mon bâton de pèlerin et l’ai crié et écrit sur tous les toits. Avec des collègues, j’ai, entre autres, co-publié le Rapport d’étonnement numérique. Je suis même allée faire la leçon à notre premier ministre d’alors lors de son Forum des idées. Mais rien ne bougeait. Par altruisme et par idéalisme sans doute, j’ai accepté d’aller en politique pour qu’enfin on y parle de numérique. Quelle mauvaise décision ça a été !

J’ai travaillé sur un plan numérique pour le Québec afin que, collectivement, on prenne le fameux virage. Mais j’ai fait la gaffe d’accepter de me présenter sur le Plateau Mont-Royal plutôt que dans mon patelin de Lanaudière. On me disait « Michelle tu seras au cœur des médias pour présenter ton plan »! « C’est l’endroit idéal pour toi »! Sauf que c’était dans le fief de Québec Solidaire, de l’extrême gauche, des wokes et des anarchistes. Avant même que je ne me sois officiellement présentée, déjà je me faisais déchirer publiquement par les médias de Montréal. J’étais « la candidate transsexuelle ».  Avant même la campagne, le PQ perdait trois conseillers et l’on titrait « le PQ en déroute ». Le Parti Libéral perdait 20 députés et ministres et l’on titrait « Le parti libéral se renouvelle ». Ça donne une idée de la couverture que j’allais avoir.

L’année suivante mon chiffre d’affaires déclina de 60%. Mes angoisses commencèrent. J’ai consulté un psychologue. J’en ai parlé à des amis et je me suis réinventée grâce au marketing de contenus. L’année suivante mon chiffre d’affaires remonta de plus belle.

Puis arriva la Covid. La fameuse Covid. Je suis loin d’être la seule à en avoir été affectée. J’habite toujours dans mon bois. Je mange mes trois repas par jour et j’ai bien de l’espace pour me dégourdir les jambes et respirer l’air pur. Mais mes clients aussi ont souffert. L’un après l’autre, ils coupent les budgets numériques et marketing. Même des potes consultants de hauts calibres me disent que tout est au « ralentit ». Les entreprises feraient de « l’attentisme », me dit l’un d’eux. Ils attendent!

Entretemps, les gouvernements ne parlent plus que de transformation numérique. Ils ont plein de programmes pour aider les entreprises, mais avec des « stagiaires ». Et ça, c’est en plus de la BDC qui fait aussi dans le « conseil numérique ». Mais avec leurs employés qui ne donneront le financement que si ce sont eux qui font le conseil. Pour la superbe annonce de $4milliards pour la transformation annoncée pour le Fédéral, je me suis inscrite en novembre dernier pour être considérée comme une conseillère aux entreprises. Après avoir téléphoné en mars pour savoir pourquoi je n’avais toujours pas de nouvelles, on me fit parvenir un courriel pour m’informer qu’ils sont débordés et que mon dossier n’est toujours pas analysé. Nous sommes maintenant en mai et pas plus de nouvelles.

Je me remonte le moral en me disant que « je suis dans une bonne ligne ». Le numérique n’est pas sur le point de s’arrêter. Par contre, c’est vrai que tout d’un coup, tout le monde est stratège web et spécialiste des médias sociaux. C’est vrai aussi que comme tout le monde est spécialiste, ils sont invités dans les médias pour en parler. Plusieurs disent n’importe quoi, mais bon, comme tout le monde connaît ça, personne ne se rend compte qu’il s’y dit des conneries. L’exemple de la couverture du récent achat de Twitter par Elon Musk en est un bon exemple. On parlera de son soi-disant profil politique, psychologique, voire psychiatrique, de ses frasques même, mais on ne dira pratiquement rien de la technologie, de sa place dans l’écosystème numérique et de ce qu’il veut en faire. On est dans la couverture « people » et à la recherche du scandale.

Étrange époque!

Je ne sais pas encore ce que l’avenir me réserve. Je prends un grand verre d’eau (contre l’avis de mon cardiologue qui me conseille de limiter mes liquides à 1.5 litre/jour), une grande respiration, une grande expiration, je parle à mes anges et me demande de m’inspirer pour la suite de mon parcours.

On dit souvent qu’il ne faut jamais regretter. Je ne regrette en rien d’avoir partagée les détails de ma transition et lors de mon trépas, je serai fière d’avoir sauvée des vies avec ça. Par contre, je regrette amèrement mon idéalisme politique. Je regrette d’avoir mis ma business sur pause avec l’espoir d’aider la société. Je regrette d’avoir cru que ma condition de transsexuelle ne serait pas un obstacle à une course politique. Montréal la fourbe et l’hypocrite n’osa jamais m’attaquer sur mon genre. Mais les détours de méchanceté gratuite sur tout le reste étaient scandaleux (j’ai parlé de ce genre de différence de couverture médiatique dans mon billet, Le biais montréalocentriste). Les gens du PQ n’avaient jamais vu ça. Ils avaient fait du monitorage de mes présences sociales et avaient peur qu’on ressorte mes prises de position anticarrées rouges. Mais jamais ils n’avaient songé que les journalistes puissent être si odieux. Paradoxalement, les régions soi-disant homophobes, racistes et avec tous les défauts du Québec profond, ont toujours été très ouvertes et respectueuses de mon expertise et de ma personne.

Oui je regrette. Oui j’ai été et je suis encore blessée. Mais j’ai beaucoup appris. Je suis fière de tout ce que j’ai fait. J’ai aussi beaucoup de reconnaissance pour toutes les belles rencontres que j’ai faites, pour cet environnement dans lequel je suis, pour la bonté que je vois encore chaque jour et pour la beauté de la nature qui m’entoure. J’ai toujours été une batailleuse et je le serai encore. JAMAIS je ne resterai à genoux. J’ai aussi pardonné à bien des gens. Je crois au pardon. J’ai vécu bien des insultes, du mépris et des trahisons. Mais je sais que celles-ci sont plus lourdes à porter pour ceux qui les infligent que pour ceux qui les reçoivent. La dignité est plus légère que la victimisation.

Je vous partage tout ça comme ça sort. La veuve d’un bon ami décédé dernièrement me disait qu’elle lui avait demandé pourquoi il partageait ses douleurs, sa mort qui approchait à grands pas et son agonie. Il lui avait répondu que c’est parce que ça pouvait aider, qu’il le pouvait et qu’il avait conseillé à Michelle Blanc de parler de sa transition alors qu’elle la vivait et qu’il se devait de faire de même. Je vous partage donc mes angoisses. Je sais ne pas être la seule. D’ailleurs la pratique de ma conjointe psychologue, explose. Elle a même dû arrêter ses listes d’attentes ayant trop de clients. Au moins, l’une des deux du couple a une pratique florissante.

Alors dites-vous que même Michelle Blanc, qui semble rouler sur l’or, avec une liste d’anciens clients incluant des fleurons de l’industrie du Québec et une myriade de PME, peut elle aussi angoisser pour sa business. Il est important d’être positive et de voir le beau côté des choses. Mais il est tout aussi important d’être vraie et de dire que des fois, c’est «tough » en tabarnak…

Merci au gouvernement pour le Prêt de $60 000 aux PMEs. Je vous confirme qu’il est vraiment utile…

Je travaille présentement sur des mandats passionnants avec des organisations que j’aime. Je n’ai pas l’agenda complet que j’ai déjà eu, mais ce n’est pas le vide. Je songe aussi à devenir professeure d’université ou de CEGEP, tout en continuant de faire des mandats et des conférences. Des sommités académiques me fournissent de références impeccables. J’ai toujours cette passion du partage et je verrai ce qu’il adviendra. Mais entretemps, déjà je respire mieux de vous avoir écrit tout ça. Je sais aussi que bien des petits entrepreneurs se reconnaîtront dans ces angoisses inévitables de notre époque. Je vous embrasse tous…

Pourquoi pas un podcast? Bienvenue à mon émission Forêt Numérique

Il y a plus de 10 ans, j’étais conférencière à Podcamp Montréal et plusieurs de mes connaissances avaient leurs podcasts (qu’on aime aussi appeler Baladodiffusion). Je n’avais pourtant jamais osé plonger moi-même. J’en avais sans doute moins besoin puisque j’avais une chronique régulière à la défunte émission LeLab, sur la défunte chaîne VOXtv. J’avais aussi tenu chronique au Canal Argent, de même qu’à la radio 98,5FM à l’émission d’Isabelle Maréchal. J’avais donc une exposition médiatique soutenue et je manquais de temps.

Depuis cette période, la demande pour les podcasts a explosé. Mon goût de partager mes points de vue et connaissances à propos du numérique étant toujours aussi fort, je me suis enfin décidé à produire mon podcast. C’est l’ami Allen Vallières, vétéran de la radio et producteur audio à Production du garde-robe, qui est mon réalisateur.

Je voulais avoir un peu d’archives avant de vous en parler, alors c’est maintenant fait.

Vous avez accès à mes trois premiers épisodes :

Forêt numérique, épisode 1
Forêt numérique épisode 1 – Le métavers
https://anchor.fm/analyweb-michelle-blanc/episodes/Fort-numrique-pisode-1—Le-mtavers-e1eoaak

Dans ce nouveau balado, je discuterai de numérique, mais également de plusieurs de mes passions que sont la science, l’insolite, la cuisine, la vie, la philosophie.
Je suis une personne qui, en plus de s’intéresser au numérique, s’intéresse à plein d’autres sujets.
Je ne vais parler que très peu de politique, bien que ce sujet fasse partie de mes préoccupations.
Pour ce premier balado, je vais vous parler de métavers.

 

Forêt numérique épisode 2
Forêt numérique épisode 2 – Le marketing de contenu
https://anchor.fm/analyweb-michelle-blanc/episodes/Fort-numrique-pisode-2—Le-marketing-de-contenu-e1f9eak
Le marketing de contenu est de parler de son sujet au lieu de parler de ses produits et services et de faire du narcissisme corporatif. Il permet une pérennité de vos investissements puisque les contenus en ligne ont une durée de vie, contrairement à la publicité qui disparaît une fois le budget dépensé. D’ailleurs la publicité souffre de «faux clics» endémiques.

Forêt numérique épisode 3

Forêt numérique épisode 3 – Communications Decency Act
https://anchor.fm/analyweb-michelle-blanc/episodes/Fort-numrique-pisode-3—Communications-Decency-Act-e1g8hur
Communications Decency Act
La guerre et les médias sociaux.
Réflexion sur la guerre en Ukraine, l’impact de la censure et de la propagande sur les médias sociaux avec Michelle Blanc.
Quelle est l’importance de l’information en temps de conflit sur les manifestations en Russie et sur la porte ouverte aux poursuites civiles et criminelles contre les médias sociaux?
Les médias sociaux ne peuvent plus être neutres selon la Communications Decency Act, section 230, tenant compte de l’impact de la diffusion de messages, parfois faux, les «Fake News».

Une histoire inspirante! Des fois la nécessité est la mère de la transformation.

Pizza Salsiccia de Waldo Peppers

Je vais sortir un peu du numérique pour vous parler d’une belle histoire d’adaptation et de résilience aux aléas de la vie. Il s’agit de l’histoire de Waldo Peppers de Rawdon. Cybelle Major et Waldo Delay avaient de bons emplois avant la pandémie. Madame était organisatrice d’événement et monsieur, pilote de ligne Montréal/Rome. À cause de la covid, ils perdirent tous deux leurs emplois. Avec une maison à payer et quatre enfants à habiller et à nourrir, baisser les bras n’était pas une option. Ils se sont donc réinventés.

Comme ils le disent sur leur page Facebook :

La pizza Waldo Peppers est le fruit d’un amour de l’aviation et la rencontre de personnes extraordinaires. Son histoire débute lors de visites occasionnelles d’un petit restaurant de Rome tout près du Vatican. Le propriétaire du restaurant ainsi que son chef cuisinier, tous deux pizzaiuolo de plusieurs générations, devinrent de véritables amis. Ils me partagèrent leurs recettes et techniques par le simple désire de transmettre leur passion. Ils m’accueillirent à bras ouverts, tels un membre de leur propre famille, et m’accordèrent le privilège de partager leur cuisine. Donc, aussitôt atterri après un long vol tapisser d’un ciel étoilé, je me dirigeais vers ce petit coin de paradis pour apprendre l’art de la pizza napolitaine.
Waldo Peppers est une entreprise familiale qui offre un service de traiteur en pizza napolitaine. Nous voulons vous partager ce petit goût traditionnel et authentique qui nous espérerons, vous fera voyager tout droit au cœur de l’Italie.

Ils ont transformé leur salon en cuisine, acheté un four directement de Rome, un plan de travail et les frigidaires et ont commencé la production. C’est l’une des meilleures pizzas que j’ai mangées de ma vie et ma préférée est la Salsiccia extra cotto (jambon italien maigre). Pour les clients qui habitent les environs de Rawdon, ils suggèrent l’option pizza cuite à 70%, que nous pourrons terminer de cuire une fois rendus à la maison. C’est un vif succès commercial à Rawdon et une fois la pandémie terminer, ils songent à ouvrir un restaurant avec des places assises.

“Le malheur n’est jamais pur, pas plus que le bonheur. Un mot permet d’organiser une autre manière de comprendre le mystère de ceux qui s’en sont sortis : la résilience, qui désigne la capacité à réussir, à vivre, à se développer en dépit d’adversité.”

Boris Cyrulnik

Les médias sociaux c’est aussi pour prendre le temps de vivre et de dire adieu

L’une des personnes les plus brillantes et créatives que je connaisse, documente son cancer et sa mort prochaine sur Facebook. C’est l’un des plus grands conférenciers qu’il m’est arrivé d’écouter. Il a été largement plébiscité dans le domaine publicitaire québécois et depuis quelques années, il transmettait sa passion à de jeunes étudiants. Comme il ne lui reste que peu de temps à vivre, vous comprendrez que je ne partage pas sa page Facebook, afin de lui permettre de se concentrer sur sa famille et ses amis, le temps qu’il lui reste.

J’ai souvent parlé des effets catharsis positifs de parler de drames, de son drame sur les médias sociaux. Les grandes questions sociétales et existentielles sont des éléments qui nous rassemblent et nous unissent. Mais tous n’ont pas le courage d’y faire face et encore moins d’en discuter. Pourtant la maladie, les échecs, les drames humains et la mort, de même que l’amour, la naissance, la réussite et la joie sont des réalités universelles. La pudeur est certainement une qualité qu’il faut valoriser. Mais le partage au-delà de sa pudeur a le bénéfice de faire cheminer les autres. Il permet aussi à son auteur de recevoir la rétroaction émotive des lecteurs, qui lui fera le plus grand bien. J’écrivais dans mon billet De l’utilité du blogue comme outil de catharsis :

(…) j’en arrive à supporter l’hypothèse émise par l’un de mes lecteurs, que le blogue, dans certaines circonstances (dont l’authenticité), peut servir d’outil cathartique pour le lecteur et thérapeutique, pour l’auteur.

Ainsi, mon ami Martin a depuis des mois, documenté publiquement ses douleurs, ses joies, ses questionnements et plus récemment, le pronostic qui ne lui donne que quelques mois à vivre. Il le fait avec lucidité et bienveillance. Il continue son cheminement pédagogique en offrant une fenêtre sincère sur ce qui nous attend tous. L’une des fiertés de mon propre cheminement est d’avoir fait mon coming-out et d’ainsi, avoir sauvé des vies. Mon pote Martin en parlant ouvertement avec tant de pertinence et sérénité de sa mort prochaine, pourra certainement permettre à d’autres d’entrevoir leur propre trépas avec moins d’appréhension…

La naissance est une mort de l’au-delà et la mort, une naissance de l’au-delà.

MERCI Martin de m’avoir tant éclairé, de m’avoir fait rire, d’avoir été un rebelle positif, d’avoir été baveux, d’avoir soulevé et joué avec les paradoxes, d’avoir fait avancer la publicité, d’avoir été vrai, tout le temps et de m’avoir accepté comme j’étais. Tu auras été l’une des personnes marquantes de ma vie. Je ne te l’aurai jamais assez dit…

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Une leçon de vie, à l’article de la mort

Qu’est-ce qu’un influenceur et qu’est-ce qu’il était?

Il y a deux semaines, j’étais conférencière lors d’un colloque virtuel sur la philanthropie. Le conférencier qui me précédait, Christian Bourque de Léger marketing (je le remercie d’ailleurs de bien vouloir partager son PowerPoint qui est en fin de billet), présentait la conférence Porte-parole ou influenceur? Étant VP recherche chez Léger, son PowerPoint regorgeait de données très pertinentes de ce phénomène encore peu connu des entreprises et souvent inutilisé. D’ailleurs, il y dit même que pour une campagne publicitaire que léger faisait pour l’un de ses services, il en coûta 10 fois moins cher de travailler avec un influenceur, qu’avec la publicité numérique qu’ils avaient aussi utilisée, pour un « call to action » et une conversion énormément plus efficace. Il y expliquait que les baby-boomers étant vieillissants, la philanthropie devait maintenant se tourner vers les millénariaux afin de poursuivre leurs croissances. Sur ce point, il a tout à fait raison. Par contre, trop de décideurs et de « spécialistes en influence » ne semblent intéressés que par ce segment particulier d’influenceurs, des millénariaux Instagram, TikTok et autre.

Question de faire contrepoids à cette vision tronquée de ce qu’est un influenceur, je rappellerai que les boomers, les gen X et les Y existent toujours. Je rappellerai qu’ils ont aussi un impressionnant pouvoir d’achat et d’influence et qu’ils ne sont pas sur Instagram et TikTok, ou si peu. Ils sont bien certainement sur Facebook, mais ils sont aussi sur LinkedIn, Twitter, Youtube, les blogues et une foule d’autres médias sociaux. Ils sont aussi moins « Je, Me, Moi », « selfies » et victimes de ce narcissisme d’image continuel.

Lors de mes débuts il y a 20 ans, les blogueurs étaient les influenceurs de choix. D’ailleurs ça avait fait un scandale lors de la première campagne d’Obama que les blogueurs soient invités au même titre que les journalistes. Ce qui avait aussi fait des vagues était que le buffet de leur tente était aussi garni que celui des journalistes, mais que puisqu’ils étaient moins nombreux, tous avaient trouvé à manger et à boire. Au Québec, on avait même fait des classements de blogues par catégories et par audience. Puis ce fut le tour de Facebook, Twitter et YouTube de charmer les publicitaires.

Qu’est-ce qu’un influenceur?

Un influenceur est une personne qui grâce à sa présence en ligne, est capable d’inciter les internautes à faire un achat, à considérer ou connaître une marque, à visiter un lieu, à appuyer une idée, à voter pour un parti ou à lancer une tendance. Ils ont donc un « pouvoir d’influence » qui peut inciter à l’action. Il y a plusieurs types d’influenceurs. Je disais d’ailleurs dans mon livre « les médias sociaux 101 »

Si vous voulez acheter une voiture, est-ce l’avis du publicitaire, du manufacturier, du journaliste automobile, du « vendeur de char » ou de votre beau-frère qui aura le plus d’impact sur votre décision d’achat? Ce sera probablement celui de votre beau-frère. Or, les médias sociaux représentent un réseau mondial de beaux-frères.

Les influenceurs sont donc des gens du web qui ont un large auditoire, des célébrités, des gens qui partagent des contenus dans une niche spécialisée, des clients satisfaits et plus récemment, on a même inventé les concepts de micro et nano-influenceur qui sont de petits et très petits influenceurs, mais qui ont des taux d’engagement souvent plus élevés que celui des célébrités. Le monde des influenceurs est donc une jungle dans laquelle vous devrez évoluer afin d’évaluer qui sont ceux qui pourront avoir un impact sur vos publics cibles, avec quelle portée et à quel coût.

Pourtant, à la base, un nano-influenceur est souvent un client satisfait qui partage sur ses présences sociales, sa satisfaction. C’est aussi un touriste qui est fier de montrer les photos de son dernier périple ou un passionné de politique qui à renfort de nombreux contenus, étale au bénéfice de tous, ses choix et opinions politiques. Ce sont donc souvent de petits créateurs de contenus qui le font gratuitement, parce qu’ils ont un intérêt ou une validation personnelle à vous faire de la publicité. Malheureusement, ces contenus positifs ne sont pas démultipliés par les organisations tout simplement parce qu’elles ne font pas de monitorage systématique et qu’elles ne savent même pas qu’on parle positivement d’eux.

Mais vous pouvez aussi payer l’un de ces nombreux influenceurs pour qu’il parle positivement de vous. Encore une fois, le monitorage « pro-actif » des mots-clés associés à votre organisation sera déjà une source d’information pertinente pour vous éclairer. Mais le monitorage de votre sujet le sera d’autant plus. C’est ainsi que pour un client de l’industrie touristique par exemple, j’avais identifié plusieurs influenceurs touristiques européens (principalement des blogueurs ) qui avaient été payés pour parler d’un produit touristique québécois. Il y a cependant toujours un risque communicationnel. Les blogueurs et autres influenceurs ne sont pas des journalistes. Ils créent d’abord par passion. Vous ne pourrez dont pas leur dicter une ligne éditoriale.



Quelques billets d’intérêts

En 2006
Représentation symbolique des nouveaux influenceurs

Les nouveaux influenceurs et mise au point

en 2007
Les libéraux veulent noyauter les blogues

Les influenceurs de la bloguosphère québécoise

À propos de la putasserie des blogueurs

L’échelle de participation des médias sociaux

en 2009
Le business case du placement de produit sur un blogue

Le classement de mes 25 célébrités Web du Québec

Les plus importants influenceurs médias sociaux du Canada

À propos des classements et des listes

en 2020
Le « social selling » attractif, c’est de la socialisation numérique et c’est d’être humain

La censure des big tech, changement de paradigme et implications. Une discussion avec Me Vincent Gautrais

Il y a maintenant deux semaines, Twitter a décidé de bannir unilatéralement Trump de sa plate-forme. Facebook et plusieurs autres outils sociaux ont suivi. Les jours suivants, 70 000 comptes de sympathisants de Trumps ont aussi été bannis de Twitter. Ils se sont alors réfugiés sur la plate-forme Parler. Cette plate-forme était hébergée chez AWS, Amazon Web Services. Les applications étaient disponibles sur Androïd de Google et le AppStore d’Apple. Elle a rapidement aussi été déplatformée de toutes les plateformes.

Quelques jours après son coup d’éclat, Jack Dorsey, le CEO de Twitter reconnaissait que sa décision créait un dangereux précédent. Selon la CBC :

Dorsey acknowledged that shows of strength like the Trump ban could set dangerous precedents, even calling them a sign of “failure.” Although not in so many words, Dorsey suggested that Twitter needs to find ways to avoid having to make such decisions in the first place. Exactly how that would work isn’t clear, although it could range from earlier and more effective moderation to a fundamental restructuring of social networks.

Durant le même moment, le copain Mitch Joël sur son Facebook, y allait de sa propre perspective.

What is “free speech”?
I saw a tweet that stated:
“Don’t be fooled. Big Tech isn’t shutting down accounts due to ‘risk.’ They’re trying to control what you READ. What you THINK. What you BELIEVE. They’re after one thing: control. Because control means power. Don’t let them win.”
I’m not a politician.
I’m not a scholar of the law.
I’m not even American.
I’m someone that pays a lot of attention to technology, consumer behavior, and media.
I’m someone that used to publish print magazines, and was a music/culture journalist in the pre-historic ages (before the web).
A time and place where ALL content was controlled through a tight and small media filter (because creating and distributing content was hard and expensive).
The web brought forward one simple (but massive) change:
The ability for anyone to publish their thoughts in text, images, audio and video… instantly and for free for the world to see.
Content was no longer hard and expensive to create and distribute.
A scarcity to abundance model.
That doesn’t mean that all content gets the same distribution.
That doesn’t mean that all content gets the same attention.
It, simply, means that whether it’s a tweet, blog post, article, podcast, video on YouTube or even a newsletter – it has the capacity to reach a massive audience without any friction.
I’m going to re-write that tweet from above from my own perspective:
Don’t be fooled.
Big Tech doesn’t really care about your tweets.
They’re not trying to control what you READ.
The more people that you follow, and the more people that create content is how their business model and platform expands.
They want you to see much more content, but – unfortunately, most people will only follow those who create content that is aligned with their values and aspirations.
They don’t really care much about what you THINK, but they do care a lot about showing you more content that you tend to follow, like, share and comment on.
They are after control… but not control of what you read, think, or believe.
They’re after control of a marketplace.
To build, as
Scott Galloway
calls it: an “unregulated monopoly” (with a large and deep moat around it).
The power that they seek is not over what content flows through their platforms, but rather that ALL content flows through their platforms, and that you spend as much time as possible within their walls.
Big Tech doesn’t win by suspending, deleting or censoring any content.
Big Tech wins by having as many people as possible on the platform, creating, sharing, connecting and spending their time on it.
Your attention and content becomes the data that makes them powerful.
Follow the money.
In fact, blocking and moderation is the way that they lose.
It costs money, time, human capital, and energy to moderate and deal with content that offends, break laws, etc…
The more that people don’t connect, or when those connections get broken (users leave, people unfollow people), the worse the platform performs.
If people question the quality of the platform, they may leave the platform for other spaces.
And, ultimately, the most important thing to understand is this: they are the platform and not the content creators.
They don’t care about your content, they just want your data.
The content creators are us.
You and I.
No content creators… no platform.
No growth for “Big Tech.”
Should they regulate what content we create and put on their platform?
Clearly, they have to because we can’t do it for ourselves.
Should the government be a part of this regulation?
Absolutely.
I do not want a public or private business deciding what is/isn’t free speech (that’s the role of government and the law).
We know the rules.
We know what is right.
We know what is wrong.
Yet, here we are.
We’re slamming the platform that allows the content to flow, and not the content creators for publishing these thoughts in the first place.
Don’t be mistaken.
Don’t be confused.
The problem isn’t the platform.
The platform and their use of your personal data is their big issue.
The problem is you and I.
It’s our inability to accept a difference of belief.
It’s our inability to not be able to distinguish between what is right and wrong.
It’s our inability to see and hear those who feel like they have not been seen or heard.
It’s our inability to accept responsibility for what these platforms have become.
It’s our inability to know the difference between fake and true.
It’s our inability to see how locked into the cult or personality we’ve become.
That saddens me to no end.
I always thought that the Internet would enable a thousand flowers to blossom over the handful of old trees that truly controlled what media our society was offered and afforded.
That gift came true… and we seem to be blowing it.
Not all of us.
Just some of us.
Just enough of us.
But those “some of us” are awfully loud.
Don’t let them drown out what is truly there.
The platforms enable many voices, in many unique niches to have a voice, build a business and tell better/more interesting stories.
I’ve met some of the most fascinating people in the world because of these platform.
Some of my best friends and best business successes have happened because of these platforms.
Justice isn’t blaming Big Tech.
Justice is using these platforms to bring people together.
Justice is using these platforms to bring more voices out into the open.
Justice is using these platforms to make connections with people that you would never have had a chance to connect with.
Justice is using these platforms to learn, grow, share and improve.
Control may be power.
If it is, control who you follow.
Control what you read.
Control what you post.
Control what you comment on.
Control what you like.
Control what you share.
Control the messages from those seeking to do harm.
Control your knowledge of how media works.
Control your filters.
Control your experience.
Control your future

Je lui fis cette réponse :

Free speech always had it’s limits. Those limits were regulated by the laws. The web is transnational and the laws difficultly applies to a no-border environment. We solved the problem for the sea, Antartica and celestial bodies by developing transnational treaties to managed them. Big tech have become transnational states and have their own political agendas. One of them is to choose the best “friendly environment” to keep making money without having to regulate too much. Trump is not considered as a positive actor in their scheme of things. Furthermore, even tho they are transnational, they are set in the US. This is were they could more effectively be regulated or not. they also have political opinions. So I do not agree with you that they don’t care about the content. In general they don’t. But if some contents or users are perceived has a potential menace to them as a money making machines, they will surely become avid actors in the taking down of those threats and they did. My humble opinion

Je me posais alors la question, comment la décision unilatérale des entreprises de médias sociaux de censurer des dizaines de milliers d’usagers, risque d’avoir un impact sur leurs responsabilités civiles et criminelles?

Voici donc le passionnant échange que j’ai eu avec Me Vincent Gautrais. L’utopie juridique dont je discutais avec lui est ici : Une utopie qui permettrait un cadre juridique international du cyberespace

Le « social selling » attractif, c’est de la socialisation numérique et c’est d’être humain

Sur chacun de mes médias sociaux, j’ai des profils sociaux démographiques différents, donc des possibilités de lead différentes. Sur Twitter, ce sont surtout des influenceurs (dans le sens pré-Instagram, C’est à dire des journalistes, des communicants et des gens qui créent des contenus hors Twitter à la grandeur du web) , sur Facebook ce sont des femmes 40 à 60 ans, sur LinkedIn principalement des hommes et des gens d’affaires, sur Instagram, surtout des femmes et sur SlideShare, des geeks et des gens d’affaires.

Mais les ventes ne viennent jamais du même endroit ou pour les mêmes raisons. Par exemple, sur LinkedIn on parle beaucoup de social selling. Hootsuite définit le social selling ainsi :

Le social selling est l’art d’utiliser les réseaux sociaux pour trouver des prospects, interagir avec eux, les comprendre et les accompagner. Il s’agit d’un moyen moderne de nouer des relations significatives avec des clients potentiels, tout en faisant en sorte que vous et votre marque constituiez leur premier choix, et que vous deveniez leur interlocuteur naturel lorsqu’ils seront prêts à acheter.

Le social selling consiste simplement à utiliser les outils que sont les médias sociaux pour développer des stratégies consistant à nouer des relations, ce que les professionnels de la vente les plus avisés ont toujours mis au cœur de leurs priorités.

Le social selling serait donc une sorte de « push marketing » en utilisant les médias sociaux. Je ne fais donc pas personnellement de « social selling ». j’ai toujours plutôt valorisé le « pull marketing » et le marketing de contenus. C’est donc ce que j’appellerais du “social selling attractif”.

Quelques exemples de « social selling » attractif :

Je voulais m’acheter un « pick-up ». J’en ai parlé sur mes présences sociales. J’ai alors reçu un message de André Pelletier, un vendeur d’automobiles très actif sur Facebook et Twitter, à partager des recettes culinaires. Contrairement à la sagesse populaire, il ne fait pas de narcissisme corporatif et au lieu que de ne parler que de ses voitures, il est très avenant et partage sa vie de tous les jours et sa passion qui est de faire de la cuisine. Il est « humain quoi ». Mais de toute évidence, tout le monde sait qu’il vend des voitures. Or, après mon statut disant que je me cherche un véhicule, cinq personnes lui ont envoyé un message privé l’avisant que j’étais une cliente potentielle. Il m’envoya donc un message pour m’informer qu’il pourrait m’aider et c’est de lui que j’ai acheté mon véhicule.

Ce qui fit réagir Patrick Barrabe sur Twitter.

exemple de social selling 1
exemple de social selling 2

Dernièrement, un agriculteur millionnaire qui vient de partir une start-up dans un tout autre domaine me téléphone pour mes conseils numériques et marketing. Lors de notre première conversation il me dit que c’est sa conjointe qui l’a incité à me téléphoner. Elle est convaincue que je suis la meilleure pour l’aider et pourtant, elle n’a aucun intérêt ni pour mes contenus à propos du numérique ou du marketing internet. Ce qu’elle adore ce sont tous mes autres contenus. Ce n’est d’ailleurs vraiment pas la première fois que la conjointe d’un décisionnel important , lui signifie qu’il ou elle, doit travailler avec moi.

Un autre de mes récents clients, président d’une firme de logiciel et d’équipement d’affichage, est devenu client parce qu’il adore les photos de mon lac et qu’il aimerait acheter autour de celui-ci et devenir l’un de mes voisins. Cependant, cette personne suit mes contenus à propos du numérique et des médias sociaux depuis des années. C’est pourtant une discussion privée à propos de la vie autour de mon lac qui l,a incité à me donner le mandat de coacher son équipe marketing.

Tout ça pour vous dire que d’être humain, que de sortir un peu de sa ligne éditoriale strictement basée sur ses produits et services, que de partager ses passions, et que de répondre aux gens qui nous interpellent même si à première vue ils ne semblent pas faire partie « de notre public cible », peut faire une grande différence sur un chiffre d’affaires. On ne sait vraiment jamais à qui l’on parle et quel est le réseau de cette personne. On ne sait jamais non plus à quel point des « inconnus » peuvent nous vouloir du bien et nous aider sans même qu’on en soit conscient. C’est donc pourquoi ce que l’on nomme « la socialisation » se transpose tout à fait sur le web et que ceux qui ne font que de « pitcher » constamment, passent sans doute à côté d’occasions de ventes incroyables, qui se déploieront pour eux et même malgré eux…

Dans Wikipedia :

« D’une part, la socialisation n’est pas exclusivement un processus unidirectionnel. Les interactions sont des actions réciproques porteuses d’influences mutuelles entre les êtres sociaux. À la faveur de ces interactions se construisent, se confortent, se défont et se reconfigurent des manières d’être ensemble, des modes de coexistence, mais aussi des systèmes d’attitudes. La socialisation apparaît donc comme un processus d’interaction entre un individu et son environnement. »

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J’ai un problème d’image

Étant connue, médiatisée et pratiquant le conseil de puis bientôt 20 ans, bien des gens se font une idée de ma pratique et de ma clientèle. Il arrive que ce ne soit que des préjugés. Il est certain qu’on aime bien parler des gros noms avec qui l’on a travaillé. Ça rassure quant à notre expertise. Mais ça peut aussi donner l’impression qu’on ne travaille qu’avec les gros, ce qui n’est vraiment pas le cas.

J’ai quelquefois écrit à ce propos dans des billets tel que À propos des médias sociaux et des petits, LA différence entre très et trop occupé, Gourou, papesse ou reine des médias sociaux, inaccessibilité et narcissisme ou La phobie du taux horaire. Mais j’observe que j’ai un problème de perception. Je serais trop impressionnante, inaccessible, exorbitante. C’est du moins, ce que me dit une récente cliente dans son commentaire.

Josee Brouillette22 février, à 12 h 00 ·

Tranche de vie
Les gens qui me connaissent savent à quel point je suis nulle sur internet et tout ce qui est web et en plus je déteste ça Maintenant que j’ai une nouvelle génération de clients je devais m’y mettre mais essayer de trouver un bon et gentil consultant web et marketing c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin . C’est loin d’être facile .
Je ne nommerai pas de nom et je ne raconterai pas mes conversations mais deux mots les décrivent : arrogance et snobisme .

Il y avait une personne que je connaissais de réputation , mais je me disais qu’elle ne devait sûrement pas travailler avec une petite PME et que ça devait être hors de prix alors je n’osais même pas lui téléphoner
Un jour je me suis décidée à lui écrire et je me suis dit que le pire qu’elle pouvait faire c’est de ne pas me répondre. Non seulement elle m’a répondu mais je la rencontrais, 9 jours plus tard.
Quelle femme merveilleuse cette Michelle Blanc

En plus d’être auteure , conférencière , consultante experte en marketing et des stratégies internet et titulaire d’une M. Sc. en commerce électronique, c’est une femme passionnée, intelligente, intéressante , facile à comprendre mais aussi une femme gentille, emphatique, motivante et tellement drôle et mon dieu que ça fait bien
En quelques heures , cette femme colorée avec sa personnalité et son langage bien à elle , est devenue mon gourou du web ,elle ma donné le goût d’apprendre et de travailler fort ( je sais qu’il y a du monde qui tombe en bas de leurs chaises 🙂 )

Michelle m’a dit que ce serait bénéfique à moyen et long terme ( je vous en donnerai des nouvelles ) mais je peux dire que même à très court terme , j’ai déjà gagné beaucoup et j’ai déjà hâte à mon prochain rendez-vous .

Oui j’ai fait des conférences à l’international, oui j’ai dans ma liste de clients des entreprises comme Expedia, Cirque du Soleil, Lassonde, Royal Canin ou Pierre-Karl Péladeau. Mais j’ai aussi d’illustres inconnus qui le sont beaucoup moins après avoir utilisé mes services. D’ailleurs, c’est avec les PME que j’ai eu mes plus éclatants succès (DessinsDrummond, SpiceTrekkers, Tourisme Mauricie ou PianoTechnique) parce qu’étant moins grosse, il y a moins de « red tape », ils sont plus agiles et il est beaucoup plus facile d’y implanter une stratégie numérique de A à Z que de le faire dans une très grande entreprise…

Discours d’investiture de la circonscription de Mercier de Michelle Blanc

 

Avant de remercier qui que ce soit, je remercie ma conjointe, Bibitte Électrique, qui accepte de me partager avec vous. Si je suis ici ce soir, devant vous, c’est en grande partie grâce à elle. C’est l’amour de ma vie. Depuis 24 ans, déjà, elle est là pour m’aider à grandir et à me réaliser davantage. Elle m’accompagne dans mes rêves, même celui, capoté, de faire de la politique. Elle accepte déjà et acceptera de moins me voir pour que je lutte activement afin de créer un monde meilleur pour notre petit-fils, pour les gens de Mercier et pour tous les Québécois.

 

Même si vous ne verrez que moi, je serai toujours deux devant vous puisque derrière une femme politique, il arrive qu’il y ait aussi une très grande femme. Elle ne sera jamais sur les gradins avec moi, puisque son travail requiert qu’elle reste la plus discrète possible pour être efficace dans ses fonctions. Je t’aime, ma chérie.

 

Vous me permettrez aussi de remercier :

 

  • Jean-François Lisée;
  • Jean-Martin Aussant;
  • Mon président de circonscription, Dominique Goudreault, et tous les membres de l’équipe de Mercier;
  • Je vous remercie aussi, chers militants et chers amis, d’être si nombreux, enthousiastes et déterminés à soutenir ma candidature.

 

Mais LA question que plusieurs se posent est : Pourquoi? De quessé?, comme disent certains potes. Qu’est-ce que tu vas faire en politique? Pourquoi quitter la quiétude de ton bois et la présence chaleureuse de tes amours, Bibitte et ta chienne Charlotte, et venir te battre dans Mercier, dans ce qu’on dit être LE château fort de Québec solidaire?

C’est que, voyez-vous, j’ai des rêves. Depuis plus de 15 ans, je suis en mission. Ces missions m’ont poussée à gueuler pour un plan numérique pour le Québec, à me battre pour la laïcité et à partager mon vécu de femme transsexuelle.

Je disais cet hiver, lors d’une conférence, que sur mon lit de mort, ce ne sera pas le cash que j’aurai fait ou mes nombreux succès professionnels que j’aurai en tête. Ce sera plutôt le fait d’avoir ouvert ma gueule pour partager ma transition dont je serai fière.

On me dit souvent : on dirait qu’il y a de plus en plus de trans. Et je réponds : non, il y a de moins en moins de suicides. Parce qu’ils me l’ont dit, je sais que plusieurs de nos concitoyens qui vivent parmi nous sont encore ici parce que mon histoire était la lumière au bout de leur tunnel. Et je suis fière de ça en maudit.

Mais, bon. Malgré l’étiquette que les médias aiment me coller à la peau, je suis la candidate spécialiste de l’économie numérique et des transformations majeures que vivent déjà mes concitoyens, à cause de la révolution numérique qui bouleverse absolument tout. Mais pour certains, je ne suis et ne serai que la trans qui se présente en politique. Même si ça fait déjà 10 ans que j’ai changé de sexe et que je suis une femme – et que ça c’est fait sous l’œil de ces mêmes médias. Certains diront aussi que je suis « colorée » parce qu’il m’arrive d’avoir le tabarnak, le côliss ou l’estie de criss facile. Mais, bon. Si c’est le prix à payer pour avoir sauvé des vies et pour avoir sonné les oreilles – entre autres d’un certain Philippe Couillard il y a 4 ans, lors de son Forum des idées –, je suis prête à vivre avec ça.

Il y a 14 ans déjà, j’aidais un certain Henri-François Gautrin à réaliser son premier livre vert sur le numérique pour le gouvernement du Parti libéral du Québec. Six ans plus tard, il en faisait un deuxième. Ces livres verts lumineux furent tablettés tellement profondément que la seule copie qui en restait se trouve maintenant en ligne, à l’UQAC

Ma collaboration avec M. Gautrin avait commencé parce que j’étais allée le voir pour lui dire que ça n’avait pas de bons sens qu’une maître ès sciences en commerce électronique – comme moi et mes trois associés de l’époque – ne puisse pas aider notre propre gouvernement, qui avait pourtant payé le gros prix pour faire de nous des tops mondiaux. Il trouvait que ça n’avait pas d’allure non plus, et il suggéra que pour les gros chantiers informatiques, on alloue 10 % des montants aux firmes-conseils de petite taille afin de les aider à grossir. Je lui avais expliqué que les firmes de TI n’avaient pas besoin de subventions; elles avaient besoin de contrats. Quatorze ans plus tard, cette excellente suggestion n’est toujours pas réalisée.

Il y a quatre ans, Philippe Couillard fit son Forum des idées – en passant, Jean-François, c’est sans doute l’une des trop rares maudites bonnes idées de Couillard, son forum des idées pour le Québec. Toujours est-il que M. Couillard avait fait venir des experts du numérique des quatre coins de la planète pour l’inspirer à faire quelque chose avec ça. Je faisais partie de ces experts. Comme j’étais sur le dernier panel et que, comme d’habitude, les libéraux sont souvent en retard, on m’a dit qu’il n’y aurait pas de panel, mais que j’avais 15 minutes pour dire ce que ça me tentait de dire au premier ministre. Ho que boy que je me suis fait plaisir. D’ailleurs, ce discours on ne peut plus improvisé est toujours en ligne. Cherchez « Michelle Blanc discours au forum des idées » sur Google et vous tomberez dessus.

 

J’ai été gentille. Je l’ai fait rire au début et à la fin. Mais, entre les deux, je blasphémai à propos de nos stupidités numériques collectives, dans l’espoir de le shaker assez pour qu’il se grouille le derrière. Quatre ans plus tard, je suis maintenant candidate du Parti Québécois. Vous comprendrez qu’en matière de « grouillage de derrière », ce n’était vraiment pas très fort. Mais en matière de grenouillage, là, wow, les libéraux se sont vraiment dépassés.

Je suis donc ici, ce soir, pour vous proposer un rêve, un changement, une révolution. J’ai ce côté un peu flyé. J’aimerais ça qu’on se fasse une sorte de « Baie-James du numérique ». C’est dans Mercier que Bourassa, le père de la Baie-James, a déjà été élu. Les gens de Mercier ont ça dans le cœur, le rêve. On les taquine souvent en disant d’eux qu’ils sont « la clique du Plateau » ou qu’ils vivent dans « la République du Plateau ». J’y vis aussi, dedans et autour du Plateau, depuis une trentaine d’années. Je me reconnais dans cette clique de flyés, de rêveurs et de poètes au grand cœur.

Je vous rappellerai que ma copine Nathalie Rochefort, ancienne députée libérale de Mercier, a appuyé publiquement ma candidature sur Twitter parce qu’elle aussi, c’est une flyée du numérique et qu’elle aussi, elle n’a pas la langue de bois. Je vous rappelle aussi un certain Gérald Godin – Jean-Martin Aussant m’a récemment envoyé un des poèmes politiques de M. Godin. Tout comme moi, il avait une grande ouverture à la diversité culturelle et, dans ses écrits, il avait aussi le blasphème facile. Mais, bon, pour certains journalistes, un blasphème écrit dans un recueil de poésie, c’est de l’art mais, si c’est sur Twitter, ça fait de toi une candidature problématique.

Mais, pour revenir au rêve, au changement, à la révolution, je vous demande de me suivre encore un bout.

 

Imaginez juste un instant un Québec différent. Un Québec dans lequel un médecin, grand spécialiste de Montréal, arriverait à offrir une consultation à un patient de Chicoutimi qui lui parle du confort de sa maison. Ce médecin, lui aussi, est assis dans son fauteuil à Westmount. La consultation se passe de façon virtuelle. D’ailleurs, présentement, aux States, il n’y a pratiquement plus de radiologues dans les hôpitaux. Ils travaillent tous de chez eux, et un radiologue est maintenant capable de fournir son expertise à trois hôpitaux à la fois.

 

Imaginez maintenant un fonctionnaire de Transports Québec… Bon, bon, bon, ne vous énervez pas. Je sais qu’avec la commission Charbonneau et les libéraux, Transports Québec n’est pas votre ministère favori. Mais, bon, il faut bien tout de même payer et planifier nos routes et infrastructures routières d’ici à ce que 50 % des voitures disparaissent, en 2030, tel que le prédit l’expert mondial Tony Seba. Et ça se peut que devoir travailler dans un bureau gris avec des séparateurs gris, d’une tour à bureaux grise, d’un parc à bureaux drabe à quelque part au Québec, ce ne soit pas l’environnement idéal pour être de bonne humeur et le plus productif possible.

 

Imaginons que ce même fonctionnaire travaille de l’endroit qu’il a choisi. Disons qu’il aime bien Saint‑Pascal‑de‑Kamouraska. Il travaille de chez lui à Saint‑Pascal‑de‑Kamouraska et traite ses dossiers de son bureau dans le sous-sol. Ça pourrait être au 2e, mais, bon, c’est un fonctionnaire de Transports Québec. Le sous-sol de chez lui, moi, je trouve ça bien correct.

 

Bref, vous comprenez sans doute le topo. Avec le numérique, une méchante portion du secteur tertiaire de notre économie (73,5 % en 1995) peut se faire de n’importe où au Québec. On pourrait ainsi repeupler les régions et faire revivre les petits centres-villes parce que travailler de chez soi, des fois, ça devient plate. Donc, le travailleur virtuel ira, des fois, au centre du village de Saint‑Pascal‑de‑Kamouraska pour travailler du café local. Avant de revenir chez lui, il prendra un pain chez le boulanger, une couple de fruits et de légumes chez un autre marchand, et un fromage chez le fromager. Ça fera revivre les campagnes.

 

Mais, bon, tous ne sont pas d’accord avec ça. Prenez, par exemple, mon chum Pierre, qui est ici ce soir. Pierre est un « Plateauin » dans le sang. Quoi qu’il arrive, il ne déménagera JAMAIS du Plateau parce que lui, aller voir les musées en Bixi, visiter les restos à pied et aller au théâtre, ça fera toujours partie de sa vie. Il me disait par contre que si plus de gens sortaient du Plateau avec leurs grosses voitures sales, il aimerait bien ça. Justement, le numérique jumelé au télétravail, ça ferait ça. Ça limiterait très sensiblement les besoins de déplacement, la congestion routière, les GES et les besoins d’agrandissement des infrastructures routières. Et je ne parle même pas encore du Grand Débloquage du Parti Québécois, qui est une maudite bonne idée. D’ici une couple d’années, le Plateau et plusieurs quartiers de Montréal pourraient devenir ces lieux de vie qu’on envie aux rares petits villages de campagne qui trépignent encore.

 

Parlant de campagne, saviez-vous qu’à Victo, tous les jardins ornementaux municipaux sont comestibles, tout comme ceux de l’Assemblée nationale? C’est bien l’fun, comme QS, de se fendre la gueule à parler d’environnement et même d’imaginer de lourdes amendes pour les entreprises qu’on jugera fautives mais, au lieu de théoriser l’environnement, moi, j’ai le rêve pragmatique. J’aimerais bien que les jardins ornementaux du Québec soient comestibles. J’aimerais même, comme ils le font maintenant dans l’église de Saint-Pacôme, qu’on fasse des jardins verticaux à l’année longue afin de réellement viser l’autonomie alimentaire de proximité. D’ailleurs, avec des réseaux dignes de ce nom, les fermiers pourraient suivre leurs vaches à la trace, grâce à des colliers biométriques qui savent quand la vache va mettre bas, ce qu’elle mange dans le champ en temps réel, ses signes vitaux et d’autres données qui seront ensuite transférées à l’acheteur de la place du marché des bovins, qui est à l’autre bout du monde. Ça se fait déjà dans des campagnes pauvres et reculées en Inde mais, ici, on est encore à des années-lumière de ça. Ça pourrait changer si vous me faites confiance et que vous votez pour moi. Je m’engage à « diguidiner » le Parlement en titi. Voyez, je m’adoucis, maintenant que je prends mon rôle de future élue au sérieux.

 

Mais je vais revenir à mon chum Pierre du Plateau. Il aime bien Uber. Moi, Uber, ça me met hors de moi. Ça me fâche qu’on ait financé à plus de 75 % un certain Taillefer pour qu’il fasse un copycat de Uber. Ça me met en beau maudit qu’on ait été en réaction à Uber plutôt que d’être proactifs. Je ne comprends toujours pas pourquoi un petit pays comme l’Estonie a déjà sa carte santé et son identité gouvernementale numériques depuis plus de 10 ans, et qu’ils aient inventé Skype et une foule d’autres innovations technos, plutôt que ce soit nous qui ayons fait ça. Ça m’angoisse qu’on se lamente à propos d’Uber et qu’on ne se questionne pas encore à propos de ce qu’on fera des chauffeurs de taxi, de camion et d’autobus qui pourraient perdre leur job à moyen terme à cause de la conduite autonome et des modèles d’affaires de partage de la propriété du matériel roulant qui arrivent à grand pas. Ça m’enrage qu’on puisse déjà faire son bac en ingénierie à Georgia Tech de son sous-sol sur le Plateau, mais que Polytechnique ne semble pas encore se poser de questions là-dessus.

 

Ça me vire sens dessus dessous que des milliards – je dis bien des milliards – soient investis dans des projets de TI au gouvernement du Québec et qu’ils ne se terminent jamais ou qu’ils soient abandonnés. Je m’inquiète qu’on n’ait pas encore songé au logiciel libre et à notre souveraineté numérique.

 

Je m’offusque aussi que ça coute 1 $ à un Chinois pour livrer un produit à Havre‑Saint‑Pierre depuis la Chine, mais que ça coûtera 11 $ pour ce même produit s’il est posté depuis Rouyn. J’ai des boutons qui sortent lorsque je vois les multinationales venir ici nous vendre leurs cochonneries sans payer de taxes et que nos commerces, en plus de devoir payer ces taxes à la consommation, ne sont pas foutus d’être encore transactionnels en ligne.

 

J’enrage, et je pars dans ma tête. Je rêve qu’on change les choses. Je rêve que vous me fassiez confiance pour inspirer et pour qu’on se botte collectivement le… postérieur. Pour qu’on fasse notre « Baie-James numérique ». Pour qu’on branche à la fibre optique, svp, le Québec habité d’un bout à l’autre. J’ai la vision qu’on favorise le télétravail et l’agriculture urbaine, et qu’on devienne plus écolos. Je m’excite à l’idée qu’une femme enceinte puisse se présenter à l’élection sans devoir craindre de ne pas voir son poupon parce qu’elle habite Val-d’Or, et que le fait de devoir se déplacer constamment à l’Assemblée nationale devienne un obstacle majeur à son implication, alors qu’on pourrait faire les commissions parlementaires à distance et se déplacer beaucoup moins pour aller à l’Assemblée nationale. J’aimerais ça en maudit que notre première ressource naturelle soit celle de notre jus de cerveau, une ressource renouvelable, et qu’on s’en serve pour faire du gros cash à la grandeur du Québec, parce qu’on s’est donné et qu’on a partagé les connaissances numériques et les réseaux cellulaires et de fibre optique nécessaires pour qu’on puisse en vivre de partout au Québec. J’aimerais ça avoir des nouvelles de ce qui se passe au Lac‑Saint‑Jean autant que le Lac‑Saint‑Jean en devient écœuré de savoir ce qui se passe sur le Plateau, parce qu’on aurait des médias réellement numériques permettant d’avoir de vraies nouvelles de partout au Québec. J’aimerais ça qu’on mette un peu plus de ville à la campagne et un peu plus de campagne à la ville. J’aimerais ça qu’on recommence à avoir des projets collectifs pour l’ensemble des Québécois, pour ne pas qu’on fasse partie du tiers-monde numérique et qu’on devienne LA référence des peuples qui font leur avenir. J’aimerais ça que ce ne soit pas seulement le Kenya qui se fend la gueule d’avoir des maudites belles jobs grâce à la « Silicon Savannah » qu’il a créée avec des investissements d’une couple de milliards. Moi, j’aimerais bien une « Silicon Toundra », une « Silicon boréale », une « Silicon Montréal ».

 

C’est pour ce rêve de peut-être pas si capoté que ça que je prends le risque de me présenter en politique, que j’ai choisi le meilleur parti, le meilleur chef, le meilleur programme, les meilleurs militants, ceux du Parti Québécois, et la circonscription des grandes ambitions, des gens de vision, des gens qui, bien qu’on les accuse de se regarder le nombril, ont plutôt la grandeur d’âme de penser le Québec, qui ont déjà la plus grande concentration d’artistes, de geeks, de révolutionnaires et de passionnés, comme moi, pour faire cette révolution éconumérique tranquille, pour qu’on se « diguidine » au plus criss, pour qu’on se mette collectivement sur la map numérique, pour qu’on fasse aujourd’hui le Québec de demain et pour que dans quatre ans, on soit enfin prêts à se regarder fièrement en face et qu’on se dise : maudit qu’il est beau, qu’il est fier, qu’il est créatif, qu’il est numérique, mon Québec. Il ne lui manque maintenant plus que de devenir ce qu’il a toujours été : un pays. Et un pays fièrement et efficacement numérique.

 

Alors, là, je pourrai regarder mon petit-fils dans les yeux, nous pourrons regarder nos enfants et nos voisins, et nous dire qu’enfin, ensemble, nous l’avons construit, ce Québec…